Dylanne passa la porte du salon de massage avec un plaisir non dissimulé, elle offrit d’ailleurs son plus beau sourire à la réceptionniste, ce qui ne fut pas forcément facile avec son état général. Elle aurait eu marqué, ‘combattante’ sur le front que l’effet aurait été le même et pourtant elle avait fait un effort vestimentaire. Ce matin Lynn avait honteusement sécher son cours d’histoire pour prendre son temps. Depuis la visite de Shane à son appartement et la confirmation qu’il y avait bel et bien un tueur en série à Volusia, la vie n’était pas toute rose pour la jeune femme. Ainsi elle avait enfilé un bermuda en jean très clair et troué légèrement en divers endroit et en haut un débardeur moulant blanc et une chemise d’homme style cow-boy bleu ciel. Ses cheveux étaient remontés dans un gros chignon soigneusement décoiffé, elle voulait être à l’aise et c’était d’ailleurs pour se détendre qu’elle était venue au salon, précisant qu’elle ne voulait que Serena. L’étudiante savait que demander une personne particulière revenait à indiqué à son boss que cette même personne faisait du bon travail. Mais avec son atèle au poignet et son pansement à l’arcade sourcilière, et ses converses ne jouaient pas en sa faveur. Au moins on comprenait pourquoi elle avait besoin de se détendre.

La femme derrière le comptoir l’installa dans un fauteuil bas et lui précisa que sa masseuse n’allait pas tarder. Lynn hocha simplement la tête, elle n’était pas pressée et n’allait pas se soucier de cinq minutes de retard ou pas, alors qu’en temps normal elle était assez à cheval sur l’horaire. Elle prit donc un magazine sur la petite table devant elle et le feuilleta tant bien que mal et sans réellement s’intéresser à ce qu’elle lisait sur les pages de papier glacé. Soudain elle entendit une voix familière et en relevant le visage, elle trouva Serena devant elle, souriant et en forme, une tasse fumante à la main, elle se flattait un peu toute seule de voir que Dylanne était revenue pour la voir.

« Je crois que mon retour ne peut que me trahir ! »

Fit la demoiselle en reposant le journal sur la table. On ne revient que rarement dans un institue de soin si le service proposer nous à déçu. Mais l’ancienne Ferguson avait particulièrement aimé se faire chouchouter et à force d’entendre parler Sasha et les fleurs qu’elle lançait à la masseuse, il avait fallu qu’elle teste, et effectivement, la brunette avec des doigts de fée. Sans compter qu’en papotant elles s’étaient découvert pas mal de point commun, ce qui était appréciable, Lynn manquant cruellement d’amie féminine dans son clan. Le prix à payer pour faire partie de ceux qui se battent. La jeune femme lui proposa à boire et l’étudiante ne put refuser.

« Un café crème s’il y a, s’il te plait. »

Dylanne remarqua la grimace à l’encontre d’une cliente et eut un sourire amusé, il fallait toujours des gens qui se sentent supérieurs, n’était-ce pas d’ailleurs le commencement de cette guerre ancestrale ?! Elle eut alors un sourire amusé, en se disant que si elle était restée dans le quartier Ouest, elle serait probablement devenue une pimbêche elle aussi. Déjà qu’elle avait toujours cette tendance à être un peu égoïste et à vouloir obtenir dans la seconde ce qui lui faisait envie. Vivre comme une paria lui avait cependant apprit à relativiser et à freiner certaine de ses pulsions. Seulement certaine, car Lynn possédait encore de nombreux défauts. Si ce n’était pas le cas, elle ne passerait peut-être pas autant de temps aux urgences.

C’était agréable pour Dylanne de se retrouver au salon de massage. Entourée d’autres femmes, ne penser à rien d’autre qu’à se détendre, en écoutant des potins insignifiant ou des commérages amusants. Rien qui ne toucherait à la guerre des clans, ou à ce fameux tueur en série. Juste elle et une clique de femelle avec des préoccupations de filles. Il fut un temps ou l’ancienne Ferguson vivait plus ou moins dans l’oisiveté, se contentant de se laisser porter par la vie indépendante, être serveuse pour se payer sa chambre sur le campus, suivre les cours, trainer avec ses copains, copines. Mais une énorme part de solitude avait accompagnée cette vie et Lynn ne serait jamais assez reconnaissante envers Sasha pour l’avoir accueilli et l’avoir fait rentrer dans sa famille. Même si le mot traitre était toujours en mode panneau clignotant au dessus de sa tête, la brunette se sentait mieux. Elle avait un nouveau cercle, de nouvelle fréquentation et un but dans la vie. Obtenir la tête de Ryan. Ce désir l’avait posséder depuis la mort de Devon mais seule il ne lui serait jamais venu à l’idée de tenter quoique ce soit. Alors que sous le couvert de la guerre, elle pouvait tout tenter. Et puis Zac ne lui avait-il pas dit de canaliser sa colère que cela finirait par être productif ?! En tout cas pas face à Shane, encore que l’accusation de viol n’avait pas dû arranger la réputation de son ami d’enfance. Cependant il l’avait bien cherché.

Mais ici, l’étudiante avait décidé de ne se laisser perturbé par aucun évènement, elle était là pour apprécier un massage peut-être un ou deux soins supplémentaires si l’envie lui prenait ou si Serena le proposait. Sa résolution du jour était de se détendre, de n’être qu’un pantin articulé entre les mains de la brune. Jamais elle ne pourrait remercier la femme de Riley pour cette rencontre divine. La masseuse lui servit son café et Lynn posa instinctivement les mains autour de la tasse avant de le porter à ses lèvres. Elle souffla légèrement sur le liquide ambré avant de le faire descendre dans son œsophage. Il était chaud comme elle l’aimait. Dylanne supportait en effet un degré de brûlure assez important alors que le froid lui rongeait les dents comme c’était impensable. Elle n’avait jamais comprit d’où cela lui venait d’autant que c’était l’inverse pour son frère aîné. Les hasards de la vie. Serena avait dû apercevoir la grimace de la combattante au passage de la cliente hautaine car elle lui répondit à quel point ête traiter avec respect pouvait être agréable dans ce genre de métier. Lynn n’eut aucun mal à la croire, surtout avec la plastique de rêve que se promener son amie. A côté elle se sentait bien peut de chose.

