Shane ne savait pas qui était ce Clay ni même l’importance ou la place qu’il pouvait avoir dans le clan Attwood et n’en avait de toute façon rien à foutre. Il savait qu’il avait explosé son pote et ça lui suffisait. Manque de chance pour lui, il savait également maintenant où il créchait. Il l’aurait retrouvé de toute façon tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre… Volusia n’était pas grande et personne n’avait nulle part où se planquer avec Shane lorsqu’on s’en prenait à lui, ou à l’un de ces proches, ce qui revenait en fion de compte au même. Pour autant l’information qu’il avait tiré de la bouche de cet autre pauvre qu’il avait cogné au dessus des rames du métro lui semblait fiable et à prendre. Au cas où il ait gardé suffisamment de dents pour parler et prévenir ce Clay qu’il lui avait balancé son nom et son adresse à un Ferguson, il fallait donc qu’il frappe au plus vite, dès ce soir. Cette résidence où il arriva la nuit tombée semblait assez calme et endormie pour aller réveiller cet empafé sans trop s’exposer.

Seulement tout ne se passe pas forcément comme prévu… Lorsqu’il enfonça la porte de l’appartement en question avec son sledgehammer et s’avança à l’intérieur, il découvrit une femme… Une femme à moitié nue enroulée dans une serviette et qui sortait manifestement de la douche qui plus est. Elle déjà, elle n’était pas prévue au programme… Peu importe, Shane en déduit que ce devait être sa maitresse et ne fit même pas attention à sa tenue légère dans son état de tension et son sentiment d’urgence de tomber sur le type qu’il été venu débusqué, surtout que les gonzesses flirtant avec des Attwood n’attiraient à priori aucunement le jeune tatoueur. Preuve en est, l’homme lâcha son long marteau pour foncer sur elle et l’attraper par le visage, la collant à un mur pour lui demandait où il était. Et lorsqu’il relâcha doucement l’étreinte de sa main enserrant ces joues pour la laisser répondre, la jeune femme ne trouva rien d’autre à lui dire qu’il devrait penser à jeter un œil à la pièce avant d’affirmer qu’un mec était ici.

Non, quand il enfonçait une porte et entrait par effraction dans une baraque d’un quartier ennemi pour aller démolir un type, Shane ne faisait pas vraiment attention à l’architecture ni au décor des lieux. Pas là pour faire de détails ou faire du tourisme. En tout cas, elle avait quelque chose dans le ventre pour lui répondre de la sorte et dans une telle position, laissant pensant à l’homme qu’elle n’était peut-être pas qu’une poule au moment où il plissa légèrement ces paupières pour la transpercer du regard .

« T'es pas en position de faire des sarcasmes… » glissa-t-il en avant de desserrer progressivement et lentement son étreinte jusqu’à la lâcher complètement.

Son regard se baissa et dériva un instant vers la serviette lâche qui entourait sa poitrine, sans grande décence ni gêne, n’étant de toute façon pas dans la nature de l’homme et encore moins dans ce genre de situations où son sang bouillait. Un regard glissant autant par instinct naturel masculin que pour lui signifier au final qu’elle pouvait la resserrer et s’arranger maintenant. Alors aucun mec ne vivait ici ? Pas de Clay ? C’est ce qu’il allait voir. Shane reglissa son flingue dans son dos sous sa ceinture et la passa et pour la laisser sur place dans le salon, se fichant qu’elle puisse fuir, crier ou même appeler à l’aide. Il partit fouiller toutes les pièces de l’appartement une par une à la recherche de quelque chose, ou quelqu’un qu’il ne trouvait pas… Bordel de m… Il s’était trompé… Non, non… C’était ce type qui lui avait craché une fausse adresse ? Impossible. Avec le traitement que lui avait dosé Shane, il ne pouvait pas lui avoir raconté de mensonges… A moins que justement, la peur et la douleur ait finit par lui faire dire n’importe quoi pour arrêter le martyr dans ce métro…

