Des coups de feu, du sang, des cadavres. Elle, au milieu. Une arme à la main, comme tous les autres. Une fusillade avec la famille rivale. Puis, plus rien. Le silence. Tous se dispersent, et s'éloignent. Il n'y a plus qu'elle parmi tous ces cadavres éparpillés sur le sol de cette rue. Elle regarde autour d'elle, aucun signe de vie. Il n'y a pas de survivants. Puis, cette douleur qui lui arrache une grimace. Son arme tombe sur le sol, elle porte sa main jusqu'à son épaule et la regarde ensuite. Du sang. Il coule et ne cesse pas. Elle s'écroule à genoux sur le bitume, son autre main sur l'autre blessure. Elle se vide de son sang, mais il n'y a personne autour d'elle. Rien. Juste un silence lourd et pesant. C'est la fin. Sa tête lui tourne, la bouche sèche, le cœur qui tambourine dans sa poitrine. Ses paupières deviennent trop lourdes, elle n'arrive pas à les maintenir ouvertes. Alors elle sombre lentement, doucement. Elle se laisse glisser et devient un corps parmi tant d'autres... C'est en sursaut que Lena se réveille, assise sur son lit, son cœur qui bat à tout rompre. Encore un cauchemar. Elle ne fait que ça, depuis quelques temps.

La guerre est officiellement terminée. Un traité de paix a été signé entre les Ferguson et les Attwood. Mais ce traité ne changera rien au traumatisme des années qui ont passées. Le sang, les crimes, les batailles. Il va falloir apprendre à vivre avec cela. Vivre avec des souvenirs dont personne ne voudraient. Des images qui reviennent sans cesse et qui hantent toutes les nuits. Depuis tout ce temps, elle n'a plus aucune nuit de calme. Elle s'endort tranquillement, mais se réveille en sursaut, comme ce matin. Jamais elle n'oubliera. Elle ne le peut pas. Cette guerre destructrice a eu un impact horrible sur tout le monde. Certains apprendront plus rapidement à vivre avec, d'autres auront plus de mal, comme elle. Durant toute son enfance, Lena a vécue avec cette guerre, elle est née avec cela. Elle a grandit en se rangeant du côté de sa famille, elle était une membre à part entière dans cette guerre. Et aujourd'hui, c'est fini. Elle doit avoir une vie normale. Ce n'est même pas reprendre une vie normale. C'est apprendre. Tout recommencer depuis le début. Oublier la haine et la rancœur contre l'autre famille. Alors que, durant des années, les Ferguson en disaient que du mal.

Maintenant tout est différent, alors elle se lève et commence une nouvelle journée. Demain, elle commence sa première journée de travail en tant qu'avocate. Avant, elle n'avait pas tellement le temps, cette guerre lui demandait trop d'énergie. Mais à présent, elle peut faire ce qu'elle a envie. Seulement, on n'oublie pas si facilement les réflexes d'avant. Cette crainte de se rendre dans le quartier ouest, toutes ces choses qui font que l'adaptation reste difficile et longue. Elle file prendre une douche et s'habille simplement, n'en faisant pas trop. Un jean slim noir, des escarpins à talons blanc, un petit haut noir et une collier. Elle lisse ses cheveux devenus bruns. Une envie toute simple. Un besoin de changement dans sa vie. Terminant de mettre son maquillage, elle part ensuite dans la cuisine et mange son petit déjeuner tranquillement. Tyler n'est pas là. Elle ignore où il se trouve, mais cela n'est pas dérangeant. Le calme et le silence lui fait le plus grand bien...

Plusieurs minutes plus tard, la jeune femme se trouve à bord de son 4x4 Hummer et roule en direction du centre commercial du quartier ouest. Pas envie d'aller trop loin. Pas envie de parcourir le reste de la ville. Elle a simplement envie d'une séance shopping intensive et oublier tous les soucis du quotidien. Et pour Helena, rien de mieux que de faire chauffer la carte bleu. Après tout, elle peut bien se le permettre, elle est riche, elle n'a rien à craindre de ce côté-là. Et quand bien même.. Elle s'en moque éperdument. Se garant au parking, elle descend de son véhicule en attrapant son sac. Elle ferme la porte, attend le petit « bip », et se dirige vers l'imposant centre commercial où se trouve que des boutiques de luxe. Rien de mieux.

