Why not ?


Au jour d’aujourd’hui, ça fait deux bonnes semaines que je n’ai pas recroisé Shane. Notre dernière « rencontre » fut pour le moins bouleversante et traumatisante, enfin pour moi en tous cas. Depuis, je déteste encore un peu plus mes journées, je suis lessivé à force de travailler. Je dois dire que mon idée de récupérer des gardes supplémentaires est tout sauf excellente… En revanche ça me permet de ne plus penser. La discussion qui s’est tenue entre les deux adultes que nous sommes à eut pour effet de m’ouvrir d’avantage les yeux. J’ai reçu une grande claque – au sens figuré bien sur – ce jour là. Avec le recul j’ai pris conscience des efforts qu’il a pu fournir, j’ai aussi eu l’occasion de mettre à plat tout ce qui me tracassait jusque là et me remettre en question. Quitte à faire resurgir certains souvenirs soigneusement mis de côté.

Depuis quelques semaines, je suis le centre d’intérêt de ce Wallace. Clifford m’a expressément demandé de me montrer très prudente quand l’homme qu’il considère comme son ennemi rôde dans les parages. Je ne connais pas les raisons qui les poussent à se haïr avec une telle intensité mais tout ça m’est complètement égal. J’aime mon mari et j’ai en lui une confiance aveugle, c’est donc avec un grand soin que je change de trottoir à la vue de Shane, que je me rapproche d’inconnus quand je le vois venir vers moi etc. Tel un robot, je m’exécutais. Puis plus le temps s’écoulé plus cette contrainte commencée à peser sur mes épaules. Si il est tellement dangereux il s’en serait déjà prit à moi, hors il n’en est rien.

Sans en dire quoi que ce soit à Cliff, je me rapproche lentement de son adversaire. Si bien qu’un soir, il me demande de le rejoindre afin de me parler d’une chose. Sans douter de quoi que ce soit, je termine mes heures puis le rejoins aux alentours de vingt et une heure. Ce n’est qu’après nos salutations déjà douteuses que je commence à comprendre. Il ne souhaite aucunement discuter avec moi, je vois où il veut en venir… Je devrais récupérer mon sac et rentrer retrouver mon époux, seulement je ne fais rien de tout ça. L’idée de plaire à un autre homme que lui me rend à la fois curieuse et épanouie. Le jeu dans lequel je pénètre est des plus dangereux. Si je franchis la limite, je vais amèrement le regretter, mais encore une fois… Je reste.

Avide de sensations nouvelles, je le laisse mener la danse. Nul besoin de parler, tout vient naturellement. Il amenuise doucement la distance qui nous sépare pour ensuite déposer sa main imposante sur mon visage, le menant ainsi vers le sien et les faire se rencontrer. Nos lèvres s’effleurent dans un premier temps, comme s’il me laissait l’opportunité de le gifler et partir, geste que j’apprécie et qui me pousse à devenir plus entreprenante. Ce sont cette fois mes mains frêles et fraîches qui viennent se loger sur sa mâchoire, le baiser devient alors plus prononcé… moins timide. A l’apogée de mon désir, je me dégage de ma place assise et vient volontairement prendre place sur lui. Mes jambes recouvertes de bas emprisonnent les siennes, ma poitrine heurte son buste à diverses reprises sans qu’il ne fasse quoi que ce soit pour l’arrêter.

L’un comme l’autre nous devenons plus échaudés, nos lèvres se lient puis se défont, nos langues s’explorent et nos corps ne tardent pas à faire de même. Ma libido se décuple à mesure que nos peaux entrent en contact. Il sait y faire, c’est incontestable. Dans l’entrain du moment, il m’amène à m’allonger sur le canapé avant de retirer le haut qui se voulait trop présent et déposer le bout de ses doigts sur le galbe de mes seins. A ce contact, mon échine frissonne comme jamais, preuve que la simulation ne ferait pas partie de cette soirée. Vint ensuite le moment d’ôter mon short, pour cette tâche je n’hésite pas à l’aider. L’envie monte en moi bien trop rapidement. J’ai besoin de le sentir me toucher, me caresser… me pénétrer. Il le faut. A milles lieux de la réalité, je me laisse emporter par la fougue, oubliant au passage ma vie avec Cliff.

Je ne réponds plus de rien. Je suis le mouvement, ni plus ni moins. Dépourvue de tous vêtements, je m’offre à lui dans le plus parfait consentement. Ses gestes se veulent lents et contrôlés, il joue de ma patience, c’est cruel… vraiment. Hâtive d’en arriver à l’instant crucial, j’entoure sa taille avec mes jambes encore protégées par les bas et déboutonne son jean pour après l’inviter à le retirer en vitesse. Il obtempère sans rechigner et commence ses vas-et-viens maitrisés à la perfection.

Consterné par ma c*nnerie, je décide d’aller le retrouver pour lui montrer combien je suis désolé d’avoir étais si idiote. Une partie de moi lui porte rigueur pour le cheminement qu’à prit mon existence, mais elle se trouve maintenant petite au possible. Je veux faire abstraction du passé pour ne me concentrer que sur le présent. Tout est bien terminé avec Cliff, je dois cesser de me voiler la face. Celui avec qui je veux tenter l’expérience dorénavant est bel et bien Shane. Décidé à faire de mon mieux pour qu’il me laisse une autre chance, je me rends chez lui. La route est courte et le temps que je passe dans ma voiture l’est tout autant. Ce n’est qu’une fois garé dans son allée que je descends du véhicule et marche en direction de l’entrée. Face à la porte, j’expire un grand coup puis appuie sur le bouton de la sonnette… Il n’y a plus qu’à espérer qu’il soit là.

Why not ?


D’abord soulagé de ne pas m’être déplacé jusqu’ici pour rien, je souris intérieurement. Il est présent et qui plus est, il a l’air d’être seul. C’est ensuite sans grand étonnement que je le regarde observer par-dessus mes épaules et l’écoute faire dans le sarcasme… C’est déjà un début… Il a certainement ses raisons pour agir de la sorte, je ne vais pas l’en blâmer. Venue dans le but de lui présenter mes excuses pour l’autre jour, j’ouvre la bouche pour en sortir des mots mais les commentaires sonores de ce qui semble être un match me coupe dans mon élan. Et puis à quoi bon lui parler alors qu’il s’intéresse vraisemblablement plus à ce qui se passe à la télévision qu’à ce qui peut bien sortir de mes lèvres ? Quelque peu refroidis, mon visage adopte des traits blasés jusqu’à ce qu’il se donne la peine de ramener ses yeux vers moi.

« Je ne suis pas venue jusque chez toi pour commencer une joute verbale, on a assez joué je trouve. » Cette réponse ne sonne pas agressive, elle est même assez sereine. Avant de partir pour le retrouver à sa somptueuse demeure, je me suis dis qu’il était temps pour moi d’assumer mes sentiments, tout comme mes actes d’ailleurs. Personne d’autre que moi n’est au courant de ce qui se trame dans ma cervelle, je peux donc dire sans en faire trop que ça me bouffe littéralement de l’intérieur. Le seul pour qui je ressens le besoin d’en parler se trouve face à moi en cet instant. Une fois de plus il apparait distant, détaché voir complètement désintéressé mais ça ne fait rien, je ne me dégonfle plus, tout ça c’est terminé.

