Dylanne contemplait le fond de son verre, du moins elle tentait de le deviner à travers la couleur ambrée de son scotch whisky. Elle n’en avait pas encore prit une seule gorgée mais comme si la boisson avait un effet hypnotique, la demoiselle avait le regard perdu dans l’alcool depuis bientôt une heure. La journée aurait pu être parfaite, la bibliothécaire l’avait rêvé tant de fois que maintenant que le charme était retombée elle n’arrivait pas à croire que son futur, non qu’elle n’en avait plus. Habillée d’un slim marine et d’un joli débardeur beige avec des motifs dentelle, noirs sur le devant, le derrière ce fermait avec un ruban, elle avait aussi chaussé ses plus beaux talons, avant de ses rendre dans l’après-midi à la maison de son enfance. Traverser le quartier des Ferguson avait en soi constitué une épreuve plus ardue que ce que la belle avait jamais pu s’imaginer. Mais sonner chez les Johnson n’avait rien de comparable. Une telle peur lui vrillait le ventre mais en même temps l’excitation la galvanisait plus que jamais. C’était sa mère, Sophia qui avait ouvert la porte. La surprise mais aussi la joie s’était lu si distinctement sur son visage que la combattante avait cru que la partie était gagnée. Qu’avec la paix retrouvée, elle, retrouverait sa famille. Dans un murmure ses lèvres avaient laissé échapper un ‘maman’, les larmes menaçaient de couler, ses bas la démangeait d’embrasser la frêle silhouette de sa mère mais c’était sans compter sur Henry. Imperturbable il s’était présenté à la porte et l’avait refermé sèchement sans un mot pour sa fille, lui faisait clairement comprendre qu’il ne lui avait rien pardonné.

Lynn avait alors cru défaillir devant la porte mais la peur de s’endormir pour l’éternité lui avait donné la force de partir, de fuir plutôt. Il n’y avait pas de mot aussi puissant pour décrire la douleur qui l’avait envahie à ce moment là. Sans la sensation physique d’un rythme cardiaque, la jeune femme aurait pu jurer qu’elle n’avait plus de cœur. Comment avait-elle pu être aussi bête pour croire que son père oublierait tout, qu’il serait heureux de retrouver son enfant après tant d’année. Elle avait été bien naïve. La brunette avait ensuite trouvé un endroit caché et isolé pour laisser libre cours à ses pleurs et alléger un peu sa souffrance. Les gouttes d’eau salée qui coulaient le long de ses joues n’avaient pas eu l’effet cathartique escompté mais au moins ce serait ça en moins à ronger en plus du reste. Et lorsque les larmes s’étaient épuisées, l’ancienne Ferguson s’était relevée tant bien que mal et avait erré dans le centre de la ville. Surprise par la nuit elle s’était rendu compte que ses pas l’avaient entrainé tout près du Louange Bar. Cela faisait une éternité que la demoiselle n’avait pas mit les pieds dans ce type d’établissement et elle décida d’entrer. Ce n’était pas son genre mais pour le coup Dylanne avait besoin d’un verre.

Installée au bar elle avait commandé sa boisson mais ne l’avait toujours pas touché, trop occupé à repassé chaque moment de sa journée en boucle. Cherchant désespérément où elle avait fait une erreur. Ce fut une voix masculine qui la tira de ses sombres pensées. Non sure que l’on s’adressait à elle, la bibliothécaire releva tout de même la tête et se trouva nez à nez avec un jeune homme, brun plutôt agréable à regardé mais dont le regard vitreux indiquait qu’il n’en était pas à son premier verre. Cependant, Lynn pouvait sans problème adhérer à sa déclaration. De toute façon, aussi ironique que cela puisse paraître, la brunette n’avait pas passé une seule bonne soirée depuis que la paix avait été signée entre les deux clans. Attrapant son verre elle le leva vers son interlocuteur et répondit.

« Je ne peux que plussoyer à ça ! »

Puis la jeune femme avala son whisky d’une seule gorgée. Elle apprécia la brûlure sucrée sur sa langue et le fond de palais. Cela avait l’art d’endormir la douleur, comme sur une plaie ouverte et de fait c’était exactement ce dont elle avait besoin. La bibliothécaire reposa bruyamment le contenant et tendis sa main à l’inconnu. Cela non plus ne faisait pas parti de ses habitudes mais ce soir il lui fallait se changer les idées et puisque ce jeune homme se proposait de lui faire un brin de conversation alors autant se montrer polie avec lui.

« Dylanne. »

Ajouta-t-elle simplement à son attention.