Un nouveau jour se lève sur Volusia. Shakespeare dirait qu'en ce jour, le soleil semble briller plus, la journée s'émerveiller comme jamais, la chaleur filtrer enfin à travers les âmes solitaires, ses rayonnements plus beaux encore. Aujourd'hui est un jour particulier, plus merveilleux que le précédent, méconnaissable. Comme si jusqu'à présent, la ville n'avait vécu que dans l'ombre, son ombre et que désormais elle sortait de la pénombre pour explorer cet autre côté, l'espoir comme ventée qui la portait doucement chaque jour depuis ce radical changement. Tout semble soudainement si différent alors que physiquement rien ne semble avoir changé. Et pourtant, il ressent ce changement de température, cette atmosphère se faire plus légère alors qu'il croulait en dessous à bout de souffle. Non ce n'est pas à l'état physique qu'est perceptible la radicalité. Mais bien dans ses déclinaisons. La peur avait cessé, la guerre avait pris fin. Chad Ferguson à la mort de Ryan avait signé un traité de paix avec le camp adversaire, pas si mauvais. Inespérée avait été l'issue. Désormais, c'était face à un travail énorme de réadaptation que toute la ville avait été plongé, et lui qui n'avait jamais soutenu une telle cause, n'était pas indifférent à ses variations. À présent, il ne craignait plus la mauvaise rencontre. Aujourd'hui, c'était en homme libre qu'il foulait le sol de la ville, exempt de préjugés. Seul son passé restait férocement accroché à sa cheville tel un boulet qu'il trainerait avec culpabilité mais besoin.

Alors oui, peut être que le soleil brillait plus, peut être que la journée était merveilleuse, peut être faisait-il plus chaud qu'auparavant. Le bras appuyé sur le mur de son appartement, le regard à la fenêtre donnant sur la ruelle de son immeuble où il adorait passer du temps à observer l'insignifiance s'activer à leur petite vie, il lui arrivait depuis quelques jours d'être la proie à des pensées plus que positives. Lui qui enfermé dans sa solitude qui était cependant toujours là, lui pesait beaucoup moins ses derniers temps. Néanmoins, il était resté le même. Il n'avait fait que profiter de l'avantage qui lui avait été offert, comme à bon nombre d'individus, celui de rebondir. Il travaillait toujours à l'Outrageous, mais à présent, sans plus craindre les représailles. Ce temps-là était révolu. Un bon moyen d'être qui il désirait être, masquant ses faiblesses pour se sortir de la misère de sa condition chaotique. Depuis quelques jours, il ne pensait plus fatalité … Alors oui, il était peut être lui aussi victime de ce changement mais il n'en était que plus confiant. Sautant à la douche, il avala ensuite un rapide petit déjeuner bien décider à profiter de son jour de repos pour vivre, et non survivre. Peut être marquait-il un tournant décisif dans son existence … Qu'en savait-il ? Quoiqu'il en soit, il se sentait prêt à vivre autre chose sans perdre en patience toutefois. Terminé les conduites irréfléchies et impulsives. Adieu l'homme sans passé, ou au passé trouble et indéfini qu'il était. Bien sûr, resteraient les inavouables, les secrets mais ils ne rythmaient plus sa vie désormais. Il les enfermaient dans un recoin de son esprit, désireux que jamais ils ne viennent le rattraper cessant d'angoisser à une telle idée.

Utilisant les transports en commun, n'ayant pas encore de véhicule personnel, il prit la direction du centre ville avec la ferme intention de se défaire de ces disparités d'antan. Il devenait ce monsieur tout le monde sans interdit ni voie sans issue, seulement des voies de garage. Ça allégeait bien plus son quotidien. Il pénétra dans l'immense centre commercial qui faisait de tout un chacun une dévaluation, tout autant qu'une réévaluation, sachant pertinemment que ce n'était pas dans son financement, mais uniquement pour le plaisir des yeux. Il n'était pas de ceux qui pensent que baver devant des caisses de luxe en sachant que jamais on ne pourra les posséder est chose inutile. Il est plutôt de ceux qui apprécient les jolies choses à leur juste valeur, loin d'être blasé et désintéressé. Passant devant plusieurs magasins, constatant le superflu de certains, surprenant l'euphorie d'autres, il s'arrêta devant la vitrine d'un magasin de lingerie féminine qui faisait face à un café dans lequel il comptait s'arrêter. Il vit plusieurs demoiselles aux mains bien remplies d'articles du genre, puis il passa son regard avant de surprendre une jeune femme au comptoir des caisses, qui ressemblait étrangement à Helena. Comment aurait-il pu l'oublier. Depuis leur rencontre à la boite, il n'avait eu l'occasion de la revoir, ce qui l'avait désolé. Alors cette fois, il provoquerait la coïncidence. Après tout qui était contre l'idée de forcer le destin ? Surement pas lui …

Une vie qui se termine. C'est un peu ce sentiment qui revient souvent dans l'esprit de la jeune femme. Comme si tout venait de se finir brutalement. Pourtant, ce n'est que le début d'une toute nouvelle vie. Un peu moins difficile, moins sanglante. Mais ce n'est pas sa vie, ce calme, cette tranquillité, ce n'est pas pour elle. Depuis sa naissance, elle vit dans ce monde là. Elle a grandit avec la guerre, elle a grandit pour se battre, pour tuer. Pas pour faire la paix avec tout le monde aussi rapidement. D'ailleurs, elle ne songeait pas un seul instant que cela se produirait. Non, impossible. Elle pensait mourir au combat, dans le fond, c'était une sorte de fatalité. Et pourtant, aujourd'hui, elle est là, bien vivante. Alors pourquoi se sent-elle morte à l'intérieur ? Elle l'ignore. Mais c'est comme si la fin de cette guerre avait tué quelque chose en elle. Quelque chose qu'elle cachait depuis des années. Une profonde haine. Envers les autres. Envers la vie, les êtres humains, le bonheur et la joie. Toutes ces choses qu'elle ne connait même plus. Oui, elle s'est mise à haïr les bons côtés de la vie quand elle a perdue ce jeune homme qu'elle aimait tant au lycée.

