Comment décrire la situation dans laquelle je me trouve... ? Je suis allongé sur le sol, dos sur le sol pour être plus exact, mon bras droit complètement retourné tenu fermement par une main et tenu par un genou. Comment j'en suis arrivé là ? Très simple....





- On se revoit dans deux semaines Kangho, n'oublie pas.
- Compte là-dessus !

A peine partit du cabinet que je me dirige droit vers Sun. Ma seule amie... Enfin seule, pas vraiment car j'ai aussi Sunset, mon chat, et G, ma gratte. Ouais, j'aime bien donné des noms aux objets... Même si pour moi ce sont plus que des objets ! Mis à part Sunset qui est un animal, bien évidemment.
Bref, tout ça pour dire que cette séance était différente des autres et ça m'a vraiment foutu les boules ! Comme d'hab, je vous laisse deviner que mon portable sonne : ma mère... Mais cette fois, je ne lui réponds pas, pas envie. Je sais déjà ce qu'elle va me dire et je n'ai pas envie de l'entendre. Alors, pour faire comme si de rien n'était, pour fuir, pour me changer les idées, je monte Sun et m'envole en direction de ce petit garage laissé-là à l'abandon du côté des Attwood.
Tout dépend de ce que j'ai besoin mais là-bas, vu qu'il n'y a personne, je suis tranquille pour réparer ma moto. Et puis, en plus de mon squat, ça me donne un petit coin où je peux me poser sans me prendre la tête, les mains plongées dans le cambouis. Ouais, j'kiffe vraiment ce garage.

Mais voilà, ce soir, c'était différent. Alors qu'il y fait sombre comme pas deux, c'est légèrement éclairé, comme si quelqu'un était venu faire un peu de ménage. C'est d'ailleurs ce que je me dis en entrant à l'intérieur. Alors que, d'ordinaire, les outils sont sans dessus dessous, là, ils sont rangés à leur place. Le sol est même balayé. Ça cache quelque chose ça...
Pourtant, au lieu de chercher à comprendre, au lieu de faire le tour comme à mon habitude, je farfouille pour prendre une clef à molette pour resserrer quelques vis sur Sun. Comme à mon habitude j'allume le vieux poste radio sans me préoccuper des voisins et je commence mon entreprise habituelle.
Mais comme je le disais, j'aurai mieux fait de faire le tour du propriétaire car j'aurai remarqué une autre personne. J'aurai vu qu'il y avait quelqu'un d'autre et je ne me serais pas fait avoir comme une merde - car c'est le cas de le dire -. Ouais, je ne l'ai pas vu venir et c'est pour ça que je me retrouve sur le sol, le bras en vrac avec une putain de douleur... !

- Qui es-tu ?
- Et toi ?!

C'est vrai quoi ! C'est qui cette meuf qui me tord le bras ? Putain qu'ça fait mal bordel !
Elle, elle me retourne comme un vulgaire sac à patate et sort un couteau de sa ceinture pour me menacer avec.

- T'es chez moi ici. C'est moi qui pose les questions. Qui es-tu ?

Je ne peux m'empêcher d'exploser de rire. Stupide ? Peut-être mais perso, je n'ai pas peur d'un vulgaire canif sous ma gorge, surtout après tout ce que j'ai vécu et ce par quoi je suis passé.

- Sauf si t'as de la merde dans les yeux, j'suis un mec qui est là pour réparer sa bécane et qui n'en a rien à foutre de ton couteau !

Je suis de nouveau debout. Je n'ai rien aux jambes donc je peux encore courir, marcher, danser... Je sais, c'est con c'que j'dis mais que voulez-vous... Manu, c'est comme ça qu'elle s'appelle, me demande de la suivre du regard. Chose que je fais. Pas que j'aime particulièrement cet endroit mais conduire à une main risque d'être un chouilla délicat et... je vais me faire tuer si je rentre dans cet état... Putain, Sunset ! Et merde... faudrait que j'aille au moins au squat pour le nourrir.

- Assieds-toi.

Alors qu'elle me tire de ma rêverie en me proposant de m'asseoir sur un matelas sur lequel une pile de linges y ait étalée, je remarque seulement que cet espace représente sa chambre. Je ne savais même pas qu'il y avait une piaule d'ailleurs... Si j'avais su...

- C'est ici qu'tu dors ?

Tout en lui posant la question, je m'assois comme elle me l'a demandée. En même temps, qu'est-ce que je pourrais faire d'autre... ?

- Oui.

Tout en me répondant elle s'assoit en face de moi et prend doucement mon bras. Je grimace légèrement lorsqu'elle le fait, c'est que ça fait mal mine de rien.

- T'y as pas été de mains mortes...

J'allais ajouter autre chose mais mon téléphone choisit ce moment pour sonner.

- Et merde... ma mère doit s'inquiéter... Tu peux décrocher pour moi ?

Merci d'être tombé sur une tortionnaire assez sympa pour le faire ! Non seulement elle me décroche le téléphone mais au lieu de répondre, elle me le place sur l'oreille.

- Yoboseyo.
- Ah quand même ! T'es où ?! Ça fait plus de deux heures que tu devrais être rentré !

Je pense que même si elle n'a pas l'oreille collé sur le combiné, ma nouvelle "compagne" doit entendre ce que ma mère a à me dire comme si elle y était...

- Eomma...
- Y'a pas de eomma qui tienne ! T'as intérêt à rentrer tout de suite !
- J'vais rentrer... mais peut-être pas tout de suite...
- Comment ça pas tout de suite ?!
- Je...