« Il y a des ingrats partout. »

Constata l’étudiante avant de finir son café et de suivre Serena. Cette dernière partie dans la partie relaxation tandis que la brunette resta du côté vestiaire pour se dévêtir. Dylanne n’était pas d’un ordinaire pudique mais ses récentes blessures lui avait fait changé quelque peu d’avis. Surtout en comparaison de la peau parfaite de la masseuse. Cette dernière lui laissa une serviette et la brune commença à se dévêtir. Elle avait une allure garçonne, et les traits de la combattante, la preuve en était que sa chemise d’homme cachait son arme coincée dans sa ceinture au niveau des reins. Lynn retira son Glock de son bermuda, vérifia qu’il y avait bien la sécurité et le déposa dans les plies de sa chemise pour le cacher. Personne n’avait besoin de la preuve qu’elle participait activement à la guerre et surtout pas Serena. Le contraste entre elle deux ne faisait que s’amplifier à chaque nouveau point de comparaison, Lynn ne trouvait plus cela très étonnant d’être toujours célibataire. En plus de son statut d’intrus et traitre elle se collait une image de garçon manqué.

Enfin nue, elle se passa la serviette autour du corps. On voyait encore la cicatrice de la balle qu’elle s’était prise lors de la fusillade au centre commercial durant la prise d’otage. Elle avait bien cru mourir ce jour là, et puis il y avait son arcade et ses points de suture, heureusement le bleu qui avait accompagné avait lui disparut. Ainsi vêtue elle rejoignit Serena, prête à se faire chouchouter comme jamais. Elle en avait besoin physiquement autant que mentalement et puis ne se soucier que de faire la conversation ne serait ni épuisant ni contraignant. La brune était une très bonne compagnie et qui ne traitait pas Lynn comme une ennemie, une personne capable de trahir les Attwood à la première occasion venue. Ces personnes se faisaient de plus en plus nombreuses dans le quartier Est, Dylanne prouvait sa valeur à chaque nouveau combat, à chaque nouvelle occasion, elle n’avait plus rien à voir avec les Ferguson et la demoiselle voulait que cela se sache. Mais elle ne pouvait pas empêcher les mauvaises langues et ses détracteurs étaient encore nombreux peut-être même toujours en majorité. A leur place elle n’en aurait probablement pas pensé moins. Par chance il y avait des gens intelligent à Volusia.

« Voilà je suis toute à toi !»

Déclara-t-elle avec un sourire en avançant vers Serena. Elle s’installa d’abord en position assise sur la table, attendant les instructions de son amie, c’était elle l’experte après tout !

Dylanne avait beau être déjà venue au salon, elle se sentait un peu mal à l’aise, peut-être à cause de la plastique irréprochable de Serena. D’ailleurs la combattante se demanda comment la masseuse n’avait pas plus d’ennuis. En même temps ce genre de centres de soin étaient plutôt fréquentés par une clientèle féminine, ce qui était surement une bonne réponse. La brunette ne savait même pas ce qu’elle ferait comme métier une fois son diplôme en main, l’histoire c’était bien beau mais un musée ici ça n’intéresserait personne, et puis raconter au reste du monde les déboires du pays alors que la ville n’arrivait déjà pas à gérer la guerre de clan, on lui démolirait le bâtiment en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Un avenir plutôt gris s’annonçait pour la jeune femme qui avait donc d’autant plus besoin de se détendre. Assise sur la table de massage, la masseuse lui annonça que normalement il fallait s’allonger. Oui ça elle le savait mais comme elle se sentait un peu maladroite elle ne l’avait pas fait tout de suite, pour ne pas donner l’impression de n’être là que pour ça.

« Non non allongée c’est très bien ! »

Déclara Lynn en se mettant sur le ventre en ayant tant bien que mal défait sa serviette pour que celle-ci lui recouvre uniquement le dos. Discrètement elle regarda Serena qui se passait les mains sous l’eau et puis appliquait un produit que l’ancienne Ferguson ne pu déterminer dessus. Des gestes mécaniques d’un métier répétitif et pourtant différent à chaque nouvelle personne. Il fallait trouver les nœuds et autres points de tension, appuyer plus ou moins suivant la résistance de la personne sous ses doigts. L’étudiante n’aurait jamais eu la patience pour apprendre cet art ou bien l’appliquer. Elle avait quelque base pour détendre un muscle douloureux après un combat, savait prendre soin d’un guerrier puisqu’elle jouait souvent à l’infirmière avec Devon, mais rien de professionnel. De même son futur métier ne serait certainement pas aussi utile que celui de Serena. Sinon elle-même ne serait pas là étendue sur la table à attendre un soin.

« J’ai pris la totale, j’ai vraiment besoin de me faire chouchouter. Mais si tu peux commencer par mon poignet je ne suis pas contre. Je me remets d’une entorse. »

Dylanne leva doucement son bras droit pour indiqué le côté concerné et se félicita d’avoir enlevé son atèle avec le reste de ses vêtements. A l’hôpital on lui avait parlé d’un kiné pour un peu d’aide, pourquoi dépenser de l’argent supplémentaire lorsque Serena qui connaissait bien la situation pouvait lui venir en aide. D’autant que ses économies du mois passaient dans le prix du soin. Quitte à se faire plaisir autant y aller à fond. Balancer l’argent par les fenêtres était aussi facile que de jeter un mouchoir à la poubelle, et Lynn était très forte à ce jeu. Depuis qu’elle était indépendante, vivant seule, elle savait se contrôler jusqu’à un certain point, garer son argent pour des nécessités puis qu’un seul coup elle claquait une grosse sur un coup de tête. Heureusement cette fois, ce n’était pas une futilité, la brune avait besoin de se massage, besoin de juste fermer les yeux et laisser quelqu’un prendre soin d’elle, un masque, une manucure, n’importe quoi tant qu’elle ne le faisait pas toute seule.

