Sa journée avait habituellement commencé.

Jordan s’était levé à cinq heures trente ce matin, son habituel automatisme le dirigeait vers la cuisine ou il alluma la cafetière et attendait patiemment que l’équivalent d’une tasse soit disponible à la consommation avant de le boire. Vers six heures, il passait rapidement par la salle de bain, une petite douche avant de revêtir son bleu de travail et il prit la route vers l’usine où il travaillait maintenant depuis bientôt un quart de siècle.

En vingt-cinq ans de carrière chez ce fabricant de meuble, l’homme en avait vécu des choses. Il s’était marié avec Mary, son premier amour rencontré sur la plage de Volusia en 1975. Ils avaient célébré le mariage quelques mois après son entré dans la société. Il avait vécu pas mal de malheur aussi. La mort de ses parents, comme tout être vivant malheureusement, leurs heures respectives étaient venues il y a dix ans d’ici, ensemble, à quelques mois d’intervalle, l’un ne supportant pas la disparition de l’autre. Et puis la mort de sa femme, lors d’une confrontation au centre de la ville il y a quelques années d’ici. Une bavure venant d’un des clans, Jordan ne saura jamais lequel d’entre eux aura enlevé son amour éternelle, sa raison de vivre.

L’homme s’en contre fichait de cette guerre, elle ne le concernait pas et il trouvait dommage que deux familles formant au fil du temps deux clans se déchirent pour une histoire bien trop vielle. Il vivait sa vie tranquillement, tondait sa pelouse, regardait la télé, vivait des moments heureux avec sa Sweet Mary, comme il aimait l’appeler, sans se soucier du monde extérieur, c’est comme ça qu’il voulait vivre sa vie, jusqu’au jour où la police frappa à sa porte lui annonçant que sa femme avait perdu la vie… Depuis ce jour, il voit cette guerre d’un très mauvais œil.

Comme chaque matin, il consulta à son arrivée la liste des livraisons du jour et, à sa plus grande surprise, il vit « Nickson » ainsi que l’adresse. Un sourire maléfique se dessina sur son visage, il attrapa la liste et en fit la sienne.

Montant dans sa camionnette chargée de meuble divers, Jordan effectua sa tournée prévue et garda en dernier la livraison qu’il attendait depuis si longtemps. Arrivé dans cette si belle demeure, l’homme sorti de sa camionnette, souriant comme il l’est avec n’importe quel client et grimpa les marches menant à la porte d’entrée de la villa des richissimes Nickson, de la famille Ferguson et fit retentir la sonnette d’entrée.

Amber était seule à la villa, sa mère était sortit pour faire le plein de course comme chaque semaine. Le genre d’activité dont se passait très facilement la jeune femme, faire les courses ce n’était pas ce qu’elle préférait et vu que sa mère lui prenait tout ce qu’elle voulait pourquoi y aller ? La jeune femme préférait nettement traîner dans la maison chose qu’elle savait très bien faire d’ailleurs. Amber était un peu comme les hommes de ce côté-là, ils refusaient toujours de faire les courses trouvant cela ennuyant pourtant ils étaient bien content de trouver un frigidaire et des placards remplis. Enfin pour le moment ce n’était pas du tout dans les préoccupations de la jeune femme, elle était bien loin de penser au futur et de s’imaginer à la place de sa mère. A vrai dire Amber ne pensait jamais au futur et quand elle y pensait la jeune femme ne voyait pas ce que les autres voyaient. Amber ne se voyait pas marié, mère de famille, bossant quelque part… non la jolie blonde se voyait plutôt se battre contre ses ennemis et pourquoi pas être toujours chez sa mère. De toute façon Amber ne voulait pas penser au futur car du jour au lendemain elle pouvait mourir au combat, c’était ainsi qu’elle voyait sa vie pour le moment.

Il y a quelques mois Amber avait faillit perdre la vie dans une prise d’otage au centre commercial, elle était passé près de la mort et avait prit conscience de certaines choses. La jeune femme avait comprit qu’elle n’était pas plus forte que les autres, qu’elle avait beau être la chef des étudiants et savoir se battre elle ne valait rien de plus que tout les autres. Amber avait prit conscience qu’elle n’était rien de plus qu’une personne qui se battait pour un clan, elle n’était pas un héros loin de là. Autant dire que ça l’avait quelque peu bouleversé de prendre conscience de tout ceci, la jeune femme refusait d’ailleurs d’en parler ne supportant pas la moindre faiblesse de sa part. Mieux encore elle n’y pensait plus !

