Serena s'était levée tôt, comme d'habitude. Elle avait prit une douche en veillant à ne pas réveiller Zac qui dormait encore, en sortant de leur chambre. L'eau chaude avait fait du bien à ses courbatures, elle avait passé l'après-midi du jour précédent à la salle de sport de son petit ami. Petit ami. Depuis le temps qu'ils étaient ensemble, c'était un peu étrange pour elle d'appeler Zac ainsi. Mais qu'aurait-elle dit d'autre ? Fiancé ? Concubin ? Elle préférait le terme de "colocataire".

Refermant les pans de son peignoir autour de son corps nu, Serena entra dans la cuisine. Elle s'étira, bailla, et mit en route la cafetière. Elle aimait son café avec du lait et du caramel, le soir, alors que le matin elle le préférait fort, sans sucre, pour se réveiller. Attrapant des tranches de pain de mie dans le placard au-dessus de l'évier, elle les glissa dans le toasteur et sortie la confiture et la patte à tartiner. Serena se levait toujours très tôt, pour profiter du petit déjeuner qui était son moment préféré de la journée. Elle mangeait en pensant à sa journée à venir, aux enfants à qui elle enseignait, et à Zac aussi, bien sûr, qui lui manquerait à un moment ou à un autre. Elle lui enverrait alors un SMS, sûrement à la pause de midi ou à la récrée de 10h, puis éteindrait son portable avant de recevoir une réponse, comme d'habitude. Tout l'après-midi elle penserait à se message de son "colocataire", attendant d'être lu sur son téléphone.

La table du petit déjeuné fut rapidement dressée sur la petite table haute comme un comptoir de bar, ronde située au milieu de la cuisine. Il y avait une table normale, un peu plus loin, qui servait pour les autres repas du couple, et lorsqu'il recevait des invités. Mais le matin, Serena aimait se hisser sur un haut tabouret et balancer ses pieds dans le vide en savourant son café et ses tartines. Il ne manquait plus que Zac pour que tout soit parfait. La jeune femme sourit à cette pensée, alors que quelques mois plus tôt se dire qu'elle dépendait à ce point d'un homme l'aurait horrifiée. Rangeant par ci par là quelques petites choses qui n'étaient pas exactement à leur place, Serena attendit que son "colocataire", vienne la rejoindre.

Sentant la chaleur du soleil à travers la fenêtre de la chambre sur mon visage, je me réveillais tout doucement en m’étirant et remarqua à se moment là que je me retrouvais seul dans le lit. Ma main tripota le matelas sans rencontrer aucun obstacle, Serena devait être soit à la douche, soit dans la cuisine. Me redressant doucement, je regardais le réveil et aperçus qu’il n’était pas loin des 8h du matin. La salle de sport n’ouvrait qu’à 10h, j’avais donc encore du temps devant moi pour me préparer. Cependant je ne voulais pas laisser Serena seule pour le petit déjeuner et ne la voir qu’en coup de vent au moment où elle devrait partir travailler. Je décidais donc d’aller prendre rapidement une petite douche, histoire de ne pas être trop « dégueulasse » comparé à la splendeur qui était assise dans la cuisine, enfila un short et descendis les escaliers, la serviette encore sur ma tête que j’étais entrain de sécher.

L’odeur des toasts entrain de cuir lentement dans le toasteur, du café entrain de se faire et de la confiture, attrapèrent mon attention et me dirigèrent avec envie vers l’entrée de la cuisine. Une cuisine ouverte qui donnait vue sur le salon et ses alentours. C’est alors que je vis Serena, assise au comptoir, attendant que tous ce qu’elle avait préparé soit prêt à être dégusté. Comme d’habitude, elle était rayonnante, rayonnante de beauté et de vitalité. C’est alors que je commençais à m’en vouloir de ne pas être à sa hauteur. Le corps meurtrie et marqué, des cernes visibles à plusieurs mètres. De toute évidence, j’étais loin de pouvoir rivaliser en beauté et vitalité comme elle. Affichant un grand sourire au moment où nos regards se croisèrent, je m’approchais de Serena et, passant dans son dos, je l’attrapais par la taille et l’embrassais.
M’installant en face d’elle, j’attrapais un bol que je déposais devant moi et commença à prendre quelques toasts pour les préparer.

« Ça va chérie, tu as bien dormi ? »

Son regard bleu azur se posa sur moi alors que je prononçais ces quelques mots et très vite je fus hypnotisé et transporté. Elle avait se pouvoir, un pouvoir puissant, capable d’hypnotiser n’importe qui. Sa beauté, son charme y était pour beaucoup. Mais pas seulement. Elle était bien plus qu’un simple physique. Je pris conscience à ce moment là que j’avais beaucoup de chance de l’avoir. Elle avait été celle sur qui j’avais pu compter, celle qui m’avait redonné le goût de vivre, celle qui m’avait donné une raison de vivre. Je lui devais beaucoup.

Serena commençait doucement à manger, du bout des dents. Elle n'avait jamais vraiment faim le matin, son café lui suffisait. Mais elle aimait l'ambiance du petit déjeuné. Elle sourit en voyant Zac entrer dans la cuisine, à peine sortit de la douche. Elle lui adressa le plus resplendissant des sourires qu'elle avait à son répertoire. Il la regarda, la détailla, l'admira même. Elle se sentie un peu gênée de cette attention, comme d'habitude.

Bien dormi, moi ? Toujours ! Tu as ronflé, ourson, mais je t'adore quand même. dit-elle d'un air amusé, avec un sourire

Elle se pencha par dessus la table, offrant à Zac une vue plongeante sur le décolleté de son peignoir de bain. Elle posa rapidement ses lèvres sur les siennes avant de se rasseoir pour boire une gorge de café brûlant, regardant son ourson par dessus le bord de la tasse.