La demoiselle devait bien s’avouer que vivre en collocation avec elle-même commençait à lui peser, elle aurait aimé avoir quelqu’un avec qui partager ses repas, avec qui discuter ou se disputer pour choisir le film. Une personne qui s’inquiéterait si elle rentrait en retard. Quelqu’un qui aurait pu être là quand Shane avait débarqué, qui aurait empêché le débordement et le développement de ce sentiment d’abandon que Lynn ressentait depuis son passage. Souillée, tel une tâche d’encre en plein milieu d’une feuille immaculée. C’était un peu la représentation de Dylanne à ce moment précis. Passablement déprimé, par sa vie en générale, sa solitude, ses études et son avenir incertain. Si à un moment tout lui avait paru possible ce n’était désormais plus le cas. Bien sur elle se disait qu’il fallait garder espoir, elle pourrait tout de même se trouver n’importe quel job après l’université, elle était en vie et relativement en bonne santé, le tatoueur n’était plus qu’un point dans l’horizon un reste de vaisselle dans l’évier qui s’en va avec un simple coup d’eau. Et lorsque Serena aurait appliqué son talent sur sa personne, l’étudiante décida qu’elle irait s’acheter une belle robe, un truc simple mais chic, la petite merveille qui manquait à sa garde robe. L’ancienne Ferguson refusait de se laisser abattre malgré ses emmerdes, c’était le but de son après-midi, retrouver le moral et pas se le détruire un peu plus.

« Tu peux y aller je suis pas douillette. »

Ajouta la jeune femme à l’intention de Serena pour le cas où elle aurait des réticences à s’attaquer à son poignet blessé. Lynn savait souffrir en silence et puis son articulation guérissait, l’atèle était pour évité un mouvement brusque mais elle n’était pas forcé de la porter tout le temps, et puis le nombre de coup qu’elle avait prit dans l’enfance l’avait endurcie, il ne fallait pas être une poule mouillé pour aller au combat, tout en sachant pertinemment qu’on risquait le pire, de ce côté-là la combattante était blindée.

Dylanne avait fermé les yeux et ce ne fut qu’en sentait les doigts de Serena sur sa peau qu’elle sut que cette dernière s’était approchée. La jeune femme aimait cette sensation, ce mélange de douleur sur son poignet et de bien être qui la parcourait. Ce sentiment à cheval sur la frontière de la souffrance et du plaisir, quand le geste fait mal et que l’on a envie de hurler et de s’arracher à celui qui nous torture. Pourtant on reste car on sait qu’ensuite vient une sensation de plaisir, peut-être un peu pervers ou masochiste mais dont le corps à besoin. Et l’étudiante adorait cela. Elle apprécia donc ce massage particulier qui détendait ses muscles et son articulation restée trop longtemps sans activité. De fait Lynn n’avait pas approché un champ de bataille ou la salle de gym depuis un moment. Cela aussi lui manquait, pouvoir cogner sur quelqu’un pour passer ses nerfs. Cette pensée la fit sourire de façon un peu cynique, elle se plaignait de son manque de féminité, surtout comparé à la masseuse qui avait tout de la femme fatale cependant trop gentille pour en être une, mais quand on pensait comme un garçon, le corps ne pouvait pas faire ressortir le contraire. La brunette devrait peut-être trainer plus souvent avec Sasha, car elle avait elle aussi était une midinette, Lynn avait eut une période où elle ne mettait que des jupes, portait des talons haut sans soucis. En y réfléchissant c’était surtout depuis l’attaque du centre commercial que son apparence avait quelque peu changée. Comme pour camoufler les cicatrices qui apparaissaient les unes après les autres.

L’étudiante qui avait déjà décidé d’aller se faire plaisir dans les magasins suite à son soin, se mit d’accord avec elle-même, elle devait remédier à cela. Il était temps pour Dylanne d’éclore un peu plus, comme cette jolie rose dans le vase de la salle d’attente du salon. En effet si on y réfléchissait, Lynn avait de plus en plus d’alliés chez les Attwood, elle avait fait ses preuves mais si la jeune femme savait pertinemment qu’elle ne convaincrait jamais l’ensemble du clan, c’était impossible avec son passé et puis il fallait se faire une raison : on ne peut pas plaire à tout le monde, et dans son cas c’était on ne peut plus vrai. L’important c’était que les personnes pour qui elle voulait compter l’apprécient. Sasha, Zac et même Serena, malgré son sentiment de solitude, l’ancienne Ferguson savait au plus profond de son être qu’elle ne le serait plus jamais véritablement. Sa nostalgie finirait par passé. Peut-être pas en une après-midi ou en une semaine, mais éventuellement Lynn irait mieux. Elle ne voulait pas ressembler à un vieux vinyle cassé qui continue de jouer un air démodé. Et presque comme si son amie avait lu dans ses pensées, elle choisi ce moment précis pour demandé comment se passait la vie de l’étudiante en ce moment. La réponse n’était pas évidente mais Dylanne fit de son mieux pour ne pas avoir l’air trop pitoyable.