A partir de ce moment, elle trouvait que tout était injuste. Pourquoi était-il mort ? Pourquoi lui ? Il n'avait jamais rien fais, rien demander. Il était bon et doux, un homme parfait, presque. Il était ce qu'elle avait de plus précieux. Parce qu'en se levant le matin, elle savait qu'elle serait toute la journée en sa compagnie. Elle n'avait qu'à ouvrir les yeux et un message l'attendait pour son réveil. Toujours attentionné, jamais il ne ratait une occasion de lui dire à quel point elle comptait pour lui. Et Lena en était folle amoureuse, elle aurait même donner sa vie pour lui. Et si elle avait su, nul doute à avoir qu'elle lui aurait donner son cœur, puisque le sien lui faisait défaut. Malheureusement, elle n'en sut jamais rien. Il ne voulait pas lui dire. Il ne voulait pas qu'elle sache qu'il était malade et qu'il disparaitrait bientôt. Il profitait lui aussi de ce bonheur. Et quand il est parti, elle a eu mal, trop mal. Cette douleur qui la réveillé en pleine nuit, lui rappelant qu'il n'était plus là. Avec les années, elle mit tout cela de côté, se concentrant sur cette haine contre les Attwood, elle oubliait le reste. Mais à présent, elle craint simplement que cette plaie s'ouvre à nouveau.

Pourtant, elle est prête à vivre autre chose. Bien sûr, au fond d'elle, il y aura toujours une place spéciale pour Jayden. Mais maintenant, elle est prête à passer à une autre histoire. Quelque chose qui lui redonnerait ce goût de vivre. Quelqu'un qui parviendrait à lui faire comprendre que la fin de cette guerre est une bonne décision, mais qu'elle n'est pas morte pour autant. C'est là, le point le plus difficile. Elle ne sait plus quoi faire à présent. Certes, elle a son travail d'avocate, mais cela ne lui suffit pas réellement. Avant, lorsqu'elle sortait de chez elle, c'était avec une arme, parce qu'elle savait quelque chose pourrait se produire. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Elle a l'impression de ne plus être utile. Un grand sentiment de frustration.

Devant le caisse de la troisième boutique qu'elle visite aujourd'hui, elle attend ses achats et paye avec sa carte de crédit. Troisième boutique, encore des achats presque inutile. Juste pour le plaisir de s'offrir quelque chose. Il faut bien qu'elle s'occupe d'une manière ou d'une autre. Elle a déjà deux sacs avec des chaussures, deux autres avec des jeans, robes et autres vêtements sur lesquels elle a complètement craquer. Et maintenant, un autre sac avec des sous-vêtements. Avec ça, il est certain qu'elle fait le plein dans son dressing, même si au matin elle se demandera encore ce qu'elle va mettre. Récupérant sa carte et son sac, elle sort de la boutique en regardant devant elle. Un peu plus loin, elle voit Jensen. Évidemment, elle n'a pas oublier ce jeune homme qui travaille à l'Outrageous. Croisant son regard, elle eut un fin sourire en coin en s'avançant vers lui. Pas sûr qu'il la reconnaisse de suite avec son changement de couleur au niveau des cheveux, mais ce n'est pas bien grave. Elle se souvient très bien avoir passer un excellent moment en sa compagnie, bien qu'à ce moment, elle fut assez froide et distante. S'arrêtant en face de lui, elle conserve un fin sourire sur les lèvres.

« Jensen, je suis ravie de te revoir. Comment tu vas ? » demande-t-elle naturellement, comme si ils se connaissaient depuis toujours. « Tu bosses toujours à l'Outrageous ? » enchaine la jeune femme avec une pointe de curiosité. Maintenant que les frontières sont ouvertes, il est possible qu'il cherche à se rendre ailleurs, elle ne sait pas.

Cette âme de soldat, de combattant et de conquérant, il ne se la connaissait pas. Pourtant elle n'avait cessé d'être en lui. Il ne s'était pas trouvé une passion pour la chose en se réveillant un beau matin. Il en niait juste son existence, pas prêt à l'assumer. Parce qu'aux yeux de certaines de ses actions passées, il ne se sentait pas l'âme d'un héros. Et la culpabilité ne s'en irait pas sous l'action d'une seule pensée positive aussi habile soit-elle. Cette vie qu'il avait fait cesser … qui le hanterait à jamais. Qu'il ne pouvait se pardonner. Qu'il ne pouvait dépasser et qui ne le quitterait pas. Et bien qu'il avait payé sa dette à la société, ça n'enlevait en rien ce qu'il ressentait. Pas loin de dix ans s'était écoulé depuis cette nuit là, mais il ne se passait pas une seule journée sans qu'il n'y pense. Ça le poursuivrait toute sa vie, et il savait que la seule chose qu'il pouvait faire à présent n'était autre qu'apprendre à vivre avec. Avec cette culpabilité… Parce que les années ne l'aideraient nullement à oublier une telle action. Il ne voulait oublier bien qu'il n'avait voulu cela. C'était en lui… bien qu'il ne s'en vantait pas. Mais cela le condamnait-il pour autant ? Cela faisait-il de lui une mauvaise personne sans aucun espoir de reconversion et de reconstruction ? Tout se qu'il pourrait faire dans un avenir proche comme lointain était-il destiné à être jugé négativement quoi qu'il fasse peu importe son intention ? Pouvait-il vraiment changer son image ?