Shane fulminait intérieurement, pestant toute sa rage et sa frustration dans la dernière pièce vide qu’il inspecta. Ne pas tomber sur cet enf**** était une chose, mais enfoncer une mauvaise porte en était une autre… Tout ce qu’il à faire maintenant c’était de revenir dans la pièce centrale et de s’excuser auprès de la jeune femme pour le dérangement et l’erreur. Qu’est-ce qu’il pouvait dire d’autres ? Il lui filerait cinq cent dollars pour qu’elle fasse réparer sa porte, se doutant de plus que pour vivre dans ce quartier pauvre, elle n’avait pas de grands moyens et l’affaire était clause… Mais au moment de quitter cette pièce, un cadré photo au milieu de plusieurs autres attira son attention… Shane ne prit pour le regarder de plus près en fronçant les sourcils… Non… Elle… Dylanne. Dylanne Johnson… C’était elle… Aucun doute. Shane n’avait pas pu la reconnaître dans son entrée fracassante et survolté et il faut dire qu’elle avait pas mal changée. Mais cette photo ne laissait aucun doute. C’était bien la sœur de son ami d’enfance défunt, Devon. Et accessoirement, une traitre du clan Ferguson, recherchée et condamnée à mort par ceux-ci …

Le hasard était parfois mal fait… En tout cas, c’était vraiment une soirée de m****… En plus de n’avoir pas eu son gars et d’avoir enfoncer une mauvaise porte, il venait de tomber sur une traitre… Une traitre amie d’enfance qui plus est… Shane se pinça les lèvres un long moment et finit par revenir lentement avec le cadre photo en main vers la salle centrale où il l’avait laissée. Elle était toujours là… Et l’homme s’arrêta juste à l’entrée séparant les deux pièces, attendant de retrouver son regard et capter son attention pour baisser lentement la tête et ces yeux vers le cadre photo qu’il avait en main pour lui faire comprendre qu’il savait qui elle était… Des traits de dégouts et de colère conjuguées se dessinèrent sur son visage durant ces quelques secondes où il resta le regard fixé vers ce cadre photo avant de relever doucement la tête pour soutenir à nouveau son regard de ces yeux bleu azur abritant l’électricité la plus méprisante qui soit…

« Je devrais te tuer… » dit-il doucement en pensant la suite de sa phrase qu'il garda pour lui * Mais je ne peux pas… *

Non il ne pouvait pas et n’en ferait rien… Malgré tout le mépris qu’il portait pour une trahison, d’une part Shane était incapable de faire de mal à une femme… Et d’autres part, elle était la sœur de son ami… Devon et lui étaient comme des frères, gamins… Elle avait donc été comme sa sœur… Fausse sœur… Quelle soirée à la c*n ! Shane avança à nouveau en soupirant profondément et jeta le cadre sur le canapé, ne rajoutant pas un mot en imaginant qu’elle avait comprit qu’il ne la tuerait pas. Peu importe les problèmes qu'il aurait avec le clan si cette histoire se savait et qu'on lui reprocherait de ne pas l'avoir tuée quand il en avait l'occasion. Un autre s’en chargerait de toute façon. Un jour ou l’autre… Quelqu’un du clan Ferguson qui n’avait pas ces valeurs ni ces attaches, aussi lointaines soient-elles, avec elle… En attendant, Shane en avait plus que marre. Un vrai cauchemard cette soirée. Retomber sur Dylanne n’arrangeait rien, au contraire. Alors quitte à commettre une effraction, même pas erreur, autant pousser l’effraction jusqu’au bout…

« Appelle les flics… Appelle les clowns de ton clan si tu veux… J’en ai rien à foutre… Au moins ça me permettra de me défouler si ils viennent ou si j’en trouve en cellule… » glissa-t-il sur un ton dépité en ouvrant tous les tiroirs d’une armoire qui se trouvait dans la pièce à la recherche d’une bouteille d’alcool, n’importe quoi dont il avait vraiment besoin pour décompresser maintenant…