Je regarde Manu cherchant une quelconque aide malgré que je suis seul face à moi-même pour une excuse qu'elle me chuchote...

- Ta bécane est en panne...

Je l'aime ! J'aurai dû la trouver tout seul cette excuse - qui n'en ai pas vraiment une d'ailleurs -

- Sun est en rade.
- Comment ça... en rade... ?
- Bin, j'ai voulu m'changer les idées après mon "entretien" et je suis tombé en rade.
- Dis-moi où t'es ! J'viens te chercher !
- Eomma... tu devrais te reposer et t'occuper de Hyunah. Je vais bien, je te le promets.
- Yagsog ?
- Yagsog ! Même si je le déteste, il y a bien une chose qu'il m'a appris.
- Ne jamais promettre si on ne tient pas sa promesse...
- Dee.
- Reviens vite alors.
- T'en fais pas !

Après les échanges habituels entre un fils et une mère, elle raccroche.

- Merci.

Elle retire ses chaussures pour poser son pied sur le haut de mon torse, du côté de mon épaule blessée et s'apprête à tirer sur mon bras. J'vais morfler, je sais que je vais morfler mais ai-je le choix... ?

- T'es prêt ?
- A fond !

J'esquisse un faux-sourire lorsque je lui réponds.

- J'y vais à trois. Un... deux...

Et elle tire d'un coup sec pour remettre mon épaule en place.

- Putain de merde ! Tu sais pas compter jusqu'à trois ?!

Et au lieu de me répondre, elle déroule le keffieh qu'elle a autour du cou et vient me l'attacher pour mettre mon bras en écharpe et l'immobiliser.

- Essaie de le garder comme ça quelques temps.
- Je crois surtout que tu vas devoir me supporter le temps que je puisse le bouger... Pas que j'en ai vraiment envie mais je suis droitier et je ne peux pas conduire d'une main. De plus, si ma mère me voit comme ça...

Ça me fait chier, vraiment chier mais qu'est-ce que je peux y faire ? Si j'avais été moins con, j'aurai fait plus attention mais là...

- T'inquiète, j'te sauterai pas dessus ! J'irai me pieuter en bas dans le garage.

Et tout en prononçant ces mots je me lève pour m'y diriger.

Bang Bang Bang

Mais pourquoi elle prend la peine de me nourrir ? Et pourquoi elle m'offre comme ça l'hospitalité ? A l'entendre c'est pour ne pas qu'elle soit seule. Je ne sais pas pourquoi mais j'en doute... Enfin, je n'vais pas m'plaindre, au moins, je peux crécher quelque part en attendant que mon bras aille mieux. En même temps, elle me doit bien ça...

- Tu peux t’assoir, je vais pas te manger…

C'est vrai que je suis encore debout et je ne peux m'empêcher d'esquisser un léger sourire lorsqu'elle tapote sur la place à côté d'elle.

- Je ne sais pas, des fois que tu manges de la chair fraiche...

C'est qu'elle est mignonne quand elle sourit.

- J'ai arrêté, je préfère les sandwichs.

Et a de l'humour...
Comme je suis un garçon bien élevé, je m'assois à côté d'elle mordant un bout dans le sandwich.

- J't'ai pas vu avant... T'es revenue depuis longtemps ?
- Avant hier.
- J'comprends mieux...

Normal que je ne l'ai jamais vu avant.

- Et comment ça se fait que t'étais pas là avant alors que c'est à toi ?

Moi, curieux ? Si peu... Disons que ça fait six mois que je traine dans le coin alors lorsqu'une gonzesse me tord le bras en me disant qu'c'est chez elle... J'me renseigne, voilà tout.

- Tu poses beaucoup de questions je trouve.

Elle a hésité un long moment avant de me répondre pourtant, je ne suis pas satisfait de sa réponse.

- Et alors ? Tu connais presque toute ma vie grâce à ma mère alors, tu peux bien me raconter un bout de la tienne, non ?
- C'était à mes parents avant. J'en ai hérité.
- Ça fait six mois que j'en ai fait mon "bien" et t'es arrivée seulement hier. T'étais où avant ?
- En taule.

Alors là, si je m'attendais à ça... Pourtant, je n'en ai pas peur et ça se lit sur mon visage. Je suis plutôt dubitatif, cherchant à comprendre.

- T'as tuée quelqu'un ?
- Oui.

Je reste silencieux en l'observant. Elle a donc tué quelqu'un mais contrairement à moi, elle s'est faite chopée. Je ne pensais pas trouver quelqu'un qui me ressemble même si au final...

- C'était comment la prison ? J'veux dire, pas trop dur ?

Le regard qu'elle me lance me fait sourire. On dirait qu'elle essaie de lire en moi, savoir pourquoi je lui pose toutes ces questions mais... elle ne saura rien, c'est une partie de ma vie qui a été effacée lorsque mon père s'est barré !

- Tu en as encore pour longtemps avec ton interrogatoire ?
- Je cherche juste à connaitre la personne qui m'héberge, voilà tout. En tout cas, ton sandwiche n'était pas mauvais !

Je me laisse alors glisser contre le dossier du canapé laissant vagabonder mon regard sur le plafond.

- Tu penses que je pourrais utiliser mon bras dans combien de temps ? Pas que je n'aime pas ta compagnie mais Sunset va commencer à avoir la dalle...

