C'était sa première journée de travail en tant qu'avocate. Enfin, matinée. Elle commence doucement, le temps de prendre ses marques, et ensuite, elle pourra être pleinement à l'aise dans son nouveau travail. Ses études de droit furent longues et fatigantes. Ce n'est pas un domaine dans lequel tout le monde réussit. A la fin, lors des examens et tout le reste, il faut savoir faire preuve d'une grande concentration. Ce n'est pas un choix qu'elle a prit à la légère, elle y avait longuement réfléchit. Même que parfois, elle doutait de tout. De son choix, de ses études, de sa vie. Tout n'était que remise en question. Il y avait cette guerre qui faisait rage. Les soirs, elle rentrait chez elle épuisée, elle n'avait plus aucune force. Entre les cours, les devoirs, les entrainements, les réunions, elle n'avait même plus de vie. Cela se résumait à quelques sorties les week-end, elle pouvait voir ses amis, et parfois, sa famille sans que ce soit forcément pour discuter de cette guerre. Maintenant que celle-ci est officiellement terminée, elle apprend à vivre.

Alors maintenant, elle profite. Elle prend du temps pour elle et se faire plaisir. Mais elle n'oublie pas les vieux réflexes. Notamment du sport à haute dose. Et même, ce n'est pas une corvée pour Helena qui aime faire du sport. Depuis toute petite, elle en fait, elle ne changera pas cette habitude qui est ancrée à sa personnalité. Et même si son travail lui demandera beaucoup de temps et d'énergie, elle sait qu'ensuite, elle pourra seulement penser à elle et ce qu'elle veut faire. Fini les contraintes, les craintes, les réunions, les plans, les fusillades. Tout cela, c'est de l'histoire ancienne, bien que l'adaptation reste difficile. Certains matins elle se réveille, et pense encore que ce sera une longue journée, qu'il y aura certainement des crimes, du sang partout. Mais ensuite, elle se souvient. Un traité de paix a été signé. Plus rien à craindre. Aujourd'hui, il est temps de passé à autre chose, bien que ce ne soit pas aussi facile que ça en paraît.

C'est vers le milieu de l'après-midi que la jeune femme rentre chez elle, mais n'y reste pas bien longtemps. Elle se change simplement, enfilant un short, un débardeur et une paire de basket. Ici, il fait déjà chaud et c'est une après-midi parfaite pour faire du basket en solitaire. Elle n'a pas besoin d'être accompagnée pour faire cela. La solitude lui fait parfois du bien. Elle a le temps de réfléchir et faire le vide. Tout ce qu'elle aime. Elle attrape son sac de sport, ses clés de voiture et son Ipod puis sort de chez elle pour grimper dans son 4x4. Elle n'a quasiment été au quartier Est de la ville... Sauf pour les fusillades et le reste. Alors maintenant, s'y rendre ainsi, sans qu'il y ait un risque, ça lui fait vraiment bizarre. Mais elle se doit de le faire. Il est temps qu'elle arrête de penser au pire, même si... Elle n'est pas prête d'oublier sa vie d'il y a encore quelques semaines.

Se garant sur un parking, elle sort de son véhicule en attrapant son sac de sport. Marchant les quelques mètres qui la séparent du terrain, elle prend son Ipod et met ses écouteurs dans les oreilles. Rien que là, elle se sent déjà mieux. Elle pose son sac sur un banc, attache ses cheveux sommairement et prend son ballon de basket. Jetant un regard autour d'elle, Lena constate que l'endroit est calme, presque silencieux. Avant, elle aurait trouvé cela suspect, mais là, elle met de côté toutes les vieilles craintes et commence à marquer des paniers, se défoulant de cette manière, oubliant le monde qui l'entoure. Avec la musique et le sport, elle est certaine d'être détendue. Comme si plus rien n'avait d'importance.