Le brun continuait de regarder la jeune femme, elle ne semblait pas non plus dans son assiette. A croire que cette journée n'était pas la meilleure possible, il prit soin de re-commander un verre cette fois-ci légèrement plus corsé, à l'aide d'un alcool venant des pays de l'est. Son esprit virevolta une nouvelle fois vers la proie qu'il tentait en vain d'éviter, Ashley. Il y pensait constamment, et l'idée de la voir avec un autre homme le rendait totalement dingue. Pourtant, cette soirée, peut-etre arriverait-il à oublier ce qu'elle à fait de lui ? Ses yeux bleus et étincellants parcourrirent ceux de la jeune femme en face de lui, et en un sourire il répondit.

- Enchanté Dylanne ! Drew.

Les mots ne suffisaient guerre plus desormais et rien que de penser aux jours qui suivraient, le jeune se sentait de plus en plus mal, et il se haïssait de montrer aux gens, ô combien il pouvait être accablé, il détestait plus que tout ses rares moments de faiblesses. Il tenta de reprendre ses esprits pour observer de plus près la jeune femme, elle avait de très beaux yeux bleus et un teint légèrement matte entouré de longs cheveux noirs. Drew la regarda puis lui fis un petit sourire en coin, le fait qu'elle aussi est passé une mauvaise journée, bien qu'au risque de passer pour un égoïste, le réjouissait. Il savait que dans la vie, toutes personnes sont des acteurs, mais il y a toujours ceux qui ont la vedette, et les autres qui restent derrière, patiemment à attendre qu'un jour, la gloire leur soit rendus.

Il aurait été bête de proposer un verre à la jeune femme, étant donné qu'elle semblait jouer avec son verre et non pas avec son contenu. Drew était tout le contraire, il devait déjà comptabiliser une bonne dose d'alcool dans ses veines, et pourtant elles en demandaient toujours plus, et il restait celui qu'il est toujours, un avide provocateur qui quelques fois pouvaient avoir des sentiments.

- Que me vaut l'honneur de vous rencontrer ?

Il savait déjà d'elle qu'elle était dans le même état que lui, et peut-être avait elle envie d'en parler, de là, tout le choix de la question. Ou simplement était-elle venue ici pour rencontrer un sombre inconnu et tout recommencer ...

Dylanne eut un léger sourire en entendant le prénom de son interlocuteur, encore un D, elle était poursuivie. Un signe du destin pour évoqué son frère disparu peut-être ou bien l’ironie de la vie qui lui montrait que jamais elle ne pourrait se détacher de son passé, parce qu’il y aurait toujours quelque chose ou quelqu’un pour le lui rappeler. C’était incroyable et en même temps un résumé parfait de la journée que la brune venait de passé. Elle avait pourtant tellement cru qu’elle pourrait retrouver une famille aujourd’hui, que sa solitude pourrait prendre fin en même temps que la guerre mais non. Elle s’était bien mit le doigt dans l’œil et maintenant, la bibliothécaire allait faire ce que tout être humain normalement constitué à envie de faire pour oublier ses problèmes, se noyer dans l’alcool.

« Enchantée. Oh je vais prendre la même chose. »

Ajouta-t-elle à l’attention du serveur qui venait de remplir le verre de Drew. Apres un whisky une vodka ne pourrait que lui faire plus de bien. La demoiselle nota le regard de dragueur et même de voyeur que le brun posa sur elle et son corps. Il fallait dire que Lynn avait fait un effort vestimentaire pour se mettre en valeur en ce jour, elle avait voulu laisser la combattante au placard pour n’être que la femme, la fille de ses parents mais c’était un artifice resté sans effet face à la froideur d’Henry et son cœur de pierre. Et comme si l’homme pouvait lire dans ses pensées il demanda à l’ancienne Ferguson ce qu’elle faisait là, pas tout à fait en ces termes mais la réponse restait la même.

« A un père insensible… »

Fit-elle en s’emparant de son verre plein pour le vider d’une traite. Le liquide lui brûla l’œsophage mais la brunette aimait cette sensation car s’en suivait une anesthésie corporelle qui une fois assez profonde faisait de même avec l’esprit. De plus comme la jeune femme n’avait aucunement l’habitude de boire, l’ivresse viendrait rapidement, ce qui était tout à fait son but. Lynn pouvait déjà sentir qu’en tournant la tête un peu trop vite elle pourrait perdre l’équilibre. Alors pour rester concentrer elle encra ses iris couleurs océans dans celle semblable de Drew. Lui non plus n’était pas très frais et la curiosité s’empara de Dylanne qui ne se gêna pas pour lui retourner la question, en zappant au passage la formalité de politesse.

« Et toi, pourquoi tu es dans cet état ? »

Cela ne servait à rien de rester au vouvoiement, déjà parce que pour une personne imbibé c’était plus dur et ensuite cela ne servait à rien de faire des manières. Ils étaient tous les deux assez mal pour se cuiter sans remords, alors pourquoi avoir des égards pour l’étiquette. En attendant une réponse, la brunette fit signe au barman de remplir encore une fois son verre.

