Ce soir ... comme un soir par semaine, j'avais décidé d'aller à la pizzeria. C'était une habitude que j'avais prise depuis maintenant de longs mois ... de longues années. A dire vrai, c'était la seule habitude que j'avais gardée d'une relation qui avait durée près d'une année. Mais pour tout dire, je préférerais ne pas m'étendre sur le sujet. Bref, pour une soirée comme aujourd'hui, il faisait plutôt bon et beau, c'est d'ailleurs pour cette raison que j'avais décidé de me rendre jusque là-bas à pied, je ferais de l'exercice avant de prendre des kilos si je pouvais dire cela ainsi. C'était un bien pour un « mal », bien que le savoureux gout d'une pizza à peine sortie du fou n'était en rien comparable à un mal ... mise à part le fait que cela n'était pas très sain. Sur mon chemin, je ne rencontrais personnes, je m'en réjouissais d'ailleurs un peu plus à chaque minutes qui s'écoulaient. Je rentrerais ainsi plus rapidement chez moi, m'installerais dans le canapé, allumerais le téléviseur sur une film bien romanesque et m'échapperais bien loin de la réalité des choses, de la réalité de cette guerre des clan. Environs dix minutes plus tard, j'arrivais à la pizzeria, je m'étonnais d'ailleurs du peu de monde qu'il y avait ce soir, d'habitude la clientèle était plus abondante. « Bonsoir Kristen » Le vendeur et moi, nous nous connaissions depuis maintenant un long moment qu'entre nous ce n'était plus qu'une question d'amabilité. « Je te met comme d'habitude ? » Il m'offrait avec ses paroles un sourire, sourire que je ne manquais pas de lui rendre. En effet, je ne prenais jamais deux choses différentes. Comme on dit, on ne change pas les habitudes ... qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Ici, j'étais devenue, ce que l'on pourrait qualifiée d'une habituée. La fille qui une fois par semaine vient. La fille qui une fois par semaine commande la même chose. La fille qui une fois par semaine souriait en voyant son pizzaïolo préféré la servir. « Bonsoir Tony » Lui disais-je alors, un sourire sur les lèvres, reprenant par la suite la parole. « Oui ... comme d'habitude ... n'oublies pas le supplément de fromages. » A nouveau il m'offrait un sourire,. Dire que j'étais une fanatique de fromages était un pure mensonge ... la vérité était bien plus grande. Je raffolais du fromage. En entrant dans l'endroit je n'avais pas vraiment fait attention aux personnes qui y étaient, j'avais juste relevé le peu de client présents. Mais j'aurais du faire attention. Sans doute l'aurais-je remarqué ... sans doute qu'une fois de plus j'aurais passé mon chemin le temps qu'il soit parti. « Je vois que tu prends toujours un surplus de fromages ... » Lui apparemment il m'avait repérée. Seigneur ... Je me retournais alors vers le brun ... vers Sean, mon ex petit ami. Cela faisait maintenant trois mois que nous avions rompus ... non ... cela faisait maintenant trois moi que j'avais rompus. Et cela faisait deux mois qu'il avait enfin daigné lâché prise. Les seules fois où nous nous croisions étaient aux réunions du clan Ferguson, et « croiser » était bien le mot adéquat puisque je faisait tout pour l'éviter, pour lui parler le moins possible, la raison étant que je n'aurais pas su quoi dire si je venais à entretenir un semblant de conversation avec lui. Je me serait bien vite trouvée mal à l'aise. Et aujourd'hui le hasard avait voulu que nous venions tous les deux dans cette pizzeria. On disait souvent que le hasard faisait bien les choses, mais il y avait des jours où je venais à douter de cette citation. Reprenant un air certain je décidais de lui répondre. « Tu connais les habitudes ... » Lui disais-je alors d'une voix qui masquait tous ce que j'aurais pu ressentir dans le fond. « On ne les change pas du jour au lendemain. » Je continuais alors de le fixer du regard, jetant de temps à autre des coup d'œil afin de voir quand la commande serait prête.

