Que d'emmerdes [PV Manu]

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La caresse de ses lèvres sur les miennes est si douce… il me faut quelques instants pour réaliser, pour prendre conscience que ce n’est pas un rêve et lui rendre son baiser. Doucement je m’abandonne et mon corps se détend. Même la douleur de ma cheville semble se taire pour me permettre de savourer cet instant. Ma main est toujours sur la sienne et doucement, mes doigts se replient pour s’emmêler aux siens. Puis, comme à regret, nos bouches se séparent et je cherche son regard. Je ne sais pas quoi dire. J’ai peur qu’en brisant le silence, la magie se rompe. Il y a si longtemps que je n’ai pas ressenti une telle paix. Alors, faute de trouver les mots, un vrai sourire éclaire mon visage cette fois.

- Je te préfère comme ça,

dit-il avec un petit sourire.

Je me mords la lèvre inférieure et je baisse légèrement la tête pour appuyer mon front contre le sien. Je suis un peu larguée, j’ai du mal à faire le point dans mon esprit.

- Je suis désolée, je ne sais pas ce que j’ai…
- Ça doit être mon charme naturel...

Le large sourire qu’il arbore en disant cela achève de me dérider et je laisse échapper un bref rire en redressant la tête. Ma main vient caresser sa joue tandis que mon pouce s’attarde un instant sur ses lèvres avant de retomber.

- Tu as raison, ce doit être ça…
- Au fait, tu me dois un massage...
- C'est vrai.

Je me lève du canapé en équilibre sur un pied et je tends la main vers lui.

- Mais il faut que tu m'aides à marcher jusqu'au lit.

Il se lève à son tour pour me prendre dans ses bras.

- Ce sera mieux ainsi je crois...

Je souris tandis qu’il commence à franchir la distance nous séparant du matelas. En passant devant le placard dans lequel je fouillais tout à l’heure, je lui fais signe de s’arrêter et je me contorsionne pour attraper quelque chose à l’intérieur. J’en sors un petit flacon bleu et j’adresse un sourire à mon jeune ami.

- Voilà j’ai tout ce qu’il faut.

Il me regarde d’un air septique.

- Et qu'est-ce que c'est… ?
- De l'huile de massage !

dis-je comme si c'était une évidence.

- Comme si j'étais censé le savoir... tu crois qu'on me masse tous les jours ou quoi ?
- Je croyais que ta sœur s’en chargeait ?
- Elle ne le fait pas tous les jours ! Et... je parlais plus d'une personne autre que ma famille...

Il baisse le regard, soudain gêné en me déposant sur le lit. Je parle d’une voix douce pour le détendre un peu.

- Allez enlève ton t-shirt et installe-toi.
- Et si j'avais envie... d'autre chose... ?
- Comme quoi par exemple ?

À genoux sur le matelas, il s’avance lentement vers moi.

- Je ne sais pas moi... après tout, on a encore un peu moins d'une heure à tuer...

Je joue les innocentes.

- Et c'est exactement le temps qu'il faut pour un massage digne de ce nom.

Il est tout près de moi à présent et sans un mot, il attrape mes lèvres dans un baiser sensuel. Nos langues entament alors un ballet vieux comme le monde tandis que mes mains s’aventurent déjà sous son t-shirt pour sentir sa peau sous mes paumes. Mais comment ce gamin fait-il pour me faire autant d’effet ? Doucement, je le pousse à s’allonger, me penchant avec lui, sur lui. Mes genoux de part et d’autre de son corps, je l’emprisonne, comme pour être sure qu’il ne fuit pas à nouveau. Pas un instant, je n’ai interrompu notre baiser.

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Black Tears

Ses mains glissent sous mon T-Shirt et redessinent mes formes tandis que mes lèvres continuent de capturer les siennes. Elle est désormais au dessus moi continuant son exploration alors que j'en fais de même. Je ne sais pas pourquoi je le fais et pourquoi j'ai si peur... Alors que d'ordinaire je n'ai jamais eu peur de quoique ce soit et encore moins de ce genre de relation. Je l'ai déjà fait si souvent avec ces femmes si différentes... Alors pourquoi aujourd'hui, maintenant, ça me travaille ?
J'en ai envie, vraiment mais... est-ce seulement raisonnable ? Est-ce que j'en ai seulement le droit ? Elle ne dit pas non et n'est pas du réticente, bien au contraire. Moi non plus je dois avouer mais... je ne sais pas... quelque chose de plus profond en moi me dit d'arrêter, m'hurle qu'il ne faut pas, que ce n'est pas "bien". Oui et alors ? Est-ce que j'ai seulement envie d'arrêter ? Est-ce que j'ai seulement envie de lui dire non ? Est-ce que j'ai envie d'en rester là ?
Non, bien évidemment. J'ai envie d'explorer, de connaître, de la posséder... ! Oui, cette femme, j'ai envie de la faire mienne et encore plus que toutes les autres ! Peut-être autant que Lyn... Lyn... Mon premier Amour en somme malgré que je ne veuille le reconnaitre vraiment... Mais voilà, nous avons été séparés par la force des choses... Est-ce que nous serions encore ensemble ? Est-ce que je serais ce que je suis actuellement ? Est-ce que je serais devenue cet homme qui parcourt les deux clans comme je le fais ? Je n'en sais rien... Et on ne le saura jamais...
Il est trop tard pour revenir en arrière et il est trop tard... pour elle... Je ferme alors les yeux tandis que mes mains se mouvent sous le débardeur de ma compagne, dessinant chacune de ses courbes, la faisant frémir sous mes caresses.