Si je m'attendais à ça... Voilà qu'après m'avoir nourris elle se décide à m'accompagner chez moi... enfin, au squat. Je ne pensais pas que les gens pouvaient être aussi bizarre...
Je ne dis rien, gardant ma réflexion pour moi, me laissant entrainer vers un autre "garage" dont je ne connaissais l'existence mais n'ayant jamais su ce qu'il y avait derrière n'ayant pu l'ouvrir. Et quelle surprise... ! Si je m'attendais à voir ce genre de caisse derrière... Bon, je dois avouer que je préfère de loin - et de près - Sun mais je dois dire qu'elle en jette sa chevrolet.

- Je ne pensais pas qu'une gonzesse comme toi pouvait kiffer les Chevrolet. Surtout une Bel Air de 57.
- J'ai grandi et je vis dans un garage...
- Et alors ? J'ai grandi et je vis dans un milieu de droiture et pourtant ça ne m'empêche pas de faire mes affaires dans mon coin.

Pour le coup je ne comprends pas vraiment sa remarque. A croire que c'est une fatalité... Et alors que nous sommes en train de "polémiquer" sur notre "destiné", Manu remplit la voiture d'essence.

- Qu'est-ce que tu entends par une "gonzesse comme moi" ?
- Rien de particulier. Je ne fais que constater, voilà tout.

Je ne sais pas si elle fait mine de ne pas m'entendre mais elle ouvre une grande porte qui donne sur l'extérieur et s'installe au volant.

- Bon il est où ce squatt ?
- Quand t'as une idée en tête, tu l'as pas ailleurs toi...
- T'as un chat à nourrir non ? Alors grimpe.

Cette fille est vraiment trop bizarre... Sérieux ! L'idée que j'avais d'elle ne cesse de s'amplifier. J'la vole, elle me démonte l'épaule mais au final, elle me soigne et se propose d'aller chercher Sunset. Heureusement que mon squatt n'est pas chez les Ferguson...

- Et s'il était chez les Ferguson, t'irai quand même ?

J'aime me retrouver ici, dans cette pièce qui fait office de squatt pour moi. Certes elle n'est pas grande mais qu'importe, pour Sunset et moi, ça suffit. Et puis ici je peux jouer comme bon me semble, sans avoir les voisins sur le dos. C'est la première raison pour laquelle je suis venu ici. Je me rappelle de ce jour comme si c'était hier...
Je venais d'avoir à peine 8 ans et pour mon anniversaire elle m'avait offert une guitare, G comme j'aime à l'appeler. Elle m'avait appris deux, trois accords et pour le plus grand plaisir de mon père et de ma sœur, j'avais fait quelques accords. Je ne me débrouillai pas si mal et je peux vous dire que j'ai été applaudis.
Mais voilà, malgré la notoriété de ma mère, nous n'avions pas un bel appartement comme nous en avons un actuellement et les murs n'étaient pas très épais. Je débutais et les notes n'étaient pas sûres sous mes doigts ainsi que la continuité de mes exercices. Je recommençais donc encore et encore sans vraiment me soucier des à côtés. Mais voilà, peut-être que j'aurai dû car une pétition fut signée et je devais me débarrasser de G.

- Il est hors de question qu'il s'en sépare !

Mon père avait réagit au quart de tour et était prêt à tout... Heureusement que ma mère pouvait encore le contenir sinon je ne donnais pas cher de la peau des voisins...
C'est comme ça que je suis parti un jour avec G, me cherchant un petit coin tranquille. Et c'est là que je suis tombé dessus. La bâtisse était en ruines et personne ne semblait s'en préoccuper plus que ça. Des drogués allaient et venaient faire leur shoot et ensuite disparaissaient. Personne ne viendrait se plaindre de ma musique.
Cette pièce, cette petite pièce fut la plus sympa et la plus accueillante à mes yeux. De plus, la fenêtre donnait sur l'extérieur et je pouvais avoir l'œil sur ce qu'il se passait. D'ailleurs, c'est grâce à ça que...

- Qu'est-ce que tu veux Sunset ? Tu as faim ?

Seul un miaulement me répond. Oui, il a faim, comme moi d'ailleurs. Je sors une boite de dessous l'évier, l'ouvre et la verse dans la gamelle qui lui ait réservé.
J'adore ce chat ! Il me comprend comme personne. Il a à peine 2 ans et est encore jeune mais il est loin d'être con. Hyunah me l'a offert pour m'éviter de me "sentir" seul comme elle dit... Bon, je dois avouer qu'elle n'avait pas tort car depuis que je l'ai, je me suis assagi, je suis moins relou et surtout, j'ai repris la guitare et la mécanique. Et par conséquent, je suis moins dans les combines. Enfin, ça ne m'empêche pas d'en faire...

Je devrais prendre Sunset et retourner à la caisse où m'attend Manu mais... mon regard se pose sur G. A chaque fois que je nourris Sunset, j'en joue quelques accords mais là, avec mon épaule, pas vraiment facile... D'ailleurs, mon chat s'en rend compte car à peine ai-je posé mes doigts dessus qu'il me faire des ronrons.

- Mianhae-yo Sunset, ce ne sera pas pour ce soir... Comme tu le vois, je ne peux pas...

Il me fait les yeux doux - comment résister à ça ? - pour que je le prenne avec moi. Je ne peux pas le prendre et encore moins le laisser tout seul... Et je ne peux l'imposer comme ma présence...

- Mon cher Kangho, tu dois affronter ta connerie...

J'attrape mon téléphone de ma main gauche et compose le numéro de ma sœur.

- Yoboseyo.
- Kangho ? Quelque chose ne va pas ?
- Et bien...

Je lui raconte ce qui m'aie arrivé, mais dans les grandes lignes.