Tu sais que tu devrais dormir plus la nuit, toi. Tu as des cernes à faire peur.

Elle lui adressa un nouveau sourire et reposa sa tasse sur la table.

Ou alors tu travailles trop... ce qui ne m'étonnerait pas. Tu sais, je n'ai pas besoin que tu me couvres de cadeaux à longueur de journée, tu pourrais très bien employer un gars de plus au club. Et rentrer plus tôt le soir.

En parlant de cela, Serena avait conscience d'aborder un point sensible. Zac avait toujours voulu le meilleur pour elle. Il travaillait dur pour gagner assez d'argent afin qu'ils vivent bien, tout les deux. Mais Serena était une grande fille, elle aussi gagnait sa vie correctement et elle aimait dire qu'elle pouvait se débrouiller seule. Elle aimait l'idée d'être indépendante. Même si souvent, elle réalisait que Zac était devenu sa drogue, son oxygène.

Et si on se faisait un dîner tranquille tout les deux, ce soir ? On oublie nos habituelles pizzas sur le canapé devant la TV, et on fait un truc romantique.

A peine entré dans la cuisine, mon regard croisa celui de Serena qui me lança l’un de ses plus beaux sourires. Celui-ci capta mon attention et me procura une joie indescriptible. Je ne pu que lui sourire à mon tour avant d’aller m’asseoir face à elle pour prendre le petit déjeuner. Elle était resplendissante, comme toujours et illuminé ma journée.

« Sérieusement ? Moi, j’ai ronflé ? Vraiment désolé. »

Commençant à tartiner mes premières toast, je sentis le comptoir bouger quelques peu et vis Serena s’avançait vers moi. Elle m’offrit un spectacle magnifique avant d’attraper mon visage, le redresser et déposer un doux baiser sur mes lèvres. Me repoussant doucement, elle repartie dans la dégustation de son petit déjeuner, me laissant sur place, surpris et aux anges. Étant toujours entrain de la regarder, elle m’annonça que je devais dormir plus, que j’avais des cernes, et donc une tête, à faire peur. Je le savais, j’en étais sûr, mais je ne pouvais pas. J’avais bien trop de chose à faire, tenir la salle, assurer les entrainements, faire attention au budget, au matériel. Et puis comme nous étions encore jeunes, sortir et faire la fête.
Avant que je n’aie eu le temps de répondre, elle s’adressa une nouvelle fois à moi tout en souriant et remis la cause de ces cernes à mon travail. Peut-être bien mais encore une fois, je ne pouvais faire autrement. À ce moment là elle m’annonça que je ne devais pas essayer de la gâter autant et que je devais essayer d’embaucher quelqu’un pour m’aider. Elle voulait tout simplement dire que je devais me reposer et penser à moi de temps en temps. Elle était adorable et ce qu’elle me disait l’était aussi mais je ne pouvais m’y résoudre.

« Je sais bien et tu as raison mais, je ne peux pas. Je veux dire, on a encore plein de chose à payer, je dois faire en sorte que la salle fonctionne correctement et emmagasiner assez d’argent pour nous couvrir de tous besoins. Donc il faut travailler dur. Et j’ai envie de te faire plaisir donc voila. Mais ne t’inquiète pas, tout vas bien. »

Lui répondis-je tout en souriant. Elle avait l’air de s’inquiéter un peu à mon sujet, mais j’étais quelqu’un de robuste, je pouvais donc tenir le coup. Tout ceci n’était pas grand-chose et si j’avais réellement besoin de repos, alors je fermerai la salle un jour ou deux pour récupérer. Je l’avais déjà fait par le passé alors que j’étais en difficulté avec la salle et tout avait fonctionné. Donc je ne voyais pas pourquoi cela ne serait pas le cas aujourd’hui. Le doux son de la voix de Serena me sortit de mes pensées. Elle voulait faire quelque chose de romantique, qui sorte de l’ordinaire. Je la suivais tout à fait, cela me ferai plaisir. Avec un grand sourire je lui répondis.

« Très bonne idée. Je te suis sur ce coup. Je suis tout à toi. Mais dis-moi, qu’est-ce que tu as contre nos pizzas ? », lui demandais-je tout en rigolant.

Serena poussa un soupir. Les réponses de Zac ne lui convenaient pas. Il voulait que tout soit parfait dans leur vie, bien sûr, mais la jeune femme ne supportait pas qu'il veuille toujours tout contrôler. Et qu'il s'excuse toujours quand elle lui faisait un minuscule reproche qui ne nécessitait pas qu'il prenne cet air triste. Serena avait conscience que souvent, Zac pensait qu'il ne la méritait pas. Il l'aimait sans doute plus qu'elle ne l'aimait. Pourtant elle ne s'imaginait plus vivre sans lui. Et elle essayait chaque jour de lui montrer à quel point elle tenait à lui, à quel point il était important pour elle.

"nous couvrir de tous besoins"

Une telle phrase avait le don d'exaspéré Serena. Comme s'il n'y avait que Zac qui pouvait relever ce défi. Profondément indépendante, jusqu'au bout des ongles, la jeune institutrice trouvait le comportement de son petit ami sexiste, mais elle laissait filer. Ce n'était pas la peine de se disputer pour ça. Zac acceptait les défauts qu'elle avait, Serena devait donc accepter ceux de son "colocataire". Elle préféra changer de sujet.

Nos pizzas ? Je les adore. Mais tes matchs à la TV me sortent par les yeux, si encore c'était du hockey...