L'homme semblait fixer la jeune femme, elle venait à son tour de commander une vodka, et il fut étonné. La plupart des femmes dansaient, buvant de temps en temps une sangria, ou quelque chose qui n'atteindrait en rien leurs faits, et mimant d'être bourrée par la suite. Drew ne supportait pas ce genre de femme. Il fut heureux de découvrir, cette Dylanne, qui semblait tout comme lui, noyer son chagrin dans l'alcool. Elle descendit d'une traite sa vodka, et il fit de même, en re-commandant instantanemment un autre shooter. Il avait l'habitude de boire, à vrai dire c'était la seule chose qu'il faisait en ce moment, il passait ses journées à boire toutes sortes de substances, et, se faisait engueuler par sa meilleure amie, Kat' lorsqu'elle le découvrait. Il ne prit néanmoins pas soin d'y apporter attention, il savait qu'elle le tuerait si elle était là, mais il y avait peu de chances pour lesquelles il l'a retrouve ici ce soir, et même, elle savait ce qu'il traversait à cause d'Ashley. Comment devait-il résumer la situation ? Il y a huit ans il avait tué un homme, un de ces Attwood, qui draguait sa petite copine, Ashley. Malheureusement tout avait mal tourné, et très vite, un corps plein de sang, gisait dans les mains du beau brun. Il fut donc contraint de partir dans la nuit-même, sans aucunes poursuites judiciaires. Huit ans s'étaient écoulés, et jamais il n'avait cessé de penser à Ahsley. Après le droit de revenir en ville, il prit soin de découvrir, deux mois après son retour, que celle-ci s'était mariée avec ... son meilleur ami ! Il avait d'abord pété littéralement un câble, parce que les deux jeunes le lui avaient cachés. Puis, il fallait avouer, qu'il ne voulait pas qu'elle souffre de son comportement, et il essayait de s'éloigner d'elle, mais rien n'y faisait. Il reprit vite ses esprits lorsque la jeune femme trinqua, à un père insensible, le jeune ne pu s'empêcher de sur-enchérir :

- A une vie insensible ...

La vie n'était pas toujours rose, et il fallait avouer que ces derniers temps, en effet, elle avait plus pour habitude d'être noire. Malgré tous ses amis et ses coups d'un soir, il manquait quelque chose dans le vie du jeune. De la nouveauté, quelque chose de frais. Il prit néanmoins soin de répondre à la jeune femme, qu'il scruta des les yeux :

- L'habitude. dit-il en souriant et mimant un ivrogne. Plus sincèrement, mon coeur, que je pensais inexistant est brisé en morceaux. Et boire, est la seule douleur qui me permette de me faire sentir vivant ... et humain !

C'était vrai, chaque fois qu'il se faisait frapper, il aimait ça. Le sang , la douleur. C'était bien encore la seule chose qui pouvait lui faire ressentir un sentiment. Il avait toujours travaillé pour ne rien ressentir, et au bout du compte, c'est lui qui souffrait le plus, il n'était que le figurant sur la liste. Il prit soin d'ajouter un petit "et toi" afin de savoir ce que la femme faisait ici, et visiblement elle tournait vite de la tête, ce n'était pas une habituée. Elle avait donc dû vivre quelque chose d'assez éprouvant, mais qu'en était-il ?

Dylanne devait avouer qu’elle se trouvait déstabilisée par la présence de Drew et par ce qu’il pouvait lui dire, évidement avec sa journée et son passé en général, la brune ne pouvait que trinquer avec lui à une vie insensible. Cette dernière n’était pas été tendre avec la combattante et le futur ne s’annonçait pas plus joyeux. Pour toujours coincée derrière un bureau à tenter de faire aimer les livres à des adolescents dégénérés. Regarder l’homme dont elle était imperceptiblement tombée amoureuse faire sa vie et se construire un avenir alors que le sien s’enfonçait dans les profondeurs des ténèbres. Lynn se retrouvait tout à fait dans les mots du jeune homme. La douleur bien que gênante prouvait au moins qu’ils étaient toujours vivant. Et visiblement le brun aussi aimait une femme qui ne partageait pas ses sentiments. Comme une moquerie supplémentaire de la vie, dans le bar, les enceintes diffusaient cette célèbre chanson de jazz sur un amour perdu. Quelle merde !

