Une corde à sauter La première chose qui nous avait réuni. Et dire que sans cette foutu corde a sauter, je ne serais pas là, aujourd'hui à éviter une personne qui m'est chère et à me demander ce qu'il va bien pouvoir se passer maintenant. Enfin bref. Ce qui est fait est fait et je ne pouvais pas revenir en arrière. Dommage d'ailleurs. Personne ne savait ce qui s'était passé cette nuit là. Seulement moi et moi seule. D'un certain coté, c'était pas plus mal. ça m'évitait une énième crise de jalousie de ma part de sa copine. Qui serait pour une fois assez compréhensible de sa part. Cependant je regrettais que Thibault ne se souvienne de rien. Je me souvenais encore de ses quelques mots lorsqu'on s'était réveillés dans les bras l'un de l'autre à moitié nus. Il ne se souvenait même pas de ce qu'il m'avait dit. Il ne comprit même pas pourquoi je partis comme une furie à moitié en pleurs. Noyer ma peine dans l'alcool semblait être une solution. Tout comme éviter Thibault. Mais c'était des solutions sans en être. Boire n'arrange rien au contraire. Et comment faire pour éviter quelqu'un que vous voyez juste tout les jours ?!. C'est tout bonnement impossible. Et je parle en connaissance de cause. Il ne se passait pas un jour sans que je ne le croise, dans une salle, dans les escaliers, dans les couloirs de l'université. Partout. J'arrivais même à le croiser en ville. Pourtant Paris c'est grand ! Forcément, comme on aimait les mêmes choses, on aimait les mêmes lieux. A chaque fois c'était la même chose, soit il me regardait, je baissais la tête et faisais comme si je ne l'avais pas vu, soit on se regardait dans le blanc des yeux pendant un cours instant, puis on s'éloignait l'un de l'autre. Je savais qu'il voulait une explication. Il avait déjà rempli ma boîte de réception d'sms ainsi que ma boîte vocale. Mais il avait arrêté, comprenant sans doute que je ne tenais pas à lui répondre. parfois, j'avais envie d'aller le voir et de tout lui dire, tout lui raconter. Mais à chaque fois Thibault était déjà avec une fille. Ne voulant pas le déranger, je faisais mine de passer devant lui comme on peut passer devant n'importe qui.

Aujourd'hui cela faisait exactement deux semaines que je m'évertuais à éviter tout ce qui touchait plus ou moins à Thibault. C'était assez bizarre car je faisais exactement la même chose avec Catherine, une de mes meilleures amies. C'était bien plus difficile que je ne l'avais imaginer. Dans ces moments là, on se rends compte à quel point des personnes peuvent être importantes. La matinée a la fac avait été assez longue. La seule chose dont je me souvenais de ce séminaire, c'était une petite citation, qui pour certains paraitrait insignifiante. Mais qui voulait dire beaucoup pour moi. « Parler de ses peines, c'est déjà se consoler » avait écrit Camus dans l'Homme révolté. Parler de ses peines ? C'était bien gentil ça. Facile à dire. Mais beaucoup moins à faire. Au fond Camus avait peut être raison. Expliquer ma peine, le pourquoi du comment à Thibault, mais aussi à Catherine m'aiderait sans doute à me consoler. N'ayant pas cours de tout l'après midi, je partis faire un tour au parc. Je n'avais pas très faim, il était donc inutile que je rentre chez moi. Un sandwich suffirait. En chemin je m'arrêtais dans une boulangerie. Mon repas en poche je partis donc en direction du parc où j'avais l'habitude d'aller. Une fois là bas, je m'installais à une petite table en plein soleil tout en étalant mes affaires. Je me mis a dessiner tout en grignotant mon sandwich. Le dessin était une de mes passions, j'avais toujours dans mes affaires un carnet à croquis et des crayons. Ils m'étaient indispensables, autant que l'était mon téléphone portable o ma trousse a maquillage. Puis en relevant la tête, je vis Thibault arriver. Je reconnaitrais son allure entre mille. J'espérais qu'il ne m'ai pas vu. Mais avec la chance que j'avais en ce moment le contraire était plus que probable. C'est pour ça qu'en le voyant arriver, je commençais à prendre mes affaires et a me lever pour quitter la table, puis le parc. Mais lui, il en avait sans doute décidé autrement puisqu'il venait vers moi.