Serena n'aimait qu'un seul sport d'équipe, le hockey sur glace. Elle avait du mal à rester plus de cinq minutes devant un écran retransmettant autre chose, que ce soit du football américain, du basketball ou quoi que cela soit d'autre. Elle taquinait souvent Zac au sujet de ses préférences sportives, et s'amusait toujours à passer et repasser en sous-vêtements devant la télévision pendant que Zac tentait de se concentrer sur le match.

Donc on est d'accord pour ce soir, on se fait un truc sympa tout les deux. J'y réfléchirais à la pause de dix heures et je t'appel à midi pour te dire ce que j'aurais prévu. Est-ce que ça te va ?

La jeune femme aimait lorsque l'organisation était bien faite, et le timing parfait. Elle ne laissait jamais rien au hasard, ou alors vraiment très rarement. Alors qu'elle commençait déjà à réfléchir, le téléphone mural dans la cuisine se mit à sonner. Elle n'avait aucune envie de se lever, même si elle était la plus proche de l'appareil. Qui pouvait bien appeler si tôt ? Cela devait être important.

Je ne savais pas ce que j’avais pu dire de mal pourtant Serena poussa un léger soupir, pas trop fort, mais suffisamment pour être entendu. Peut-être était-ce un soupir de fatigue mais j’en doutais. Repensant à ce que je venais de dire, je me rendis compte trop tard que j’avais fait tourner les choses sur moi. je veux dire par là que ce que je venais de dire, était que je ne pouvais arrêter de travailler autant par peur d’avoir des soucis financier. Ce qui revenait à dire que je ne prenais pas en compte le fait que Serena travaillait aussi. Et pourtant quel travail. Professeur des écoles. Surement l’un des plus beaux et plus noble métier après celui de médecin. Enseigner aux autres, les instruire. Il fallait désormais que je fasse attention à cela, que j’arrête de prendre tout sur moi et que je partage les choses. Serena faisait désormais partie de ma vie. Nous étions deux, je n’étais pas tout seul. Peut-être l’avais-je blessé, cependant elle ne prit pas le temps de relever, de répondre, et passa à un autre sujet.

« C’est vrai que toi et le hockey, c’est une grande histoire. Dommage que la télé ne veux pas en proposer plus sinon je regarderai ça avec toi avec plaisir. Et puis on ne regarde pas que des matchs non plus. »

Lui lançais avec un clin d’œil. Nous regardions des matchs quelque fois, plusieurs fois même il fallait l’avouer, mais les films et autres séries et émissions TV y passaient aussi. En pensant à ça, des souvenirs me revenaient en tête où Serena essayait de me décrochait de la télé. Elle passait devant l’écran en petite tenue ou en sous-vêtement, se dandinait légèrement avant de repartir en me lançant des petits clins d’œil. Comment pouvais-je résister ? C’était impossible.

« Ouais ça me va, c’est parfait. Si tu as besoin de quelque chose, où que je fasse quelque chose, dis le moi. »

La soirée s’annonçait excellente. Elle avait eu là une très bonne idée. Une soirée romantique, rien que nous deux, cela nous permettrait de nous retrouver, bien qu’on ne se soit jamais perdue, et de passer un agréable moment rien que tout les deux. Peut-être que notre histoire allait évoluer de façon positive. Soudainement, un bruit aigu et non attendu fit son apparition, le téléphone sonna et nous réveilla quelque peu. La sonnerie m’arracha une petite grimace alors que Serena se dirigea doucement vers le téléphone pour voir qui s’était.

« Mais qui peut bien appeler à cette heure là ? »

Qui ça peut être ? Je ne sais pas. Mais si c'est un petit plaisantin qui s'amuse à nous déranger pendant qu'on organise une soirée sympa, il va sacrément m'entendre ! répondit la jeune femme, de mauvaise humeur

Habituellement, Serena s'arrangeait toujours pour ne pas avoir à répondre au téléphone. Elle avait horreur de ça. Si elle avait acheté un portable, c'était justement pour ne pas avoir à parler à une machine, elle trouvait beaucoup plus simple d'envoyer des SMS. Sans précipitation, elle décrocha le combiné de son support murale et mit le haut-parleur pour que Zac entende. Même si la conversation était pour elle, il pouvait écouter parce qu'elle n'avait rien à lui cacher.

Oui ? répondit-elle froidement

Salut Renn, en forme ? fit une voix masculine à l'autre bout du fil

Aussitôt, Serena coupa le haut parleur. Elle n'avait rien à cacher à Zac, mais réflexion faite il y avait tout de même des choses qu'il ne devait pas apprendre. Pas comme ça en tous cas. Il n'y avait qu'une seule personne au monde qui l'appelait Renn, et elle avait justement cette personne au téléphone. L'existence de Richard était l'une de ces choses qu'il vallait mieux que Zac ignore. La jeune femme était certaine que les deux hommes se seraient très bien entendus, si elle avait prit la peine de les présenter. Ce qu'elle ne ferait pas parce qu'alors il faudrait qu'elle explique à Zac en quelles circonstances elle avait rencontré Richard, et ce n'était même pas la peine d'y penser un seul instant !

Qu'est-ce que tu veux ? s'enquit-elle dans un murmure

Serena tourna le dos à Zac pour qu'il ne voit pas son trouble.

Je pourrais répondre que je te veux toi, mais ce serait franchir les limites que tu m'as imposé pour qu'on puisse rester amis.

Viens en au fait.

On sort ce soir, tu es de la partie ?

J'ai déjà quelque chose de prévu.

Renn... Richard poussa un soupir. Tu ne peux pas nous planter comme ça. C'est important.

La jeune femme sourit.

Crois-moi, ce que j'ai prévu est tout aussi important.

