Peut-être qu'il existe vraiment un livre où tout est déjà écrit. Un livre qui trace notre vie dans les moindres détails, qui pourrait nous livrer tous nos plus grand secrets ; tout ce que nous feront dans le futur. Voilà à quoi je pensais ce soir-là, m'occupant comme je le pouvais avec mes devoirs de Défense contre les Forces du mal. Seulement, j'étais incapable de me concentrer. Mon esprit vagabondait ailleurs, bien loin d'ici. Dans mon passé. Dans mon enfance. Du temps où tout était si facile, tu temps où je n'étais pas à Gryffondor et elle n'était pas à Serpentard. A l'époque où l'on pensait que rien ni personne ne pourrait nous séparer.
Un long soupir s'échappa de mes lèvres. Honnêtement, j'étais bien idiot à l'époque. Heureusement que j'avais changé, que j'étais devenu un autre, un nouvel homme. Je levais les yeux vers l'horloge qui était positionné sur le mur de la salle commune des Gryffondor. Il était passé onze heure et j'étais loin d'avoir terminé mes devoirs. Cependant, j'avais du mal à vraiment m'y mettre. Je ne pouvais cesser de penser à cette époque d'innocence. Je fourrais donc mes affaires dans mon sac, que je montais vite dans le dortoir avant de quitter la salle commune, sous l'oeil des quelques personnes qui étaient installés dans les canapés rouges, devant le feu.

Je ne savais pas ce qui m'avait poussé à sortir à une heure pareille. J'avais sans doute besoin de m'aérer un peu l'esprit, d'aller faire un tour, marcher dans le parc. Avant, j'avais l'habitude de partir du dortoir en douce le soir, pour y voir Passion. Mais tout ceci était terminé. Il n'y avait plus rien entre nous et c'était sans doute définitif. Nous étions bien trop différent l'une de l'autre pour que cela puisse vraiment fonctionner ; nous n'avions pas été envoyés dans deux maisons ennemies pour rien après tout. Elle avait honte de se montrer avec un Gryffondor en public alors que j'aurais aimé m'afficher avec elle. Elle n'hésitait pas à flirter avec un garçon pour me rendre jaloux, alors que j'évitais toutes les filles qui me courraient après -et quelques années auparavant, je les aurait accueillies sans aucun problème. Nous n'avions pas la même vision de notre couple. Et c'est sans doute cela qui contribua à notre séparation. Oui, je l'avais trompée. Je savais ce qu'il adviendrait de notre couple et pourtant, je n'ai pas hésité une seule seconde. Il le fallait, c'était nécessaire pour moi. Une vengeance en quelque sorte. Lui montrer que moi aussi, j'étais capable de lui faire du mal. Que j'étais le seul à pouvoir briser le coeur de cette petit princesse qui a - à mon grand désarroi - toujours pensé avoir le monde entier à ses pieds. Elle devait s'être réveillé à présent et s'être rendu compte que ce n'était pas le cas. Du moins, je l'espérais pour elle. Passion avait été une chouette fille durant son enfance. Certes, elle l'était toujours, mais son sale caractère pouvait être irritant...

Au bout de quelques minutes dans le parc, assis sur un banc, près du lac, je décidais de me lever et de rentrer au dortoir. Je n'avais aucune notion de temps et il devait être tard. Je marchais à pas lents; je n'étais pas vraiment pressé en fait. Tant que je ne me faisais pas remarquer par un préfet - ou pire - par le concierge, je m'en fichais totalement... Je pénétrais dans le hall et montait quelques escaliers avant de me retrouver face à face avec un visage bien connu. Je retins mon souffle quelques secondes et me retint d'écarquiller les yeux, préférant faire comme s'il s'agissait d'une personne tout à fait ordinaire. Passion Sheppers se trouvait là, à quelques centimètres de moi. Aussi jolie que d'habitude, je devais bien me l'avouer. Elle était seule, ce qui était étonnant - j'ai toujours été persuadé que les filles avec lesquelles elle trainait, aussi détestables les unes que les autres, la suivaient partout, même lorsqu'elle enfreignait le règlement. Un peu comme si elles avaient un GPS Passion à porté de main. Mon bon sens me dictait de ne pas lui adresser un mot et de l'ignorer, mais je n'en fis pas ainsi : « Tiens, t'es seule aujourd'hui ? Tu t'es échappée pour voir mon remplaçant ? » De la provocation. Je n'aimais pas particulièrement en utiliser, mais avec Passion c'était différent. J'y étais forcé...