- Quoi ?! Et eomma le sait ?
- Tu veux ma mort ?
- Kangho... tu sais à quel point je t'adore mais je ne compte pas te couvrir sur tes conneries !
- Je sais, je sais... Dis, je peux ramener Sunset ?
- Tu sais très bien ce qu'il s'est passé la dernière fois Kangho...
- Je sais noona mais... Je ne peux pas le laisser tout seul...
- Donne-moi l'adresse !
- Hors de question que tu viennes !
- Alors quoi, tu vas l'amener ?
- Hyunah... ici c'est mon antre et personne ne doit venir ! Seul appa...

Le silence s'impose. Elle sait ce que je veux dire et revenir sur ce genre de souvenirs...

- Je vais convaincre eomma, laisse-moi deux heures !
- Gomawo-yo...

Une fois le téléphone raccroché, j'attrape Sunset et G, par réflexe, pour rejoindre Manu dans la voiture.

- J'aurai besoin encore de tes services pour m'emmener chez moi mais... on a deux heures à tuer avant...

Alors qu'elle me demande d'enlever mon T-Shirt, je la regarde d'un drôle d'air. C'est vrai quoi, je n'ai pas l'habitude qu'une femme me demande de lui faire un strip-tease... Enfin, j'ai l'habitude avec ma sœur... Attendez, n'allez pas vous imaginer tout un tas de trucs bizarre... Hyunah est ma noona et je la respecte en tant que telle ! De plus, quand je rentre dans un état plus que lamentable, c'est elle qui me couvre, même si je suis persuadé que ma mère le sait. Faut dire qu'elle a vécu avec un homme qui était dans le milieu... De plus, il parait que je lui ressemble...
Bref, passons ! Lorsque les doigts de Manu passe sur mon épaule, ça me fait un bien fou. La fraicheur de ses doigts sur ma peau me fait légèrement frissonner mais c'est un tel régal...
Je ne sens plus la crème sur ma peau mais ses doigts me massant toujours avec délicatesse... Mes yeux sont fermés et je laisse légèrement ma tête glisser vers l'arrière - vers elle en somme -

- Si j'avais su que tu étais si bonne masseuse je t'aurai demandé un massage un peu plus approfondi.
- Il est encore temps de le faire...

Si je m'attendais à ça ! Tout en me répondant elle pose ses mains d'une part et d'autre de ma nuque et continue son massage. Putain ce que ça fait du bien...
Cette fois ma tête bascule vers l'avant, les yeux toujours fermés.

- Je dirais à Hyunah de prendre des cours avec toi.
- C'est ta sœur, c'est ça ?
- Yep ! Elle me fait des massages de temps en temps lorsque je suis stressé. Elle le fait pour me détendre et éviter à ma mère de me griller. Mais, pour être franc, je suis sûr qu'elle s'en doute...

Par moment elle appuie sur certains "points" sentant une crispation de ma part. Y'a pas à dire, Manu déchire !

- Dis... j'peux abuser de ta bonté ?
- Ça dépend, qu'est-ce que tu veux ?

Je sens à sa voix qu'elle est joueuse... Ça tombe bien, moi aussi !
Je me retourne alors pour lui faire face plongeant mon regard dans le sien

- Tu m'fais un massage ? J'veux dire... un vrai massage... ?
- C'est pas déjà ce que je faisais ?

Elle hausse un sourcil et m'adresse un sourire malicieux lorsqu'elle me répond.

- Non... J'veux dire si... mais... Allonge-toi, j'vais te montrer !

Et elle s'allonge en me laissant un large sourire naïf. Si je ne me retenais pas...

- Pas comme ça... Mets-toi sur le ventre...

Elle s'exécute et je me place au dessus d'elle. Mais voilà, le meilleur massage doit se faire à même la peau...

- Dis, ça te dérange pas si je place mes mains sous ton débardeur ?

Mais qu'est-ce qu'elle... Elle attrape le bas de son débardeur et le relève jusqu'à son cou me montrant son dos nu.

- Ça te va comme ça ?
- Oui, oui... très bien...

Et alors que je commence mon massage au niveau du cou pour redescendre vers le dos, je me rends seulement compte qu'elle n'a pas de soutif. Ouais je sais, ça fait pervers de penser à ça mais loin de moi cette idée. Disons que c'est vachement plus pratique de masser sans ça et puis... Vous vous imaginez à lui demander de l'enlever ? Franchement, c'est mieux comme ça !

- Tu vois, c'est ce genre de massage que je veux... d'ailleurs, je me suis fait avoir dans l'histoire puisque c'est moi qui t'en fais un...
- Mouais... il manque quelque chose je trouve...
- Quoi donc ?!

Lorsque je lui pose ma question, je m'arrête dans mon entreprise la dévisageant. Quant à elle, elle bouge pour me faire tomber. Enfin, tomber est un grand mot...
Je me dégage de sur elle tandis qu'elle se redresse pour remettre correctement son débardeur avant de se retourner vers moi.

- Vas t'installer sur le lit, je vais te montrer moi ce que c'est qu'un vrai massage !
- Dis que le mien était pourri ?!

Non je ne suis pas vexé. Mais quand même un peu...

- Ce n'est pas ce que j'ai dit.

Trop tard, elle m'a vexé. Je sais, c'est con mais que voulez-vous, c'est comme ça et... je suis comme ça ! Je remets alors mon T-Shirt alors qu'elle fouille dans un placard.

- Laisse tomber, c'est pas grave...