Shane finit par trouver un verre puis une bouteille de scotch au milieu de plusieurs autres dans un tiroir du bas lui servant apparemment de mini bar et les prit pour aller s’asseoir sur le canapé à côté du cadre photo en soupirant profondément de fatigue et d’épuisement... Surtout nerveux. Il était tout simplement dégouté et d’ailleurs son comportement nonchalant comme si il était chez lui le montrait bien. Il n’y avait plus grand-chose qui pouvait lui arriver ce soir après ça, et le temps qu’elle appelle les flics ou ces baltringues de petits copains pauvres, il s’offrirait au moins cinq minutes de pause avec un bon verre. Shane ne la regardait même plus, persuadé qu’elle allait prendre son téléphone et qu’il entendrait des sirènes d’ici peu si ce n’était des cris de gars du clan ennemi. Il fit glisser du bout des doigts le bouchon de la bouteille pour l’ouvrir et se servit un verre pour le savourer tranquillement, le temps que ça durait…

Cette soirée était un véritable cauchemar. Au lieu de tomber sur l’homme qui avait mit son pote en pièce pour lui rendre la monnaie, Shane avait d’une part frappé – ou plutôt fracassé – la mauvaise porte mais s’était plus que tout retrouvé chez une traitre, ancienne Ferguson sœur d’un de ces amis d’enfance qui a rejoint le clan de ces chiens d’Attwood. Difficile de faire pire… Le jeune homme avait estimé la jeune femme et l’avait beaucoup apprécié jusque ce que la mort de son frère ne vienne lui lessiver le cerveau jusqu’à lui faire oublier qui elle était. Et pour Shane, comme pour beaucoup, la trahison était la pire des choses qui soient. Il devrait la tuer, oui. Où il devrait la ramener par les cheveux aux Ferguson pour qu’ils le fassent de leurs propres mains. Mais il ne pouvait pas… Il en était incapable. Pas simplement parce qu’il en avait assez de cette soirée, mais surtout parce que quelque part, il portait toujours la jeune femme dans son cœur ou au moins dans son estime pour le passé qu’ils avaient en commun, du bon côté de la barrière. Le sien…

Complètement dépité et abattu, impuissant, Shane fit disparaitre de son esprit toute notion de lieu, d’espace ou de raison et ne s’enquit que de trouver quelque chose qui le ferait un peu décompresser, en l’occurrence de l’alcool, comme si il était littéralement chez lui. Il aurait été au fond d’un taudis ou chez le maire de la ville en personne, cela aurait été pareil. Quitte à être complètement b**sé, plus rien n’avait d’importance et surtout pas la politesse ou toute autre forme de bienséance. Il ne faisait même plus attention Dylanne ni à ce qu’elle faisait. Qu’elle appelle les autorités pour son effraction ou ces nouveaux amis Attwood pour qu’il se divertisse autrement, il s’en fichait comme il le lui dit. Là, tout de suite, c’était ce seul besoin impérieux de souffler cinq minutes et de s’évader de tout ce que ces retrouvailles imprévues et ce qu’elles impliquaient, ce qu’elles faisaient remonter chez lui, qui importait. Une bouteille de scotch et un verre finalement trouvés dans un meuble en mains, Shane partit s’asseoir tranquillement sur son canapé pour s’en servir un premier sans plus attendre.

Soupirant profondément lorsqu’il s’assit, surtout de fatigue nerveuse après ce choc de la retrouver, le jeune homme se servit un premier verre et commença à le boire le regard vide, perdu dans ces pensées… Tous ces souvenirs, ces bons moments sur lesquels Dylanne avaient craché en même temps qu’elle l’avait fait sur la mémoire de Devon selon lui. Shane en fut toutefois rapidement sorti lorsqu’elle revint avec deux assiettes, mais pour mieux y replonger lorsqu’elle lui en tendit une comme une bonne hôte… A cet instant, Shane cru revoir la Dylanne plus jeune, celle qu’il avait connu… La jeune femme souriante, radieuse et rayonnante qui était toujours pleine d’attentions pour son frère et pour ces amis. Troublé par cet étrange sentiment, il tendit machinalement sa main comme pour prendre son assiette mais s’arrêta alors brusquement... Fronçant brièvement les sourcils puis plissant les paupières pour accrocher son regard azur au sien, Shane retomba tout de suite sur terre et dans la réalité présente… Elle était une Attwood. Doublée d’une traitre. Plus cette femme qu’il avait autant estimé. Il ne pouvait pas accepter son hospitalité et sa gentillesse… Non...