La réflexion me pourrie l’existence alors à quoi bon continuer comme ça ? Tous les ressentiments que j’ai pu avoir jusque là ont disparus. Tous… sans la moindre exception. L’homme qui se tient debout à moins d’un mètre de moi fait l’objet de bon nombre de mes désirs et j’ai dans l’idée de lui faire part de la chose. C’est donc sans ajouter quoi que ce soit que je franchis un pas en avant, me rapprochant ainsi d’avantage de lui. Il ne le sait sans doute pas mais les mots, ses propres paroles ont eues le pouvoir de déclencher la bombe que je représente. Ce n’est pas une mauvaise chose, bien au contraire. Je me sens comme qui dirait plus ancrée dans la réalité, j’éprouve une plus grande aisance à me voir tel que je suis réellement, et c’est dans cet état d’esprit que je commets l’irréparable. Là c’est quitte ou double, soit il me suit soit il me met dehors… auquel cas je n’aurais plus que mes yeux pour pleurer.

Mon regard enraciné dans le sien, je ne me suis pas faite prier pour allé plus loin. Mes lèvres me sont d’une grande utilité pour ça, elles m’aident à accaparer son attention pendant que mes mains s’appuient contre sa nuque. Il prétend avoir reprit du poil de la bête et en bon médecin que je suis, je me dois de m’en assurer. Quand on y pense, cette situation a un caractère plutôt ironique. Le dernier rapport physique que j’ai eu, je l’ai partagé avec lui… J’aurais pensé être plus proche de retrouver ce contact corporel avec un inconnu plutôt qu’avec Shane. M’enfin, cette vision ne me déplait pas le moins du monde. Affolée par ce trop plein de besoins qui me consume de l’intérieur, je me montre plus pressée.

Ses lèvres si chaudes, si sucrées me rendent totalement folle. Elles m’ont tellement manquées en l’espace de ces quelques mois… Dans certains pays je me retrouverais sur une place publique pour m’y faire lapider, mais Dieu merci je suis en Amérique ! Lieu de toutes les dépravations possibles. Toujours à l’affût d’un signe, je mets fin à ce baiser dans l’espoir de l’entendre prononcer certains mots ; récupérant par la même occasion ma langue et mes mains. Machinalement, je recule d’un pas et parcours du regard la pièce derrière lui, d’une seule traite… comme si j’inspectais ce lieu qui deviendra probablement victime de quelques gestes incontrôlés.

Why not ?


Déroutant… vraiment… déroutant. En seulement sept mots il a réussit à anéantir deux longues semaines de remise en questions. Il croit quoi ? Que c’est facile pour moi de me pointer sur le seuil de sa porte et lui étaler de cette manière mon affection à son égard ?! Je vais finir par penser qu’il a était traumatisé pendant son enfance, peut-être un premier amour qui a mal tourné… allez savoir. Toujours est-il que je me retrouve livide, abasourdie face à son désintéressement. « A quoi tu joues ? » qu’il me demande ! Plutôt culotté, même pour lui. Je suis venue, je me suis déplacé jusqu’ici pour m’ouvrir de toutes les façons possibles, et ce que je redoutais tant est en train de se produire. Je dois vraiment avoir l’air pathétique. Comme si sa réaction n’avait rien de mesquine, le voilà qui en rajoute en se positionnant de telle sorte qu’on pourrait aisément croire qu’il ne parle qu’à une connaissance. C’est donc tout ce que je représente à ses yeux ?

« Pardon ? » lui dis-je, incrédule. « A quoi je joue ?! Tu… » Scotché face à sa réplique, je ne trouve plus les mots justes. Il a un don inouï… il parvient à me mettre mal à l’aise même quand je fais tout pour que ça n’arrive pas. Il doit certainement se foutre de moi parce qu’autrement je ne le comprends pas. Comment peut-il passer du stade « je te tends la main, saisis-là » au stade « tu peux abréger ? Non parce que là j’ai un match important en cours » ? Frustré à l’idée d’avoir fait ça pour rien, je récupère de l’aplomb là où j’en trouve et enchaîne mon speech. « Tu plaisantes ou quoi ? Il y a tout juste deux semaines tu me tendais des perches grandes comme la Tour Eiffel, et maintenant que j’y réponds tu redeviens indifférent ?! »

C’est maintenant définitif, je ne sais plus sur quel pied danser face à lui. J’ai besoin qu’il entende mes messages, qu’il comprenne mes allusions et qu’il fasse la bonne déduction de mon baiser. Une partie de moi songe à le gifler et rebrousser chemin, seulement il y a l’autre… elle m’encourage à persévérer. Insister ? Je veux bien, mais comment ? Il peut m’évincer d’un revers de la main. Quelque soit la façon dont je peux m’y prendre, ça risque de foirer. Si je me laisse porter par ma colère, il me claquera la porte au nez… si je déballe les raisons de ma présence, il prendra peur et se cachera sous sa carapace. « Ok… on va la jouer franc-jeu. J’en ai plus que marre d’être traité comme un pantin, que tu m’entraines là où tu veux comme bon te semble. Je t’ai laissé faire parce que je pensais que c’était la meilleure solution. Je me suis dis que si tu persistais à agir de la sorte, c’était parce que je te répugnais et que je ne pouvais rien faire… ni dire même, pour te montrer que je vaux la peine qu’on s’intéresse à moi ! Quand je t’ai vu l’autre jour, j’ai tout de suite réalisé que tu m’avais manqué et je m’en suis voulu d’avoir pensé ça, c’est pour cette raison que je me suis montré odieuse. »

A deux doigts de craquer et de paraitre un peu plus faible encore, je reprends mon souffle. Mes yeux se ferment l’espace d’une seconde, histoire de ne plus le voir et acquérir à nouveau mon peu d’assurance. « Tu ne vas peut-être pas le comprendre, mais je me sens mal vis-à-vis de Clifford. Je sais ce que tu vas me dire et tu as tout à fait raison, toute cette histoire demeure dans le passé, mais je suis comme ça et je ne me referais pas. Si je suis venue te voir ce soir, ce n’est pas pour te pourrir ton match… » Plaçais-je avant de regarder derrière lui l’écran puis revenir vers lui. « Ou je ne sais quoi. Je suis seulement là pour te faire comprendre que j’ai arrêté mon choix, si tenté qu’il y en ait eu un à faire. »

Là je viens de tendre mon autre joue alors que la première est encore parsemée de ses empreintes… Mais tout est sorti. Tout ce que je peux avoir sur le cœur, la conscience est à présent partagé. Le voilà maître de mon avenir.

Why not ?


Voilà qui a le mérite d’être clair, violent oui… mais clair. Mon esprit qui ne vagabonde que trop souvent dans les mauvaises directions ne peut pas se tromper cette fois. Mon choix est fait et je n’ai pas envie de reculer, cette histoire traine depuis déjà bien trop longtemps. Aucun doute ne subsiste, c’est lui que je veux. Clifford a compté pour moi, c’est indéniable, mais il fait maintenant parti du passé. De mon passé. Si je veux réussir à retrouver une certaine stabilité ou encore ma joie de vivre, alors je dois tenter par tous les moyens de lui prouver qu’il peut me faire confiance… ainsi il se sentira peut-être le cœur à me laisser entrer dans sa vie de façon plus permanente.