« On fait aller, tu es peut-être au courant de l’effraction à mon appartement. Les Ferguson ne me lâcheront jamais…enfin je ne vais pas m’arrêter de vivre pour ça, J’ai la fac à finir et c’est déjà bien assez de souci pour que je m’en rajoute non ? »

La question était plus rhétorique qu’autre chose et la combattante avait sciemment laissé certains détails de côté mais dans l’ensemble elle avait assez bien résumé ses tracas. Serena était adorable mais Lynn ne se voyait pas pour autant lui confier ses moindres problèmes, pour la simple et bonne raison qu’elle se n’était pas son genre. Si l’étudiante avait bien un défaut qui jouait contre sa sociabilité, c’était bien sa difficulté à se reposer sur les autres. Elle n’aimait pas parler de ses soucis ou demander de l’aide. La peur d’être déçue peut-être ou bien qu’on la laisse tomber en cours de route. Quoi qu’il en soit, pour rester en bon terme et continuer à apprécie ses entrevues avec la masseuse, la brunette trouvait plus judicieux de rester cette fille souriante et prenant la vie avec grâce. Si l’ancienne Ferguson avait déjà une mauvaise image d’elle-même, elle ne tenait pas particulièrement à la faire partager aux autres. Son petit coté rock’n’roll et aventurière suffirait à la faire sortir un peu du lot.

« Qu’est-ce que je ne donnerai pas pour une grasse matinée… »

Ajouta-t-elle avec amusement. Effectivement ce semestre Dylanne n’était pas gâtée niveau horaire, tous ses cours avait lieu le matin et puis sous ce discours elle reconnaissait passer de très mauvaises nuits. Sa porte avait bien été réparé mais dans son sommeil, la demoiselle entendait le bruit du marteau qui s’abattait surs on verrou et le fracas du battant qui s’écrasait contre le mur. Rien qu’à sa crise de panique en présence de Shane, Lynn aurait dû savoir que le souvenir ne s’effacerait pas si facilement. Elle n’arrivait pas à se défaire de cette impression d’être observer en permanence. La jeune femme ne savait pas comment elle arrivait à être gaie et si triste à la fois, une vraie rebelle. La brunette n’arrivait pas à se décidé pour un état d’esprit, elle voulait les deux en même temps. C’était comme la sensation du massage, prendre du plaisir dans la souffrance.

Sur une grille de note des gens bien atteint, la combattante aurait occupée une place dans le trio de tête. Elle secoua sensiblement la tête pour chassé de son cerveau toutes ses idées noires et se concentrer sur les mains de Serena qui s’appliquaient avec effort sur son corps. Elle pouvait sentir ses muscles se détendre et le stress s’évacuer. C’était Samedi et Lynn ne devait s’occuper de rien d’autre que son bien-être, imaginée le reste de sa journée de façon positive. C’était le but de tout cela ! D’accord ça ne serait pas la journée typique d’une fille de banlieue dont le souci principale est est-ce que son vernis sera sec quand son chéri arriverait à l’appartement pour l’emmener danser mais, c’était une bonne journée. Soleil et une probabilité de finir dans le fossé assez réduite. Il n’y avait aucune raison pour que l’étudiante broie du noir plus longtemps.

Dylanne s’en était voulu d’avoir parlé de sa propre agression alors qu’elle avait totalement zappé que Serena n’était pas en reste de ce côté-là. Tout comme elle la masseuse portait encore les stigmates de ce jour sombre, sauf que pour sa part l’ancienne Ferguson n’avait pas voulu en faire mention. Elle, elle avait de nouveau bleus ou des blessures régulièrement à force de suivre les autres membres du clan dans les combats et autres attaques, aussi cela lui paraissait presque naturel. Mais pas pour la brune, elle n’était pas une combattante, ce que Lynn oubliait parfois. C’était pour cela qu’elle avait rapidement changé de sujet pour partir sur les études, et ce fut l’occasion d’en apprendre un peu plus sur la jeune femme qui s’occupait d’elle. Le mot ‘stopper’ lui indiqua que malgré l’âge logique du diplôme, Serena n’avait pas été au bout de sa scolarité, l’étudiante se demanda qu’elle puisse en être la raison, surtout si près du but. Mais elle se rappela que Serena avait été élevé par un père au moins aussi sévère que le sien, ce qui expliquait probablement un arrêt brutal, et puis il n’y avait peut-être pas non plus besoin d’un diplôme universitaire pour devenir masseuse, cela faisait partie des métiers qu’il faut avoir en soi.

La brunette était perdue dans ses pensées quand la jeune femme qui s’occupait de son corps lui fit une déclaration pour le moins inattendue. Une femme d’action, Dylanne ne savait pas trop si elle devait prendre cela pour une simple constatation ou s’il y avait matière à reproche dans cette phrase. Serena aurait-elle vu l’arme cachée dans ses vêtements ? C’était un peu comme se tenir au bord d’une falaise mais sans être sure que la personne qui vous accompagne ne vous poussera pas dans le précipice. Ce n’était pas parce que la demoiselle était étiquetée Attwood et la fiancée d’un combattant actif qu’elle était forcément d’accord avec cette guerre. Et malgré une certaine décontraction, Serena cachait peut-être un respect de valeur traditionnel comme le fait qu’une femme ne doit pas se battre. Dylanne hésita donc un moment avant de répondre, elle se gratta le haut de la hanche un peu mal à l’aise, elle déglutit avant de dire doucement.

« Je ne sais pas si on peut dire ça comme ça mais oui en quelque sorte…J’ai dû, en quelque sorte, devenir un garçon quand mon frère est mort alors je crois que j’ai fini par prendre le pli. »

C’était plus qu’une simple hypothèse. D’accord la jeune femme n’avait pas demandé à subir un entrainement de guerrier mais elle ne pouvait pas nier qu’elle y avait prit goût. Lynn avait apprit à aimer ce picotement le long de sa colonne lorsqu’elle se préparait à partir au combat, l’adrénaline qui monte lorsqu’on affronte son adversaire, et la satisfaction de l’action accomplie. Elle s’était faite à l’odeur du sang sur ses mains, aux marques qui recouvrait son corps. Ce n’était pas l’horreur de la guerre qu’elle avait fuit mais bel et bien sa famille, son tyran de père et la pression qu’il mettait sur ses frêles épaules. Elle ne supportait plus simplement de devoir répondre à un ordre qui ne lui convenait plus, l’étudiante n’avait plus voulu que les coups pleuvent sur elle alors qu’elle ne le méritait pas. Se faire battre par Henry n’avait rien avoir avec le conflit des familles et surtout elle ne supportait plus de devoir risquer sa vie pour lui, Ryan, c’était sa faute si Devon n’était plus et c’était lui qui était devenu sa cible. Alors oui on pouvait surement dire qu’elle était une femme d’action mais possédant un minimum de tact, elle avait préféré minimiser la chose face à Serena qui avait raison, leurs mondes étaient totalement décalés.