Je n'en suis pas sûr.

Elle aimait bien Richard, mais parfois il pouvait se montrer vraiment exaspérant. Elle le connaissait depuis longtemps, depuis toujours en fait. Il faisait partit de sa vie, cette vie qu'elle cachait à tout le monde. Avec lui elle devenait une autre Serena, une personne que Zac n'aurait sans doute pas reconnue. Quelque part au fond d'elle, elle se sentait vraiment coupable de devoir lui cacher des choses, mais elle était convaincue que c'était bien mieux comme ça. Tant qu'il ignorait ce qu'elle faisait, il ne pouvait pas s'inquiéter pour elle, et c'était le principal.

Rebecca s'est fait agressée par les autres. On a décidé de leur rendre la monnaie de leur pièce. On veut que tu sois là. Je veux que tu sois là. Rebecca aussi. expliqua Richard

Aggressée ? s'exclama Serena, oubliant soudain que Zac se tenait derrière elle. Elle baissa la voix pour continuer : Aggressée ? Elle va bien ?

Juste un peu secouée, ça va. Mais elle veut frapper fort ce soir, et si tu n'es pas là pour la stopper... je n'ose pas imaginer ce qui arrivera.

La voix de Richard était étrange, changée, inquiéte.

Tu sais bien que je ne t'appelerais pas si tôt et chez toi, si ce n'était pas aussi important. continua t-il

Oui, elle le savait parfaitement.

Bon, je vais m'arranger.

Merci Renn, t'es un ange.

Ouai, un ange vengeur. bougonna t-elle avant de raccrocher

Les yeux posés sur ses pieds nus, toujours dos à Zac parce qu'elle ne pouvait pas le regarder en face tant elle se sentait coupable de lui cacher des choses, Serena mentit :

Désolée, ce ne sera pas possible pour ce soir. C'était mon cousin. Il a un soucis et je vais devoir passer la soirée chez lui.

« Je compte sur toi pour l’envoyer boulet le pauvre alors. »

Répondis-je à Serena tout en souriant. Je ne savais pas qui était l’abrutit qui la dérangeait pendant son petit déjeuner mais de toute évidence il ne connaissait pas cette magnifique brune. Serena détestait être dérangeait pendant son petit déjeuner. Mis à part moi, aucun élément extérieur ne devait venir la perturber. S’était une sorte de rituel pour elle, un rite de passage du début de journée pour qu’elle se sente bien. Quelque chose que je comprenais parfaitement. Je n’étais pas du même avis qu’elle sur le sujet mais je le comprenais et l’acceptais. En même temps, cela ne m’affectais pas du tout donc bon.
Tout en souriant et en me regardant, elle mit en route le haut-parleur du téléphone histoire de me faire écouter la conversation qui allait suivre. Pourquoi faisait-elle ça ? Aucune idée. Elle voulait peut-être montrer quelque chose. Nous n’étions pas du genre à nous cacher des choses en générale. Elle savait tout de moi, et je savais tout d’elle. Du moins c’est ce que je pensais. Je ne m’attendais pas du tout à ce qui allait suivre. La voix d’un homme se fit entendre au bout du fil et j’entendis clairement la prononciation d’un nom « Renn ». Je souris en entendant ceci, il s’agissait sans nul doute de quelqu’un qui se trompait de numéro. Serena allait donc l’envoyer balader comme elle me l’avait dit et j’avais tout loisir de l’entendre faire. Mais les choses ne se passèrent pas comme je le pensais. Appuyant une nouvelle fois sur le boutant du haut-parleur, elle le coupa puis, se tournant vers le mur, dos à moi se mit à murmurer quelques mots inaudibles. Le doute s’empara de moi rapidement alors que je buvais quelques gorgées de mon jus de fruit et me levant de ma chaise m’approchais doucement de ma belle qui commençait à me faire peur.

« Serena… qui c’est ? »

Faisant mine de ne pas m’entendre, elle continua sa discussion avec l’homme qui se trouvait au bout du fil en parlant aussi bas qu’elle le pouvait. Que lui arrivait-elle tout à coup ? Pourquoi parlait-elle aussi bas avec quelqu’un que je n’avais pas l’air de connaître ? J’avais l’impression tout d’un coup qu’elle me cachait des choses. Une aventure extraconjugale ? S’était la seule chose qui me venait à l’esprit à cet instant. Que pouvais-je imaginer d’autre ? Rien. Serena, une femme aussi belle qu’elle ne pouvait rester indifférente aux yeux des chacals qui rodaient dans les rues. Peut-être ne la satisfaisais-je plus… Je ne voyais pas, je ne savais pas quoi dire ou faire. Rester calme, s’était la meilleure des choses à faire. Pour tout dire, je n’avais aucune idée de ce qui se passait réellement. Je ne devais pas me mettre dans de tels états.
M’avançant vers Serena, je l’entendis soudainement crier « Agresser ». Agresser ? Mais de quoi était-elle exactement entrain de parler à la fin ? Qui s’était fait agresser ? Là elle était vraiment entrain de me faire peur. Elle continua ses messes basses pendant quelques secondes avant de raccrocher finalement puis baisser la tête. Ne se retournant pas pour me faire face, elle m’annonça qu’elle était contrainte de remettre à plus tard notre soirée, que son cousin avait besoin d’elle et qu’elle allait passer la soirée chez lui. Attrapant d’une main une de ses épaules, je la tournais doucement vers moi pour qu’elle me fasse face.