Sans l’interrompre une seule fois, je scrute son visage, ses lèvres plus précisément. Je suis pendue à elles comme jamais. L’envie de m’en emparer une nouvelle fois n’est que trop vivante mais je ne fais rien… je ne réagis pas. Je décide même de le laisser me tourner le dos et de patienter quelques secondes sans rien dire. Après tout, j’ai deux minutes devant moi non ? Sa demande est des plus particulières, mais ça ne me dérange pas. Là où certains verraient de la soumission, moi je vois un réel attachement. Oui c’est ça, je me suis attaché à lui sans savoir quand avec exactitude. Est-ce que ça date d’avant même notre liaison ? Ce n’est pas impossible… Quoi qu’un peu tiré par les cheveux. Peu importe, il me dirige tout droit vers une ouverture et me laisse l’opportunité de choisir entre m’y faufiler ou non.

Déterminé à ne pas perdre plus de temps, je l’observe au loin avant de retourner dans l’allée. Ma gorge est nouée, mon ventre héberge des centaines de papillons et mon cœur est au bord de l’implosion. Sans regarder derrière moi, j’ouvre la portière de ma voiture pour déposer mon téléphone portable sur le siège puis la referme. A présent il n’y a plus rien qui peut entraver ce qui est sur le point de se passer. J’inspire le maximum d’air autorisé par mes poumons, ma main droite posée à plat sur mon pare-brise, comme si je me préparais à entrer dans la plus grande des batailles. Elle s’annonce rude, mais je suis sure que le jeu en vaut la chandelle. Je suis prête.

Mes pieds foulent à nouveau le bitume qui me conduit vers l’entrée, la porte est encore grande ouverte mais aucune silhouette ne s’y dessine. Soit. Je monte la marche et arrive une seconde fois sur le paillasson. Le son qui se dégageait précédemment de la télé n’est plus audible, bon signe je suppose… Dans un mouvement peu assuré, j’entre à l’intérieur. C’est fait, j’ai accomplis la tâche la plus ardue qu’il m’est était donné de faire jusque là. Dorénavant il ne me reste plus qu’à attendre qu’il me rejoigne et mette à exécution sa promesse. A cet instant précis, je suis comme une gamine qui a souhaitée si fort d’avoir une poupée pour noël, que quand elle déchiquète le papier cadeau et y découvre le jouet, elle n’y croit pas.

C’est tout à fait ça. Je n’y crois pas. Pour moi, la perspective de partager ma vie avec Shane n’était qu’une folie, une perte de lucidité passagère, un autre délire de femme naïve… En réalité ce n’est pas ça. Je le sais car s’il en était autrement, mes membres ne trembleraient pas avec une telle intensité. L’affection que je lui porte est inqualifiable tant elle est forte. Lui et moi n’avons partagé qu’une seule nuit et pourtant il est ancré en moi, chacune de mes parcelles de peau portent ses caresses et ses baisers. Mes mains deviennent moites quand mes yeux s’enfouissent dans les siens… Je suis sienne, il peut dores-et-déjà me considérer comme acquise.

Why not ?


Les quelques secondes pendant lesquelles je fais appel au grand monsieur de là-haut pour voir arriver Shane me paraissent être interminables. Le silence se veut roi. Aucuns signes de vie – hormis les miens – ne ressortent de ces pièces et ça en devient inquiétant. Perplexe, je franchis un nouveau pas en avant puis, dans un élan de curiosité, je me sers de la pointe de mes petits pieds habillés de bottes afin de jeter un œil dans les pièces visibles. Mes yeux vagabondent ici et là dans l’espoir de le trouver… Mais il n’en est rien. Il demeure absent. M’aurait-il lancé cet ultimatum dans le but de me voir me rétamer un peu plus ? Non, non, je m’interdis cette pensée ! Et toutes les suivantes du même genre aussi d’ailleurs. Il a beau avoir tous les défauts du monde, il n’en reste pas moins franc.

Il faut que je fasse quelque chose, je dois à tout prix remédier à cette situation qui me rend cinglé. Je suis partagé entre tellement de ressentis que si je concrétise chacun d’eux, je passerais pour une aliénée. Aussi je reste là, planté – enraciné dans l’entrée. Mon état se dégrade de seconde en seconde, les organes de ma poitrine laissent place à un chantier semblable à celui d’un gratte-ciel. S’il n’apparait pas tout de suite, je risque de fermer moi-même cette foutue porte et aller fouiller toutes les pièces de cette villa jusqu’à ce que je tombe sur lui. Oui tiens, ce n’est pas une mauvaise idée. Je vais compter à rebours et s’il ne me rejoint pas, je prendrais les devants. Cinq… quatre… trois… Jésus, Marie, Joseph ! C’est que je vais vraiment devoir appliquer ma menace ! Deux…

M*rde, le voilà. Il faut que je respire normalement, mon rythme est bien trop marqué. Si je continue je vais m’étouffer, d’autant plus qu’il ne fait rien pour arranger mon cas. Ma patience à ses limites, il boursicote avec mes nerfs déjà à fleur de peau. Il me regarde… non, m’observe sans rien dire. Aucun des traits de son visage ne trahissent ce qu’il s’apprête à faire, à cet instant je n’ai toujours pas la moindre idée de sa réaction. Tout porte à croire qu’il répondra positivement à mon appel, mais il est Shane… Tout peut basculer en un souffle.

Un court moment après, je devine qu’il est sur le point d’amoindrir notre éloignement, et je ne me trompe pas. Tout comme lui, je maintiens mon regard dans le sien comme si c’était un jeu. Il pense sans doute me tester, savoir si ma décision reste ferme… qu’il se rassure, je n’ai jamais étais si certaine. Le voir venir vers moi m’offre une immense délivrance, si bien que mon corset qui se montrait jusque là oppressant redevient agréable à porter. Il est là, à quelques centimètres seulement et je peux sentir son souffle chaud s’écraser sur mon épaule dénudée. Qu’attend-t-il pour fermer cette porte devenue symbole ? Que je perde le peu de contrôle qu’il me reste et l’entraîne sur le canapé ?

Je ne tarde pas à avoir la réponse à ma question et une fois encore je suis surprise par cette non-véhémence dont il fait preuve. Lui qui d’habitude se montre si impatient, le voilà qui prend le temps de me laisser une énième issue. S’attend-t-il à ce que je débarrasse le plancher ? Si c’est ça, il risque d’être plus que déçu. Je suis venu, j’ai vu… et j’ai bien l’intention de vaincre. Malgré le fait de sentir mon self-control me glisser entre les doigts, je reste calme. Je cesse de fixer les meubles qui se trouvent face à moi pour me confronter à lui, l’air de rien. « Aucun, si ce n’est que tu parles trop à mon goût. » lui dis-je avec un air espiègle.

C’en est trop. Le désir me dévore, le désir de pouvoir enfin faire l’objet du sien, le désir de partager plus que des injures avec lui, de pouvoir en apprendre d’avantage sur son histoire… Je veux tout de lui, absolument tout. Sans perdre plus de temps, je frôle son avant bras avec ma main pour finir par la glisser le long, terminant ainsi par toucher la sienne qui entoure la poignée. Et d’un geste qui se veut recherché, je saisis cette dernière et referme mollement la porte. « Voilà qui est fait… » ajoutais-je, telle une polissonne.

Why not ?


A contrario de la porte, mon cœur lui, continue d’être grand ouvert. Tellement d’ailleurs que quand je le sens se détacher de moi, j’ai l’impression qu’il m’abandonne à mon sort et ça en est douloureux. Maintenant qu’il s’est rendu compte que je ne changerais pas de position, il a peut-être la trouille. Ce serait une réaction plutôt normale quand on connait le personnage… A ma connaissance il n’a jamais vécu de réelles histoires avec d’autres femmes, je n’ai aucun doute quant à la régularité de sa vie sexuelle, mais tout ça ce fait sans sentiments profonds. Enfin, je ne peux que l’espérer. Je dois être entrain de me tourner un film là, il faut que j’arrête… coupez ! On la tient, plus besoin de jouer !