« Moi j’ai perdu ma famille aujourd’hui, je n’ai donc plus aucune raison de continuer à vivre…je ne sais même pas pourquoi je me donne de la peine de respirer en ce moment. »

Sur ces mots la bibliothécaire avala sa seconde vodka et troisième verre. Elle pouvait sentir le sang battre dans ses tempes et la pièce qui commençait à tourner un peu. L’alcool faisait son office et si elle essayait de se lever là tout de suite, la jeune femme s’écroulerait probablement. C’était un des avantages de ne pas boire d’alcool, le jour où l’on décidait de s’y mettre les effets venaient tout de suite et il était facile de s’abandonner à la sensation de flottement, à l’hilarité qui pouvait parfois nous prendre ou bien n’importe qu’elle autre sentiment qui nous fait envie à ce moment là. Pour la demoiselle, elle ne savait pas trop, entre rester et reprendre un verre ou attraper sa veste et rentrer chez elle. Encore aurait-il fallu que Dylanne possède une veste pour cela. De toute manière que ferait de plus la combattante une fois à son appartement ? Contempler son arme en se demandant si son cerveau ferait une belle tâche sur le mur, non mieux valait repasser commande. Elle fit signe au barman qui fit d’ailleurs la grimace en la resservant.

« Je crois qu’il ne voudra bientôt plus m’abreuver. »

Déclara la brunette en descendant sa vodka. Elle avait oublié à quel point les bars de ce côté de la ville n’étaient pas drôle. Pourquoi refuser de gagner plus de d’argent par simple question moral. Ce n’était pas comme si Dylanne allait prendre le volant ensuite elle n’avait pas de voiture. Au pire avec les baies vitrées ouvertes et l’odeur de l’iode qui pénétrait dans le bâtiment, la jeune femme n’était pas contre un bain de mer ensuite. Elle adorait l’eau après tout et sentir les sables sous ses pieds ne serait que positif pour son moral. Cependant comme elle ne voulait plus rester seule ce soir-là et que la compagnie de Drew ne lui était pas désagréable, elle ne montra aucune volonté de partir. Cela pouvait aussi être marrant de résister au gorille qui voudrait la mettre dehors. Niveau connerie Lynn n’était plus à ça près, la première et la plus grosse avait été d’aller voir ses parents, la seconde avaler son whisky, désormais un peu plus ou un peu moins, cela n’avait plus d’importance, la brune était assise sur le trône de la stupidité.

L'homme écoutait la jeune femme qui semblait à un point désespéré, comme il n'avait jamais vu. Pourtant lui était comme ça tous les jours, mais cela lui faisait mal de se dire que certaines personnes devenaient comme lui avec le temps, des éternels blessé, les figurants à la longue liste d'attente qu'était la vie. Néanmoins, il était impossible que la jeune femme veuille arrêter de vivre, il ouvrit grand les yeux, la regardant bien droit dans ses iris, avant de lancer :

- Tu trouveras une autre raison de vivre, et un jour lorsque tu ne t'y attendras plus, c'est ta famille qui reviendra, ce jour là tu sera libre, le monde sera à toi.

Drew savait pertinemment ce que faisait ce sentiment, il ne lui était jamais venu, mais il savait qu'un jour il viendrait. La première chose à faire était d'être patiente, car le temps pouvait se permettre d'être long comme court. Son regard ne se détacha pas de celui de la femme, il scrutait ses beaux yeux et se disait qu'une jeune fille qui avait l'air si attachante ne méritait en rien ce qui lui arrivait. Il continua d'écouter le discours que la jeune femme prononça et il s'attarda sur le fait que son père était un vrai connard. Alors, elle semblait boire pour oublier cette douleur, qui de toutes évidences semblait conséquente dans sa vie. Alors il voulu faire quelque chose que jamais il ne ferait à quelqu'un, c'était bien le genre de typer, salop et manipulateur, mais lorsqu'il rencontrait des gens réellement blesser, pas des gens qui osent pleurer de ne plus avoir d'argent, alors que le garde-robe était pleine, il savait que cette femme était bien, et il voulait faire quelque chose de spécial, une nuit spécial. Il voulait l'emmener dans un coin qu'il aimait, là où il venait toujours pour se changer les idées, il lui lança simplement :

- Viens avec moi.

A ces mots il se leva, prit sa veste et avala son dernier shooter d'un coup sec, il l’amènerait à la petite crique inconnue où il avait pour habitude de penser, les pieds dans l'eau, et l'aube du soleil se reflétant doucement sur son visage, il aimait cet endroit parce que personne ne le connaissait et qu'en toute sa vie, il n'y avait jamais vu personne, il voulait partager ça avec quelqu'un ... qui retentais les mêmes choses que lui.