Et comme une merde je m'étale dans son canapé attrapant Sunset dans les bras. Je ne la regarde, mon attention est sur mon chat que j'aime faire chier dans ce genre de moment. Faut dire qu'il se laisse faire aussi alors...
Elle s'assoit à côté et prend mon menton dans ses mains pour le tourner vers elle. Putain ce qu'elle me fait chier ! Sunset en profite pour se barrer. Pfff... Vraiment les gonzesses... !

- Fais pas cette tête...
- Quelle tête ?!
- Il était très bien ton massage...

mais qu'est-ce qu'elle fait ? Elle me fait une bise sur la joue mais... Comment dire... ses lèvres ne sont pas très loin de mes lèvres et... Comment dire... Je ne lui laisse pas le temps de les retirer que je tourne la tête pour lui capturer les siennes.

Je ne sais pas ce qu'il m'a pris, pourquoi je l'ai embrassée, pourquoi je l'ai retenue, pourquoi j'ai envie... de plus...
Mais voilà, je ne suis pas comme ça ! Vraiment ! Je ne suis pas ce genre de mec qui fonce droit vers la première... ! Enfin... Si, je le suis mais... comment dire... Ces filles-là, c'est juste pour... enfin vous savez quoi... Bref ! Avec Manu, ce n'est pas pareil, je n'ai pas envie de la blesser, je n'ai pas envie de...

- Es-tu sûre que ce soit une bonne idée ? Je ne veux pas lire de regret dans l'avenir surtout que... je ne suis pas du genre à m'attacher...

Voilà, maintenant, elle va se poser des questions et refuser mon avance. Oui, comme ça... Mais... mais pourquoi elle attrape ma main ? Pourquoi elle m'entraine vers son matelas ? Pourquoi... ?
Je ne suis plus là, je ne suis plus maître de mon corps. Je suis juste... spectateur... Pourquoi je me mets dans un tel état ? Pourquoi je me prends la tête comme ça ? Après tout, il n'y a pas de mal à se faire du bien si ? Alors quoi ? Pourquoi je lui refuse alors que j'en meurs d'envie ? Pourquoi aller contre ce que je désire ? Ce que nous désirons ?
Putain ! D'habitude c'est l'affaire d'une nuit, d'un instant alors quoi ?!

Avant même que je m'en rende vraiment compte, mes lèvres attrapent les siennes langoureusement tandis que ma main droite s'est faufilée sous son débardeur attrapant sa poitrine pour la malaxer. Son corps se cambre, son corps a faim, il en redemande même mais...

- J'dois partir !

Je me relève aussi vite que possible, ne voulant plus laisser mes doigts goûter à sa peau de peur de sombrer à nouveau.

- Quelque chose ne va pas ?

Tout en me posant la question elle se redresse sur ses coudes pour me regarder. Je baisse le regard, cherche Sunset pour partir loin d'ici. Oui, je dois partir, vraiment !

- Je veux juste... non, je dois partir, rien de plus !

Elle se redresse complètement cette fois pour poser une main sur mon épaule. Le simple fait de sentir sa main sur mon épaule nu... Résiste... résiste...

- Dis-moi...
- Laisse-moi !

Je sais que je ne devrais pas agir aussi violemment mais... je ne peux pas faire autrement, je ne peux pas... je ne veux pas ! Putain... elle aurait dû m'achever ou me jeter je ne sais où... Pourquoi a-t-elle pris soin de moi comme ça... ?
Quant à elle, elle remet correctement son débardeur. Je sais qu'elle ne sait pas quoi penser, qu'elle doit se demander ce qu'elle a fait. Si elle savait... elle n'a rien fait, c'est juste moi qui...

- Kangho... je...
- Ecoute Manu, je n'ai rien contre toi... C'est juste que... je ne veux pas... je...

Je lui tourne complètement le dos. Si je croise de nouveau son visage, je ne sais vraiment pas comment tout ça va finir...

Je n'ai pas envie de partir, pas comme ça, pas en la laissant comme ça. Kangho t'es vraiment le roi des cons j'te jure !

- Les pièces que tu étais venu chercher pour ta bécane. Prends-les.

Je n'avais pas l'intention de m'barrer comme ça, comme un voleur. Enfin si mais... Je n'aurai pas pris Sun pour empirer ce qu'elle m'a fait au bras. Si ma mère l'apprenait, je ne donnerai pas chère de ma peau...

- Je vais te les laisser et... J'allais partir à pieds.

Je suis minable et je le sais bien mais qu'est-ce que vous voulez que je dise d'autre ? C'est bien la première fois que je me retrouve dans ce genre de situation et... j'ai l'impression que c'est du déjà-vue... Suis-je destiné à être aussi con que mon père ?

- Comme tu veux...

A sa phrase je reste là, sans rien dire, sans faire, sans bouger.

- Pourquoi tu pars Kangho ?
- Parce que je ne peux pas rester.

Je sais, c'est complètement stupide ce que je viens de lui répondre. Mais en même temps, c'est vrai. Je pars parce que je ne peux pas rester car si je reste, j'ai peur... j'ai peur de m'attacher... Oui, j'ai peur de m'attacher à elle et ça, je ne le veux pas !

- Pourquoi ?

Et elle me demande pourquoi... Je ne peux tout de même pas lui répondre... ?!
Je suis toujours dos à elle, cherchant une excuse à lui donner.

- Tu fais partie des Attwood et moi du centre.
- Et alors ?

Oui, et alors ? Qu'est-ce que ça fait ? t'es vraiment nul pour les excuses...