« Je ne suis pas ton invité… » glissa-t-il doucement, conservant ces yeux encrés aux siens et laissant naitre des traits de plus en plus durs sur son visage pourtant détendu depuis quelques secondes. « …Je ne suis pas ton ami… » reprit-il après quelques secondes sur un ton montant en intensité et en tension, laissant deviner et sentir une explosivité latente de colère qui se vérifia dans la seconde suivante lorsqu’il se releva subitement en balayant d’un geste aussi brusque que soudain la main de la jeune femme tenant son assiette pour la faire voler et s’exploser par terre en dizaines de morceaux dans un bruit sourd précédent celui encore plus ravageur de sa voix « …Et je ne suis… SÛREMENT (!) … PAS (!) … UN ATTWOOD ! » vociféra-t-il juste devant elle sur un ton de plus en plus fort et grave au fil de ces mots, tête baissée vers le visage de Dylanne plus bas. Si son entrée n’avait pas réveillé tout le voisinage, la façon avec laquelle il venait d’hurler dans cet appartement venait peut-être de le faire.

Fou d’intensité, de rage et de rancœur conjugués comme ces mouvements d’épaules devant elle le traduisaient, comme si il était à bout de souffle, Shane préféra vite s’écarter, comme si il fuyait la déception qui le tiraillait et refusait d'admettre la situation, et la passa pour marcher un peu plus loin dans son dos, s’arrêtant finalement en face d’un immeuble qui lui arrivait à mi-hauteur pour tendre et ces bras et se pencher en appui sur ces mains dessus, tête baisée… Restant de dos à Dylanne penché sur ce meuble, l’homme était à bout de nerfs… Il lui en voulait tellement… Et il lui en voulait encore plus d’être aussi gentille avec lui ce soir. Il s’en voulait également déjà pour son geste impulsif ayant fait voltiger son assiette. Il entrouvrit légèrement les lèvres comme si il voulait s’excuser et dire qu’il était désolé mais ne pu rien en faire sortir… Il lui en voulait trop. Il lui en voulait pour le clan, mais aussi pour lui, pour son frère. Pour leur amitié. Ca allait bien au-delà de la simple trahison de clan. Après quelques secondes, Shane finit enfin par relever la tête et se retourna lentement face à elle, gardant ces mains de chaque côté de sa taille contre le rebord du meuble. Levant légèrement la tête vers le plafond et soupirant profondément en fermant ces paupières l’espace d’une seconde, il finit par soutenir à nouveau son regard.

« Tu nous as trahis… Tu nous nous as b**sé… Tu… Tu m’as b**sé MOI ! Tout ce qu’on a connu, tout ce que le clan a fait pour toi… » commença-t-il avant d’écarter légèrement les bras pour marquer un peu plus son dépit et son incompréhension, les laissant lourdement retomber sur ces cuisses dans un bruit de claquement pour ajouter. « Je sais pas ce que t’en as fait… Je sais pas où t’as mis tout ça… » poursuit Shane sur le même ton désabusé avant de reprendre des traits beaucoup plus fermes et durs, la pointant du doigt et ayant ce même réflexe à plisser ces paupières lorsqu’il était beaucoup plus sérieux. « Mais je sais que rien… RIEN… ne peut justifier ça… Ni l’attache à un quelconque homme… Ni l’amour… Ni la mort… Le deuil d’un frère… Rien… ». Shane n’était pas sûr de la raison exacte qui l’avait poussée à quitter le clan pour rejoindre la cause des pauvres. Cela coïncidait avec la mort de Devon, mais elle aurait très bien pu tomber sur le charme d’un Attwood, étant une jeune femme très séduisante et dans ces souvenirs, assez sensible. Cela ne changeait de toute façon rien. Rien ne légitimerait jamais une telle chose pour lui et elle ne lui ferait jamais entendre.