Il avait toujours eu un idéal, une vision orientée qu'il ne parvenait pas à atteindre, qu'il ne voulait atteindre parce que la jugeant égoïste et illégitime. Il avait toujours associé avancement à oubli. Cette angoisse à la disparition alors il avait pallié à cela en se refusant d'aller de l'avant parce que n'étant en rien juste. Mais il ne connaissait pas le jugement qui serait en mesure de rendre les choses plus admissibles. Peut être n'en existait-il pas … Peut être devait-il vivre avec cela toute sa vie sachant pertinemment qu'il ne changerait rien, qu'il ne remonterait pas le temps, qu'il ne referait pas autrement ce qui avait été fait cette nuit-là. Parce qu'il n'était plus en mesure de changer quoi que ce soit désormais. Il essayait au mieux de tirer de ses erreurs une leçon qu'il devait mettre en pratique chaque jour durant, assumant son acte du mieux qu'il le pouvait pour ne pas faire preuve de lâcheté ou de déni, terrible. Mais il savait qu'il aurait beau faire, les choses étaient telles qu'elles étaient. Et il avait tellement honte de cela, il se sentait si indigne. Un refus au bonheur était-il une sentence équitable ? Si tellement il le savait … si tellement c'était suffisant … mais rien ne le serait jamais, et il devait vivre avec cela au quotidien.

Avant cela, il y avait cette promesse à la mémoire de son père qu'il ne pouvait trahir. Mais ne l'avait-il pas déjà trahi en tuant cet homme ? Constamment des questions qui finissaient par le rendre barge. S'octroyer le droit de voir autre chose, d'entrevoir le bon et le positif anéantissait-il les souvenirs qu'il en avait et trahissait-il sa parole ? Désirer plus que tout s'en sortir était-il chose reprochable, faisait-il de lui un être méprisable ? Avoir l'intime conviction d'œuvrer pour le bien mais ne faire que son contraire … ça n'en finissait plus mais il savait ô combien ce n'était pas prêt de le lâcher. Mais il n'en pouvait plus de cette transition dans laquelle il végétait depuis tant de temps. Sans prescriptions possibles néanmoins, impardonnable, il ne voulait plus stagner comme il le faisait jusqu'à maintenant. Il voulait entrevoir autre chose, la rédemption ? Il ne pourrait le dire. Mais il ne souhaitait pas oublier. Ses souvenirs pour ce qu'ils avaient de merveilleux et de terribles parce que faisant parti de lui, le définissaient en tout point, déterminant son parcours de vie, avec netteté et signification.

À l'extérieur de cette boutique, son regard inéluctablement attiré par elle, le brun lui allant si bien, elle se retourna en direction de la sortie, leurs regards se croisèrent. Il lui rendit son sourire avec sincérité. Il avait tant souhaité la revoir … Toutes ses fois parsemées d'impossibles rendues à présent possibles. Sans interdit, sans plus de contraintes. Ce en quoi il avait toujours aspiré alors que la guerre ne faisait que les éloigner, inévitablement, lui faisant penser inaccessibilité. Il se sentait à présent si libre. Plus de frontières, pas plus de barrières entre elle et lui désormais, bien qu'ils n'en restaient pas moins différents, mais une différence qui ne sonnait plus fatalité dans son incapacité. Mais une différence longuement appréciée n'étant là que pour la façonner plus belle et plus Elle encore, tout ce qui faisait qu'elle s'était tant démarquée à ses yeux, qu'elle continuait d'éblouir.

– Et moi donc Helena. Je vais bien et oui, toujours fidèle au poste. Et toi que deviens-tu ? Lui dit-il spontanément, cachant difficilement son contentement. Délicat était cependant de lui retourner pareille question sachant qu'un être de sa famille avait été sacrifié pour que Volusia connaisse la paix. Et le bouleversement avait du être de taille pour elle, au cœur dans ce si vieux conflit.