« Je ne sais pas si je serai capable de me poser, d’avoir un vrai travail ou une vie de couple. Je crois que je ne suis pas faite pour ce type de bonheur, c’est plutôt pour une fille comme toi… »

Bien sur Dylanne ne pensait pas à mal en disant ça mais c’était son impression. Il fallait se rendre à l’évidence, une fille qui peut vous éclater la tête est beaucoup moins attirante qu’une femme qui est capable de vous faire des caresses relaxantes, la promesse d’ébats passionnés plutôt qu’une visite aux urgences. Sa plastique ne faisait pas non plus le même impact que celle de la masseuse mais vu la ville ce n’était peut-être pas plus mal. Lynn avait choisi son destin après tout et non elle ne changerait pas tant que Ryan respirerait toujours, tant pis si pour le moment elle devait mettre sa vie entre parenthèse, elle avait de toute façon décidé depuis longtemps que le bonheur n’était pas pour elle, pas à sa portée, l’ancienne Ferguson était tombée trop bas pour cela.

Dylanne n’était pas tout à fait d’accord avec les paroles de Serena, savoir ce que l’on veut, savoir qui l’on est c’est une bien belle chose et surtout de belles paroles. La jeune femme avait apprit à ses dépends qu’il ne suffit pas de le vouloir pour l’avoir. Elle avait beau prier tous les dieux, jamais son frère ne reviendrait d’entres les morts. De même que plusieurs souhaits qu’abritait le cœur de Lynn. Quant à sa personne, oui la brunette savait parfaitement qui elle était mais en aucun cas elle ne parviendrait à être ce qu’elle désirait, ce n’était même pas une question de volonté, simplement de géographie. Volusia ne pourrait jamais faire d’elle ne femme véritablement comblée et donc heureuse. Probablement qu’en trahissant sa famille, l’ancienne Ferguson avait aussi fait faux bond à son destin et donc à son bonheur. Quelles étaient honnêtement ses chances de trouver un petit ami, un mari et d’avoir un jour sa propre famille quand le mot ‘traître’ clignote en permanence au dessus de votre tête. Impossible.

Heureusement, l’étudiante pouvait en voir quelque bride au contact de ses amis, Sasha, que les deux jeunes femmes avaient en commun, en était un très bon exemple. Cette mère de famille avait permit à Dylanne de s’intégrer chez les Attwood. Elle contribuait à donné cette illusion d’espoir et de bonheur auquel pourrait un jour prétendre la brunette, mais comme dit c’était surtout une impression, rien de concret dans son esprit ou dans son cœur. La demoiselle préféra donc ne rien répondre, cela ne servirait à rien de se prendre la tête avec Serena pour ce type de détail, nul doute que personne ici ne pouvait avoir la même conception de la vie. L’enfance, l’éducation et le milieu social influençait sur tout cela et ne pouvait pas mettre les gens d’accord. Il n’y aurait pas de guerre autrement. Comme si la masseuse avait senti la tension, elle passa à autre chose, qu’il s’agisse de la conversation ou de ses gestes sur le corps de Lynn. Cette dernière se redressa donc en faisant bien attention à remettre sa serviette sur sa poitrine. Elle n’était pourtant pas du genre pudique et se retrouvait facilement en tenue légère fasse à ses camarades de combat mais intimidé par le corps de son amie, la brune préférait cacher le sien.

L’ancienne Ferguson tiqua un petit peu au mot ‘coke’, se demanda pourquoi Serena se sentait le besoin de préciser qu’elle n’allait pas lui donner de poudre blanche. Avait-elle un pouvoir mystique qui lui permettait de savoir que Dylanne avait déjà essayer ce genre de substance ou quelque autre don que celui de masseuse ? C’était à creuser, d’autant que Lynn n’était pas certaine d’avoir totalement consommé son stock. Il n’y avait pas de mal à ça, chacun supportait la douleur comme il pouvait, morphine et ses amies en –ine était monnaie courante, et puis être localisé en Floride facilitait l’accès, ville fermée ou non. L’étudiante se concentra donc sur les différentes odeurs qui lui passaient sous le nez plutôt que de chercher à percer le secret de Serena et le double sens de sa précision. Tous ses parfums étaient envoutants et la combattante avouait volontiers que ses saveurs et les talents de la brune avec ses mains pouvaient facilement lui faire perdre ses repères.

« Hmmm celui-là : Framboise et litchi. »

Répondit Dylanne en fermant doucement les yeux pour laisser l’odeur s’infiltrer dans ses narines. De façon générale elle aimait beaucoup les fruits rouges et par conséquent le choix du parfum lui semblait évident. Serena s’en rendrait bien compte toute seule après plusieurs sorties entre filles ou séances de massages. Chacun son pêché mignon après tout. Puis sans vraiment savoir ce qu’il fallait faire ensuite, Lynn se repositionna sur le ventre pour offrir son dos aux doigts experts de la masseuse. La jeune femme en connaissait un qui devait bénéficier de ce genre de faveur quand il le voulait et gratuitement, ce qui expliquait peut-être qu’il tienne autant la forme une fois à la salle de gym ; il avait quelqu’un pour le chouchouter à la maison le tricheur.