Dylanne eut un sourire triste en soutenant le regard de Drew. Elle pouvait même sentir une petite larme perler au coin de son œil. Ses globes oculaires devaient de toute façon être déjà très vitreux à cause de l’alcool. C’était peut-être aussi à cause de cela que le brun lui donnait l’air d’être un garçon sensible alors que toute son allure criait le contraire. Il arrivait dans un bar déjà totalement fait, il avait ce sourire charmeur qui le faisait passer pour un tombeur. Cependant il lui avait déjà révélé avoir connu aussi les affres de la vie. Son cœur était brisé tout comme celui de la jeune femme. Ils en étaient au même point, boire pour oublier, pour masquer la souffrance. Lynn avait pourtant condamné ce type d’agissement il y a longtemps. Pour la demoiselle, seuls les faibles et les fous avaient recours à ce moyen. Pour elle ce n’était pas le moyen, la solution, il ne pouvait rien arriver de bon avec l’alcool. Et pourtant, l’ancienne Ferguson lui trouvait désormais une certaine facilité. L’ivresse représentait un peu une sorte de limbe ou plus rien ne l’atteignait, et cela aussi c’était grisant.

Les quelques mots que venait de lui adresser le jeune homme étaient cependant empli d’un message d’espoir. Mais la combattante ne pouvait pas dire qu’elle était d’accord. Elle restait admirative de l’optimisme dont Drew faisait preuve mais il était évident qu’il ne connaissait pas Henry, et c’était tant mieux pour lui, mais c’était impossible qu’il change un jour d’avis. Dylanne était ce soir officiellement orphelin et ce pour le reste de sa vie. Qu’elle ne voyait plus très longue de toute façon. Pour toute réponse, la brunette émit un petit son, une sorte de merci ronflant, le mieux qu’elle puisse faire avec son ébriété. Elle ne pouvait rien articuler, la situation ne le lui permettait pas. Soudain le brun se leva et enfila son manteau, Lynn cru qu’il allait l’abandonner mais il lui proposa de le suivre. Comme lui, la demoiselle vida son verre et se leva, malheureusement elle trébucha quelque peu et manqua de s’écrouler sur son interlocuteur. Son rire bourré résonna doucement dans le bar.

« Oops, pardon. Et sinon on va où ? »

En effet Dylanne n’était pas contre une petite balade, prendre un peu l’air ne pourrait lui faire que du bien, mais il ne faudrait pas que cela soit trop loin ou trop difficile d’accès, elle n’était plus très stable sur ses escarpins. Sans gêne, Lynn n’hésita pas à prendre appuis au bras de Drew et à s’appuyer sur lui. Elle avait beau avoir mit le pied à l’étrier alcoolique dès le pacte de paix dans la ville, la bibliothécaire n’en était pas moins peu résistance aux effluves. Cependant comme elle ne voulait pas rester seule cette nuit, la brune était prête à suivre Drew jusqu’au bout de la nuit. D’autant qu’il se montrait gentil, aimable et d’un certains soutient à son égard pour qu’elle le lâche.

« J’espère qu’on pourra encore boire ! J’ai bien envie de champagne pas toi ? »

Dans cet esprit, Lynn, se tourna vers le bar et leva le bras à l’attention du serveur, ils pouvaient bien prendre une bouteille avant de partir. La jeune femme sourit alors comme une enfant, très excité de ce qu’il pourrait se passer ensuite. Être triste ne lui apporterait rien de plus, et la combattante en avait assez de se morfondre. Il lui fallait des bulles pour que sa vie pétille aussi.

Le jeune homme appréciait de plus en plus la petite brune. Il était vrai que dans d'autre circonstances il aurait détesté ce genre de fille. Il détestait toutes les personnes qui montraient leurs sentiments, et de plus, ceux qui était malheureux. Il avait toujours était persuadé que le malheur n'arrivait toujours qu'aux gens qui le méritaient, mais avec un peu de maturité, et une dingue envie d'arrêter de jouer avec la vie. Alors, il aimait cette femme, car il était dans la même situation, imbus d'eux-même, mais malheureux. Malheureux comme jamais ils n'auraient pu l'être. Alors, il toucha doucement la main de la jeune femme qui était déposé sur le bar, il savait qu'elle ne le prendrait pas mal, ce n'était pas encore une de ses techniques de drague, mais plutôt une façon indirecte de dire : Je suis là. Certes, pour des personnes extérieur qui regardaient la situation, les gens penseraient surement qu'il s'agissait de fous, mais il s'en foutait, il voulait simplement profiter de sa soirée, et boire à la santé d'une belle rencontre.

Alors le jeune homme se leva, plus que motivé à lui montrer cette fameuse crique. Il se leva, non pas sans difficultés, mais il fallait avouer qu'il avait l'habitude d'être bourré, ou plutôt comme il le prétendait ; dans un autre monde. Une fois levé, il eu du mal à percevoir que la jeune femme lui tomba dessus et il peina à la rattraper, mais il réussi. Il se rendit compte alors, que leurs visage étaient vraiment très près, mais pourtant il n'en était pas gêné pour autant, ses yeux étaient ancrés dans ceux de la jeune femme, et il n'arrivait pas à dé-soutenir se regard. Il lui tendit alors la main, pour qu'elle tente de se relever et ria lentement.

- Quelque part.