Sans oser faire quoi que ce soit, je reste paralysé face à lui. La proximité qu’il a installée entre nos deux corps ne me rend que plus fébrile, et de le voir baisser le visage de cette façon me tourmente. A quoi songe-t-il ? Quelles pensées peuvent traverser son esprit là, maintenant ? L’avenir de notre relation ne devrait pas être une évidence pour lui aussi ? Toutes ces questions envahissent mes méninges. S’il croit faire une erreur, j’aurais préféré qu’il me le dise avant… Mais non, encore une fois la trajectoire de mon imagination était mauvaise. Pour preuve ? Le geste qu’il ne tarde pas à avoir. Sa main alors posée sur l’embrasure de la porte vient se lover au bas de mon dos. Ce n’est qu’une fraction de seconde après qu’il me ramène à lui, comme s’il savait que je n’attendais que ça.

Ses lèvres sont identiques aux souvenirs que j’en ai gardés, ardentes, mielleuses et hautement envoûtantes. Lui seul est capable de me fournir autant d’entrain en si peu de temps, moi qui suis arrivé avec mes projets en tête… me voilà maintenant plus proche que jamais de les voir se concrétiser. Au contact de sa seconde main, mon sang ne se voit faire qu’un tour. Je n’ai à présent qu’un seul besoin qui prédomine sur tous les autres : lui offrir mon corps pour la première fois. Enfin en ce qui me concerne c’est comme si ça l’était puisque dorénavant les sentiments s’en mêlent, et même s’il connait mon corps dans sa plus parfaite intimité, je n’en reste pas moins convaincue qu’il n’appréciera que plus ce moment. Sous l’influence de son geste, je m’agrippe à lui à l’aide de mes jambes puis cambre mon dos, simple soucis de répartition de poids… Par cet acte, mes épaules se retrouvent légèrement placées en arrière, permettant ainsi à ma poitrine de se montrer plus voluptueuse… plus attractive.

Pendant que son corps parfaitement taillé nous mène vers un autre endroit - mon flaire m’indique la chambre - je ne cesse de me déhancher à mesure que nos langues se caressent. L’apothéose arrive à grand pas. Je me conforte dans cette pensée quand je m’aperçois que mes pieds foulent à nouveau le sol, comment ai-je fais pour ne pas sentir qu’il avait lâché prise ? Cet homme me rend malade… par sa seule faute je deviens boulimique… il est maintenant indispensable à ma survie qu’il m’en donne plus, encore et toujours plus. De ce fait, je perds toutes notions. Il faut que je me reprenne en main, il faut que je libère ma concupiscence si je veux vivre encore longtemps. Adossé au mur, je m’acharne à l’admirer, j’en viens même à essayer d’anticiper ses gestes. Mes mains devenues plus chaudes abordent avec frénésie son t-shirt devenu inutile, cependant elles ne font pas l’effort de le lui retirer… seulement de se glisser dessous et affliger à son torse quelques pressions plus ou moins denses.
Je sens présentement ses mains s’introduire sous mon short, l’effet en est immédiat. Sans batailler d’avantage, je me laisse guider. Au travers de toutes ses actions, il me montre qu’il domine… et j’aime ça. Mes dents s’emparent de ma lèvre inférieure alors qu’il me délivre de ce short, ne lui reste comme ennemis mes bottes et mon corset. Je profite d’ailleurs d’être enfin allongé pour ouvrir la fermeture éclaire de chacune de mes chaussures, dans le seul but de m’en séparer. Jetées à terre, les voici qui ne seront plus un obstacle.

Il n’y a pas à dire, il a fière allure mon beau-gosse en me culminant ainsi. Cette seule pensée m’arrache d’ailleurs un sourire satisfait. Il y a encore peu, la simple idée qu’il me retouche de cette façon m’était irréelle… et pourtant… Lassé de le laisser gérer, je décide de prendre les choses en mains. Le bout de mes doigts effleurent avec soin ses épaules, profitant au passage pour se placer sur sa nuque. D’un geste raide je l’attire vers moi et dépose une dizaine de baisers sur son visage, tous ciblés avec précision… comme si je comptais ses blessures encore apparentes, puis finis par mordiller sa lèvre. Mes pattes dévient ensuite jusqu’à sa ceinture, là, elles pénètrent sous son t-shirt et remontent lentement de sorte à ce qu’il m’aide à le retirer. Encore une étape de franchie. Le spectacle qui s’offre à moi est des plus jouissifs, je savais qu’il était bien bâti mais je ne me rappelais plus qu’il s’approchait tant de la perfection…

Prise d’une envie soudaine, je pose la paume de mes mains sur le devant de ses épaules et le pousse de mon mieux afin de le faire basculer, renversant ainsi la vapeur. Je me retrouve à cheval sur lui, la tête haute et le regard défiant. S’il ne sait pas quel effet il me fait, il va vite l’apprendre… Je desserre à mon tour sa ceinture avant de m’attaquer aux boutons de son jean qui se rendent pour le coup plutôt facilement. Même séparé par ce pantalon je peux sentir son membre se durcir, serait-il en train d’avoir des pensées impures… ? M’épargnant la corvée de lui poser une question qui entrainerait une réponse des plus évidentes, je lui viens en aide dans sa quête de sensations fortes en tirant sur le lacet de mon haut. Je défais ensuite un à un les nœuds puis le retire par devant, me laissant le loisir d’exhiber ma poitrine nue. A l’heure qu’il est, le seul obstacle qui persiste reste son jean… Obstacle oui, mais ce n’est toujours que temporaire puisque je ne tarde pas à me pencher sur lui et me servir de ma langue sur son cou, son buste puis son ventre pour finalement le débarrasser de cet accessoire futile. Nous voilà tous les deux sur un pied d’égalité, shorty pour moi et boxer pour lui. Prudemment, je remonte vers son visage et le fixe un instant, comme si je tentais de reprendre mon souffle.

Why not ?


« Plus c’est long, plus c’est bon » dit le proverbe, à l’évidence Shane n’embrasse pas cette philosophie… et moi non plus pour le coup. Complètement déshabillé, désiré et maintenant habité, mon esprit ne tergiverse plus. Il se focalise sur l’homme qui joue de sa force pour anéantir mes seuls efforts physiques. Mais ce n’est pas ça qui m’abat, j’interprète même le rôle de la victime avec succès. Je lui laisse l’illusion de conquérir le terrain que mon corps représente, ainsi il se montrera sans doute plus bestiale, plus mâle qu’il ne l’est déjà. Délesté de tous mes maux, ses vas-et-viens ne se veulent que plus exquis. Avec tous ces mois d’abstinence forcée, je ne savoure que davantage ces retrouvailles.

Le fait de le sentir en moi m’incite à placer mes mollets contre les siens, suivant ainsi le rythme qu’il donne à chacun de ses coups de reins. Chaque mouvement diffuse en moi des vibrations au travers de mes bras, mon échine pour finalement aller se loger là où nous sommes connectés. La fièvre monte en moi si précipitamment que je ne trouve pas d’autres solutions que de dissimuler un premier gémissement au creux de sa gorge… presque honteuse, mes lèvres se pincent et mon regard se détourne du sien. Il ne faut pas que le plaisir suprême s’empare de moi aussi rapidement, je ne dois pas le laisser faire auquel cas nous serions contraints de parler plus tôt que prévu… non pas que cette perspective me déplaise, mais j’aimerai tout autant profiter de nos premiers instants de jouissance mutuelle. Je réfléchis une seconde à un subterfuge et en trouve un qui devrait lui plaire.