« Ça ne t’ennuis pas de devoir tout le temps t’occuper des autres, tu ne voudrais pas qu’on te masse un peu toi aussi ? »

Demanda l’étudiante après quelques secondes pour relancer la conversation. Elle pouvait aussi se douter que la réponse pourrait au choix la dégouter ou lui faire de la peine mais c’était aussi un moyen d’apprendre à connaître Serena ainsi que les sujets à éviter. La vie n’était pas parfaite et il fallait savoir faire avec les cartes que l’on vous donnait. Et la brune avait tout de mettre très envie de se lier avec la masseuse, de pouvoir proclamer qu’elle avait une amie, autre que Sasha qui était un peu sa protectrice en fait. Elle pourrait alors être invitée lors des soirées entre filles ou des après-midi shopping. Lynn avait beau être un peu garçon manqué elle voulait tout de même conserver son coté féminin et pour cela lui fallait impérativement des amies avec un E à la fin.

Dylanne n’eut pas besoin de poser plus de question pour comprendre à la réponse de Serena que son enfance n’avait non plus dû être une partie de plaisir. C’était étrange car la brune avait pourtant rencontré des enfants qui semblaient heureux de vivre et presque totalement inconscients de la guerre que se livrait les adultes lorsqu’ils étaient au lit ou simplement à la maison en train de jouer. Lynn savait aussi qu’elle n’était pas la plus à plaindre dans cette histoire. La masseuse venait de dire qu’elle n’avait pas été habituée à la douceur mais pour l’ancienne Attwood c’était tout le contraire. Petite fille sa mère l’avait couvé comme une poule et son père avait été gage, quant à Devon il était hors catégorie, un véritable valet. C’était pour cela que la transformation de Henri à la mort de son fils avait été d’autant plus dure à accepter pour la jeune femme, parce que d’un seul coup la vie comme elle l’avait connu avait été enterrée dans le même cercueil que celui de son frère. Mais au moins, elle, elle pouvait dire qu’elle avait connu une tendre enfance. Visiblement ce n’était pas le cas de Serena.

Mais la brunette ne semblait pas s’en porter plus mal pour autant. D’accord pour le moment son corps portait les stigmates d’une affaire dont l’étudiante n’avait pas eu vent mais Serena gardait le sourire et travaillait comme si le monde tournait normalement. Elle avait d’emblée un bon fond, il le fallait pour apprécier aider les gens comme cela paraissait être son cas, soulager les combattants n’était pas ce qu’il y avait de plus facile, il en fallait de la patience. Lynn pour sa part n’était pas certaine de pouvoir mettre ça sur l’ardoise de ses qualités. Elle en avait d’autre mais probablement pas celle là, comme son paternel en somme. La masseuse s’inquiéta de l’image qu’elle pouvait donner et la guerrière se demanda bien ce que son amie avait en tête pour poser ce genre de question. Bon elle passait un peu pour la parfaite petite femme que tout homme serait ravi d’épouser et cela pouvait certainement être des plus agaçants. Lynn reconnaissait volontiers qu’elle jalousait cela mais ce n’était pas pour cette raison qu’elle arrêterait de fréquenter Serena. Si au moins elle pouvait être heureuse, avec un homme qui l’aimait et la respectait alors, en tant qu’amie c’était son rôle que d’être heureuse pour la masseuse. Qu’importe que cela lui rappelle à quel point elle était seule et que son avenir ne lui promettait rien de semblable.

« Je ne suis pas là pour juger, chacun est ce qu’il est et comme tu l’as dis l’important c’est d’être satisfait soi-même de sa personne. »

La demoiselle n’avait cependant pas relevé la partie concernant Zac. Elle aimait beaucoup le jeune homme qui représentait sans le vouloir l’image de son aîné disparu. Il avait fait pour elle plus que d’autres ne feraient jamais de toute leur vie et elle ne pourrait jamais l’en remercier suffisamment. Mais être en sa présence était comme être là, allongée sous les mains de Serena qui lui étalaient de la crème, le bonheur amoureux dont il bénéficiait le rendait détestable. Plus le temps passait et plus Lynn se voyait seule dans le miroir. Elle avait été solitaire pendant si longtemps qu’elle avait pensé s’y habituée un jour, se faire à ne jamais entendre un bonjour qui résonne en passant la porte de son appartement. Mais évoluer dans une clique de gens en couple, mariés ou même déjà parents finissait pas la rendre presque malade. Elle aussi voulait goûter à cette joie d’avoir une personne qui n’aime que vous, pour qui vous compter plus que tout. La brune voulait aussi fonder une famille avoir des enfants à chérir pour effacer son passé, se dire qu’elle ne ferait pas les mêmes erreurs que son père. Mais elle n’avait même pas l’ombre d’un petit ami, alors pour tombé enceinte, à moins d’une intervention divine, ce n’était pas pour demain !

« Oui je me doute…moi je dois venir ici pour être un peu chouchouter, je préfèrerais simplement avoir à rentrer chez moi c’est sur ! Mais bon il faut bien que nous autres célibataire on te fasse travailler ! »

Déclara finalement l’ancienne Ferguson avec un sourire amusé. Au fond de son cœur s’était loin de la faire rire mais il fallait bien donner le change. Ce n’était pas la faute de Serena si Lynn n’avait pas de chance en amour, cela datait de bien plus longtemps que l’on ne pouvait imaginer alors la masseuse ne pouvait clairement pas être responsable de cela. Et puis la brune n’avait pas non plus l’envie de s’apitoyer sur son sort et encore moins celle de faire pitié à sa camarade. Mieux valait donc prendre tout cela avec humour, le dicton dit bien qu’il faut mieux en rire qu’en pleurer et la situation ce prêtait parfaitement à cet adage. La jeune femme plaça les bras le long de son corps sans perdre son sourire et continua d’apprécier les attentions de Serena à son égard. Sans avoir besoin d’une montre elle devinait qu’il ne devait plus lui rester bien longtemps sur sa séance et elle voulait profiter du reste au maximum, qui sait quand elle pourrait encore prendre le temps de s’occuper de sa personne et de dépenser autant d’argent dans ce type de futilité. Non, comme Dylanne se l’était dit, elle devait prendre la vie du bon côté.