- Je suis du genre à aller chez les Ferguson aussi...
- Tu es neutre, tu vas voir qui tu veux.
- Et ça te fait rien ?
- Non.
- Alors ça te ferait rien d'être avec un mec qui voyage de clan en clan ?!

Mais quel con... Putain, depuis le temps que je me traite de con, je dois vraiment l'être et ça ne s'arrange pas...

- Ce n'est pas ce que je voulais dire...

Cette fois je lui fais face. Je dois vraiment avoir l'air d'un abrutit maintenant...

- Je ne suis moi-même plus certaine de ma place dans cette guerre...
- Mais il est trop tard pour toi de reculer... Je sais ce qu'ils font aux "traitres"...

Mais dans quoi je m'embraque encore... ?

- Mais je peux t'aider... si tu veux...
- Qui parle de trahir ?

Je soupire. Mieux vaut que je garde mon idée première, celle de quitter cet endroit. Oui, ça vaudrait mieux pour moi comme pour elle. Chacun reprendrait sa petite vie sans se préoccuper de l'autre, comme si... comme si nous ne nous étions jamais rencontrés...

- Je repasserai sûrement avec ma sœur pour récupérer Sunset et G. Sauf si tu préfères que je revienne seul...

Je lui tourne de nouveau le dos et me dirige vers la porte de sortie, ou d'entrée - comme vous voulez - , pour retourner chez moi, au centre...

Une nuit... Juste une nuit... J'aurais pu m'en contenter, j'aurais DÛ m'en contenter mais... Comment dire... Une nuit ne me suffit pas. Je veux... je veux plus avec elle, je veux la connaitre, aller au cinéma. Que sais-je encore ?!
Je ne veux pas foncer droit dans le tas comme à mon habitude, avec elle, j'ai envie de prendre mon temps, comme avec Lyn... Quoiqu'avec elle, ce fut rapide aussi mais pas aussi rapide que les autres. Lyn... Ce que tu me manques... J'ai beau dire et faire comme si de rien n'était, j'ai beaucoup de mal à t'oublier...

- Alors reste.

Pourquoi me demande-t-elle de rester ? Pourquoi me fait-elle subir ça ? Je n'ai pas envie de souffrir... J'ai déjà été si meurtri par le passé... Appa, si tu étais là... Mais pourquoi je pense à lui dans un tel moment ?! Il nous a abandonnés non ? Il a abandonné sa femme, celle qu'il aimait pourtant si fort... ! Putain Kangho, reprends-toi ! Ne te laisse pas envahir comme ça par les souvenirs !

- Mais si je reste... tu en auras marre de moi... Je ne suis pas sûr de pouvoir partir par la suite...

Mais pourquoi tu lui dis ça ? Pourquoi tu lui sors de grandes phrases ? C'est nul... ! Fais-lui une déclaration aussi pendant que t'y aies ?! Non, j'déconne, ne dis rien !

- Qu'est-ce que tu en sais de ce que je pourrais penser ?

Son front s'est posé contre le mien et rien que ce contact me fait perdre tous mes moyens. Ma main droite, toujours sous son débardeur, remonte lentement le long de son dos alors que sa jumelle remonte le long de son bras droit pour finir sur la base de sa nuque.

- On ne se connait pas. Ce sera juste un coup d'un jour... Je ne saurai te dire pourquoi mais je n'en ai pas envie.
- Alors de quoi tu as envie ?

Je baisse ma tête un peu plus contre elle. Mes mains s'arrêtent dans leur course et se rejoignent sur les épaules de mon interlocuteur. Là, je redresse la tête et lui dépose un doux baiser sur les lèvres. Il n'est pas appuyé, il n'est pas approfondi. C'est juste un baiser mais il veut tellement dire pour moi...

- Cette vie ici n'est pas la mienne, elle m'a été imposée par ma mère. Je lui en veux pas, c'est normal qu'elle suive sa voix. Après tout, elle est médecin et dans cette ville, ils ont besoin d'elle. Mais... je n'ai rien à moi. Enfin, je n'ai que mon chat, ma gratte, et ma bécane. C'est grâce à mes trois amours que je n'ai pas sombré, que je ne suis pas tombé dedans. Et puis, j'ai aussi ma mère et ma sœur dont je dois m'occuper. J'ai peur pour elle, j'ai peur qu'il leur arrive quelque chose. C'est pourquoi je fais tout pour être "gentil" envers les Attwood et les Ferguson. Je ne veux pas qu'ils touchent à ma famille.

Je marque un temps d'arrêt me demandant pourquoi je lui raconte ma vie comme ça. Pourtant, au lieu de m'arrêter là et de partir, je continue, comme un con...

- Je n'ai jamais eu de scrupules auparavant avec les femmes. J'avais envie, elles avaient envie alors pourquoi s'en priver ? Il n'y a pas de mal à se faire du bien n'est-ce pas ? Mais là aussi je ne suis pas doué. Tu dois sûrement me prendre pour un sale macho ou que sais-je encore mais là, aujourd'hui, avec toi, je n'ai pas envie de faire ce que je fais habituellement. J'ai envie... j'ai juste envie... de te connaitre.

- Je sais que c’est ridicule. Tu débarques de nulle part et je ne peux pas te laisser partir. Mais il n’est pas forcé qu’il se passe quoi que ce soit. Je veux dire… je te demande juste de rester près de moi, rien de plus. Je veux juste me sentir revivre. Tu comprends ?