Sans prononcer mots, je choisis de le lui faire comprendre via le langage gestuel. Alors qu’il proroge sur ses allées et venues, je disjoins mes jambes des siennes et flatte ses biceps entièrement recouverts d’encre indélébile. J’enchaine ensuite sur un nouveau revirement de situation en appuyant avec conviction sur sa mâchoire, la menant tout droit vers la mienne et me délecte du goût fruité de ses lèvres. En aussi peu de temps qu’à duré ce bouche-à-bouche, je me suis frayé un chemin pour me libérer de son emprise et entame ma nouvelle lubie. Mes genoux s’enfoncent dans les draps tandis que mon dos se creuse – volontairement – aidant mes formes féminines à s’affirmer. Il est mien, je ne sais pas pour combien de temps mais il est mien. Toutes mes idées les plus incongrues, tous les fantasmes que j’ai toujours voulu voir naître peuvent enfin se concrétiser.

Dans un premier temps allongé sur le côté, je lui jette un regard implicite afin qu’il se positionne comme bon me semble. Une fois ma demande exécutée, je me place entre ses jambes étendues le long du lit et les caresse des chevilles aux cuisses. Mes yeux adoptent finalement un air mutin qui ne laissent planer aucun doute quand à ce que je m’apprête à faire… Mes mains se plaquent sur ses pectoraux, épousant parfaitement son torse de marbre puis se montrent plus douces, jouant de leurs ongles pour aiguiser sa perception des choses. Quelques baisers furtifs viennent apaiser ses ardeurs avant de laisser, une fois encore, place à ma langue. Cette dernière parcourt un chemin moins long que le précédent mais termine cette fois à la frontière que son bassin symbolise.

Mes lèvres s’entrouvrent juste assez pour accueillir sa verge proéminente, de près suivies par ma langue… une fois de plus son utilité est des plus appréciables. Alors qu’elle s’enroule furtivement autour, je la fais glisser sur toute sa longueur pendant qu’il entre et sort lascivement de ma bouche. La respiration de Shane devient saccadée et ses mouvements moins dociles, moins emprunt à une quelconque crainte de me heurter. Je le sens tressaillir en moi, je sais qu’il n’est plus très loin de sa libération, c’est pourquoi je surenchéris en me servant de ma seconde main pour m’occuper de ses bourses…

Why not ?


Comme prévu, il atteint à son tour le niveau six. Ravie de constater que ma pratique de la chose n’est en rien rouillée, je ne peux réprimer quelques gémissements pour l’accompagner dans son plaisir. Je prête le plus grand soin à mes mouvements dans l’idée de lui fournir la plus belle des sensations… peut-être s’en rappellera-t-il dans quelques années, ce qui me poussera à constater que ma mission fut réussite. Pour l’heure je m’amuse et profite de chaque seconde qui s’écoule. Ma main droite s’exile un court instant sur son bassin avant de retrouver sa cuisse gauche, la malaxant avec vivacité. Soudain je le sens pressé, pressé de retrouver mes lèvres sur les siennes, mon corps au dessus du sien… Je ponctue alors cette fellation avec un dernier contact de langue puis m’en vais le rejoindre, le sourire aux lèvres.

Ses mains se posent ensuite sur mes cuisses, me conviant à m’installer sur lui. J’applique avec pudeur sa demande et prend une grande inspiration avant de relâcher tout mon air parce qu’il entre de nouveau en moi. La chaleur de son sexe mêlée à l’humidité de mon antre donne lieu à une déflagration de folies. Ni lui ni moi ne sommes capables de se détacher, ni même le voulons d’ailleurs… Alors que ses énormes mains viennent s’allier à la chute de mon dos, j’envoie les miennes à la conquête du sien dans le but d’atteindre sans scrupule la partie la plus charnue de son corps parfaitement proportionné. Polyvalente, j’accueille ses baisers et autres mordillements en maintenant mon visage relevé afin qu’il ait un accès total à cette zone érogène qu’est mon cou, tout en continuant mes bascules de bassin.

Plus les secondes passent, plus le besoin de toucher du doigt la consécration s’éveille en moi. Je ne suis pas impatiente à l’idée d’en finir non… il est seulement nécessaire à mon bien-être de pouvoir enfin laisser s’évacuer mon trop plein de libido. Je décide donc de reprendre les rennes une ultime fois. Pour faire passer la chose le plus discrètement possible, je remonte mes mains sur ses omoplates et m’approprie ses lèvres pendant un court instant… Le moment venu, je me relève juste assez pour me défaire de lui de toutes les façons possibles et attrape sa main pour entrelacer nos doigts. Le sentiment que je ressens à ce contact est des plus forts, des plus perturbants aussi mais ça ne m’arrête pas.

Après avoir déposé un baiser candide sur le revers de sa main, je m’échappe sur le côté du lit et m’installe à quatre pattes. Toujours assis derrière moi, j’incline mon visage et lui sourit. Sans avoir trop attendu, je lui tends la main et saisis une fois de plus la sienne pour la mener cette fois sur mon ventre. Là, il s’agenouille derrière moi et se saisit de ma taille avant de s’introduire à l’intérieur de mon corps. Cette énième pénétration me rend presque nerveuse… il faut que j’assure si je ne veux pas le décevoir. Je dois tout donner, ne rien retenir. Emplie de joies et d’inquiétudes, je plaque mes mains sur les draps et baisse le visage pour ne pas avoir à censurer mes traits.

Cramponné à mes hanches, je le sens serrer un peu plus son emprise, comme s’il pensait que je suis capable de m’enfuir… La vision de cette scène m’extirpe d’ailleurs un rire étouffé et surtout… inopportun. Outre le fait que je sois en train de prier pour qu’il n’ait pas repéré ce petit débordement, je maintiens ma position et cambre mon dos le plus possible dans l’espoir d’accroître la sensation qui s’empare de moi. Sous l’effet de ses vas-et-viens, mes fesses claquent contre son bas-ventre… chose qui me fait littéralement perdre mes moyens.

Why not ?


Nom de Dieu ! Par quel miracle ai-je réussis à tenir autant de temps sans ce genre de rapprochements ? Je… c’est juste impossible, surtout quand je sais que mon dernier rapport c’est déroulé ici-même. Pour quelles obscures raisons est-ce que j’ai diminué l’intensité de mes souvenirs ? Pour ne pas retomber dans ses bras ? Probablement, et je dois dire que ça a plutôt bien fonctionné jusque là. Seulement aujourd’hui c’était le jour. Un peu plus tôt j’ai décidé de prendre le taureau par les cornes et d’affronter ma plus grande peur : le rejet, et voilà maintenant où on en est. Las de laisser ces pensées m’envahir, je ferme mes yeux avec une certaine force et tente de me focaliser sur l’instant présent…

Aussitôt dit, aussitôt fait. En rouvrant les yeux je distingue des coussins recouverts de taies marron ainsi qu’une couverture… re-bienvenue au pays des délices Bree. N’ayant pas le temps de dire « ouf », je sens un léger poids appuyer sur mes fesses et devine qu’il c’est lui aussi laissé emporter par la démence. Sous l’impact de ses coups de reins, mes mains se crispent et empoignent le drap avant de le ramener sous mon menton. Nos deux corps sont en parfaite osmose, si bien en réalité que je ne vois rien d’autre sur Terre qui puisse se compléter de la même manière. Il ne s’agit pas seulement de sexe, tout ça nous mène plus loin… beaucoup plus loin. Et c’est d’ailleurs avec cette perspective que je m’éprends de sa langue on ne peut plus exquise, pour ensuite lentement desserrer mes doigts et happer l’oreiller situé non loin de moi.

