Un air du temps, un passé au gout amer, une incompréhension qui m'aurais plongé, et qui me plonge encore dans cette incompatibilité d'état qui me fait toujours penser à toi. J'ai tant le sentiment que quelque chose nous manquait à cette époque là. Dans quel but ? Je m'en pose encore la question. Si je me mens, si je me trompe, si je m'invente sans cesse un après qui jamais ne viendra pour finir par le trouver dérisoire et lamentable, c'est uniquement parce que je suis saisis par cette impression d'inachevée qui me hante. On était que des gosses toi et moi, on ne se comprenait pas, parfois j'avais même l'impression que tu me haïssais. Mais dans de tels moments, on ne s'embarrassait pas de sentiments, on se refusait même de ressentir quelque chose. Force et faiblesse. Cette dualité à laquelle on avait tous, nous adolescents, à faire face, sans franchement y parvenir. Et je te détestais pour ça bien qu'en réalité, je n'étais inévitablement que plus attiré. Je me reprochais ce rapprochement insensée que l'on vivait alors que toi tu les multipliais avec d'autres. Tu restais un mystère. Une énigme. Puis on s'est éloigné, comme cela, sans lendemain. Chacun à tracer sa route de son côté. Mais malgré les années qui ont passé, je me demande toujours ce que tu es devenue. Si tu as enfin trouvé la stabilité après laquelle tu courais inéluctablement sans la trouver. À force de recul et de maturité, j'avais fini par comprendre certaines de tes actions qui par le passé m'avaient été inconcevable. Et bien que je l'ai longtemps nié, dans le fond, on se ressemblait. On était tous les deux des adolescents paumés et abandonnés en quête d'identité.
Du temps il en avait fallu, peut être nous serait-il bénéfique aujourd'hui, alors qu'il avait longtemps été notre ennemi ... puisque l'oubli, impossible.