« Je ne pensais pas avoir un jour à dire ça mais pour la première fois, je ne te crois pas ma belle. Mais pas du tout. Déjà Renn, c’est qui Renn ? Et pourquoi toutes ces messes basses ? Et qui s’est fait agresser à la fin ? »

Lui demandais-je sur un ton calme mais qui commençait doucement à s’exciter. Je n’étais pas en colère contre elle, du moins pas vraiment. J’avais surtout peur. Avec ce que j’avais entendu et l’attitude qu’elle avait eu, je commençais à avoir peur de ce qui était entrain de se passer et qu’elle voulait me cacher.

Serena réalisa trop tard que ce qui venait de se passer pouvait être mal interprété par Zac. Et la dernière chose qu'elle voulait, s'était déclancher une crise entre eux.

« Je ne pensais pas avoir un jour à dire ça mais pour la première fois, je ne te crois pas ma belle. Mais pas du tout. Déjà Renn, c’est qui Renn ? Et pourquoi toutes ces messes basses ? Et qui s’est fait agresser à la fin ? »

Elle était désolée. Vraiment désolée. Elle n'avait jamais voulu insinuer tous ses doutes dans l'esprit de Zac. Elle l'aimait trop pour ça. Chaque jour qui passait, elle était certaine que ce serait le dernier passé en sa compagnie. Elle était chaque jour certaine que le lendemain il se demanderait ce qu'il faisait avec une fille comme elle, et qu'il la quitterait. Et chaque matin en se levant, elle s'étonnait de le voir encore là, dans le lit près d'elle.

Renn... murmura la jeune femme. Renn, c'est moi. Se-RENN-a. C'est un surnom. Juste un surnom, rien de plus.

Serena s'approcha de Zac, il la tenait par l'épaule, elle passa sa main dans les cheveux du jeune homme. Du bout des doigts elle frôla sa machoire, sa joue, elle pouvait sentir à quel point il était crispé, inquiet. Pas en colère, pas encore. Elle ne l'avait jamais vraiment vu furieux contre quelqu'un, en tous cas jamais contre elle. Il n'avait jamais été violent, il n'avait jamais eu un mot méchant. Oh, bien sûr ils s'étaient déjà disputés, mais sans aucune gravité. Zac était la personne avec laquelle elle se sentait le plus en sécurité. Il ne lui avait jamais donné une seule raison de se méfier. Il était gentil. Et elle l'aimait.

Je ne veux pas que tu t'inquiètes. Pas pour moi. Parce qu'il n'y aucune raison de s'inquiéter, Zac. Je vais bien.

Elle le fixait dans les yeux, essayant de mettre de la sincérité dans son regard. D'être rassurante.

Une de mes amies s'est fait agressée, rien de grave ne t'inquiète pas. Tu te souviens de Rebecca ? Tu l'as rencontré une fois chez Keith.

Keith était le cousin de Serena. Ils étaient très proches. Il lui avait sauvé la vie en venant s'installer chez les Swank, alors que le père de la jeune femme se montrait particulièrement violent avec elle. Elle avait fait une tentative de suicide, mais ça elle ne l'avait jamais dit. A personne. Même Zac l'ignorait. Seul Keith était au courrant. Elle avait présenté Zac à son cousin et ils étaient allés chez lui de temps en temps. Ils y avaient rencontrés beaucoup de gens, dont Rebecca. Mais Zac ne s'en souvenait peut-être pas parce que Serena n'avait pas laissé paraître qu'elle et Rebecca étaient des amies très proches.

Ne t'inquiète pas, ta belle n'est ni un agent secret, ni l'amante d'un autre homme.

La jeune femme s'approcha un peu plus encore. L'une de ses mains était passée derrière la nuque de Zac, l'autre se glissa autour de sa taille. Elle amena son visage près de celui de l'homme qu'elle aimait, et l'embrassa au coin des lèvres.

Je t'aime. Tous les hommes de cette ville pourraient être à mes pieds que cela ne changerait rien au fait qu'il n'y a que toi que je regarde avec ces yeux là.

Elle lui lança un regard plein d'amour.

Oui, je te cache certaines choses. Mais je le fais parce que je suis certaine que si tu savais toute la vérité, tu t'inquiéterais pour rien. Fais moi un peu confiance, s'il te plaît.

Et son regard se fit suppliant.

Toujours aussi tendu et crispé, j’attendais une réponse de sa part, même plusieurs réponses, qui pourraient m’éclairer sur ce qu’il venait de se passer. Des messes basses, une histoire d’agression. Tout ceci n’était pas vraiment en adéquation avec sa soirée de prévu chez son cousin. J’en étais sûr. Je ne voulais pas qu’elle me mente. Se tournant vers moi, elle commença donc ses explications et je me mis à l’écoutais attentivement. Elle commença donc par me parler de Renn. Pour tout dire je croyais qu’il s’agissait d’un gars au départ. Puis en y réfléchissant, j’avais entendu cet homme l’appeler Renn. C’est pourquoi j’en étais venu, un peu tard quand même, au fait qu’il s’agissait certainement d’un surnom la concernant. Chose qui s’avérait exacte lorsqu’elle me l’avoua. Je ne pouvais en douter c’est pourquoi j’acquiesçais d’un simple signe de tête.
Avançant vers moi, elle passa délicatement une de ses mains dans mes cheveux alors qu’elle effleura doucement mon visage d’un doigt. Mes yeux se posèrent dans les siens, la regardant intensément, attendant qu’elle continue. Elle avait un regard exceptionnel, magnifique. Elle était tout simplement magnifique. Je l’aimais et j’avais peur qu’il ne lui arrive quelque chose. Cette situation était bizarre et me laissais penser que quelque chose de terrible était arrivée ou était sur le point d’arriver. A ce moment là, alors que je pensais à ça, Serena reprit la parole et m’annonça que je n’avais pas à m’inquiéter, pas pour elle. Qu’elle allait bien et qu’il n’y avait aucune raison de s’inquiéter. Son regard était persistant. Elle essayait de me prouver ce qu’elle disait, de me ranger de son coté, de me faire accepter son point de vue.