Et voilà, après ces mots, elle s'éloigne lentement de moi, me laissant seul, si seul... Je ne suis pas loin d'elle, un pas et le tour est joué mais si je comble cette distance, est-ce que je m'en remettrai ? Est-ce que je ne souffrirai pas ? Est-ce qu'ELLE ne souffrira pas ? Pourtant, j'ai envie d'essayer, j'ai envie de...
Pas le temps pour moi d'y penser vraiment car mon corps a agit avant que je ne puisse y faire quelque chose. Le vide entre nous est comblé par ma présence et mes mains sont posées sur ses bras. Mes lèvres ? Elles sont juste sur les siennes pour un tendre baiser.
Elle ne me repousse pas, me laissant faire même. Mais jusqu'où tout ça va nous mener... ?
Mes mains et mes lèvres se détachent d'elle pour que je puisse mieux la prendre dans mes bras. J'aime sentir sa chaleur, son odeur. C'est étrange comme la vie peut vous jouer d'étranges tours... Vous n'étiez qu'un "voleur" allant d'un clan à l'autre et là, vous tombez nez à nez avec une femme qui vous fait perdre votre vocabulaire, et les pieds sur Terre.

- Je ne ferais rien qui pourrait aller contre ce que je... ressens...
- Ça veut dire que tu restes ?
- J'ai toujours deux heures à tuer...

Un léger rire s'échappe de ma gorge alors que son s'éclaire. Elle est vraiment jolie avec ce sourire... Elle noue ses bras autour de mon cou avant de me répondre.

- Et moi je te dois un massage.
- Tu ne me dois rien du tout...
- Si tu n'en veux pas...

Son air taquin me fait sourire. J'ai l'impression d'être le plus vieux de nous deux en cet instant... Je passe mon index sur le bout de son nez.

- Pas besoin de massage pour que je reste...
- Je sais, mais j'ai envie de t'en faire un.

Je ne sais pas pourquoi mais je ne me sens plus "léger". Je lui vole alors un baiser avant de lui prendre la main pour l'entrainer à ma suite.

- Pas certain que le garage soit le lieu idéal pour ça.
- Aïe !

Je m'arrête alors et me tourne vers elle l'air inquiet.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Je t'ai fait mal ?
- C'est rien. J'ai dû mal me réceptionner en sautant de l'escalier tout à l'heure.

Je la vois soulever sa jambe gauche pour attraper sa cheville.

- Désolé...
- C'est pas de ta faute.

Et elle se remet à marcher... Hors de question pour moi de la laisser boiter comme ça ! Je la prends alors dans mes bras pour la porter là-haut, dans son "antre".

- Merci...
- Tu n'as pas à me remercier, c'est de ma faute. Je demanderai à ma sœur de venir nous chercher. Ma mère t'examinera ! Et pas de contestation possible !

C'est vrai quoi, si je n'avais pas fait le con, elle n'aurait pas sauter comme ça et elle ne serait pas fait je ne sais quoi à sa cheville !

Break Down

- Quel que soit le souvenir qui te hante, il appartiendra toujours au passé.

Ça, c'est une certitude ! Quoique plus le temps passe et moins j'en suis sûr...

- Sauf lorsque le souvenir est toujours présent...
- Je sais...
- Je vais te paraitre désagréable mais je ne suis pas certain que tu le saches vraiment...

Je n'ai pas envie de la blesser, ce n'est pas dans mes intentions mais lorsqu'on parle de son souvenir... Nous étions si proches avec mon père. Lui et ma mère ne se quittaient pratiquement jamais et là... là...

- Non, je ne sais pas à quel souvenir tu fais allusion te concernant, mais je sais ce que c'est que d'être hanté par son passé.
- Hanté est un bien grand mot... je dirais surtout que les gens vont et viennent mais... pourquoi personne ne voit la même chose ?
- Il faudrait que tu m'en dises un peu plus pour que je puisse te répondre.
- Moins tu en sais, mieux ça vaut pour toi.

Je m'efforce de lui sourire, faisant mine que tout va bien alors qu'en fait, trop de choses se sont passées aujourd'hui pour que je "renonce" à lui malgré ce que je dis.
Je me laisse tomber en arrière contre le canapé alors que ma main droite vient envelopper Manu pour l'attirer contre moi, ce qu'elle fait sans rechigner se blottissant contre moi.

- Si c'est une question de danger, je sais me défendre...
- Mon père est une grande énigme et je ne pense pas que le danger ait que ce soit à faire dedans.

Je me surprends de lui avoir dit ça sans me restreindre, sans même avoir hésité ou marqué un temps d'arrêt. Et j'ai même dit "mon père"... Suis-je en train de changer ? Non ! Hors de question que je lui pardonne !

- Tu n'es pas obligé de m'en parler si tu n'en as pas envie.
- Il n'y a rien à dire dessus de toute façon !

Elle ne répond pas et se contente de prendre ma main pour emmêler nos doigts. Ça me fait vraiment bizarre ce geste... J'ai déjà vécu ce genre de situation avec Lyn mais...
Alors qu'elle se cale contre moi pour éviter de mourir de froid, mon téléphone se met à sonner.

- Ça doit être ma soeur.

Je lui dépose alors un doux baiser au coin des lèvres et me lève pour me mettre à part pour répondre...

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Je m'éloigne de Manu, téléphone en main, pour savoir ce que ma soeur doit a à me dire.

- Yoboseyo.
- Tu as deux jours.
- Sérieux ?!
- Tu crois que je suis du genre à t'appeler comme ça pour le plaisir de t'entendre... ?
- Non je sais mais...
- Babo ! T'es mon frère, ne l'oublie pas !
- Mianhae noona.
- ... Eomma a réussi à convaincre les voisins mais pas plus de deux jours.
- Pourquoi elle ne déménage pas ?
- Tu sais très bien pourquoi Kangho... !