Pourquoi ? Pourquoi avait-il fallu qu’elle fasse ça ? Et pourquoi était-elle maintenant aussi gentille avec lui ? Cela serait tellement plus simple si Dylanne l’avait méprisé et rejeté comme n’importe quel homme Ferguson, ennemi du clan auquel elle appartenait désormais… Mais non, elle était gentille, et lui avait même proposé un plat à manger… Shane lui en voulait, oui… Terriblement. Mais il s’en voulait également tout autant, sinon plus, à lui-même pour être si faible et conserver malgré tout des bons sentiments pour elle. Il devrait la mépriser et la rejeter elle aussi, pour ce qu’elle avait fait. Mais ce n’était pas le cas… Tout ce qu’il pouvait faire c’était exposer sa déception et sa douleur de manière disproportionné comme il venait de le faire pour essayer de conserver une pointe de logique dans une histoire qui n’en avait pourtant aucune... Détournant son regard vers l’assiette éclatée en morceaux au sol, pris d’un nouveau sentiment de culpabilité ambivalent à sa rancœur, confus et encore plus secoué, Shane se détacha du meuble pour marcher lentement vers celle-ci.

« Tu ne sais même plus qui tu es… » reprit-il doucement, sur un ton apaisé et traduisant à nouveau tout son dépit, s’accroupissant ensuite devant les morceaux cassés pour commencer à les réunir et les ramasser doucement « Devon doit être fier de là où il est … Voir tout ce pour quoi il s’est battu… Ce en quoi il croyait… Bafoué par son propre sang… C’est sans doute ce qu’il espérait pour sa sœur… Ce qu’il aurait souhaité pour toi… Pfff, Quelle connerie ! » finit-il par pester en jetant un morceaux à nouveau au sol.

« Sssssssssss… ». Là il venait de se couper dans son geste de dépit. Sa main était légèrement ouverte à l’intérieure de sa paume et commençait à saigner, la soirée définitivement parfaite… Terminant de rassembler les morceaux dans le plus gros restant de l’assiette, il se redressa debout et chercha le chemin vers la cuisine pour aller les jeter à la poubelle. Shane chercha ensuite des sopalins à l'intérieur de celle-ci, pour les coller sur sa plaie et l’arrêter de saigner et en prit un bon nombre pour revenir dans le salon et ramasser avec les derniers morceaux de lasagnes qui traînaient au sol.

Se redressant à nouveau sans un mot ni un regard de plus vers Dylanne, il revint prendre la bouteille de scotch au passage de son autre main et repartit vers la cuisine pour jeter les sopalins dans la poubelle. Shane se mit ensuite à l’évier et rouvrit sa bouteille pour faire couler une bonne partie de son scotch sur la plaie de sa main en guise de désinfectant, grimaçant de douleur physique mais surtout de conflit intérieur avec toute la contradiction des sentiments qui bouillaient en lui. Vite, une gorgée qu’il porta à ces lèvres pour se remettre les idées en place et oublier le temps de son passage qu’elle était une Attwood et pourtant qu'elle lui était toujours aussi proche…

Les nerfs à fleur de peau. Shane n’était pas un enfant de cœur et était souvent guidé par ces pulsions et ces émotions qu’il savait pourtant masqué à merveille. Véritable bombe à retardement dont les explosions ne prévenaient jamais et mine hypersensible qui ravageait tout autour d’elle lorsqu’on lui marchait dessus, cette ambivalence de sentiments et ce conflit intérieur provoqué par ces retrouvailles tempétueuses avec Dylanne n’arrangeaient rien. Si il pouvait revenir en arrière, il se serait débrouillé pour ne jamais être venu ici et avoir enfoncer la porte de cet appartement... Si il avait pu choisir, il aurait préféré ne jamais la recroiser et se contenter de la détester pour le choix de vie qu’elle avait fait… Seulement il ne pouvait pas. Il était là et forcé d’être confronté à ce face à face entre la rancœur d’une trahison et les souvenirs d’une amitié qui le déchirait intérieurement. Dépité, Shane essaya tant bien que mal de ne pas réfléchir et de se détacher de cette soirée ainsi que de son contexte au moins le temps d’un verre qu’il partit chercher avec une bouteille de scotch pour s’installer sur son canapé.