« Ne pas m’inquiéter pour toi ? Et pour qui devrais-je m’inquiéter ? Tu es la seule qui compte, celle que j’ai le plus peur de perdre. Je ne peux pas ne pas m’inquiéter, surtout quand je vois des choses comme ça. Tu ne me feras pas croire que rien ne se passe. »

Lui répondis-je d’une voix calme. Du moins, de la voix la plus calme que je pouvais avoir. Mon cœur battait à cent à l’heure. J’avais l’impression qu’il allait explosé ma cage thoracique. D’habitude, j’arrivais à contrôler mes émotions, mais quand il s’agissait de Serena, ces dernières prenaient petit à petit le contrôle de moi. Cette fois ci, je descendis doucement mes mains le long de ses flancs et commença à l’attirer à moi. J’avais besoin d’elle, de son réconfort. Si elle était vraiment sincère, si elle tenait vraiment à me montrer que je n’avais nul besoin de m’inquiéter, elle devait me le montrer. Je l’attirais doucement à moi quand elle parla de la dite agression que j’avais entendu quelques secondes plu tôt. Il s’agissait d’une de ses amies. Une certaine Rebecca. D’après Serena je l’avais déjà croisé chez son cousin Keith. Je me souvenais assez bien de son cousin mais concernant Rebecca, le souvenir était vague. Bref, cette amie venait donc de se faire agresser. Serena me demandait une nouvelle fois de ne pas m’inquiéter, mais là, ça commençait à monter. J’avais confiance en elle et j’étais prêt à lui confier ma vie s’il le fallait. Ce que je demandais en retour s’était qu’elle me fasse aussi confiance. Elle savait bien, plus que quiconque d’ailleurs, ce que je valais et ce que j’étais capable de faire, ne serait-ce que pour elle.
S’approchant un peu plus de moi, elle m’annonça autre chose qui, sans le vouloir fit apparaître un petit sourire sur mes lèvres. Elle voulait certainement détendre l’atmosphère ce qui marcha quelque peu. Elle n’était ni un agent secret ni l’amante d’un autre homme. J’espérais bien. S’approchant encore un peu plus, une de ses mains s’empara de ma nuque alors que l’autre s’enroula doucement autour de ma taille. La prenant dans mes bras, je la laissais s’avancer jusqu’à ce que nos lèvres se rencontrent et que nous échangions un doux baiser.

« J’espère vraiment que tout ira bien pour ton amie. Je te fais confiance, je sais que quoi qu’il arrive tu prendras la bonne décision. Mais je t’en supplie ne fait pas quelque chose qui mettrait ta vie en danger. Si je devais te perdre, je crois que la seule voie qui me resterait serait d’en finir... »

Ces quelques mots furent assez durs à prononcer. Je croyais cependant dur comme fer que Serena n’était pas le genre de personne à faire n’importe quoi ni à tenter quelque chose de suicidaire. Du moins, c’est ce que je croyais. J’étais à mille lieux de m’imaginer ce qu’elle me cachait vraiment. Voulant me convaincre et me soulager de mes doutes concernant les autres hommes, que j’avais de toute façon oubliés, elle m’avoua que j’étais le seul à bénéficier d’un tel regard. Un regard plein d’amour et de tendresse. Je pensais alors qu’il n’était pas obligé d’avoir un tel regard pour coucher avec quelqu’un d’autre. Le sexe n’étant pas synonyme d’amour, tout pouvait arriver. Je gardais cependant cette réflexion pour moi puisque le sujet de cette conversation ne tournait vraiment pas autour de se sujet là. J’en étais pratiquement sûr désormais. Elle m’avoua alors par la suite qu’elle me cachait des choses, des choses qu’elle ne voulait pas m’avouer de peur que je ne m’inquiète pour rien et elle me demandait de lui faire confiance. Elle me le suppliait du regard. Elle savait très bien que je ne pouvais rien lui refuser quand elle faisait ces yeux là. C’est alors, avec un extrême effort que je cédais.

« Je te fais confiance. Vraiment. Mais tu ne pourras m’empêcher d’avoir peur et de me soucier de toi et de ton bien être. Je… »

Je ne savais plus quoi dire. J’avais beau lui faire confiance, il n’en restait pas moins que j’étais terrifié. Je ne sais pas pourquoi mais je sentais que quelque chose de mal aller se produire. Quelque chose de terrible. Une sorte d’intuition peut-être. Les seules fois où j’avais ressentie de telles choses, des membres du clan avaient été tués lors de nos affrontements ou d’une sortie quelconque. Je ne pouvais nier le fait que se genre d’intuition m’arrivait quand quelqu’un que je connaissais risquait un danger. Et en l’occurrence, cela arrivait aujourd’hui alors qu’il se passait quelque chose autour de Serena. Je baissais la tête en y réfléchissant alors que je la gardais toujours dans mes bras, ne voulant la laisser s’en aller…

Elle venait de mentir à Zac. Elle n'en revenait toujours pas. Mentir à Zac, c'était impensable, ou ça aurait dû l'être parce que le mensonge était entré dans son quotidien sans qu'elle ne le veuille vraiment, sans qu'elle ne s'en rende réellement compte. Les mensonges par omission avaient cédés la place aux vrais mensonges, à ceux qu'on dit par amour mais qui nous font mal parce qu'ils sont terriblement réels, quel que soit la raison qui nous a poussé à les dire. Serena se sentait coupable de cacher des choses à cet homme quel aimait tellement.