Avant, jamais elle n'aurait mit les pieds dans le quartier est de la sorte. En tout cas, pas sans une arme sur elle, et certainement pas seule. Avant, elle aurait été sur ses gardes, faisant attention à tous les mouvements, tous les passants. Mais maintenant, elle n'a plus besoin de le faire. Elle n'a plus besoin d'être sur ses gardes, elle peut se balader librement partout dans Volusia sans craindre le moindre danger. Et même si il y en aurait un, elle saurait comment se défendre. Toutes ces années à faire la guerre eurent du bon, dans le fond. Lena n'est pas une jeune femme fragile et docile, elle ne se laisse pas faire, et elle est toujours pleines de surprise. Jamais elle ne sera une femme qui est soumise à quelqu'un, ce n'est vraiment pas dans son caractère. Encore aujourd'hui, si on la cherche, on la trouve. Et si cela arrive, ce n'est jamais bon signe. Ce n'est pas parce que la guerre est terminée qu'elle oublie le reste. Il y a toujours une pointe de haine en elle, et elle doute que cela disparaisse un jour. Et si elle disparaît, ce ne sera certainement pas du jour au lendemain. Il va lui falloir du temps, énormément de temps.

Après tout, elle est née avec cette guerre, elle pensait mourir avec elle, aussi. Mais elle s'en fichait, cela ne lui faisait absolument rien. C'était comme une évidence. Mais à présent, elle doit apprendre à vivre d'une façon différente. Chose qui n'est vraiment pas facile. Seulement aujourd'hui, elle met toutes ses questions de côté, pensant seulement à se détendre. Et rien de tel que la musique et le sport. Marquant des paniers sans faire une seule pause, elle reste concentrée. Sur ses gestes, mais aussi sur la musique qu'elle écoute. Chaque chanson signifie quelque chose. Une partie de sa vie, un peu de ses émotions, de ses sentiments. Rien n'est laisser au hasard, mais personne ne le sait. Après tout, Lena est une personne secrète. Elle ne se dévoile pas aussi facilement que cela, bien qu'elle reste une jeune femme très sociable.

Trop concentrée, trop absorbée par ce qu'elle faisait, elle ne remarqua même pas une autre présence sur ce terrain de basket. C'est comme si elle était seule au monde, perdue dans sa petite bulle où trop de pensées venaient et ne cessaient de s'entrechoquer. Dès que l'une part, une autre la remplace et occupe son esprit pendant plusieurs minutes. Des souvenirs, également. Douloureux. Heureux. Toujours partagée entre le bonheur et le malheur. Comme si c'était toute sa vie. Un peu de joie, après vient la tristesse et la reconstruction. C'est ce qu'elle fait actuellement. Mais tourner une page, ce n'est si simple que ça en paraît. Il lui faut toujours beaucoup de temps, le temps qu'une cicatrice se referme complètement. Mais elle n'est jamais à l'abri de s'ouvrir à nouveau, la rendant encore plus douloureuse avec le poids des années. Elle se mit brusquement à pensée à Jayden, mais fut bien vite reconduite vers la réalité.

C'est lorsque quelque chose heurta ses fesses qu'elle revient complètement à elle. Tous les sens en alerte. Elle retira vivement ses écouteurs, regardant d'où venait cet impact soudain. C'est ainsi qu'elle vit le ballon à ses pieds, elle pose son pied dessus, gardant le sien dans ses mains et tourna son regard vers un jeune homme qui s'approchait d'elle. Elle plissa légèrement les yeux, le regardant en inclinant la tête. Elle fouille quelques secondes dans sa mémoire avant que cela lui revienne. Un ennemi... Ancien ennemi, du moins. Zac Winston, si elle se souvient bien. Oui, elle a déjà entendue parlé de lui, comme de presque toutes les personnes qui faisaient partis du clan Attwood. Lena le connait, de réputation seulement. Et à vrai dire, elle n'a jamais voulue en savoir plus sur lui. A ses yeux, il n'était qu'un ennemi parmi tant d'autre. Encore un qui aurait pu périr durant cette guerre.

Elle se redresse, droite comme un i, un air presque arrogant sur le visage, les traits durs. Certes, tout cela est terminée, mais on n'oublie jamais la rancœur de plusieurs années. Pas si rapidement, en fait. Surtout pas quand sa tenue lui montre clairement les deux cicatrices qu'elle a. Même les yeux fermés elle pourrait mettre le doigt dessus. Épaule droite, et une juste au dessus de la poitrine, du même côté. C'est aussi pour ça qu'il est difficile pour elle de mettre un terme à tout cela. Maintenant, elle vit une autre guerre, mais contre elle-même, et celle-ci est la plus difficile à ses yeux.

« Fais attention, la prochaine fois. » lâche-t-elle froidement, en ancrant son regard dans le sien. Elle aurait pu faire preuve d'un peu plus de diplomatie, mais à quoi bon ?