La jeune femme ne l’aida pas… Dylanne aurait pu protester et s’emporter devant son comportement nonchalant et se posant en terrain conquis comme si il était chez lui. Il aurait préféré créer un conflit et des maux pour ne se faire aucun regret d’être tombée sur une traître finie et hostile à lui comme elle l’était à tous les Ferguson et à la peste personnifiée, mais non… Elle disparue pour aller préparer deux assiettes et lui en proposer une… Et Shane, dans son esprit trouble et perturbé, faillit l’accepter, croyant revoir la Dylanne qu’il avait connu et apprécié, qui lui était si agréable et sympathique à l’époque du vivant de son frère. Une chimère… La réalité le rattrapa très vite. Non, il ne pouvait pas… Il ne pouvait pas s’installer et partager tranquillement un repas, ni quoi que ce soit d’autre, avec elle. Trop de choses sur le cœur… Trop de choses à lui dire que le jeune tatoueur ne tarda pas à exprimer d’abord dans un geste aussi soudain que violent balayant son assiette et sa main la lui tendant, faisant ressortir la même violence que lui avait faite la nouvelle de sa trahison.

Shane ne se rendit pas compte qu’il lui avait fait mal dans sa colère fulminante et passa derrière elle pour déverser le reste de sa rancœur dans un flot de paroles aussi dures que sincèrement pensées. Là, si elle n’était pas au courant qu’il la détestait pour ce qu’elle avait fait auparavant, c’était désormais fait. Peu importe que ces mots résonnent ou non dans son esprit, ils eurent au moins le don d’abreuver sa colère et vider toute la rancune qu’il lui tenait pour sa trahison, mais aussi pour leur amitié et la mémoire de son frère. Allégé de ce poids de tension et presque soulagé d’avoir pu enfin exploser et exprimer tout le mal qu’il pensait d’elle, le silence de Dylanne et son absence de réaction lui firent rapidement dériver son attention sur l’assiette qu’il venait de faire voltiger et fracasser par terre. Il n’aurait pas dû faire ça et il le regrettait au fond de lui… Sa colère avait simplement pris le dessus comme une réaction de défense à sa gentillesse dont il ne voulait pas, ou du moins pas avant de lui avoir vider son sac comme il venait de le faire, et qu’il n’arrivait de toute façon tout simplement pas à comprendre.

L’homme entreprit alors de venir en ramasser les morceaux dans un silence pesant, lourd qu’il combla presque instinctivement en repartant dans une nouvelle volée de reproches fustigeant cette fois-ci plus précisément Devon et la façon dont, selon lui, elle l’avait trahie et bafouée sa mémoire en lui faisait l’affront de rejoindre ces ennemis. Shane se coupa la main avec un bout d’assiette dans un nouveau geste impulsif d’énervement et partit ensuite dans la cuisine pour jeter les débris et rincer la plaie qu’il venait de se faire, ne se doutant pas une seconde de la tempête qu’il avait nourrit dans le calme silencieux qui habitait maintenant l’appartement après son pétage de plombs. Revenant brièvement pour essuyer les dernières traces de l’assiette explosée et attraper la bouteille de scotch au passage pour repartir s’isoler à moitié dans la cuisine. Par nécessité dans un premier temps, pour faire couler un peu d’alcool sur sa plaie et la nettoyer. Par volonté ensuite, pour masquer le trouble qui l’habitait et qu’il avait de plus en plus de mal à masquer, et s’enivrer de quelques grandes gorgées de scotch pour essayer de se ressaisir avant de lui refaire face.

Pour autant ce calme et cet isolement relatif ne perdura bien longtemps lorsqu’il sentit une présence revenir et s’approcher de lui. L‘homme eu à peine le temps de tourner la tête vers Dylanne qu’il vu une assiette voler en sa direction et manquer de peu de lui exploser à la tronche pour s’écraser sur le mur derrière lui. Se penchant comme par réflexe et surtout par surprise à retardement, Shane reporta doucement un regard incrédule sur la jeune femme, fronçant les sourcils d’énervement mais surtout de prise au dépourvu par cette attaque.