Que devient-elle ? C'est une grande question. Que lui répondre ? Qu'elle tente de survivre dans cette nouvelle vie. Trop pessimiste, mais ce n'est que le reflet de la réalité. Parfois, elle se sent en décalage avec les autres personnes qui vivent ici et qui ont connus cette guerre. Ils semblent tous être bien remis de tout cela, comme si elle n'avait jamais eu lieu. Mais elle, elle n'y parvient pas. C'est comme lui demander de tirer un trait sur toute cette histoire. C'est impossible. Elle est née pour se battre. Elle a ça dans le sang, c'est quelque chose d'inévitable. Elle a trouvé un autre moyen de se battre, mais cela concerne son métier. Maintenant, elle se bat pour défendre les gens. Un moyen comme un autre de ne pas changer d'optique. Mais de là à dire qu'elle préfère cela, c'est bien trop. Ce qu'elle aimait, c'était les armes à feu, les combats, le danger, le risque. Cette monté d'adrénaline lorsqu'elle allait combattre. C'était un tout. Pourtant, elle savait que sa vie était en danger continuellement, mais étrangement, cela ne lui posait aucun problème. Elle se savait prête à mourir au combat, pour la bonne cause. Même si cette haine était vielle, c'était devenue sa guerre à elle. Et pas à quelqu'un d'autre. Maintenant, tout cela est fini. Il faut qu'elle tourne la page, mais ce changement est bien trop brusque.

« Lena, je préfère. » répond la jeune femme dans un petit sourire. Depuis qu'elle est toute petite, les gens ont pris pour habitude de dire Lena au lieu de son prénom complet. Et à vrai dire, c'est ce qu'elle préfère également. « Et bien... Depuis la fin de la guerre, je bosse dans un cabinet d'avocat. Il faut bien que mon diplôme et mes études me servent à quelque chose. Et de toute façon, je n'avais pas tant le choix, il faut que je m'occupe. » ajoute-t-elle dans un souffle.

Pour ne pas devenir folle. Mais elle s'abstient de le dire. Dans le fond, c'est peut-être une bonne chose que la paix soit à Volusia. Maintenant, elle est libre. Voilà une chose qu'elle n'a pas pu admettre encore ce matin. Ce sentiment de liberté. Avant, d'une certaine manière, elle ne l'était pas. Elle a voulu suivre les traces de Tyler qui avait cet entrainement pour être un parfait soldat. Elle ne voulait pas être mise de côté. Et cela la rendu prisonnière de cette guerre qui date de bien trop loin. Lena se devait de le faire, pour sa famille, pour le nom qu'elle porte si fièrement. Mais à présent, tout cela est fini. Elle peut se rendre où elle le veut, comme elle le désirait tant lorsqu'elle était plus jeune. Elle a toujours voulu voir ce qu'il y avait ailleurs dans le monde. D'autres pays, d'autres cultures. A présent, elle est libre de pouvoir faire toutes ces choses. Et elle ne s'en privera pas. Plus maintenant.

« Je ne pensais pas te voir dans un centre commercial. » dit Lena dans un petit rire, cachant difficilement son étonnement, mais en même temps, elle est tellement ravie de le revoir. « Habituellement, les mecs n'aiment pas trop ça... Et ça se confirme puisqu'on voit pas beaucoup d'hommes actuellement. » ajoute-t-elle dans un mince sourire. En règle générale, et parmi les hommes qu'elle connait, aucun ne passe de temps au centre commercial, au contraire, ils semblent fuir ces lieux.

« Alors, que penses-tu de Volusia maintenant que la guerre a prit fin ? » demande la jeune femme en ancrant ses prunelles dans les siennes.

Sa vie comme celle de beaucoup d'autres personnes avaient du connaître un tournant sévère et impressionnant. Ceux qui se disaient Attwood n'en restaient pas moins pour autant, néanmoins, en temps de guerre, les choses semblaient simples. On se positionne et on suit la file qui se trouve devant nous. Point barre. Pas de cas de conscience, pas même de sentiments contraires à son comportement, après tout, on ne fait qu'appartenir à un clan. Il en était ici depuis des décennies et des décennies, croire que l'on peut à un seul changer le monde semble invraisemblable. Les Ferguson devaient agir surement à l'identique. Jensen avait longtemps réfléchi à ce que cela faisait d'être membre d'un clan ou d'un autre, à quoi ressemble le quotidien que l'on soit d'un côté ou de autre de la ville, mais tout ce qui était ressortit de ses réflexions n'avait été que endoctrinement et conformité. Parce qu'il n'avait eu qu'un regard extérieur sur cette guerre et sur leur opposants ou partisans tout dépend de quel sens on voit la chose. Mais en son sein, il est surement bien plus difficile d'en juger ainsi. C'était néanmoins, un aspect qui l'avait toujours refroidi. Il ne comprenait pas toujours comment on pouvait arriver à une telle extrémité. Et indirectement, c'était peut être cela qui avait marqué ce fossé entre elle et lui.

Maintenant qu'à présent, ils désiraient la paix et l'imposaient sans préparation aucune, beaucoup se retrouvaient inadaptés. C'était tout un mode de fonctionnement qui avait été ruiné, des convictions profondes ébranlées, un sens à la vie pour certains qui s'était retrouvé insensé. Il fallait donc réapprendre, s'ajuster correctement, chose qui ne se faisait pas en un jour. Resterait surement toujours des impossibilités. Mais lui, ne participant pas à cette guerre, se refusant à la cautionner, il n'en était ressortit que du positif. C'était plutôt un vent de compréhension qui était passé sur lui quand la fin de cette guerre avait été proclamée. Il y avait beaucoup plus gagné qu'il n'y avait perdu. Alors oui, la croiser dans un tel contexte paraissait encore irréel alors qu'il n'était parvenu à la retrouver depuis leur rencontre. Mais ce n'était pas qu'à lui qu'un tel fait interpellait au vu des propos de la demoiselle.