Il ne voulait pas préciser, elle verrait déjà, il voulait être seul avec elle, et surtout qu'elle puisse profiter de ce magnifique paysage, les pieds légèrement dans l'eau, coupé du monde, n'ayant que la vue sur l'océan, et le sable se glissant entre leurs doigts de pieds. Alors il lui souria simplement en guise de réponse, et il ne pu s'empêcher de penser que l'idée de son ami, de prendre une bouteille de champagne était excellente. Mais une ne suffirai pas. Il sortit un billet de 100 dollars de sa poche, avant de le poser sur le contoir et de dire :

- Quatre bouteilles de champagne, et ... gardez la monnaie.

Il aimait faire ça aux gens, les mettre dans l'embarras, et le serveur le regarda avec un air de dégoût. Oui, il disposait d'un peu d'argent, mais il n'aimait pas le montrer, mais il avait bien vu que le serveur relooké Dylanne avec une insistance, alors il voulait, pour rire, lui faire comprendre que cette soirée serait à lui. Il lui prit la main, non pas dans une vague sentimentale, mais il savait qu'elle avait du mal à marcher droit, et l'endroit n'était pas la porte d'à côté. Il prit alors une mou joyeuse, pour tenter de la faire sourire et l’emmena alors en dehors de la boite de nuit.

Il était alors seulement minuit, et il portait à main nu les quatre bouteilles. Sa main était toujours collé à celle de la jeune femme, et ils étaient alors désormais dehors, déjà les étoiles et la lune brillait de mille feu, il prit une grande inspiration, bien que déjà imbibé d'alcool.

Dylanne rigola doucement en voyant le barman approcher avec son air renfrogner. Pourquoi travailler dans un club si on ne supporte pas les gens ivre, cela la dépassait mais elle fut pour le moins émerveillée lorsque Drew posa son billet de cent sur le comptoir et commanda plusieurs bouteilles de champagne. Bien que le quartier soit riche, Lynn n’avait pas supposé qu’elle puisse être abordée par un type qui serait plein aux as. Elle avait prit l’habitude de ses voisins avec leur modeste revenu, les siens ne volant eux aussi pas très haut. La brune avait fini par oublier ce que c’était que d’avoir de l’argent et de pouvoir dépenser sans compter, même pour ça elle n’avait pas de chance. En perdant sa famille, la jeune femme avait aussi abandonné ses chances de redevenir fortunée et de ne plus se soucier de rien. Encore une chose de plus qu’elle pourrait oublier dans l’alcool.

Concentrée sur ses problèmes, l’ancienne Ferguson n’avait même pas vu que le serveur pouvait montrer de l’intérêt pour son corps, elle ne se voyait pas faire de folie avec de toute façon. Ivre comme elle l’était, la brunette ne saurait même pas capable de faire quoi que ce soit, même aidé de bougie et d’une musique romantique. Cela ne l’empêcha cependant pas de répondre à son compagnon en enlaçant ses doigts avec les siens alors qu’ils sortaient du bar. La demoiselle n’avait aucune idée de où ils allaient maintenant mais elle s’en moquait un peu, Drew avait les bouteilles à la main et la direction en tête. Dans un combat la bibliothécaire aurait été totalement à sa merci. Encore une chose qui ne se passerait plus, sauf si la jeune femme décidait de chercher la bagarre à quelqu’un, en soi ce ne devrait pas être si difficile suivant le quartier et le type de bar.

« Vivement qu’on arrive j’ai soif et j’ai mal aux pieds ! »

En terminant sa phrase, Lynn arrêta sa marche e se décrocha du brun pour retirer ses chaussures. Elle perdit une petite dizaine de centimètre ce qui la fit rire. Dylanne n’était pas petite mais ce n’était pas une géante non plus mais elle aimait bien la différence de taille avec un homme, devoir lever la tête pour l’embrasser ou bien sentir son bras sur ses épaules sans qu’il ait besoin de faire un effort. Se sentir protéger en compagnon de son fiancé était quelque chose que Lynn avait toujours rechercher chez ses petits copains, malheureusement, cela n’avait jamais rien donné pour elle. En y réfléchissant à part cette petite séquence sur caméra qui montrait son copain de lycée faire une déclaration enflammée, la jeune femme ne connaissait pas les relations sérieuse. Les amourettes et les coups d’un soir mais avec une certaine personne, elle n’était jamais tombée véritablement amoureuse, et n’avait jamais vécu une histoire sérieuse avec un garçon. A son âge c’était pathétique.