Il est encore trop tôt pour dire ce que je ressens envers elle se nomme "Amour" mais je sais que je la désire en cet instant et je lui fais bien comprendre d'ailleurs puisque mes mains l'ont mise à nue. Ma bouche attrape le premier sein qu'elle rencontre tandis que l'autre est balayé par ma main.
Je ne sais pas jusqu'où ça ira et si... ça continuera... Mais pour l'heure, ce n'est plus la raison qui parle mais bel et bien mon corps. Lui, il sait ce qu'il veut et ne demande pas mon avis pour continuer et avancer ce qu'il a commencé. Tant pis, allons-y et... advienne que pourra...

- Tu ne le regretteras pas si jamais...

Je ne finis pas ma phrase car je sais qu'elle a saisi de quoi je parle. Je ne veux pas la "brusquer" ni autre chose. En même temps, pourquoi serait-elle dans ce cas-là... ? Elle est grande et vaccinée et de ce que j'ai compris, une nuit lui suffit même si... même si je n'en ai pas envie au final... Mais qu'importe, je suis déjà heureux de partager ces minutes qu'il nous reste alors au lieu de me poser tout un tas de questions futiles et inutiles, pensons au moment présent et profitons-en un maximum...

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Le désir m’emporte dans un tourbillon sans fin. Il n’y a plus de raison, seulement nos deux corps qui vibrent à l’unisson. Je souhaite le faire mien autant qu’il souhaite me faire sienne. Mes mains ne se lassent pas de parcourir sa peau, mes lèvres ne se lassent pas de gouter les siennes, mes yeux ne se lassent pas du spectacle de son corps, mes narines ne se lassent pas de son odeur, mes oreilles de se lassent pas de ses râles. Tous mes sens n’aspirent qu’à un seul et même besoin. Alors lorsqu’il tente de savoir si je veux reculer, je pose un doigt sur ses lèvres pour le faire taire et lui réponds d’un baiser. L’instant suivant, nous ne faisons plus qu’un.

J’ai connu bien des hommes avant Kangho. J’avais à peine quatorze ans lorsque j’ai perdu ma virginité alors il ne fait aucun doute que j’ai de l’expérience en la matière. Il fut même une époque où j’en jouais, perdant mon âme dans une débauche de sexe. C’était Fernando qui avait mis fin à cela, me faisant découvrir combien l’union de deux corps est plus belle lorsque l’amour la renforce. Et si j’avais eu de nombreux amants avant lui, il est le seul avec qui j’ai véritablement fait l’amour. Il était le seul avant aujourd’hui…

Car l’étreinte que je partage alors avec Kangho n’est pas que charnelle. Ce n’est pas que mon corps que je lui offre sans retenue. Puis-je dire que j’aime mon jeune amant, je l’ignore et il est sans doute trop tôt pour le savoir avec certitude. Ce que je sais en revanche c’est que je ne veux pas que notre relation s’arrête là. Je veux qu’il y ait d’autres instants comme celui-ci. Mais s’il devait n’y en avoir qu’un alors je veux qu’il soit le plus beau qu’il ait jamais connu et c’est donc corps et âme que je me donne à lui, l’aimant comme je n’ai jamais aimé avant lui.

Rien n’est éternel, pas même la magie d’un moment comme celui-ci et lorsque le plaisir ultime vient nous délivrer, je m’écroule sur mon jeune amant, encore tremblante et haletante. Doucement, je me laisse glisser sur le matelas à côté de lui, laissant ma tête reposer sur son épaule. Comme pour prolonger encore un peu la perfection de cet instant, mes doigts glissent sur son torse, redessinant les contours de ses muscles. Doucement je murmure.

- Merci…

Surpris sans doute par mes paroles, Kangho me regarde d’un air soupçonneux.

- Merci pour quoi ?
- Je ne pensais pas pouvoir à nouveau ressentir ça un jour...
- Ressentir quoi... ?

demande-t-il en levant un sourcil.

Je n’ai pas envie de me perdre dans des explications que je serais bien incapable de donner alors je choisis la simplicité. Je me redresse légèrement pour déposer un doux baiser sur ses lèvres.

- Rien... Je suis bien c'est tout.

Cette fois, il se relève sur un coude et insiste.

- Vas au bout de ta pensée.

J’ai roulé sur le dos quand il s’est redressé. Une main posée sur le ventre, l’autre se lève vers son visage et mon pouce effleure ses lèvres.

- Pourquoi chercher des explications. Tout ce qui compte c’est maintenant.

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It's Me

- Pourquoi chercher des explications. Tout ce qui compte c’est maintenant.

Justement, non ! Il y a bine quelque chose que j'ai retenu de tout ça c'est qu'il est préférable d'avoir des explications ! Être avec les gens c'est bien mais savoir pourquoi ils ont réagis de telle ou telle façon est encore mieux et en l'occurrence, j'aimerai avoir le fond de sa pensée !