– D'accord, Lena. Lui dit-il en lui souriant agréablement. Elle lui expliqua ensuite son point de vue avec liberté bien qu'elle n'eut jamais été du genre à brider ses mots, qu'il approuva d'un signe de tête. Oui, en effet, la vie continue de toute manière …
La jeune femme reprit la parole énonçant un fait qui semblait avoir piquer sa curiosité à savoir sa présence en ce lieu. Son petit rire fut communicatif provoquant le sien alors qu'il lui répondit avec naturel.

– Hm peut petre bien, mais honnêtement, c'est accompagné qu'on n'aime moins y aller si tu vois ce que je veux dire … Lui dit-il avec hilarité. Oui ses propos étaient tout ce qu'il y avait de plus sexiste en cet instant, néanmoins, il n'en était pas moins vrais. Il évitait cependant de le formuler tout haut, mais puisqu'elle le lui avait si gentiment demandé … Retrouvant son sérieux, il lui répondit soutenant son regard intense.

– Plutôt pas mal … Et toi, tu arrives à t'y faire ? Lui dit-il avec sympathie.

Son mode de vie l'avait toujours intrigué. Depuis qu'il était dans cette ville, il avait toujours trouvé de l'intérêt à savoir comment ce monde là fonctionnait et s'il le faisait de manière automatique ou si alors c'était un dysfonctionnement qui avait entrainé l'usinage d'un rouage responsable de cet équilibre fragile sur lequel ils avaient longtemps vécu, peu importe son appartenance.

– Je peux t'inviter à boire quelque chose ? Reprit-il lui indiquant d'un signe de la main le petit café non loin d'eux.

A la réponse de Jensen, la jeune femme eut un petit rire. Bien que cela est réellement sexiste, elle est d'accord avec son point de vue. Les femmes mettent toujours du temps dans les boutiques, ce qui n'est pas très agréable pour les hommes qui accompagnent. Elle-même ne supporte pas tant de venir faire les magasins avec une autre personne. Lorsqu'elle sait ce qu'elle doit prendre, elle déteste y resté trop longtemps pour rien. C'est certainement pour cette raison qu'elle y vient toujours toute seule, au moins, elle ne se prend pas la tête. Et dans une situation telle que celle-ci, cela lui permet de réfléchir tout en se faisant plaisir en achetant des vêtements qu'elle ne mettra peut-être jamais. Souvent, elle passait pour une fille gâtée, à cause de tout ce qu'elle possède. Au collège il en était ainsi, au lycée également. Mais tous ne pouvaient rien dire. Elle est une Ferguson, et rien que ce nom empêche les mauvaises langues de dire quelque chose de négatif. Sauf bien évidemment du côté des Attwood, mais ce temps là est révolu. A présent, ils sont tous à la même enseigne. La guerre est fini. Mais cela empêche-t-il que la haine perdure encore ? Elle en doute. Lena ressent encore ce sentiment, il est de plus en plus présent. Un membre de sa famille est mort. Et même si elle ne l'aimait pas énormément, il n'en était pas moins un Ferguson.

Lorsqu'il lui retourna la question, la jeune femme eut une petite grimace. Sa réponse sera entre les deux. Oui et non. Elle n'a pas l'habitude que ce soit aussi calme, habituellement, il y a toujours de l'action et tous sont sur leur garde. Mais à présent, il n'y a plus tout ça. Lorsqu'elle regarde autour d'elle, les gens semblent être heureux, ils sourient, et ne se font plus aucun soucis. Mais elle, elle ne semble pas être si heureuse que cela. Au contraire, elle a l'impression d'avoir perdue quelque chose. Une part de personnalité qui ne vivait que grâce à cette guerre. Ce côté un peu sombre. Elle avait tellement de haine en elle que cette guerre lui offrait la possibilité de se défouler sans qu'on puisse lui dire quelque chose. Mais, maintenant, si elle se défoule sur une autre personne, pas sûr que cela passe bien. Elle aurait des ennuis, et pas des petits.

« Disons que j'apprends à vivre avec... C'est tellement soudain, je ne m'y attendais vraiment pas. J'ai l'impression qu'il me manque quelque chose à présent. » glisse-t-elle dans un mince sourire en le regardant.

Elle fit une pause, peu désireuse de poursuivre ses dires en plein milieu de l'allée, alors que tout le monde pourrait entendre ce qu'elle veut dire. Par chance, il lui propose d'aller boire un verre. C'est dans un grand sourire, bien plus franc et sincère que tous les autres qu'elle pourrait faire qu'elle accepte.