Le but de la manœuvre est simple : hurler de toutes mes tripes en faisant un minimum de bruit. Accoudé sur le matelas, mes mains maintiennent le coussin sur le bas de mon visage alors que mes cordes vocales, elles, se dénouent peu à peu afin d’arriver au stade critique et gênant des gémissements non contenus. Le phallus de Shane n’a rien de prétentieux, mais la longueur qu’il possède me permet sans peine d’être en extase, à dire vrai je nage carrément dans un bain d’euphorie ! Le moindre de ses gestes, le moindre de ses souffles me procurent la délicieuse sensation d’être sienne. Plus rien n’a d’importance, tout ce qui se passe en dehors de cette pièce n’est que futilité.

Mon appétit insatiable me murmure de tenir bon mais mes cris étouffés, eux, témoignent de mon impatience à rejoindre le septième ciel. S’il ne se déverse pas en moi dans la minute qui suit, je me munie de ma violence et le conduit tout droit vers l’aboutissement. Lui seul est capable de me rendre dans un tel état ! Les amants que j’ai pu avoir dans ma vie ne se sont jamais donnés comme lui se donne… Souvent je n’étais qu’un passe-temps avec lequel ils jouaient, une sorte de poupée gonflable, mais cette fois ça sonne différemment. C’est d’ailleurs si inhabituel que je suis sur le point de me vexer parce qu’il fait trainer tout ça en longueur.

Convaincue de faire le bon choix, je me bats contre ma propre excitation en lui soudoyant un baiser qui se veut électrique. Je dépose ensuite ma main gauche sur le derrière de son crâne, ainsi je prends suffisamment possession de lui pour mener son oreille à côté de mes lèvres et laisse volontairement s’échapper quelques uns de mes gémissements… De cette façon il comprendra peut-être que je n’en peux plus d’attendre, qu’il me faut expressément sentir sa semence se répandre en moi…

Just the way you are


Parfaitement satisfaite par la réussite de ma machination, je ramène ma main sur l’oreiller et y enfonce mes lèvres un peu plus qu’elles ne le sont déjà. L’accélération et l’intensité croissante de ses mouvements m’indiquent qu’il a bien reçu le message et qu’il est sur le point de combler chacun de mes manques. A mesure que les secondes avancent, je me sens rejoindre le lieu paisible et privilégié qu’est celui du plaisir charnel. Il dépose fermement sa main sous le galbe de ma fesse et la malaxe avec une régularité certaine. Tout est réunit pour nous mener au bout du chemin… le contact épuré de sa peau contre la mienne, nos respirations qui se veulent de plus en plus haletantes et bien sur… les sentiments. Dit comme ça, ça parait probablement mielleux et niais à souhait mais il n’en est rien. Pour ainsi dire c’est même grâce à ce dernier point que mes muscles se contractent avec autant de violence sous l’effet de son dernier à-coup… Dans un ultime effort j’exprime ma joie – et mon soulagement – à l’aide d’un cri on ne peut plus audible et écrase sur mon visage l’objet supposé me rendre silencieuse. L’opulence m'envahie lorsque la chaleur de sa libération se fait sentir dans ma plus profonde intimité… il vient indéniablement de faire de moi la femme la plus épanouie de la ville.

Éreinté par cette activité prodigieuse, je le laisse s’extraire sans même penser à le retenir. La seule perspective de bouger le petit doigt m’épuise au plus haut point et il serait néfaste pour lui comme pour moi que je me risque à dire ou faire quoi que ce soit. C’est donc en savourant ces quelques instants de calme et de sérénité que je joins mes mains sous mon menton et mime l’inertie. C’est idiot et puéril de ma part, mais je me sens intimidé par sa présence, son charisme… on peut aisément comparer ça avec l’adulation je suppose. Toujours est-il que rien ne se passe, le silence perdure et mes neurones retrouvent peu à peu leur lucidité, ce qui ne va pas en m’arrangeant. Je les laisserai volontiers décider de ce que je dois faire ou non, mais le temps me manque… à peine ai-je le temps de me retourner pour le contempler que je sens la sève qui caractérise si bien sa main, se poser sur le tatouage enjolivant mes reins. D’un mouvement langoureux et déterminé, il me ramène à lui de sorte à ce que nos corps se heurtent à nouveau mais cette fois, sans insinuations.

Presque inespéré, son geste me met du baume au cœur. Entendons-nous bien… je suis consciente que pour lui ça ne doit pas être évident comme situation, quand on sait ce que moi j’ai vécu je ne peux que comprendre son éventuelle crainte à franchir une étape aussi importante, mais en même temps s’il ne se lance pas ce soir, après ce que l’on vient de partager… il ne le fera sans doute jamais. Il ne me reste donc plus qu’à le faire craquer sans non plus lui mettre la puce à l’oreille. J’entame donc le processus « il faut qu’on parle » en m’emmitouflant comme je peux sous le drap, et me colle à lui telle une sangsue. Ma crinière auburn, elle, vient caresser son aisselle pendant que mes doigts jouent sur son torse. L’air de rien, je lâche sciemment un soupire puis dirige mes yeux sur le plafond. La première pensée qui me vient à l’esprit, c’est que la dernière fois que je suis passé par ici j’avais plus ou moins volontairement mis en danger mon mariage… et compte tenu de la chute de l’histoire je me suis souvent posé la question de savoir ce qu’il serait advenu de « nous » si ça n’avait pas eu lieu.

Faisant abstraction de mes hypothèses stupides, je remonte légèrement le drap au niveau de ma poitrine et laisse ma bouche s’aventurer sur la sienne. Et bien que l’envie d’en parler me brûle les lèvres, je ne prononce aucun mot. S’il veut lancer une discussion alors qu’il le fasse… moi je me contente d’apprécier l’instant et commence déjà à m’imaginer ce que donnerait une éventuelle histoire sérieuse entre lui et moi.

Il était littéralement impossible de décrire l’intensité de cette apothéose sensitive ressentie et partagée avec Breanna. Shane avait rarement trouvé pareille extase et comble avec une femme… Pour ainsi dire jamais. Mais si ce sentiment d’osmose parfaite lui était nouveau, il ne lui était pourtant ni surprenant ni même inexpliqué… L’évidence d’un fond plus développé que le simple attrait physique lui avait déjà été faite depuis un moment. Il ne saurait dire quand exactement, mais une chose était certaine : Depuis qu’il l’avait revu dans cette chambre d’hôpital, tout s’était précipité et concrétisé, dans son esprit tout du moins. Au vu de leurs rapports difficiles, le jeune homme s’était toutefois bien gardé d’en montrer un quelconque signe et l’avait bien laissé enfoui au plus profond de lui en imaginant l’étouffer et le faire mourir avec le temps… Qui sait si cela serait arrivé ou non ? Shane na le saurait sans doute jamais puisque sa visite d’aujourd’hui avait tout bouleversée…

Pour autant, rien n’était encore vraiment clair… Dans son esprit, si. Mais entre eux, non. Pas plus que par rapport à ce que Bree pouvait bien penser. Elle avait franchie cette porte oui… Ils avaient satisfait une attirance physique manifeste oui… Mais après ? Shane avait été clair dans ces mots et avait bien précisé qu’en entrant, elle tirait un trait sur ce qu’il s’était passé entre eux mais aussi sur Clifford et son mariage. Cela impliquait de façon implicite qu’il lui offrait une fenêtre pour essayer de bâtir quelque chose avec lui… Ne restait plus qu’à être explicite désormais. Une chose que l’homme avait du mal à faire, voir ne savait pas faire du tout lorsqu’il s’agissait de cette question là. Il ne l’avait jamais fait, avec aucune femme. Bien sûr, Shane avait déjà été en couple pour des durées plus ou moins longues, mais ce n’était jamais lui qui avait en quelques sortes lancé et concrétisé les choses.