- Pourquoi tu ne pensais pas ressentir ça un jour ? Et ressentir quoi ?! Je veux savoir !

Je me suis reculé d'elle et je plonge mon regard dans le sien. Je veux savoir ! Je veux connaitre le fond de sa pensée avant de penser à quoique ce soit d'autre !

- C'est compliqué à expliquer... Je te l'ai dit, je suis bien, c'est tout.
- J'ai tout mon temps...

Je suis calme et on ne peut plus sérieux. Avant de choisir de me répondre... ou pas... Manu soupire légèrement. D'exaspération ? Peut-être... Faut dire que je peux me montrer bien relou quand je veux...

- Tu as déjà été amoureux Kangho ?
- Peut-être...

Pourquoi ne pas lui répondre franco ? Parce que ça reviendrait à repenser à elle et à ce qu'il s'est passé ce jour-là...

- Moi oui. Il s'appelait Fernando. Il est mort dans mes bras...
- Alors pourquoi t'es là ?

Je ne suis pas énervé, loin de moi cette idée. J'en ai connu ds gonzesses et j'ai fait l'amour à plus de femmes qu'on ne pourrait se l'imaginer mais me sortir ce genre de trucs... J'sais pas, ça m'saoule !
Alors je me relève d'une traite et attrape mon futal pour le mettre en attendant une réponse claire tandis qu'elle se redresse sur ses coudes pour me répondre.

- Parce que dans tes bras, je l'ai enfin oublié.
- Alors tu ne l'aimais pas autant que tu le dis car lorsqu'on aime quelqu'un sincèrement, on ne l'oublie jamais et il reste là à tout jamais !

Tout en lui répondant je lui montre mon cœur. J'enfile alors mon T-Shirt et m'apprête à ajouter quelque chose lorsque mon téléphone en profite pour sonner. Lorsque je l'attrape je me rends compte qu'un mail de Hyunah est en suspend.

- C'est bizarre, elle m'appelle d'habitude...

Manu se laisse tomber pour se rhabiller alors que je découvre le message de ma sœur.

- Elle est devant le garage. J'vais lui ouvrir !

Je ne lui laisse même pas le temps de me répondre que je suis déjà en bas de l'escalier. Mais voilà, une fois devant la porte, j'hésite. Pourquoi m'a-t-elle envoyé un mail ? Ce n'est pas du tout son genre... Elle préfère le direct et ne se préoccupe que rarement à envoyer un mail...
Tu t'emballes Kangho... Pourquoi aurait-elle laissé son téléphone à un inconnu ? Et pourquoi ce même inconnu aurait-il voulu t'envoyer un mail pour te faire croire qu'elle était là ? Ouais, vraiment n'importe quoi !
Je pose alors la main sur la poignée et la tourner...

- Je ne pensais pas que tu m'enverrais un jour un... mail...
- Annyeong... !

Alors là je rêve ?! Ouais, ça doit être ça ! Je suis en plein rêve ! Non, cauchemar ! C'est impossible que cette personne soit devant moi ! Et pourtant, elle semble si réelle...
Premier réflexe - et je le crois bon - je lui claque la porte au nez et gueule à Manu un "On s'casse !"

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Pendant que Kangho descend ouvrir la porte et accueillir sa sœur, je termine de me rhabiller à mon tour. La conversation qu’on vient d’avoir a remué des souvenirs douloureux et je crois que je suis encore plus perdue qu’avant. J’ai du mal à faire le tri dans ma tête, dans ce que je ressens. Lorsque je suis prête, je clopine doucement jusqu’à la rambarde de la mezzanine pour voir mon jeune amant claquer la porte tout en m’informant qu’on s’en va. Je demande alors d’un air étonné.

- Tu ne fais pas entrer ta sœur ?
- Tu peux marcher ou pas ?

demande-t-il tandis qu’on frappe à la porte.

- Je vais pas courir un cent mètres, mais oui je peux marcher,

dis-je en me dirigeant vers l’escalier.

- T'as une autre sortie ou t'as que celle -là ?!

Avant que j’aie le temps de répondre, j’entends une voix d’homme à l’extérieur tandis qu’on frappe de nouveau.

- Kangho ! Ouvre !

Je reste en haut de l’escalier tandis que mon expression passe d’étonnée à inquiète.

- Il y a la porte de derrière, par là où on a sorti la voiture tout à l’heure… Kangho qu’est-ce qui se passe, qui est dehors ?
- Personne !

Il refuse de répondre, mais dehors, la voix le fait à sa place.

- Kangho ! Je suis ton père ! Ouvre !

Je vois mon jeune amant serrer les poings tandis qu’il me demande de me dépêcher. Je regarde un instant la porte principale contre laquelle l’homme frappe avec de plus en plus d’énergie à mesure qu’il doit s’énerver. J’ignore ce qu’il y a entre eux et je ne veux pas m’en mêler. Moi c’est Kangho que je commence à connaitre et à apprécier, pas son père alors je décide de l’aider sans poser de questions. On verra plus tard pour les explications. J’attrape les clés de la Chevrolet qui sont toujours dans ma poche et je les lance en direction de mon amant.