Dylanne ne put retenir une expression de surprise en écoutant Serena parler d’année folle. D’une part elle ne savait s’il se cachait là un sous-entendu et d’autre part elle avait tout de même du mal à imaginer que la masseuse ait pu un jour honnêtement dire qu’elle était célibataire. Sans petit ami fixe certainement mais un période sans aucun prétendant c’était dur à croire. En même temps se poser ce genre de question était entré dans le jeu du reste du monde. Ce n’était pas parce que la brune avait une plastique et une image qui prêtait à croire que, qui faisait que cela était forcément la vérité. L’ancienne Ferguson s’en voulu pour avoir pensé cela de celle qui devenait son amie à mesure qu’elles se livraient l’une et l’autre leurs passés. Mais l’étudiante ne pouvait se retirer de la tête que c’était une situation impossible, c’était comme espérer qu’un jour son père devienne sénile et oublie qu’il avait répudié sa fille et mit sa tête à prix.

La masseuse annonça presque la fin de la séance, en proposant une infusion à Lynn, qui se redressa en fermant la serviette autour de son corps. En temps normal, la combattante n’était pas versée dans les tisanes et compagnie, elle préférait largement la caféine ou simplement un chocolat. Elle avait du mal à comprendre le principe de plante ayant baignées dans l’eau chaude mais après tout pourquoi pas. Et puis la jeune femme ne tenait pas à vexer Serena qui venait de lui dire qu’elle pourrait ne revenir que pour l’infusion. Elle lui offrit donc un sourire avant de répondre.

« Ne t’inquiète pas je ne fuis que les tyrans, et puis si cette infusion est si délicieuse, je reviendrais au moins pour elle ! »

La brunette accompagna sa phrase d’un clin d’œil pour bien faire comprendre qu’elle rigolait. La masseuse ne pouvait pas la faire fuir alors qu’elle venait de passer un bon moment à la détendre et à lui faire du bien. D’accord Lynn ne s’était pas sentie bien pendant toute la séance parce que l’apparente perfection qui entourait Serena ne faisait que lui rappeler à quel point son monde à elle se rapprochait plus du KO mais ce n’était pas la faute de la jeune femme, si Dylanne n’arrivait pas à accepter entièrement sa condition malgré les efforts pour dissimuler ce fait. De même ce n’était pas là sur la table que l’ancienne Ferguson allait vider son sac. Cela ne rimerait à rien car ce ne serait malheureusement pas Serena qui changerait quoi que ce soit à sa condition. L’avenir et le bonheur de l’étudiante ne tenait qu’à ses propres actions et se trouvait entre nulles autres mains que les siennes. Même si elle avait eut envie de contredire son amie sur ce point, Serena n’avait pas tout à fait tord, si on sait ce qu’on veut alors il faut se donner les moyens de l’avoir.

« En tout cas merci, c’était parfait aujourd’hui. »

La combattante le pensait. Ce n’était pas seulement le massage qui était appréciable. Il y avait aussi le fait d’avoir un échange, une discussion avec la personne. Lynn avait apprit certaine chose sur Serena qui poserait les bases de leur amitié. Les sujets à éviter, leurs points communs. Cela avait été très instructif et la jeune femme aimait bien passer des moments « féminins » une fois de temps en temps. Mais là il était vrai que l’infusion était un peu la goutte qui fait déborder le vase. Dylanne entendait déjà la mélodie des armes à feux qui lui chantait dans les oreilles telle une sirène grecque. Elle était irrécupérable. L’étudiante attendrait quand même de prendre tranquillement sa boisson chaude et de se faire trainer dehors de force avant de succomber.

La tasse chaude entre les mains, Dylanne observa la masseuse alors que cette dernière lui faisait le compliment de l’aimer en tant que cliente. La brune esquissa un petit sourire avant de tremper ses lèvres dans le breuvage. Comme elle s’y attendait, elle n’aimait pas. Le goût était fade et il n’y avait pas de sucre, mais l’étudiante n’en pipa mot, son souhait n’était toujours pas de vexée sa nouvelle copine en lui disant qu’elle préférait encore marcher pied nu sur une ampoule que prendre une gorgée de plus. C’était comme avec Zac à la salle de sport et sa boisson étrange. Lynn se forcerait à finir rapidement tout en gardant une mine réjouie. C’était juste que les thés et compagnies ne lui plaisaient pas. La jeune femme regarda ensuite Serena remettre un peu d’ordre dans ses lotions. Elle précisa que ce n’était pas pour la chasser mais parce que sa boss pouvait se montrer tatillon.

« D’accord d’accord. »

L’avantage d’être encore à l’université, était que l’ancienne Ferguson n’avait pas de supérieur. Même si les profs pouvaient être considérés comme tels, ils ne pouvaient pas décider de les renvoyés de la fac ou de ne pas donner le salaire à la fin du mois, car rien de sortait de leur poche sur ce niveau là. De la craie autant qu’on en voulait mais des billets jamais ! Ce que voyait Lynn, lui faisait penser aux photos dans les magazines, la masseuse type dans son parfait petit salon, avec l’alignement de tous les produits au millimètre près. Cela lui faisait presque ce sentir de nouveau riche et habitant de l’autre côté de la ville. La brunette avait parcouru tellement de chemin depuis cette époque et pourtant elle était toujours la même. A vouloir ce qu’elle ne pouvait pas avoir, étant juste capable de s’en rapprocher. Toujours mal dans sa peau, à la merci de ses impulsions. Une spirale presque destructrice dont Dylanne ne savait pas si elle s’en sortirait un jour. Aussi déclina-t-elle gentiment l’invitation de débarquer n’importe quand.