« Bordel de m… » commença-t-il à murmurer avant d’être coupé sec par un déluge de révolte de la jeune femme se défendant de tout ce dont il l’avait condamné dans des explications aussi sourdes dans le volume de sa voix éprise de sanglots qu’incompréhensible pour Shane puisqu’il dû se pencher et décaler sa tête à plusieurs reprises pendant sa crise pour esquiver successivement un vase, un cadre photo et, lui semblait-il, une peluche volant dans sa direction. « P*tain mais c’est quoi ton problème ?! » reprit-il avec les mêmes traits froncés et piqués au vif avant qu’elle ne s’arrête enfin de lui balancer tout ce qui lui passait sous la main.

Ok, là c’était la troisième guerre mondiale dans cet appartement… Les voisins étaient forcément réveillés après ça, la portée de sa voix grave et son entrée fracassante. Shane se croyait revenu quelques années en arrière avec l’une de ces exs petites amies qui avait également cette même tendance à lui jeter tout et n’importe quoi, notamment des coussins chaque fois qu’il partait pour des affrontements, lui promettant que ce n’était pas la peine qu’il ne revienne et rentre ensuite si il avait le t-shirt tâché de sang. Une vraie furie hystérique. C’était d’ailleurs sans doute pour cela que ça avait duré assez longtemps avec elle... Il ne fallait pas avoir peur de tenir tête à Shane, de l’affronter et d’avoir une relation explosive avec lui pour que ça fonctionne. Les poufs sans caractère ou les filles trop gentilles lui étaient définitivement incompatibles. Bref. Quoi qu’il en soit, il ne s’attendait certainement à cette révolte folle, et ces traits restés figés et stoïques sur elle, à la place dont il n’avait pas bougé malgré toutes ces esquives, le traduisirent sans doute autant que son mutisme une fois qu’une petite accalmie s’installa.

Dylanne était en pleurs, visiblement éprouvée par ces mots dont il avait surtout compris qu’elle avait été malmenée par ces parents après la mort de son frère, et en dehors du fait qu’elle l’emm*rdait. Shane pouvait comprendre cela mais ça ne justifierait jamais à ces yeux son choix et sa trahison. Rien ne le pourrait, comme il lui avait dis. Il ne l’entendrait jamais... Pour autant, il comprenait sa peine et sa douleur qui le touchait de plus en plus malgré lui. La jeune femme s’emporta à nouveau avant de s’approcher de lui, laissant Shane s’attendre à une rafale de coups ou de gifles qu’il se préparait déjà à contenir et encaisser pour la laisser expulser toute la colère qu’elle avait en elle mais Dylanne attrapa alors sa main pour lui faire prendre son arme et le guider à en braquer le canon sur son front. L’homme la laissa faire, un peu plus incrédule, fronçant un peu plus les sourcils d’intrigue lorsqu’elle lui hurla de tirer et de lui rendre service pour ne plus supporter ça.

Shane ne bougea pas d’un cil, laissant le canon de son flingue braqué sur son front mais sans la moindre intention de suivre son pétage de plombs, traduisant surtout beaucoup de détresse et de peine dans son expression la plus pure et criante, dans tous les sens du terme… C’est ce qu’il cherchait à lire à percer au fond de ces yeux embués de larmes… Il ne la tuerait pas, non… Hors de question. Il ne pouvait pas, n’en était pas capable et au fond… Ne le voulait surtout pas. Sa douleur exprimant toutes les cicatrices de cette histoire le saisissait et l’expression de ces yeux transperçant les siens dans leur lecture le révélaient on en peut mieux. Se pinçant les lèvres en replaçant ces doigts plus fermement autour de la crosse du flingue, Shane mit fin à cette auto-torture et retira le canon de son front, venant tirer la culasse au dessus de l’évier pour retirer la balle chargée à l'intérieur et la faire tomber à l’intérieur. L’homme retira le chargeur et en vida toutes les balles, tombant une à une avec la première en résonnant sourdement dans le cuivre de l’évier avant une dernière résonance plus forte lorsqu’il jeta l’arme complètement déchargée avec les balles dedans.