« Je pensais pas que tu venais toujours ici ... » C'était un fait, je ne pouvais plus me dérober, j'étais coincée. La discution commençait peu à peu à s'installer et moi je ne rêvais que d'une chose. Me cacher dans un trou de souris. Non, Kristen ! Tu es forte, tu n'es pas faible. Et pour le prouver tu vas continuer de lui parler comme la grande fille que tu es ! C'était marrant de voir comment je pouvais me montrer désagréable avec des Attwood alors qu'en face d'un ex petit ami je me montrais complètement désarmée. Et surtout devant lui en particulier. Sur le coup je ne lui répondais que par un sourire peu voire pas du tout certaine de moi. Après quelques secondes de réflexions qui me paressaient une éternité j'ouvrais à nouveau la bouche. « Je pourrais te dire la même chose. » En effet, moi-même je ne pensais pas que lui se rendait toujours dans ce lieu, j'aurais plutôt pensé qu'il l'aurait déserté en repensant aux nombreux souvenirs que nous avions vécus dans cet endroit, en général tous étaient bons. A l'époque nous étions si amoureux, plus rien ne comptait pour nous mis à part la durabilité de notre couple, de notre amour, à ce que notre avenir aurait pu être. Jamais nous aurions pu penser à l'époque qu'on en serait là aujourd'hui. Bref, jamais je n'avais fait attention à sa présence. Jamais je ne m'étais dite en venant ici. « Tiens est-il là ? » Nous ne nous étions jamais croisés auparavant ce qui me convenait parfaitement. Bien sûr, il m'était arrivée de le voir autre part, au détour d'une ruelle, au bout d'un rayon dans un magasin. Mais je l'avais toujours soigneusement évité, depuis deux mois c'était devenu ma spécialité, au point même qu'il ne recevait plus de nouvelles de moi, j'aurais d'ailleurs pu être morte qu'il n'aurait pas été au courant, enfin, c'était une façon de parler bien évidemment. Ne parlons pas de malheur, c'est si fréquent ces derniers temps. Revenons sur terre, à 'instant présent. Au moment où il prononçait quatre mots. « C'est si étrange ... » Sur l'instant, je ne comprenait pas vraiment où il voulait en venir. Qu'est-ce qui était si étrange ? Le fait de venir commander une pizza ? - qui d'ailleurs était prête pour lui – le fait que pour une fois je ne l'éviterais pas ? Où tout simplement le fait que nous parlions tous les deux telles les adultes responsables que nous étions. De nouveau, derrière moi la clochette de la porte d'entrée se mettait à sonner, deux personnes entraient alors me bousculant au passage, riant aux éclats. Elles ne prenaient alors pas la peine de s'excuser, j'allais relever, mais je décidais qu'il était préférable pour ce soir de ravaler mes remarques. « J'avoue ... » C'est quoi ce mot Kristen ? Des paroles digne d'une imbécile de première, tu aurais pu dire « il fait beau aujourd'hui. » que cela aurait été la même chose. Mes yeux se levant au ciel devant tant de stupidité venant de ma part. A nouveau je reposais mon regard sur celui de la personne que j'avais aimé il y a de cela quelques mois. Que j'avais aimé ... avais ... le passé était vraiment le bon temps ? Le présent ne serait-il pas plus juste ? Celui que j'aime ... aime ... cela sonnait nettement plus joli, et on entendais pas une once de mensonge ... peut-être parce que dans ce temps résidait tout de même un peu de vérité. Une vérité qui au fond continuait de faire mal. « Et sinon ... comment est-ce que tu vas ? » Super, voila que j'arrivais sur le terrain des banalités d'usages. « Comment vas-tu ? Quoi de nouveau ? Tu fais quoi de beau ces temps-ci ? Oh super ! »