Amber était installée dans le canapé du salon le regard posé sur la télévision qui rediffusait des épisodes de la série Friends. Sur la table basse la jeune femme avait installé un plateau contenant plein de bonnes choses à manger, une vraie princesse ! Mordant dans un pain au chocolat elle soupira en entendant la sonnette retentir. Sa mère l’avait prévenu que peut être un livreur passerait pour déposer un meuble, pour la salle de bain… ou pour le jardin, à vrai dire Amber ne l’avait pas vraiment écouté. La jeune femme se leva du canapé se dirigeant vers la porte d’entrée, elle était toujours vêtu de son short de nuit et d’un débardeur et se moquait d’ailleurs que ça gène ou non l’autre personne. Ouvrant la porte elle aperçut alors un homme d’une cinquantaine d’année, regardant derrière lui elle reconnut un camion de livraison donc c’était bien le livreur. De son air peu aimable elle prit la parole.

Bonjour, si c’est pour le meuble déposait le dans le salon car je ne sais pas où il va !

Son cœur battait de plus en plus vite, il était sur le point de venger son amour de toujours mais, avant ça, Jordan devait entrer dans la demeure des Nickson sans que la jeune femme aie l’ombre d’un doute sur ce qui l’attendait.

Depuis que sa Sweet Mary avait perdu la vie, l’homme avait passé la plus part de son temps à se renseigner sur cette guerre et surtout sur les membres des clans car, l’un d’entre eux avait tué sa femme.
Il savait qu’il y avait deux clans. Les Attwood d’un côté ou plus communément appelé « les pauvres ». A la tête de ce misérable clan, Riley Attwood fiancé à Sasha. Est née de leur union une petite fille, Mélisande. On dit que, malgré leur manque d’argent, les Attwood se débrouillent bien au niveau des bagarres tout comme les Ferguson, les « riches ». Chad et sa chérie, Ashley ont également donné vie, deux petits bouts, Sarah et Ethan. A ce moment précis, Jordan se trouvait du côté ouest de la ville et donc du côté des Ferguson. Il ne connaissait pas vraiment l’histoire de la famille Nickson mais il n’en avait que faire. Venger son unique amour était son seul but.
La jeune femme semblait ne pas prêter attention au vieil homme, vêtue d’un short et d’un débardeur, elle n’en avait que faire se sa présence et n’était pas vraiment aimable avec lui.
Lui souriant, le vieil homme referma la porte derrière lui.


- « Avant de déposer le meuble, j’aurais besoin de quelques signatures et bien entendu d’un chèque … »


Un petit sourire en coin, le plus sincère possible, le vieil homme attendit un geste de la part de la jeune femme.

Amber était l’amabilité dans toute sa splendeur, la jeune femme ressemblait à ce que l’on imaginait des personnes dites riches. Le petit personnel ne l’intéressait pas le moindre du monde et elle ne voulait pas côtoyer ce genre de personne. Les riches d’un côté tout les autres bien loin d’elle ! On pouvait dire qu’elle était discriminatoire, mais en même temps je vous rappel que la jeune femme vit dans une ville où il existe deux clans. L’un des clans est infecté par des minables et répond au nom d’Attwood tandis que le second clan est la perfection incarné et répond au nom de Ferguson. Il y avait bien deux mondes diffèrent pour la jolie blonde, et son monde n’était en aucuns cas compatible avec ceux qui ne faisaient pas partit des Ferguson. Amber ne savait pas d’où venait cet homme mais il paraissait logique que ce soit un neutre, que viendrait faire un ennemi ici à part pour faire la boniche de service. Cet homme appartenait donc au centre après rien ne lui disait si il était riche ou non, mais par logique vu son travail il avait besoin de gagner de l’argent donc il était bien loin du monde dans lequel vivait Amber.

C’est donc de son ton peu aimable qu’elle répondit à cet homme, elle avait au moins eu la politesse de lui dire bonjour car oui ses parents l’avaient tout de même bien élevé. Indiquant à ce livreur qu’elle ne savait pas où ça allait elle n’attendait qu’une chose, qu’il se dépêche de déposer le meuble dans la bonne pièce et qu’il la laisse tranquille. Mordant dans son pain au chocolat la jeune Nickson laissa cet homme entrait à l’intérieur de la ville tandis qu’elle avançait vers le salon pour voir l’écran de la télévision. Amber ne comptait pas le laisser seul car elle ne voulait pas que cet homme vole quelque chose, elle n’avait nullement confiance en lui. Posant son regard sur l’individu elle leva légèrement les yeux, comme ci elle avait un chèque sur elle.