« Avec plaisir, cela me fera du bien de faire une pause dans mes achats compulsifs » ajoute-t-elle dans un petit rire. Car, il faut bien le dire, elle achète sans réellement savoir pourquoi. Quelque chose lui plait, et donc, elle achète sans savoir ce qu'elle en fera par la suite. Habituellement, la majorité de ses vêtements partent aussi rapidement qu'ils sont arrivés dans son dressing... Ils se dirigent donc vers le café et prennent place à une table assez éloignée des autres, attendant que le serveur arrive vers eux.

« Je disais donc, il me manque quelque chose... Tu vois, depuis que je suis toute petite je me bats. D'abord, je me suis battue pour suivre le même entrainement que mon frère, il fallait que je le fasse, c'était plus fort que moi. Je ne voulais pas être sur la touche... Et, je ne voulais pas non plus suivre le même chemin que toutes les femmes de Volusia. Soumises et sous le contrôle de leurs époux. Moi, j'ai toujours eu ce caractère à faire les choses comme je le voulais... Cette guerre, je m'y étais habituée, je savais que je devais le faire, et la cause me semblait juste, bien que vieille de plusieurs générations. A présent... Tout est trop calme, trop lisse... Je ne reconnais même pas la ville dans laquelle je suis née... » finit-elle par dire en soupirant, passant une main dans ses cheveux. Cela peut paraître tellement compliqué, mais ce qui se passe dans son esprit l'est encore plus.

Jensen avait toujours nourri, malgré lui, une certaine fascination pour ses deux camps qui se faisaient la guerre depuis des décennies sans parvenir à faire une trêve. C'était un mode de vie qu'il n'avait cru possible avant d'en être submergé en posant un pied à Volusia. C'était à la fois inexpliqué mais réaliste quand on constate les faits se demandant bien comment font les êtres humains pour tenir ensemble. Comment on peut parvenir à haïr une population, un groupe d'individus pour leur différence, leur appartenance aussi bien religieuse que sexuelle, leur race ou leur ethnie. Il ne disait pas qu'il était été dépeint de préjugés et qu'il ne lui arrivait jamais de faire preuve de dénégation vis à vis de quelqu'un, mais c'était toujours de manière à ne pas généraliser trop rapidement le cas. Parce que la discrimination n'est pas née hier et qu'elle a toujours poussée à l'extrémisme. Telle est la loi de la jungle. Une déshumanité.
Puis, plus on se rapproche du contexte, plus on veut entrer en contact avec ses gens qui en font la spécificité de cette tendance. De noms, on finit par avoir des visages, et des visages des personnalités loin d'être similaires.

Au départ, il avait pensé que sa proximité avec Lena n'avait été due qu'à ce contraste que provoquait leur appartenance opposée. Bien qu'il n'était pas du genre à catégoriser ou à stéréotyper, malgré le gain de temps que cela octroie, il lui avait été difficile de l'omettre dans un tel contexte. Ce n'était que grandissant qu'avait été son intérêt à son égard. Il ne souhaitait que plus la connaître pour tenter de la comprendre et de comprendre son mode de vie qu'il ne saisissait pas.
À présent que la guerre a prit fin … Il sait que ses motivations envers elle sont tout autre. Ce n'était pas la Ferguson qu'elle était qui l'intéressait mais Helena Ferguson qu'elle continue d'être. C'était sa personne, sa personnalité, sa façon d'être, son passé comme son présent et son futur proche. Toutes ses choses qui font qui elle est et qui fait qu'il l'apprécie pour cela. Leur rencontre qui est survenue comme un événement significatif dans sa vie … Il ne se l'expliquait pas. Peut être avait-il le contact facile … De cela, il en doutait fortement. Sa grande solitude, sa chère solitude, parlait pour lui et pourtant il se savait sociable. C'était dans la durée qu'il avait tendance à merder. Pour preuve, il n'avait pas vraiment d'amis réguliers. Mais conscient de tout cela, il savait que le problème venait de lui et qu'il était le seul responsable. Autant de pensées qui traversent son esprit auxquelles il fait vite barrière. Question d'objectivité. Et puis merde, il sait qu'il a des carences, pas la peine d'en rajouter. On fait tous ce que l'on peut, avec ce que l'on a, ou l'on est.

Lena lui fit part de ses impressions. Il fronça les sourcils, se contentant de lui répondre un « Oh … » évasif. Il était clair qu'entre eux celui qui souffrait le plus de ce brutal changement actuel, c'était bien elle. Elle y avait beaucoup perdu que lui dans une telle optique. Pour lui, ça n'avait pas beaucoup changé la donne. Aucune reconstruction à faire, plutôt un retour à la normale. Pour elle, une succession de conflits. Jensen lui proposa ensuite de boire un verre en sa compagnie, offre qu'elle ne déclina pas et qui l'enchanta. Il aime l'entendre rire chose dont il n'a pas souvent constater depuis qu'il l'a connait et qu'elle semble multiplier depuis leur retrouvailles. Un plus supplémentaire à la fin de cette guerre … il était ravi.
S'asseyant à une petite table reculée des autres, elle vint préciser sa pensée, lui offrant détails et ressenti. Qu'elle se confie à lui de la sorte était un plaisir grandement apprécié. Une preuve de confiance qu'il ne refusait pas. Il saisissait ses propos avec intérêt et importance.