« J’espère vraiment que tout ira bien pour ton amie. Je te fais confiance, je sais que quoi qu’il arrive tu prendras la bonne décision. Mais je t’en supplie ne fait pas quelque chose qui mettrait ta vie en danger. Si je devais te perdre, je crois que la seule voie qui me resterait serait d’en finir... »

Le coeur de la jeune femme se serra un peu plus. Comment pouvait-il lui dire une chose pareille ? Comment pourrait-elle faire quoi que ce soit d'utile pour la cause qu'elle voulait défendre si elle avait tout le temps la peur au ventre, la peur de le voir faire une bêtise s'il lui arrivait quelque chose. Parce que c'était bien une cause, n'est-ce pas ? Elle se battait bien pour quelque chose même si elle avait un peu oublié ce que c'était... Son amie s'était fait agresser. Elle devait la venger. Et puis il y aurait une autre vengeance, et puis une autre, encore une autre, une aurte encore. Cela ne finirait jamais. Tout cela n'aurait jamais de fin et Serena le savait. Ils le savaient tous.

2ac...

« Je te fais confiance. Vraiment. Mais tu ne pourras m’empêcher d’avoir peur et de me soucier de toi et de ton bien être. Je… »

Il la serrait fort dans ses bras pour ne pas qu'elle s'en aille. Il avait vraiment peur pour elle et Serena était certaine de ne pas le mériter. Toute cette attention qu'il lui portait, tout cet amour qu'il avait pour elle... cela n'avait aucun sens ! Comment pouvait-il... Comment pouvait-elle... Elle lui mentait. Elle se mentait à elle-même, depuis le début, depuis toujours. Il fallait qu'elle dise quelque chose. Cette guerre entre clans n'aurait pas de fin, mais Serena pouvait mettre fin aux mensonges et aux secrets. Elle le devait à Zac, non ? Elle lui devait bien cela après tout ce qu'il avait fait pour elle. Et puis, il l'aimait. N'est-ce pas ? Il ne pourrait pas la détester pour tout ce qu'elle lui avait caché. Elle devait s'en convaincre ou sinon elle n'aurait jamais le courage de tout lui dire. Et là, alors qu'il la tenait contre lui, elle avait juste envie de se taire et de profiter de ce moment.

Zac... je dois te dire quelque chose.

Profiter de ce moment... elle ne le pouvait pas. Elle n'en avait pas réellement le droit. Elle s'écarta de lui, parce qu'elle n'aurait pas supporté que ce soit lui qui s'écarte d'elle, dégouté parce qu'elle allait lui avouer.

Il faut que... je ne peux pas te mentir Zac. J'ai cru... pendant deux ans j'ai cru que je pourrais vivre avec mes mensonges mais je ne peux pas. Je... je t'aime. Je t'aime Zac, et je ne supporte plus de te voir tellement gentil avec moi, tellement attentioné, tellement aimant, tellement parfait, généreux, protecteur avec moi, je... je ne supporte plus tout ça alors que moi je ne fais que te mentir.

Elle pleurait. Sans s'en rendre compte elle avait laissé les larmes couler sur ses joues. Tournant le dos à Zac pour ne pas qu'il la voit pleurer, elle retourna s'asseoir à la table du petit déjeuné. Elle posa ses coudes dessus et enfouie sa tête dans ses mains. Elle n'arrivait même plus à regarder en face l'homme qu'elle aimait, tant elle avait honte. Mais elle ne pouvait pas arrêter maintenant, il fallait qu'elle continue et lui avoue tout.

Tout... tout a commencé quand mon cousin Keith s'est fait agressé, c'était il y a cinq ans. Les Ferguson. A l'époque je... je sortais avec un homme, Richard, et Keith sortait avec Rebecca. On était vraiment amis tous les quatre, on faisait tout ensembles. Richard et Rebecca voulaient prévenir la police, Keith ne voulait pas. Il disait que cela ne ferait qu'envenimer les choses. Mais Rebecca y est allée et les Ferguson sont revenus s'en prendre à Keith.

Serena marqua une pause avant de continuer, pleurant toujours.

Keith... il... il m'a sauvé la vie, Zac. Je lui dois tout. Vraiment tout. Je n'ai pas supporté ce que les Ferguson lui faisaient. Je voulais rester neutre dans cette guerre mais... je t'ai toujours fais croire que je l'étais. Mais c'est faux. Ce soir là j'ai croisé un Ferguson. Et ensuite... ensuite j'étais couverte de sang, couverte de son sang. Je n'ai pas réalisé Zac... je n'ai pas réalisé... Et Richard est arrivé, il... et Rebecca et... et ensuite on a continué tout les trois. Et ça va faire cinq ans.

Elle essaya d'essuyer ses larmes dans les manches de son peignoir mais comme elle pleurait toujours cela ne servait pas à grand chose.

J'ai essayé d'arrêter. Je te jure Zac, que j'ai essayé. Mais il y avait toujours une autre vengeance, une nouvelle attaque à organiser et je ne pouvais pas laisser Richard, Keith et Rebecca. J'ai toujours été fidèle envers eux. Et pas assez envers toi. Je le regrette mais je ne pouvais pas les abandonner. Richard... Richard et moi... c'est un frère pour moi maintenant. Le jour où je t'ai rencontré j'ai compris ce que aimer voulait dire. J'ai compris que je n'aimais pas Richard, j'ai compris que je ne pourrais jamais aimer que toi. Mais je savais aussi que je ne pourrais pas les laisser tomber. Je dois continuer à me battre avec eux Zac, parce que... parce que une partie de moi a besoin de ça.