Ma mère a du régler à l’avance ! Passez moi vos feuilles je vais les signer, pendant ce temps installez ce meuble vous êtes payés pour ça.

Amber se dirigea vers le salon cherchant son téléphone portable des yeux, elle voulait voir avec sa mère si cette dernière avait payé le meuble et la livraison. A vrai dire la jeune femme pensait déjà que le livreur voulait la voler, il demandait un chèque pour se le mettre sur le compte ! Une fois son portable en main elle revenu sur ses pas à la recherche d’un stylo pour signer les feuilles.

Jordan ne voulait pas l’agresser de suite, mais c’était d’autant plus difficile vu l’extrême sympathie de la jeune femme.
Pour commencer, Amber avait accueilli l’homme en pyjama. Ce n’était en soit pas un drame mais il trouvait ça plutôt mal poli et, en vingt-cinq ans de carrière, il avait rarement vu ce genre de chose.
Ensuite, la jeune femme ne prêtait que très peu attention à l’homme. Généralement, les clients sont souriants, aimables, guident le livreur, mais encore une fois, le vieil homme restait un peu « bête » face aux réactions de la jeune femme.
Pour finir, lorsque Jordan signala qu’il avait bien entendu besoin d’un chèque, la jeune femme ne le croyait pas ! Il était pourtant mit sur sa fiche que le client payait à la réception du bien, il n’inventait rien. Si la jeune femme pensait que l’homme voulait l’arnaquer pour une raison ou un autre, elle se trompait et ça ne plaisait pas à l’homme qui commençait doucement à perdre patience face à une cliente plutôt désagréable qui le paierait tôt ou tard…


- « Si vous ne me croyez pas mademoiselle, je peux vous montrer la fiche de livraison. »


Essayant d’être le plus aimable possible, il déposa les papiers à signer sur une table qui meublait le hall d’entrée. Il avait envie de prouver à la jeune femme qu’il n’avait aucune raison de la voler mais Jordan réalisa immédiatement qu’en faisant trop, Amber trouverait certainement son comportement douteux.
Il vit revenir la jeune femme avec un stylo et son portable en main, elle voulait certainement avoir une confirmation de sa mère en ce qui concerne le paiement du meuble.

Rien de plus agaçant qu’une personne qui fait son possible pour prendre sur elle et ne pas craquer. L’homme face à la jolie blonde semblait calme, trop calme d’ailleurs. Si quelqu’un avait parlé ainsi à la jeune femme il y aurait bien longtemps qu’elle l’aurait mit à sa place. Mais tout le monde n’avait pas le même tempérament que la jeune femme, tout le monde n’avait pas été élevé de la même façon. Et encore l’éducation des Nickson n’avait rien avoir avec ce qu’était devenu la jeune femme, quand vous connaissiez sa mère vous ne voyez pas la ressemblance entres elles deux. Lorsque le jeune homme lui proposa de lui montrer la fiche de livraison, la jeune femme fronça légèrement ses sourcils. Il l’agaçait, il avait réponse à tout et elle passait pour une idiote.

Je préfère voir ça avec ma mère.

La jeune femme avait prit son téléphone portable pour joindre sa mère qui serait l’éclaircir sur la situation. Composant le numéro de sa mère elle cherchait des yeux un stylo, revenant vers l’entrée elle prit un stylo bleu posé dans un pot à cet effet se trouvant sur le meuble d’entrée. Revenant sur ses pas la jeune femme avançait en direction du salon ne prêtant plus attention à cet homme, elle posait son regard sur le plafond se demandant si sa mère allait lui répondre ou non. C’était tout Emma de ne pas entendre son téléphone sonner, stoppant l’appel la jeune femme soupira avant de recommencer une seconde fois. Si il le fallait elle appellerait ainsi une bonne dizaine de fois. Se tournant vers l’entrée elle s’avança vers les papiers à signer, cet homme avait autre chose à faire et elle aussi donc autant avancer un peu.

Installez le meuble pendant que je signe, j’imagine que vous n’avez pas envie de passer votre journée ici !

Prenant les feuilles posées sur le meuble d’entrée Amber avança dans le couloir se dirigeant une nouvelle fois vers le salon. La jeune femme balança les feuilles sur la table basse qui était jusque là très propre, Amber vivait dans une maison qui brillait toujours. Sa mère n’avait rien de mieux à faire il fallait avouer ! Coupant à nouveau son téléphone la jeune femme lança une injure prête à refaire une troisième fois le numéro.