Au vu du passé maudit qu’il partageait avec Bree, c’était pourtant bien d’une certaine façon à lui de le faire... Sans compter qu’il n’avait jamais autant désiré former cela qu’avec elle. La fièvre et l’ivresse de cette fusion se dissipait progressivement de son esprit pour ne plus laisser place qu'à ces seules questions et cet unique raisonnement. Il ne savait pas comment procéder ni comment formuler les choses, mais le fait de la voir venir se blottir contre lui lui donna un peu plus de courage à le faire. Passant son bras autour d’elle pour l’envelopper doucement et l’étreindre un peu plus contre son torse, le drap que Bree tira sur leur corps brulant s’ajouta à leur contact pour conserver cette chaleur avant qu’elle ne la gratifie de la douceur d’un de ces baisers. Un nouveau signe indirect l’encourageant à lancer les choses… Néanmoins, il ne pouvait pas amener la chose directement. Non, il lui fallait une brèche… Une porte d’entrée dans laquelle il pourrait s’engouffrer en ayant un signe un peu plus concret et réciproque de sa part.

Ces souffles et les profonds mouvements respiratoires de son torse commençaient à s’apaiser suffisamment pour lui permettre de retrouver des mots dans le timbre d’une voix à peu près continue. Penchant lentement son visage vers le sien pour ancrer ces yeux azur à son regard de longues secondes, un fin sourire finit par se dessiner sur ces lèvres, s’ajoutant à cette douce transmission visuelle dans laquelle on pouvait lire toute son acquisition mais aussi un intérêt certain à ce qui allait se jouer par rapport à la réponse qu’elle lui donnerait…

« Pourquoi tu as passée cette porte ? » murmura-t-il doucement contre ces lèvres.

Il n’attendait plus qu’un signe, une réponse exprimant une quelconque attache et un intérêt envers lui, et qui lui donnerait l’occasion de répondre avec autant, sinon plus de précision et de clarté qu’elle pour ce qui le concernait… Ce qu’il ressentait. C’était sa fenêtre… Sa porte pour embrayer sur ces propres vœux.

Just the way you are


Blotti contre lui, je cale ma respiration sur la sienne et maintiens mon geste des plus attentionnés. Mes ongles frôlent de part et d’autre son abdomen, son torse puis terminent leur faible course sur le tatouage naissant dans son cou. Là, je me souviens m’être demandé des centaines de fois quels sens ces dessins corporels pouvaient avoir. Rendent-ils hommage à des proches disparus ? Représentent-ils une philosophie ? Ou bien alors sont-ils simplement le reflet d’une pure passion ?... Sans compter sur l’instant présent pour obtenir des réponses, je ramène ma main au niveau de sa gorge et m’emploie à caresser son menton avant de le voir se saisir de mon regard. Apeuré et excité par ce qui peut découler de notre discussion, je me contente de l’observer – l’admirer – en attendant qu’il daigne ouvrir sa délicieuse bouche et en laisse sortir quelques sons. L’espoir qu’il ouvre le bal est mince, vraiment minime même… mais cette fois je sais que c’est différent, qu’il ne va pas se lever là de suite et aller relater notre liaison à qui veut l’entendre. Il n’a plus d’intérêt à le faire. Forte de mes convictions, je laisse perdurer ce regard échangé et aperçois soudainement ses poumons se gonfler, signe irréfutable que la conversation est sur le point d’être engagée.

Le seul fait de le voir briser le silence me soulage grandement, à plus fortes raisons parce qu’il semble réellement vouloir obtenir une réponse. La question en elle-même ne me dérange pas le moins du monde, toutefois l’insinuation douteuse que j’y trouve si. Pourquoi me demander ça ? Enfin, je veux dire… pourquoi ?? Il me semblait pourtant que l’ultimatum avait était plus que limpide, et doublement même puisque c’est lui qui me l’a lancé. Je franchis le seuil, je ferme le livre de mon ancienne vie pour en écrire un nouveau avec lui comme co-auteur… et dans le cas contraire je repars avec mes regrets, mes « et si » ainsi que tout ce qui m’a pourri la vie jusque là. Alors pour quelles raisons précises a-t-il besoin de le réentendre ? Aurait-il des doutes quant à ma sincérité ? Si oui, je dois et vais tout faire pour les dissiper dans les plus brefs délais à commencer par me relever juste assez pour positionner mes bras croisés sur lui, le visage posé par-dessus. Maintenant face-à-face, il ne peut plus me soupçonner de quoi que ce soit, je le lui interdis formellement.

« Tu veux dire, pourquoi est-ce que je ne l’ai pas fais plus tôt ? » m’enquillais-je, le sourire flatteur aux lèvres. « Sans doute parce que je suis trop stupide. Pendant tous ces mois je me suis complu à penser que ce qui se passe à l’intérieur disparaitrait… mais manque de chance pour toi, l’autre jour à l’hôpital ça n’a fait que s’intensifier. »

Sous l’influence de mon enthousiasme, je ne peux rien contenir. Tout ce que je pense, je dois le dire au risque de partir sur de mauvaises bases. Encore que… je ne sais toujours pas exactement où tout ça va nous mener. Je tire peut-être un peu trop vite mes plans sur la comète, si ça ce trouve il va même me rire au nez… Aïe, ça sent mauvais tout ça. Comment est-ce que je m’y prends pour passer de l’euphorie à la dépression en si peu de temps ? Je dois vraiment travailler sur moi, mais pour l’heure je continue mon discours en espérant le satisfaire d’une toute autre manière que la précédente.

« Pour te donner une idée, ces deux dernières semaines ont étés plus douloureuses que celles qui ont suivies mon divorce… Je ne dis pas ça pour flatter ton égo, mais je n’ai souffert que deux fois de cette façon et tu jouais un rôle majeur à chaque fois. »

Avec ça s’il n’a pas une quelconque pression… Ce que je peux me maudire parfois ! Il faut constamment que je rende mes ressentis contagieux. Si je m’esclaffe, je m’atèle pour que les autres aussi, si je suis en colère alors j’énerve mon entourage et là… je me sens gêné alors c’est tout naturellement que je fais tout pour qu’il le devienne à son tour.

Just the way you are


Abasourdie. Voilà l’état d’esprit dans lequel je suis, choquée. Ce n’est ni sa façon de s’y prendre, ni la gêne qu’il semble éprouver qui me turlupine, mais bel et bien le contenu de ses paroles. Bien sur je n’attends que ça depuis un très long moment, mais le fait de l’entendre dire… ça chamboule tout. J’ai du mal à concevoir qu’un homme comme lui puisse réellement tenir à moi, ça me semble juste… irréel. Il pourrait avoir tellement mieux que moi s’il le voulait. Physiquement on ne peut pas dire que je sois pleine de charme, quant à mon mental il vaut mieux s’abstenir de le commenter. Pourtant il l’a dit, il tient à moi. Quelque peu troublée, je fronce le regard et me mordille les lèvres.