« Il y a au moins un avantage à mon c*nnard de père, il m’aura permit de te rencontrer ce soir. »

Tout en disant cela, sa tête avait dansé comme si elle tentait de s’échapper, l’alcool lui tournait l’esprit et Lynn n’était plus vraiment capable de marcher droit, cependant elle pensait ce qu’elle venait de dire. Drew malgré ses airs de dragueur lui semblait doux et attentif à ses besoins. Ce n’était pas le prince charmant mais là tout de suite il lui faisait du bien, même si elle ne le revoyait jamais après cela ou que la brunette ne se souvenait pas de la moitié de la soirée le lendemain matin, elle aurait passé un bon moment.

Dylanne ne remarqua pas le moment d’inattention dont Drew fit preuve le temps qu’elle repose ses pieds. Elle pensa simplement qu’il en avait assez de l’attendre quand il proposa de se remettre en route. La jeune femme garda ses chaussures à la main et se redressa tant bien que mal. Elle qui d’ordinaire possédait la grâce d’un chat, elle tenait cette nuit là plus de l’hippopotame qu’autre chose. Pour s’aider elle reprit le bras de son compagnon et le suivit à travers l’obscurité. Lynn n’avait pas peur, de toute façon son esprit était bien trop embué pour penser à ce type de chose. Tout ce qui lui importait était de se poser tranquillement dans l’air frais avant de vomir. Ce ne serait pas très classe et ensuite cela gâcherait le reste de la soirée. Enfin elle sentit les fins grains de sable blanc sous se pieds et prit le temps d’admirer ce paysage presque magique. Comment croire qu’un tableau aussi simple et serein existait à Volusia et surtout qu’il aurait le pouvoir d’apaiser la blessure de son cœur.

Puis le brun montra la bouteille en demandant s’ils étaient bons pour commencer leur petite fête privée. Le bibliothécaire ne se le fit pas dire deux fois. Elle jeta ses talons par terre et attrapa une des bouteilles de champagne qu’elle commença à agiter violemment tout en courant vers la mer. La demoiselle dû un peu lutter pour retirer l’aluminium doré ainsi que la cage de fer du bouchon mais dès que le morceau de liège fut libre il s’envola pour atterrir dans un plouf monotone dans l’eau salé tandis que le champagne mousseuse fusait hors de son contenant, aspergeant la brunette au passage. Son rire joyeux résonnait dans le lagon et quand enfin le torrent de pétillant stoppa, l’ancienne Ferguson porta la bouteille à ses lèvres pour en prendre une gorgée.

« Tu avais raison c’est bien mieux qu’au bar ! Aller viens avec moi ! »

La jeune femme reprit un peu de champagne et fit un geste de la main pour que Drew vienne lui aussi mettre les pieds dans l’eau. L’écume lui chatouillait les chevilles, c’était agréable. Déjà de jour, Dylanne adorait aller à la plage, même si en dévoilant son corps elle exposait ses nombreuses cicatrices. Là elle n’était pas en maillot et détrempait donc son jean mais elle s’en fichait. Rien ne pourrait lui faire plus mal que la brûlure que son père lui avait infligé cette après-midi là. Et si Lynn se trouvait en ce moment même avec un parfait inconnu, totalement ivre sur une plage, c’était pour ne plus penser à ce mal qui la rongeait.

Ils était enfin arrivés, et il fallait que le paysage était encore plus beau que ce que le souvenir de Drew projetait. L'eau était calme, et semblait bonne. La lune se reflétait en un blanc éclatant dans la mer calme, et les rochers les entourés, laissant une simple allée de sable. Il tendit alors une bouteille à la jeune femme, qui de toutes évidences ne se faisait pas prier, il adorait déjà cette fille. Elle semblait souffrir autant que lui, et la simple idée qu'elle aimait s'amuser le faisait sourire. C'était tellement rare des gens qui cherchait simplement une bonne soirée, au lieu de se prendre la tête. Il ouvrit alors aussi une deuxième bouteille, laissant le bouchon plonger en un bruit clair, dans l'eau foncé, et bu cul-sec une bonne moitié de la bouteille, il était bien éméché. Pourtant il avait l'habitude de boire pour oublier la douleur, donc il n'était que rarement bourré, mais ce soir, il avait forcé, et il aimait ça.

La jeune femme laissait ses pieds prendre l'eau, une bouteille à la main, et faisait un geste à Drew de la rejoindre. Il enleva son T-shirt, et en quelques secondes couru vers la jeune femme, la jetant à l'eau, et prenant garde qu'elle ne se fasse pas mal. Ils étaient désormais bourrés, et trempés. Pourtant le jeune brun ne pouvait s'empêcher d'exploser de rire, ses yeux bleus luisait à la lune, il adorait cet endroit. Il savait qu'il aimerait être ami avec la jeune, être calme la journée et être une autre personne la nuit, il se ressemblait bizarrement, pourtant sans trop se ressembler, ils étaient plus les opposés, et pourtant ils s'attiraient. Drew, regardait la jeune femme sans pouvoir décoller son regard, il ne voulait pas qu'elle devienne son amant ou quoi que ce soit, mais il savait qu'ils pourraient être amis, comme ça il pourrait partager leur peine le jour, et faire la fête la nuit. Néanmoins il fallait vivre l'instant présent et il ôta de sa tête toute idée d'un lendemain pour se concentré sur le présent.