- Vas faire tourner le moteur, j’arrive,

dis-je en commençant à descendre.

Il les attrape au vol et se dirige vers l’autre partie du garage tandis que ça tambourine toujours à ma porte.

- Kangho, tu n'as pas le droit de faire ça à ton père ! As-tu tout oublié ?!

Ce dernier se tourne alors comme s’il voulait faire face à la voix et hurle avec colère.

- Et toi ? Pourquoi tu nous as abandonné ? Pourquoi tu as fait pleurer Eomma ? Pourquoi t'as rien dit ?! Pourquoi ?

Il a presque les larmes aux yeux et je peux ressentir sa douleur. Je sais comme il peut être déchirant d’en vouloir à quelqu’un qu’on aime. De vouloir lui pardonner mais d’en être incapable. J’ignore ce qui s’est passé et je ne me permettrai pas de juger la situation, mais les bribes que je saisis sont déjà suffisantes pour que je sache que Kangho a besoin de soutien. J’aurais aussi bien pu le laisser partir seul et rester chez moi, mais la détresse que je perçois chez lui me conforte dans l’idée de l’accompagner. Je suis parvenue en bas de l’escalier et j’ai rejoint mon compagnon. Avec douceur, je lui prends la main et d’un signe de tête, je l’invite à venir avec moi à la voiture.

- Tu veux bien conduire ? Je risque d’avoir du mal avec ma cheville.

Ce n’est qu’à moitié vrai. Que ce soit raisonnable ou non, j’aurais conduit sans me poser de questions si ça avait vraiment été nécessaire. Mais en lui laissant le volant, je lui laisse aussi la possibilité de choisir notre destination. Je ne suis pas certaine qu’il veuille toujours aller voir sa mère…

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Scenario

Il n'a pas demandé son reste et a pris les clefs de la Chevrolet. Il a même entrainé Manu dans son sillage en oubliant pourquoi il ne voulait pas qu'elle bouge. Il faut dire que son problème est autre ! Son père... son cher père est de retour et en prime il veut lui parler ?! Mais il rêve ! S'il croit qu'il peut revenir dix ans après comme si de rien n'était...
Une fois installé dans au volant, il n'entend plus les martèlement de poings qui continuent sur la porte d'entrée. Tout ce qu'il entend c'est cette petite voix dans sa tête qui lui demande des explications.Ah, si seulement il en avait... Mais voilà, il n'en a pas. Pourtant, il ne compte pas comme ça sans réponse ! Pourquoi a-t-il le téléphone de Hyunah ? Serait-il passé à la maison avant ? Et dans quel but ? Pourquoi ?

- Kangho... ?

C'est la voix de Manu qui le fait revenir à la réalité. Il serre le volant entre ses mains et laisse son front tomber dessus.

- Wae...

Les mains de la jeune femme se pose sur ses épaules pour le faire glisser doucement contre elle. Il se laisse faire mais sans lâcher le volant. Il veut partir, il DOIT partir mais...

- Comment peut-il revenir... ? Comment peut-il croire que rien n'a changé... ?
- Je ne sais pas Kangho, je ne sais pas...

Tout en lui répondant elle lui caresse les cheveux, sûrement pour le calmer. D'ailleurs, ça fonctionne puisqu'il ferme doucement les yeux, se laissant aller. Il se détend doucement et quelques secondes après ce sont ses mains qui lâchent le volant. Il est bien, là, dans les bras de cette femme. Il pourrait y rester toute une vie mais il sait pertinemment que c'est impossible. Il faut qu'il bouge ! Qu'il se tire !

- La porte est automatique ?

Il se relève d'une traite en posant sa question.

- Non.
- Merde ! Tiens-toi prête ! Je vais aller ouvrir.

Il descend alors de la voiture et se dirige vers la porte pour l'ouvrir. Il connait son père et sait pertinemment qu'il a dû faire déjà le tour du propriétaire... Mais avec un peu de chance, il ne l'aura pas vu, ou pas fait. En somme, ils ont peut-être une chance de partir "tranquille".

- T'es prête ?

Un signe de tête en approbation et il ouvre la porte. C'est le vrombissement du moteur qui lui donne le signal pour qu'il ouvre complètement mais...

- On doit parler Kangho... !

Il fallait s'en douter, il est là, devant son fils. Il semble exténuer, fatiguer. Et alors ? Qu'est-ce que ça peut bien lui faire ? Il est parti ! Il les a abandonnés !

- Fonce Manu ! Fonce !

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Comme la porte restait obstinément close, le père de Kangho a dû se douter qu’il tenterait de filer par l’arrière et a fait le tour du garage puisqu’il est devant nous à présent, en plein milieu de l’allée qui fait face à la sortie. Mon compagnon me demande de foncer mais il ne fait pas un geste pour remonter dans la voiture alors je ne bouge pas non plus. J’observe cet homme qui se tient debout devant moi et qui regarde son fils d’un air fatigué. Le teint mât, les cheveux noirs et de petits yeux, je lui donne environ la quarantaine, peut-être plus, je ne sais pas trop. Une chose est sure, Kangho lui ressemble. Voyant que je n’avance pas, ce dernier répète :

- Fonce j’te dis !

