Cela faisait près d'une semaine que Cyrielle était arrivée à Toronto. En réalité, cela faisait neuf jours qu'elle n'était plus la créature que l'on nommait 'ange'. Ayant appris ce qui se tramait du côté de Joaquin, elle a préféré quitter les Cieux, ne voulant pas se mêler de toutes ces brouilles qu'elle exécrait. Elle n'avait jamais vraiment aimé Joaquin, elle préférait la douceur d'Adriel. Elle ne le connaissait pas beaucoup, elle le croisait par moments lors de missions sur Terre, rien de plus. Mais elle ressentait un grand respect pour lui, cette volonté de sauver les humains, cet altruisme dont elle faisait également preuve. Il y a donc une semaine, elle descendait sur Terre, toute seule comme une grande, dans l'espoir de retrouver Adriel, qu'elle savait au Canada. Heureusement pour elle, son voyage fut de courte durée car elle arriva directement à Chicago, qui est tout près de la frontière. Elle connaissait cette grande ville, elle avait un protégé là-bas, mais n'y était jamais retourné depuis. Elle du quitter la ville bien rapidement, l'armée des anges destructeurs approchait. Et dire qu'elle en connaissait certains. Elle était déçue, oui déçue que certains de ses amis ou connaissances suivent Joaquin dans sa folie. Mais l'heure n'était pas à se lamenter, il fallait sauver sa peau. Et maintenant, la jeune femme rousse était devenue mortelle. Cela lui faisait vraiment tout drôle, elle ressentait des sentiments, elle était triste, elle avait faim et surtout elle était fatiguée !

Sa fatigue a d'ailleurs eu raison d'elle. En effet, la fatigue l'ayant surprise, elle s'est réveillée en sursaut dans une voiture dans laquelle elle était montée en auto-stop. Le conducteur voulait la mettre dehors et c'est ce qu'il fit sans ménagement d'ailleurs avec un petit rire sec en la reluquant de bas en haut. La jeune femme haussa les épaules et continua la route, cette fois à pied. Le chemin n'était plus très long. Mais c'était trop tard. Arrivée à Toronto, un réfugié lui appris que des barricades avaient été dressées, la ville s'était renfermée sur elle-même, il était impossible d'y rentrer. Cyrielle eut un moment de tristesse, elle n'avait plus du tout le moral. Elle ne savait même pas où était Adriel, s'il était dans la ville ou en banlieue. Mais Toronto était grand ! Allez trouver un mortel qui se cache des siens avec un livre divin ! C'était presque impossible. Elle passa une journée entière à errer, ne sachant plus quoi faire. A croire que sa mission était déjà terminée. Elle se sentait plus utile lorsqu'elle était Ange gardien. Mais ce fut lors de cette journée qu'elle fit une rencontre surprenante. En réalité, ce fut la meilleure rencontre qu'elle n'eut faite, la rencontre inespérée...

Nous voilà donc une semaine après l'arrivée de Cyrielle, le moral était revenu même si la faim et le sommeil était toujours très présent. Elle se baladait souvent près des barricades espérant trouver un minuscule trou de souris pour passer en ville. Il faut dire que la vie est meilleure là-bas. Les mortels ont de quoi manger, ils ont un salaire... Ici, on crevait de faim et on dormait à même le sol, quelle joie ! Cette journée là, Cyrielle faisait son tour habituel près des barricades lorsqu'elle arriva près d'un tas de ruines où était adossée une personne qu'elle connaissait plutôt bien. A vrai dire c'était la seule personne qu'elle connaissait dans cette ville. C'était un beau jeune homme, un beau black il faut le dire, qu'elle connaissait depuis vraiment très longtemps. En effet, il était l'un des siens. Était ? Et oui, ce fut l'un des rares Anges à couper ses ailes, bien avant le coup d'État de Joaquin. Elle n'avait pas compris son acte mais après tout les mortels suscitaient un tel intérêt chez Cyrielle, que peu à peu le choix d'Ozias était compréhensible pour elle. Elle s'approchait de l'ancien ange qui releva la tête et lui lança un sourire dont il avait le secret.

OZIAS : J'étais entrain de me dire qu'avec un peu d'élan et un peu de chance, en sautant assez haut, nos ailes viendraient à notre secours comme par magie pour nous porter de l'autre coté…

La jeune femme se mit à sourire, et même à rire, pour la première fois depuis longtemps. Si quelqu'un était là à les écouter, personne ne comprendrait ce de quoi ils parlaient. Mais eux, se comprenaient. Elle s'assit alors à ses côtés, il semblait vouloir lui parler. Il est vrai que les jours précédents ils n'eurent pas vraiment le temps de parler, le meilleur ami d'Ozias était un mortel.

OZIAS : T'as trouvé de quoi te loger et vivre dans ce chaos ? Shad est parti faire un petit tour de garde et de recherche pour nous, si t'as rien on devrait pouvoir te trouver une petite place…

Elle secoua la tête négativement

Non je n'ai encore rien trouvé, les appartements sont pris d'assauts par les familles de réfugiés. Après je ne sais pas, je cherche encore. En tout cas merci de proposer ton aide, c'est gentil !

Elle lui envoya un petit sourire et soupira légèrement. La vie de mortel était compliquée.

Comment t'es-tu habitué à cette vie ? Je t'admire à ce niveau là !
J'ai toujours faim, je suis faitguée, je dors mal... je n'en peux plus de cette vie, parfois je me dis que rien de vaut les Cieux...