L'eau était délicieusement bonne, malgré les apparences. Il prit le reste de la bouteille qu'il avait entamé, pour le finir d'une traite, voulant entraîner la jeune femme dans son envie. Il se releva car son corps était perdu dans l'eau. Il aimait le contact du sable blanc dans l'eau glissant dans ses doigts de pied.

« Quelle soirée, absollument divine ! »

Il fut pris d'un rire strident, il ne savait plus ce qu'il disait pourtant il savait qu'il le pensait assez fort. Il eut juste le temps de profiter du soleil qui revenait à petit pas, et revint sur la plage regarder l'heure. Il était quatre heure du matin, déjà ! Le temps était passé à une vitesse plus qu'affolante, ou alors ils avaient étaient lents à marcher, les deux étaient bien probable, mais qu'importe, lui avait le temps, peut-être elle voudrait partir, mais dans cet état, il aurait était possible qu'il la raccompagne, tel un gentleman.

Dylanne qui n’avait pas hésité à foncer dans l’eau totalement habillée fut quelque peu étonnée que Drew prenne, lui, le temps de retirer son haut. Pas qu’elle s’en plaigne car la vue qu’il lui offrit alors valait le détour mais elle se rendit alors compte qu’il supportait probablement bien mieux l’alcool que ce que l’ancienne Ferguson pouvait imaginer pour sa personne. Il fallait dire qu’en temps normal Lynn ne buvait pas, alors forcément chez elle cela faisait des ravages au moindre verre. Elle se sentait comme un braqueur qui sait qu’il ne sortira jamais de la banque avec l’argent, piégé, par le moment, par le jeune homme et surtout par le champagne qui coulait maintenant dans ses veines. Mais la sensation n’était pas négative, c’était plus comme d’être dans un cocon dont on ne veut pas sortir.

Ainsi perdue dans ses pensées, la brunette fut frappée de plein fouet par Drew qui la renversa aussi facilement qu’une quille. Surprise, Lynn fut incapable de résister et de toute façon elle n’en avait pas envie, elle tomba dans un éclat de rire en faisait cependant bien attention à ne pas lâcher sa bouteille ou à la retourner. Son compagnon rirait lui aussi à gorge déployée et l’on pouvait entendre dans les sons qu’ils étaient totalement ivres. La bibliothécaire suivit son mouvement et porta de nouveau le récipient du champagne à sa bouche pour en prendre une bonne dose. Drew se releva mais Dylanne décida de rester encore un peu dans l’eau. Elle aimait être ballottée par les vagues, se sentir un peu en flottement. Si la jeune femme décidait un jour de mettre fin à sa vie, elle irait reposer au fond des eaux. Mais ce n’était pas le moment de penser à cela, pas quand son compagnon pour la soirée lui annonçait qu’il passait un excellent moment. Et il avait raison. La demoiselle se redressa à son tour en finissant son pétillant et répondit.

« Je trouve aussi ! Et dire qu’à la base je détestais cette soirée. Mais je voudrais en passer pleins d’autres comme ça…avec toi ! »

Pleine comme un sac, la brune n’avait pas honte d’avouer que si elle passait une bonne nuit c’était aussi dû à la présence de Drew à ses côtés. Il faudrait qu’il existe en version portative qu’elle pourrait glisser dans son sac et sortir au moindre coup de déprime. Doucement, la combattante revint vers le rivage et se traina jusqu’au côté de son compagnon d’infortune et lui sourit. Au loin on pouvait apercevoir le soleil dans la ligne d’horizon, la nuit devait être très avancée mais elle ne ressentait aucune fatigue, elle voulait boire et ne plus penser à rien d’autre pour le reste de sa vie.

« Il nous manque juste un feu et des marshmallow pour que le tableau soit parfois ! J’ai toujours voulu savoir ce que ça faisait un rendez-vous romantique sur la plage. »

Il n’y avait pas sous-entendu dans les mots de la demoiselle, elle oralisait simplement ce qui lui passait par la tête. Son passif avec les hommes n’était pas des plus brillants alors forcément ses expériences ne l’était pas non plus. Il fallait dire que Lynn avait toujours eut mieux à faire que de flirter avec les garçons et leur mettre le feu. Sa vengeance occupait son esprit et ne laissait de la place pour rien d’autre. Aujourd’hui ce pour quoi Dylanne avait tant sacrifié n’avait plus aucun sens et rendait son existence même inutile. Sur cette sombre pensée, la jeune femme vida sa bouteille de champagne d’une traite.