Son père s’est avancé et pose les mains sur ses épaules.

- Kangho... ne me fuis pas…
- Laisse-moi !

Prise entre deux feux, je ne sais pas trop comment réagir. D’un côté, mon amant qui semble déterminé à fuir son père mais qui pourtant ne fait pas un geste pour remonter en voiture. Et de l’autre, cet homme aux traits tirés qui demande simplement à son fils de l’écouter. Le souvenir de mes propres parents s’impose à ma mémoire. J’aurais tout donné pour leur parler à nouveau, m’expliquer avec eux. Mais on ne m’en a pas donné l’occasion. Alors avec un soupir, je coupe le moteur.

- Écoute ce qu’il a à te dire. Après si tu veux toujours t’en aller, je t’emmènerai.

Je ne suis pas étonnée de le voir me jeter un regard noir tandis que son père m’adresse un signe de tête en guise de remerciement. Pour bien lui montrer que je ne changerai pas d’avis, je descends de voiture et je reste appuyée, les bras croisés et le dos contre la portière. Je sais que c’est la meilleure chose à faire.

- Rien ne t’oblige à parler. Je te promets qu’après on s’en va.
- Kangho...
- Mon père est mort il y a dix ans ! Laisse-moi !
- Kangho...

L’homme a fait un pas en avant. Pour ma part, je ne bouge pas, me contentant de les observer.

- Qu'est-ce t'as fait à Eomma ? Qu'est-ce t'as fait à Hyunah ? Pourquoi t'es là ?!
- Je ne leur ai rien fait... et si je suis là c'est juste que... je voulais te voir...

Je devine toutes les interrogations qui doivent se bousculer dans la tête de Kangho et qui l’empêchent de bouger pour tourner le dos à son père alors qu’une part de lui-même souhaite fuir pour ne pas avoir à entendre ce qui va se dire. Appuyée contre la voiture, j’attends, prête à m’éclipser ou à remonter en voiture suivant la tournure que prendront les évènements.

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It's Over

Il était là, devant lui, après tant d'années sans nouvelles... Il devait fêter l'anniversaire de Kangho avec sa famille et au lieu de ça, il n'était jamais revenu. Ce dernier se souvint parfaitement des larmes versées en ce jour. Alors qu'il aurait dû être joyeux, il n'avait été que peine et tristesse. "Merci appa"...
Voici donc ces seules pensées qui lui traversaient en cet instant alors que cet homme, celui grâce à qui il était debout, dans ce garage, était là, devant Kangho. Que devait-il faire ? Que devait-il dire ? Lui pardonner ? Le prendre dans ses bras ? Non, trop facile ! Il était hors de question pour lui de faire comme si ces dix dernière années, rien ne s'était passé. Et pourquoi le ferait-il ? Pourquoi devrait-il faire comme si de rien n'était ?

La seule chose qu'il fit fut de serrer les poings et de foncer droit vers son paternel. Qu'importe ce qu'il se passerait, qu'importe ce que Manu pourrait dire ou même faire. Seul ce poing lui ferait justice. Pourtant... Pourtant il ne finit pas sa course. Il s'arrêta juste avant de toucher le visage de cet homme qui l'avait élevé pendant presque dix ans, lui montrant comment se battre, comment faire du base-ball, manger avec des baguettes, faire tout ce qu'un père peut faire avec son fils...
Le poing droit de Kangho se baissa doucement tandis que les larmes coulaient sur son visage à ne plus s'arrêter. Pourquoi pleurer ? Pourquoi ressentir toute cette peine envers cet homme qui avait disparu sans mot dire ? Qui les avait abandonné ? Qui n'était plus là... ?
Pourquoi verser des larmes si chaudes alors que lui n'avait eu aucun scrupule à les quitter de la sorte ? Pourquoi avoir des larmes si lourdes alors qu'il n'avait que haine envers lui ? Pourquoi le considérer encore comme père après toutes ces souffrances ? Pourquoi...

- ... T'es parti... ?

L'homme qui se tenait devant lui, l'homme qui était... est son père... sourit tristement et posa ses deux mains sur les épaules de son fils.

- Mianhae-yo...

Il prit alors sont fils dans ses bras, le serrant tendrement. Ce dernier ne fit rien, se laissant faire, ses bras montant doucement dans le dos de cet homme pour qui il éprouvait tant de rancœur, cet homme qui était revenu, cet homme qui était son père...

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Que dire, que faire dans une telle situation. Rien à l’évidence. Il n’y a rien que je puisse faire. Je ne connais Kangho que depuis quelques heures et je ne sais rien de son histoire et encore moins de cet homme qui vient implorer son fils de l’écouter. Et à présent que je suis intervenue pour lui offrir cette opportunité, je n’ai rien d’autre à faire que d’attendre appuyée contre ma voiture et d’observer.