Oui je le sais mais je dois avouer que ça m'énerve ! Elle mérite mieux que ça ! De plus, elle gagne bien sa vie alors pourquoi rester dans un tel trou à rat... ? Tout ça parce qu'elle a des souvenirs avec lui... Et dire qu'elle pourrait s'en faire d'autres... !

- Ouais je sais... Au fait, tu peux venir nous chercher ?
- Nous ?!
- Ouais, je suis chez... une amie qui est blessée.
- Une amie...
- Hyunah...
- Et vous êtes où ?

Je lui donne alors l'adresse et comment s'y rendre tranquillement sans avoir trop de problèmes.

- Parce qu'il faut que j'aille te chercher chez les Attwood ?!
- Mais t'en fais pas... T'as pas de soucis à te faire...
- J'ai déjà assez de soucis comme ça, je n'ai pas envie de...
- Noona... jebal...

Je l'entends soupirer avant que sa réponse me parvienne.

- C'est bon... Compte une bonne heure.
- Gomawo-yo noona.

Et voilà, une bonne chose de faite ! Je retourne dans ce qui sert d'appartement à Manu pour la retrouver près de l'évier. Super... Elle a un problème à la cheville et elle fait sa maligne ! J'y crois pas... ! Bon, j'avoue que je ne suis pas mieux...
Bref, ayant légèrement mal, elle me demande des antalgiques que je trouve dans un tiroir, et lui envoie.

- Merci.
- De rien. Faut bien que je serve à quelque chose.
- Pourquoi tu dis ça ? dis-je en fronçant les sourcils.
- Bin quoi, c'est vrai non... Depuis que je suis là, j'ai rien foutu à part te porter...
- Techniquement, je n’ai pas fait grand-chose non plus à part boire du café.

Je la dévisage de haut en bas et m'arrête sur sa jambe.

- Pourquoi j'ai du mal à te croire... ?

Sa seule réponse est une sortie de son paquet de cigarettes. D'ailleurs, elle en allume une... Je lui tends alors la main pour qu'elle m'en file une. Chose qu'elle fait en m'en tendant une.

- Tu ne veux pas t'assoir ?
- Tu m'payes combien ?
- Qu'est-ce que tu réclames ?
- J'sais pas. T'as quoi à me proposer ?

Je sais que j'ai l'air con, je sais que j'affiche un large sourire béat mais que voulez-vous... j'ai envie de jouer...

Boy

Je ne fais plus attention à elle ni à ce qu'il se passe autour de moi lorsque je commence à jouer sur G. J'aime cette guitare autant que les souvenirs associés même si parfois, il est mieux d'oublier...


- Kangho Saengil Chukae !!!

Voilà ce que m'avait dit ma mère en m'offrant cette guitare pour ma dixième année. J'avais ouvert de grands yeux remplis d'étoiles, ça, j'en suis sûr. J'en étais fier de ce cadeau... Mon père n'était pas là mais il m'avait promis d'arriver le plus rapidement. Quel naïf j'étais... je l'attends encore... D'ailleurs c'est depuis ce jour-là qu'il a disparu de la circulation... Merci appa pour cet anniversaire, je m'en souviendrai toute ma vie... !

- Au fait, faut que je te prévienne, lorsque tu seras dans le bureau de ma mère, ne lui pose pas de questions sur les photos s'il te plaît...
- Très bien...

Je ne sais pas si j'ai loupé un coche mais elle m'a l'air plus distante que tout à l'heure... Et alors que je me tourne vers elle, elle allume une autre cigarette.

- Tu sais que ce n'est pas bon de trop fumer... !
- Et alors ? Il faut bien mourir de quelque chose.

Je ne sais pas pourquoi je m'énerve mais... Ça m'énerve au plus haut point ! J'attrape sa cigarette et l'écrase dans le cendrier.

- T'en as d'autre des comme ça ?!
- En quoi ça te dérange ?

Enfin elle me regarde...

- Arrête de bousiller ta vie comme ça ! Tu devrais plutôt de remettre d'aplomb et arranger ce garage ! C'est ce lui de tes parents non ? Tu veux le laisser à l'abandon ?!
- Qui parle de laisser le garage à l'abandon ?
- T'as vu comment t'es depuis tout à l'heure ? On dirait que t'en as rien à foutre de tout... J'ai dit ou fait quelque chose qu'il ne fallait pas ?
- Non, tu n'as rien fait...
- Alors quoi ? Qu'est-ce qu'il faut que je fasse pour revoir ce sourire sur ton visage ?!

C'est vrai, je n'aime pas la voir comme ça avec ce regard si triste alors que plus tôt... Je sais que c'est con, je sais que je n'ai rien à lui demander mais... j'ai envie qu'elle sourit, rien de plus...

- Je suis désolée...

Je soupire, pose G contre le canapé de manière à ce qu'elle ne tombe pas, et pose ma main droite sur sa joue.

- Si tu dois perdre ce sourire à cause de moi alors autant que je te laisse...

Elle pose sa main sur la mienne et plonge son regard dans le mien.

- Ce n'est pas toi. C'est juste moi qui suis stupide.

Le léger sourire qu'elle esquisse me fend le cœur. J'approche alors mon visage du sien lui donne un tendre baiser. J'ai cessé de me poser des questions sur elle, sur... nous... Pour le moment je veux juste profiter de cet instant...!