– Ouais ça peut se comprendre, tu as été née pour te battre, élevée dans ce but là … Et maintenant tu te sens dépassée, rien de plus normal … Enfin, ça doit pas être facile à vivre tout ça … Je peux pas prétendre savoir ce que tu traverses mais si tu as envie d'en parler, sache que je serais toujours là pour t'écouter. Savoir que l'on peut compter sur quelqu'un, quoi qu'il arrive, ça peut être sympa aussi. Lui dit-il esquissant un sourire.

Il n'avait pas le souvenir dans son parcours de vie d'avoir eu quelqu'un à qui parler, ou même encore qu'on lui aurait dit ses mots qui l'aurait quelque peu apaisé. Ô bien sur, vis-à-vis de Lena, son plaidoyer n'était pas désintéressé, mais l'idée y était. Le serveur se présenta à eux, rompant à regrets leur échange visuel.

– Bonjour, je peux prendre votre commande ? Leur dit-il formel. Jensen reposa le regard sur Lena, lui faisant un signe de tête significatif, l'invitant courtoisement à prendre la parole en premier.

Cette guerre, bien que destructrice, était un élément moteur dans la vie de la jeune femme. C'était son but ultime. Le matin en se levant, elle savait comment serait sa journée. Elle savait les risques qui pouvaient l'attendre au coin de la rue. Mais, étrangement, cela ne lui posait jamais de problème. Ses seules craintes étaient pour ses proches, et notamment son frère. Elle avait peur pour lui, qu'il lui arrive quelque chose et qu'il disparaisse brutalement. C'est une chose dont elle n'aurait jamais pu se remettre. La mort, elle l'a connue de près. Peut-être un peu trop, et à deux reprises déjà. Certes, les circonstances étaient différentes, mais proches à la fois. La mort de Jayden fut sans nul doute une épreuve insupportable, et invivable. Durant les premières semaines, elle ne pouvait plus rien faire, plus rien dire. Lentement, elle s'était enfermée dans le mutisme le plus complet. Chaque jour, elle se rendait sur la tombe de cet homme qu'elle avait tant aimer, malgré son jeune âge. Et puis, la peine avait finit par être moins forte, la douleur, aussi. Et lentement, elle avait reprit le cours de sa vie, détestant davantage la nature humaine pour sa cruauté. Elle ne voulait plus entendre parler du mot amour. Elle n'avait que de la haine dans son cœur. Alors, si avec cette guerre elle aurait perdu Tyler, cela aurait été la fin de tout. De tous ses espoirs qui avaient repris place en elle. Par chance, il est toujours vivant, et il se porte bien. Et, ils sont toujours aussi proches.

Mais, cette vie lui semble être bien trop calme. Trop plate pour elle. Lena a l'habitude de vivre dans l'action. Comme si sa journée pouvait être la dernière, et qu'elle devait en profiter un maximum. C'est toujours ainsi qu'elle a vécue, mais à présent, toutes ses habitudes ont changés. Il faut tout reprendre depuis le début. Et rien n'est plus difficile que ça. Parce qu'elle n'est pas prête à faire comme si de rien n'était avec l'ancien clan ennemi. Cette guerre est ancrée en elle depuis des années. Elle ne peut oublier ce qu'on lui a dit et apprit. Et, pour la première fois, la jeune femme se confit, et explique sa vision des choses. Assise à cette table dans ce café, c'est beaucoup plus simple. Elle est en dehors de tout, et sans vraiment comprendre pourquoi, la présence de Jensen lui fait le plus grand bien. Comme si, miraculeusement, il avait un pouvoir sur elle. Elle serait capable de lui dire tous ses maux, le plus naturellement du monde. Chose qui ne lui arrive que très rarement. Habituellement, elle est réservée, et sur la défensive. Usant de propos ironiques, restant froide et hautaine. Mais avec lui, tout bascule.

« Merci, c'est gentil de ta part. » dit-elle en réponse aux propos du jeune homme. Étrangement, il semble mieux la comprendre que n'importe qui d'autre – en dehors de Tyler, évidemment.

Quelques secondes plus tard, le serveur vint interrompre leur échange. Helena n'avait même pas regarder la carte, et donc, mit quelques secondes avant de faire son choix. « Hm... Un cappuccino, s'il vous plaît. Mais, pas trop de mousse, merci. » répondit-elle au serveur. Car oui, elle a aussi quelques exigences, mais ça, ce n'est pas une très grande nouveauté.

Elle attendit que Jensen passe commande à son tour, et que le serveur parte pour ancré son regard dans celui du jeune homme. Ce n'est pas tant fait exprès, mais pour elle, le contact visuel est important. Après quelques secondes de flottement, elle reprit la parole. « Mais, assez parlé de moi ! Raconte-moi des choses sur toi... Tout ce que tu veux ! » glisse-t-elle en riant légèrement.