Voulant complètement me détendre, je ne pris donc pas la peine de me retourner pour voir la jeune femme, que je ne connaissais pas et dont le véhicule m’était aussi inconnue, jouer au basket sur le panier en face du mien, à quelques mètres de moi. Je me concentrais uniquement sur celui sur lequel j’étais et lançais le ballon de la façon la plus simple et la plus précise que je pouvais malgré le temps que j’avais passé sans y jouer. Je me faisais quelques dribbles, imaginais un adversaire en face de moi que je devais éliminer et, tout en souriant, avançais vers le panier de façon à smasher le ballon à l’intérieur. J’esquivais, évitais les « adversaires », me retournais et shootais au trois point. La technique revenait petit à petit et je prenais plaisir à dribbler tout en marquant quelques paniers. Si j’avais su que je pouvais prendre autant de plaisir et oublier tout le reste qui m’avait amené ici, j’aurais certainement appelé quelqu’un pour venir jouer avec moi et prendre encore plus de plaisir, à le défié sur le panier.
Je m’emportais un peu et décida après quelques minutes à lancer le ballon dans le panier, d’essayer un lancé du milieu de terrain. J’étais sûr ne pas pouvoir y arriver mais bon, je voulais quand même essayer. Le sourire aux lèvres, je jetais avec un bras le ballon en direction du panier. Il avait l’air bien partit, du moins c’est ce qu’il semblait être puisque ce dernier se dirigeait vers l’anneau. Mais une fois arrivé vers celui, le ballon s’écrasa avec force sur l’anneau et revint à grande vitesse vers moi. J’essayais donc de le rattraper mais ce dernier, rebondissant sur le sol, passa au dessus de ma tête. Je ne pus donc le reprendre, même en sautant et, une fois atterris sur le sol, me retourna pour voir la course du ballon. Ce dernier rebondi sur quelques mètres avant de taper les fesses de la jeune femme que j’avais vu quelques minutes plus tôt, avant de rouler sur ses pieds. Moi qui ne la connaissais pas et que ne voulais pas l’embêter, je grimaçais donc avant d’aller à sa rencontre.

Je m’avançais donc vers elle alors que dans un moment de panique, elle se retourna vivement, retira les écouteurs qu’elle avait aux oreilles et posa son regard sur moi. Son visage se dessina sous mes yeux et je plissais à mon tour mes yeux pour essayer de distinguer d’où je connaissais se visage. Car oui, ce dernier ne m’était pas du tout inconnu. Mais il y avait quelque chose de différent qui m’empêchais, pendant les premières secondes, de voir réellement qui elle était. Une fois arrivé à sa hauteur, je continuais de la regarder avant de me rendre compte de qui il s’agissait. Héléna Ferguson, la cousine de Chad. Une ancienne ennemie maintenant. Je ne l’avais jamais vraiment rencontrée, ne l’avais jamais affrontée mais je connaissais sa réputation. En même temps, qui ne connaissait pas les membres de la famille ennemie ? Alors que je la regarde en découvrant ainsi qu’elle avait changé la couleur de ses cheveux, peut-être pour se faire discrète ou alors allait de pair avec les changements que la ville subissait, la jeune femme se redressa de toute sa petite hauteur, ce qui ne m’empêcha pas de la regarder en baissant la tête vu que je la dépassais largement, et me défia du regard. Considérait-elle la guerre non finie ? Je devais rester sur mes gardes, on ne savait jamais ce qui pouvait se passer. J’attendais alors qu’un silence s’installa entre nous. Je ne perdais pas ses yeux du regard et attendais un geste, une parole, voir si tout ceci était bien fini ou au contraire, si cela aller continuer. Puis, froidement, elle me demanda alors de faire attention la prochaine fois tout en me fixant intensément dans les yeux. Je souriais légèrement, me pencha et attrapa le ballon qu’elle avait relâché de l’emprise de son pied avant de le faire rebondir sur le sol.

« Je pensais pas que tu viendrais aussi rapidement dans ce coin de la ville »

Dis-je alors sur un ton calme dénudé d’émotion avant de lancer le ballon dans le panier où elle jouait en marquant un panier. Je repris le ballon, passa à coté de la jeune tout en la regardant encore. Attendant de voir si je devais de suite quitter l’endroit ou alors rester sans me prendre trop la tête avec quelqu’un…