Je m’interroge. Qu’a-t-il donc bien pu se passer entre les deux hommes pour qu’il y ait une telle haine dans le regard de Kangho. Quel évènement dix ans plus tôt a bien pu détériorer à ce point la relation père-fils. À bien y réfléchir, ça ne me regarde pas et toutes ces questions resteront sans doute sans réponse à moins que mon jeune amant ne décide de m’en parler. Mais bien que je ne sache rien des circonstances qui ont menées à cette situation, je peux sentir toute la rage de Kangho lorsqu’il sert le poing à en faire blanchir ses phalanges pour foncer sur son père. Et lorsque son bras retombe, il me semble que je partage avec lui les larmes qui coulent sur ses joues.

J’aimerais pouvoir le consoler, le prendre dans mes bras pour lui dire qu’il n’est pas seul, que je veux l’aider à porter ce poids qui s’abat soudain sur ses épaules. J’ignore ce qui me pousse à tant de compassion pour quelqu’un que je connais si peu, mais je me sens proche du jeune homme sans que je puisse expliquer pourquoi. Mais bien que je veuille le soutenir, ce n’est pas à moi de le faire. Alors je me redresse doucement de mon appui et je me dirige vers la porte pour m'éclipser discrètement tandis que le père prend le fils dans ses bras.

De retour dans la pièce principale du garage, je monte lentement l’escalier qui mène à la mezzanine pour ménager ma cheville. Je ne sais pas pour combien de temps ils en ont mais je dois bien pouvoir me prendre un café en attendant. Tandis que je remplis la cafetière d’eau pour en faire couler un frais, je sens Sunset qui se frotte contre mes jambes en passant avant de continuer son chemin. Je le suis du regard en souriant.

- Tu t’es vite habitué à chez moi on dirait…

J’ajoute quelques cuillères de café moulu dans le filtre avant d’appuyer sur le bouton de la cafetière.

- Tant mieux parce que je crois que ton maitre en a pour un petit moment là…

Au bout de quelques minutes, le café est prêt et je m’en sers une tasse fumante. Je me dirige vers le canapé, jetant un regard en direction de Sunset qui s’est confortablement installé sur mon lit.

- Je te propose pas de café, vous n’en buvez pas vous les chats !

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Somewhere Only We Know

Je ne sais pas pourquoi je suis ainsi face à cet homme qui nous a abandonné. Peut-être est-ce parce qu'il est mon père et qu'il m'a appris beaucoup ? Peut-être parce que s'il est là c'est qu'il a vu ma mère et ma sœur et qu'elles lui ont pardonné. Peut-être est-ce seulement parce que je l'aime malgré ce que je crie tout haut depuis plus de dix ans maintenant...

- Pourquoi tu es parti ?
- Mianhae-yo...
- Je ne veux pas d'excuses, juste une raison, une BONNE raison.
- Je le devais... je devais disparaitre avant qu'ils ne vous arrive quelque chose...
- Qu'est-ce que tu voulais qu'il nous arrive ?! Nous savons tous qui tu es et dans quoi tu trempes !
- Peut-être mais cette fois c'était vraiment dangereux... Ça l'est toujours d'ailleurs...
- Si c'est toujours aussi dangereux que tu le dis alors pourquoi revenir ? Pourquoi venir maintenant ? Pourquoi sans nouvelles ? Pourquoi....

Il ne dit rien, baisse le regard vers le sol. Je me rends alors compte que je suis exactement comme lui lorsque je ne sais pas quoi répondre. Surtout quand je sais le mal qui va en découdre.

- Je suis venu te chercher Kangho pour te ramener à la maison mais si tu ne veux pas...
- C'est Hyunah qui devait venir.
- Je sais...
- Je ne te fais pas confiance... plus confiance. Je sais que tu ne tiens plus tes promesses et chaque mot que tu prononces n'est que mensonge !
- ...
- J'ai une amie qui a besoin de soins et j'ai demandé à eomma de la soigner. Après...
- Je peux vous amener.
- Ou pas.

Mon regard est froid et je le sais parfaitement. Malgré que j'ai envie de lui pardonner, je ne peux encore le faire. Alors, pour le moment je lui demande d'attendre là tandis que je monte voir Manu qui est assise tranquillement sur le canapé, tasse à la main.

- Il se propose de nous emmener voir ma mère. Tu as le choix, oui ou non.

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Je termine ma dernière gorgée de café lorsque Kangho monte me rejoindre. Il a adopté une expression neutre, mais je sens qu’au fond il n’en est rien. Je suis convaincue qu’il est submergé par tout un tas de sentiments contradictoires entre lesquels il doit avoir du mal à faire le tri. Je me redresse pour poser ma tasse vide sur la table basse et je lève les yeux vers lui.

- Toi qu’est-ce que tu préfères ?
- Je te demande à toi, qu'est-ce tu veux ?

Je secoue la tête.

- C'est pas à moi de décider si on va avec ton père ou non...
- Je suis venu ici pour te poser la question donc j't'écoute !

Je le considère un instant en silence avant de répondre. Je ne sais pas trop si je dois dire oui ou non. Selon moi, ce n’est pas à moi de prendre cette décision mais il n’a pas l’air prêt à le faire lui-même. Alors il faut bien que quelqu’un s’y colle.

- Il est venu en voiture ?
- Je suppose...

J’aurais préféré qu’il me réponde non, ça m’aurait facilité les choses en me donnant un argument valable pour refuser. Mais là, je n’ai pas trop le choix alors je me lève en soupirant.