« Je tiens aussi beaucoup à toi, peut-être trop même… » balbutiais-je. La fin de ma phrase me fait aussitôt penser qu’elle peut être interprétée de la mauvaise manière, je ne tiens absolument pas à ce qu’il se méprenne et croit que mon intérêt pour lui n’est pas mérité… parce qu’il n’y aurait rien de plus erroné. « Ce que je cherche à dire c’est que… ouaw je suis vraiment mauvaise là… » ajoutais-je avant de secouer la tête négativement, l’aidant ainsi à comprendre que le malaise est partagé. Si quelqu’un d’autre était présent ici, il serait probablement en train de jubiler devant ce côté coincé qui émane de chacun de nous. La situation est des plus graves et on est là, comme deux préadolescents en train de s’enfoncer dans le brouillard à chaque mot un peu plus.

Pour mon bien mais aussi celui de Shane, je dois réagir en conséquence. Il faut que j’adopte une attitude adulte et assurée. Sans plus attendre, je me dégage de son emprise et me redresse en position agenouillée, la main retenant avec soin le drap au dessus de ma poitrine et les cheveux en bataille. « Bon, hm… Je la refais. Depuis le soir où on a couché ensemble, plusieurs sentiments se sont infiltrés dans mon crâne. D’abord je t’en ai voulu, j’aurais même étais capable de t’arracher les yeux avec mes doigts, mais si j’ai ressentis ça… ce n’est pas parce que je venais d’humilier Cliff, c’est parce que je me suis sentie utilisée et c’est franchement désagréable comme sensation. » lâchais-je en vérifiant sa réaction a mesure que les mots sortent.

« Je crois, enfin non maintenant je suis sure, que si ça m’a tant grignoté de l’intérieur c’est parce que dans un sens j’espérais que ça aboutirait sur une autre fin. Ensuite est venu le temps des insultes, des regards noirs et tout le reste… j’ai alors décidé de mettre tout ça de côté. Et je me débrouillais plutôt pas mal, jusqu’il y a deux semaines… »

La vérité est bonne à dire mais rarement à entendre. En dévoilant toutes mes pensées, je cherche à l’inclure un peu plus dans ma vie. Je sais qu’il ne suffit pas d’expier ses pêchés pour retrouver une vie saine, mais c’est un début… J’ai beau dire ce qui me passe par la tête, il n’en reste pas moins que mes intentions se veulent bonnes. « Quand je t’ai vu dans cette chambre, mon cœur s’est arrêté de battre. » expliquais-je. Dit comme ça, ça peut faire peur mais je ne vois pour le moment aucune autre façon de détailler au mieux la chose. Nerveuse, je laisse ma main glisser de mon front jusque sur ma crinière et plante mon regard dans le sien. Dorénavant plus rien ne sera pareil, quoi qu’il décide, quoi qu’il dise, notre relation est différente.

« C’est un peu comme si… comme si ma vie avait été en suspend jusque là. Tu te trouvais devant moi, à quelques centimètres et je ne souhaitais qu’une chose, que tous mes tourments s’estompent. Je sais que j’ai mal réagis ce jour-là et je m’en veux énormément, mais c’est instinctif chez moi, dès que je m’inquiète il faut que je fasse tout pour reprendre le contrôle. » m’enquillais-je, maladroite. Je devrais m’arrêter de parler, ma diarrhée verbale va finir par me jouer de très vilains tours… mais c’est plus fort que moi. J’ai besoin qu’il sache.

Just the way you are


Pourquoi est-ce que l’on a tant de mal à être sur la même longueur d’onde ? Pourquoi ai-je l’impression d’être constamment à côté de la plaque quand je m’exprime face à lui ? Tout ça est frustrant, je me sens incomprise dans le fait où quand je sors des mots, ils sont mal traduits et qu’il se sente ainsi obligé de surenchérir. J’ai bien compris l’intérêt de cette porte fermée, j’en ai saisis le sens mais seulement je suis trop maladroite. J’avance à tâtons dans l’espoir de savoir quoi dire, quoi faire… Shane est l’homme avec qui je veux être, il représente à lui seul mon futur. De le voir comme ça, aussi ouvert qu’intimidé me fait craquer. Je ne me suis jamais réellement projeté dans ce genre de situation de peur d’être balayer d’un revers de main, et maintenant qu’elle se concrétise je ne sais pas comment réagir. « Non ! Non… t’as faux sur toute la ligne. Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. » dis-je en posant ma main sur sa jambe. « C’est le parfait opposé en réalité ! Je ne sais pas comment m’y prendre, tout ça c’est… c’est nouveau pour moi… » balbutiais-je ensuite. Le cœur serré, je m’approche de lui en ne quittant pas son regard. Ma seule main libre passe de sa jambe à sa mâchoire, son cou pour s’y attarder quelques secondes.

« On se fou de Clifford, on se fou du reste du monde, ce que tu veux c’est aussi ce que je veux. » lâchais-je, l’air résigné à mon tour. « Je n’ai aucun doute là-dessus, tu es celui avec qui je veux être… et quoi qu’il advienne tu resteras cet homme là. » Convaincue par la véracité de mes propos, j’adopte des traits on ne peut plus assurés puis ramène ma main sur ma cuisse. Ma crainte de le voir se braquer une nouvelle fois est toujours présente, mais je prends sur moi, cette relation, notre relation qui s’installe petit à petit mérite que je fasse autant d’efforts que possible. Pendue à ses lèvres, j’inspire profondément avant d’utiliser mes doigts comme brosse et ramener mes cheveux derrière. « Pour le moment nous n’avons partagé que deux réels moments d’intimité, et ces deux fois je me suis sentie importante… alors si ça signifie que je vais me sentir comme ça chaque jour, tant sur le plan physique qu’émotionnel, je signe immédiatement. »

Je le vois hésitant, je sais ce que le fait de s’ouvrir à moi lui fait, parce que c’est exactement la même chose pour moi. On est tous les deux tiraillés par rapport à ce que peut ressentir l’autre… mais on essais d’avancer encore et encore. Pour ma part je sais comment je me sens quand je suis à ses côtés, et rien que pour ça je suis prête à sacrifier beaucoup. L’envie de me blottir contre lui se fait soudainement ressentir, je saisis l’opportunité avant qu’il ne me réponde et franchis les quelques centimètres qui nous séparaient jusque là. Lentement, je laisse mon buste entrer en contact avec son torse et saisis sa main pour entrelacer nos doigts. « Je n’ai jamais vécue une chose pareille, c’est carrément déroutant. Le simple fait de sentir tes yeux se poser sur moi ça… ça me rend dingue ! » Ca c’est le moins que je puisse dire. L’impact que ses faits et gestes ont sur moi reste sans précédent.

« Avoir franchis le seuil de cette porte ce soir est sans doute le meilleur choix que j’ai fais depuis très longtemps, je suis moi aussi loin d’être parfaite mais ça m’est égal ! Je veux essayer de construire quelque chose avec toi et je sais qu’on peut y arriver... » ponctuais-je. Maintenant que tout – ou presque – a était dit, je conduis sa main jusque sur mes lèvres brûlantes et la marque de toute mon affection.