Quand elle rentrait tard le soir, c'était pour sortir avec eux. Mettre sa vie en danger à leurs côtés. Et elle aimait ça. Cette violence faisait partie d'elle, tout comme son amour pour Zac. Serena ne pensait pas pouvoir se passer de l'un ou de l'autre. Mais c'était à Zac de décider à présent. Pouvait-il aussi aimer cette partie d'elle qu'elle venait de lui dévoiler ? Elle n'osait pas se retourner pour voir sa réaction. Alors elle continua à pleurer, la tête cacher dans ses bras.

Mes bras enlaçaient son corps, la serrant tout contre moi, alors que j’enfouissais doucement ma tête dans ses cheveux, humant son délicieux parfum, et que je sentais son cœur battre contre le miens. Quelque chose se passait dehors, quelque chose dont je n’avais aucune idée mais qui me faisais peur. Peur pour elle, pour sa sécurité. J’aurais pu rester des heures comme cela, en la gardant dans mes bras, si j’avais pu. Si cela pouvait la garder en sécurité. Je n’avais pas envie de la laisser partir mais je savais que de toute façon, je céderais à sa demande, comme toujours. Je ne pouvais la voir me supplier pour faire quelque chose, ça me donnait l’illusion d’être un tortionnaire et je ne voulais pas être ce genre d’homme. Serena était libre de ses choix et de ses gestes. Elle le savait. Je le savais. Là, l’un contre l’autre, j’avais l’impression que plus rien autour ne comptait mise à part nous deux. Tout semblait si bon, si tendre. Mais après quelques minutes, je le senti me repousser lentement en m’annonçant qu’elle avait quelque chose à me dire. Au son de sa voix, je remarquais très clairement qu’il s’agissait de quelque chose d’important. D’important pour elle.

Je la laissais donc prendre du recule et attendis patiemment qu’elle déballe ce qu’elle avait sur le cœur. Elle prit la parole, sans s’arrêter, sans me laisser le temps de prendre la parole, me coupant d’un geste de la main dès que je voulais intervenir. C’est alors que je décidais de ne plus rien faire et de l’écouter jusqu’au bout. Elle devait se libérer de ce qui la rongeait, je le comprenais maintenant. Mensonge, trahison. Voila ce qu’elle se reprochait. Elle se reprochait de m’avoir menti durant ces deux dernières années. De m’avoir caché se qu’elle faisait réellement lors de ses sorties. C’est alors que, s’arrêtant quelques secondes, elle se retourna rapidement, fuyant mon regard et retourna s’asseoir à la table de la cuisine. Enfouissant son visage dans ses mains je compris alors qu’elle commençait à pleurer. Qu’elle avait mal, profondément mal. Je m’avançais alors vers elle, voulant la soulager, la calmer, mais je m’arrêtais à seulement quelques centimètres. La laissant continuer. Elle me parla alors de son passé de Keith, de comment tout avait commencé. Cela faisait cinq ans qu’avec sa bande de copain, ils arpentaient les rues de la ville en quête de Ferguson, en quête de sang même si je pouvais dire ça. Je n’en croyais pas mes oreilles. Moi qui pensais qu’elle était tout à fait neutre dans cette guerre, qu’elle n’avait jamais voulu faire de mal à qui que se soit. Moi qui la pensais faible, qu’elle était une fille fragile que je devais a tout prix protéger. Voila que ce n’était pas le cas. Elle savait se battre de toute évidence puisqu’elle était toujours en vie. Elle continuait à pleurer tout en m’avouant tout ça, toute son histoire. Elle avait l’air de croire que j’allais lui en vouloir. Une partie de moi voulait, mais une autre, plus puissante et plus grande, me poussait à ne pas lui en vouloir. C’est pourquoi j’avançais alors vers elle, dès qu’elle eu fini, grignotant les derniers centimètres qu’il me restait pour la rejoindre, et que je la pris une nouvelle fois dans mes bras. Dos à moi et assise, la tête enfouie dans ses bras, je l’enroulais des miens et lui souffla de ce calmer.

« Calme toi ma puce, je t’en prie. Je déteste te voir dans de tels états. Je… que puis-je dire ? Je n’en sais rien. Tu me prends de court, j’ai le souffle coupé. Une partie de moi pourrait t’en vouloir pour m’avoir caché quelque chose d’aussi important. Mais une autre parti de moi me dit que tout ceci n’est pas grave et que le plus important est que tu sois en vie, aujourd’hui, et là avec moi pour en parler. Je ne t’en veux pas chérie, je te le jure, alors arrête de pleurer s’il te plait. »

Sur ces mots, je la retournais vers moi pour qu’elle me fasse face et pris alors son visage dans mes mains, essuyant ses joues inondaient de larme.

« Je comprends tout à fait le devoir de soutient et de fidélité que tu dois à tes amis. Moi-même je ne laisserai pas tomber mes amis. Je me demande simplement pourquoi tu ne m’en a pas parlé avant ? Tu n’avais pas assez confiance en moi ? Tu sais très bien en plus que j’aurai pu t’aider, je suis prof de sport quand même. Si je peux faire en sorte de t’apprendre quoi que se soit qui puisse te maintenir en vie et faire aussi en sorte d’avoir moins peur pour ta sécurité alors cela me convient. Je serai toujours là pour toi, quoi que tu fasses. »

Je voulais aussi lui dire que j’avais maintenant envie d’aller avec elle, d’être à sa coté dans se genre de situation. Ainsi je pourrai la protéger convenablement. Mais je n’étais plus sûr désormais qu’elle me fasse autant confiance que je pouvais lui en faire pour ma part. je la serrais dans mes bras, attendant une réaction de sa part…