- Dans ce cas allons-y…

Je grimace légèrement en posant le pied par terre mais je m’efforce de boitiller jusqu’à l’escalier sans rien dire. Les cachets que j’ai pris tout à l’heure n’ont pas l’air d’avoir vraiment fait effet et à présent que la blessure refroidit, la douleur se réveille d’autant plus. Kangho a dû le remarquer car lorsque je passe près de lui, il soupire avant de me soulever dans ses bras.

- T'as assez fait d'efforts comme ça !

Je souris et lui dépose un baiser sur la joue.

- Et toi alors ? Tu devrais faire attention à ton épaule.
- J’y veille.
- Tu n'étais pas obligé de me porter, tu pouvais juste me servir d'appui...

Il ne répond pas, faisant mine de ne pas avoir entendu et prend l’escalier pour retourner auprès de son père. La situation est assez embarrassante et je maudis ma cheville de m’avoir lâchée justement maintenant alors qu’il aurait mieux valu que je puisse les laisser entre eux. Pourtant, lorsqu’il nous voit arriver, le père de Kangho sourit et nous invite à le suivre pour rejoindre sa voiture. Après m’y avoir déposée, mon jeune amant fait volte-face pour revenir en arrière.

- Je vais chercher Sunset !

Lorsqu'il a disparu à l'intérieur du garage, je m'adresse à l'homme qui doit nous conduire.

- Je suis désolée de m'imposer, vous auriez sans doute préféré être seul avec votre fils...
- Je ne sais pas si ce-dernier aurait vraiment aimé être seul avec moi... vous êtes son amie depuis... longtemps ?

Je souris.

- Oh, au moins deux heures !
- Je peux constater qu'il est comme moi...

dit-il en éclatant de rire.

Je sors mon paquet de cigarette de ma poche et le lui montre pour demander :

- Ça ne vous dérange pas si je fume ?
- Je n’suis pas fan des cigarettes mais ai-je mon mot à dire ?
- C'est votre voiture...
- Celle de ma fille et... t'es la copine à Kangho non ?

Puis qu’il n’a pas l’air de vouloir me donner une réponse claire, je décide de m’en griller une malgré tout. Je l’allume et en tire une bouffée avant d’ajouter.

- Copine, c’est un bien grand mot je crois…

Je me vois mal expliquer à cet homme que son fils est venu me cambrioler et que plutôt que de le foutre dehors, j’ai décidé de l’inviter dans mon lit. Alors je me contente de tirer sur ma cigarette en attendant que mon jeune amant revienne.

Invité

I Didn't Need Words

Ce n'est pas tant pour aller chercher Sunset que je suis parti car je sais pertinemment que ce chat m'écoute. Il suffit juste que je l'appelle et il apparait. Mais voilà, je voulais seulement être seul. Vraiment seul.

- Tu crois vraiment que je peux lui faire confiance Sunset ?

Il me regarde avec ses grands yeux verts.

- C'est vrai que tu ne le connais pas... Enfin, pas en vrai car je n'ai pas arrêté de t'en parler...

J'attrape mon chat dans mes bras et comme à son habitude il commence à ronronner.
Ce que je l'aime ce chat ! Il sait comment me prendre. Il sait que je vais mal et fait tout pour me consoler et me faire penser à autre chose mais... comment le faire dans une telle situation ? Comment penser à autre chose ?

- Pourquoi revenir maintenant... ? Il me dit qu'il est encore dans la merde mais il revient quand même... Je ne comprends pas... qu'est-ce qu'il veut ? Qu'est-ce qu'il cherche ?

C'est vrai quoi, il part pendant dix ans et ne donne plus aucune nouvelle et là, il revient comme si de rien n'était... Il croit vraiment qu'on va lui pardonner ?! Bon, j'avoue, s'il est là avec la voiture ET le téléphone de Hyunah, c'est qu'elles doivent lui avoir pardonner mais...
Trop de questions se bousculent dans ma tête et aucune réponse ne vient. Je lâche mon chat et attrape mon téléphone dans le fond de ma poche pour composer un numéro que je connais par cœur...

- Yoboseyo... eomma... ?
- Kangho...
- Eomma... pourquoi il est là ?

Je l'entends soupirer de soulagement.

- Je suis contente que ça ce soit bien passé entre vous.
- Bien passé... Je ne suis pas certain que ce soit le terme exact mais bon...
- Ecoute... j'aimerai vraiment que tu l'écoutes...
- Il était dans la merde et il l'est encore. Super... ! J'ai tout entendu ! Y'a plus rien à ajouter !

Elle soupire de nouveau mais je sens cette fois que c'est plus de "désespoir" qu'autre chose.

- Kangho... Si tu savais...
- Si je savais quoi ?! Pourquoi tout le monde fait comme si un grand secret devait m'être caché ? Pourquoi tout le monde fait comme si c'était normal qu'il soit parti il y a dix ans et qu'il revienne comme une fleur maintenant ?!
- Kangho... je...
- J'en ai marre ! Vous me faîtes tous chier ! Putain vous n'avez pas le droit de décider à ma place ! J'ai 20 ans bordel ! J'suis plus un gamin !
- Kangho, at...