« Merci c’est gentil mais je ne vais pas m’incruster chez toi à chaque fois, je suis une grande fille et ça fait longtemps que je m’occupe très bien de moi-même. »

La combattante ne voulait pas paraître rude en disant cela mais elle imaginait déjà avec horreur son arrivée à la maison du couple alors que ce dernier s’adonnait à quelque libertinage parce que ne s’attendant pas à voir la petite Johnson qui ramène son cul. Non Lynn passerait sur cette occasion, elle n’avait rien d’une voyeuse et avec le niveau actuel de sa vie sexuelle, même les chats qui font leur toilette étaient plus actifs qu’elle. Alors imaginer ses amis lui donnait plutôt envie d’aller vomir que de s’inviter chez eux. Mais encore une fois elle n’en montra rien et rajouta pour s’assurer que Serena la comprenait bien.

« Je ne veux pas vous importuner, toi et Zac… »

Dylanne fit couler le reste de l’infusion dans son œsophage après cela tout en conservant son sourire. Elle se faisait l’impression de la fille sœur dans Cendrillon qui s’amuse à torture la jeune fille, ici c’était Serena. Et l’étudiante détestait cette image, elle voulait simplement être gentille et devenir réellement amie avec la masseuse mais même avec ses bleus et ses bandages il y avait encore une espèce d’aura bisounours autour de la brune qui faisait que la guerrière se demandait pourquoi une fille comme Serena pouvait avoir envie de devenir amie avec elle qui était presque un bonhomme. Lynn développait un complexe d’infériorité qui n’était pas nouveau, avec un frère vénéré, elle avait toujours été plus ou moins imparfaite, et pour une raison qu’elle ignore, l’ancienne Ferguson retrouvait cette sensation à cet instant. Elle décida donc de changer de sujet.

« J’ai l’impression que je viens de rêver tellement c’était bon ce que tu m’as fais. Je ne veux pas retrouver la réalité ! »

Fit-elle en posant doucement la tasse sur la table à côté d’elle et en remontant un peu la serviette pour y cacher son nez comme une gamine.

Serena pouvait insister autant qu’elle le voulait, Dylanne ne s’inviterait jamais comme ça chez elle et Zac. De un ce n’était pas son genre de débarquer sans s’être annoncée préalablement et ensuite, ce n’était pas non plus son genre de courir après les autres pour du soutient ou du réconfort. Même si parfois cela lui manquait, elle avait depuis longtemps apprit à vivre sans et elle ne tenait à pas à ennuyer le jeune couple avec ses problèmes. D’autant que la brune était sûre que les voir roucouler ne pouvait pas être bon pour son moral. Les amoureux quels qu’ils soient lui donnait de l’urticaire. Elle avait donc changé de sujet et remercier la masseuse pour le soin qui lui avait fait un bien fou. Lynn s’amusa du fait que Serena se fasse sa petite pub en insistant sur le fait que pour avoir la même chose il fallait absolument demander son nom en prenant rendez-vous. L’étudiante ne l’oublierait pas mais elle ne reviendrait pas non plus tout de suite alors ce n’était pas grave.

La jeune femme allait vaquer au reste de sa journée lorsque l’ancienne Ferguson distingua qu’on annonçait une nouvelle cliente imprévu, il y avait même du suspense ici, pensait-elle un peu moqueuse. La combattante s’était levée avec la serviette toujours fermement maintenue autour de son corps, quand Serena se désespéra d’avoir autant de travail à faire. Lynn lui offrit un sourire et une tape sur l’épaule en guise de compassion.

« Il faut bien mériter ton salaire, et puis dis-toi que c’est pour la bonne cause ! »

Elle sortie ensuite et remercia encore une fois Serena qui lui disait au revoir avant d’aller prendre en charge sa prochaine cliente. Dylanne lui fit un signe de la main et un grand sourire pour lui dire au revoir elle aussi et se dirigea ensuite dans la cabine où se trouvait ses vêtements. L’étudiante fit la moue en les observant il n’y avait rien de sexy ou d’élégant là-dedans. Juste le côté pratique d’être confortable avec son poignet douloureux et de pouvoir cacher son arme à feu qui était évidemment interdite dans le centre. De fait la jeune femme reste un moment à les observer, se cachait-elle derrière ces vêtements qui ne la mettaient pas en valeur ? Peut-être un peu, il y avait un temps où elle portait des robes courtes et des décolletés important, alors pourquoi plus maintenant. Parce que pour faire partie du clan, elle avait du devenir aussi douée qu’un homme, effacer au moins une différence pour s’élever à leur niveau. Une boule se forma dans sa gorge à cette pensée alors qu’elle se rhabillait. Son pistolet à sa ceinture et son atèle remise, Dylanne sortie de la cabine. La pièce de Serena était de nouveau fermé ce qui signifiait qu’elle s’occupait déjà de sa nouvelle cliente. L’étudiante se dirigea vers la réception et sorti son portefeuille de son sac en bandoulière. L’aimable fille derrière le comptoir lui annonça la somme et l’ancienne Ferguson paya sans plus de conversation.

Dehors elle prit un moment pour respirer l’air de Volusia. La visite de Shane l’avait traumatisé plus que Lynn ne le pensait parce qu’elle se rendait compte que lui l’avait pendant un moment traiter en femme et cela faisait si longtemps. Il avait totalement chamboulé le petit monde qu’elle s’était forgée. Et maintenant malgré le fait que ses muscles soient détendus, la brunette ne se sentait pas vraiment mieux. Pour une fois au lieu de filer à la salle de gym pour se défouler sur un sac de sable, la belle décida d’aller dépenser ses dernières économies dans les boutiques. De toute façon elle ne pouvait toujours pas se servir correctement de son bras dans un combat et elle avait grandement besoin de remonter son niveau de féminité spirituelle. Une belle robe pour aller danser un soir, oui c’était ça qu’il lui fallait. La guerrière sortie ses lunettes de soleil de son sac et les posas sur son nez et afficha un sourire. Serena avait bien raison sur un point, il fallait prendre la vie du bon côté.