Je balance mon téléphone de rage. Ras le cul des non-dit ! De cette famille qui ne cesse de me mentir !

- Mianhae Sunset mais je ne peux pas te prendre où je vais. Mais ne t'en fais pas, je pense que Manu s'occupera bien de toi... !

J'attrape G et descend les marches quatre par quatre. J'ouvre la port du garage par devant et disparait sur G le plus loin possible, roulant au gré du vent... !

Invité

Malheureusement pour moi, le père de Kangho n’a pas l’intention d’en rester là. D’un côté je le comprends. Après dix ans d’absence, je trouve assez logique qu’il essaie d’en savoir plus sur son fils. Mais je ne suis pas certaine d’être la mieux placée pour répondre à ses questions.

- Et comment tu te qualifierais vis à vis de lui alors ?

Il en a de bonnes. J’ai déjà été incapable de répondre clairement à son fils lorsqu’il m’a demandé ce que j’éprouvais. Croit-il que je saurai mieux répondre maintenant ? Les choses n’ont pas vraiment évolué depuis tout à l’heure. Je tire une longue bouffée sur ma cigarette avant de répondre.

- Je ne le connais que depuis deux heures, que voulez-vous que je sois ?
- Une fille de passage.
- Vous voyez, vous avez la rép…

Je n’ai pas le temps de finir ma phrase qu’un bruit de moteur vient m’interrompre. Je n’ai encore jamais eu l’occasion de l’entendre mais je m’y connais en la matière et rien qu’en ayant vu le modèle, je suis persuadée que c’est la moto de Kangho qui vient de démarrer. Sans me soucier de ma cheville blessée, je me lève de la banquette arrière de la voiture où j’étais assise et je retourne vers le garage. Parvenue dans la pièce principale, j’appelle sans grande conviction.

- Kangho ?

Mais un bref regard autour de moi me confirme ce que je soupçonnais. La moto a disparu et son propriétaire avec, me laissant seule avec son père.

- Je crois bien qu'il ne vous considère pas autant que je l'aurai cru au final...

J’ignore ce que cette remarque veut dire et je m’en fous à vrai dire. Comment peut-il prétendre connaitre les pensées de son fils après dix ans d’absence. Ce n’est pas moi que Kangho vient de fuir… c’est alors qu’un miaulement en provenance de l’escalier nous fait tourner la tête. Sunset descend tranquillement les marches pour venir vers nous.

- Tiens t’es encore là toi ? Ton maitre t’a pas emmené ?

Je vais à sa rencontre et je m’accroupis au milieu de l’escalier pour tendre les bras en direction de l’animal. Avec un nouveau miaulement, il vient s’y réfugier et se love contre moi tandis que je poursuis mon ascension vers la mezzanine. Le père de Kangho m’a suivie et une fois en haut, il ajoute.

- Au final, il vous considère un peu plus que ça pour vous avoir laissé Sunset.

Au premier coup d’œil, je remarque que la guitare n’est plus appuyée à ma table basse. Il a sans doute dû l’emporter avec lui. Je vois ensuite le téléphone de Kangho éparpillé par terre en plusieurs morceaux. Je me baisse pour ramasser les différentes pièces.

- Il n’a pas laissé que ça d’ailleurs…

Soudain, je réalise ce que l’homme derrière moi vient de dire et je me retourne vers lui les sourcils froncés.

- Comment savez-vous le nom de son chat ?
- Oui, il semblerait qu'il ait laissé son téléphone aussi mais dans quel état...

Il lève alors les sourcils d’étonnement à ma remarque.

- Je ne vois pas en quoi ça vous choque... je suis son père non ?!
- Sunset n'a pas dix ans. Pourtant c'est le temps que vous avez été absent non ?
- Et donc... ? De toute façon je n'ai pas de compte à régler avec vous !

Il se détourne de moi et ne tarde pas à sortir son propre téléphone pour passer un appel. Je n’insiste pas mais quelque chose me dérange dans son attitude. Et puis pourquoi s’invite-t-il chez moi comme ça au lieu de partir chercher son fils ? Je me sers une nouvelle tasse de café sans prendre la peine de lui en proposer une et je vais m’installer sur le canapé avec Sunset sur les genoux. Tout ça ne me dit rien qui vaille.

- Yoboseyo. Geugeos-eun museun il-i iss-eossneunji, naya ?... Geuleohgun-yo... ye... Naega geunyeoleul dasi gajyeo ogessseubnida...

Ça m’aurait étonnée aussi que je puisse suivre la conversation. Mais après avoir raccroché, il se tourne à nouveau vers moi.

- Comme promis, j'vous ramène à ma femme !

Ce n’est pas vraiment que l’idée m’enchante en fait. La situation me plait de moins en moins. Néanmoins, je pose Sunset à côté de moi, l’assurant de mon retour rapide caresse à l’appui et je me lève pour lui emboiter le pas.

- Je vous suis.

Avant de partir, je fourre rapidement les morceaux du téléphone de Kangho dans ma poche. Je ne sais pas pourquoi, mais je n’ai aucune envie de laisser le soin à cet homme de reconstituer l’appareil…