Là au moins, il n’y avait plus de danger. Ni pour lui… ni pour elle-même. Sa seule arme était déchargée et vidée, et Shane ne lui ferait jamais de mal physiquement. A moins qu’elle n’ait l’idée de prendre le flingue pour s’en servir comme projectile et lui jeter dessus bien sûr. Se retournant de nouveau vers Dylanne, l’homme ancra à nouveau son regard au sien quelques longues secondes, puis il passa sa main derrière sa tête et la posa sur sa nuque pour l’attirer à lui et la laisser poser son front contre son torse... Il la laisserait craquer complètement, taper sur lui ou bien faire ce qu’elle voulait pour se libérer de cette rage et cette tristesse... Son visage penché vers le bas à côté du sien et ressentant l'humidité de sa joue lorsqu'il s'y colla, Shane n’était plus dans un état d’esprit de rancœur ou de guerre, mais simplement de réconfort et de soutien dans ce qui l’avait également touché…

Cette soirée livrait finalement son lot d’action, contrairement à ce qu’avait déploré Shane en se rendant compte qu’il avait enfoncé la mauvaise porte et qu’il ne tomberait pas sur le fameux Clay qu’il recherchait. D’ailleurs existait-il seulement ou bien est-ce que cette raclure de Attwood lui avait également inventé un nom pour aller avec la fausse adresse ? Le problème était maintenant bien loin de l’esprit du jeune tatoueur, effacé et remplacé par un autre bien plus rongeant et la réapparition de Dylanne. L’appartement s’était transformé en véritable champs de bataille tout autour d’eux et en piste d’atterrissage dans les décibels qu’avaient prises leurs voix et qui avaient certainement réveillé les voisins. Peu importe, tout cela devait sortir. Le poids de cette histoire et des années devait se décharger des épaules de Shane comme de celles de la jeune femme. Passé la tempête de tout ce qui leur pesait sur le coeur, ils pourraient peut-être discuter.

Le geste de Dylanne lui prenant l’arme pour guider sa main à la braquer sur son front pris au dépourvu le jeune homme mais ne le troubla pas outre mesure. Si il avait dû la tuer ou s’en prendre à elle, il l’aurait fait dès le début et sans attendre. Il ne changerait pas d’avis non, et n’était toujours pas décidé ni seulement capable de lui faire un quelconque mal. Dans sa détresse, elle était le seul danger dans cet appartement, pour lui et pour elle-même... Et c’est pour cette raison que Shane déchargea entièrement son arme en la vidant dans l’évier de la cuisine dans laquelle ils se trouvaient. Personne ne mourrait ce soir… Se retournant de nouveau vers elle et soutenant son regard embué de larmes un instant, il finit par l’attirer doucement à lui pour la laisser craquer contre son torse et tenter de la réconforter… Cela dura quelques secondes avant qu’elle ne se retire brutalement de lui. Il s’y attendait… Elle ne pouvait pas accepter un geste chaleureux et bienveillant de sa part après ce qu’il avait fait.

Shane comprenait... C’était sa faute. Il baissa la tête, les lèvres légèrement entrouvertes et pesta intérieurement contre lui-même, un peu plus lorsqu’il la vit aller chercher un sachet de glace dans le congélateur pour se l’appliquer sur la main, devinant que c’était son geste impulsif lorsqu’il avait balayé l’assiette qu’elle lui tendait qui avait provoqué ça… Bon, ok… C’était définitivement le dernier des c*ns. Il ne la toucherait plus. Ni sans le maitriser, ni pour essayer de la réconforter, ni pour rien. Shane devait maitriser ces émotions, quelles qu’elles soient, et ne pas les montrer ni les exprimer en geste comme il en avait pourtant l’habitude. Le contraste de ces gestes devait être trop difficile pour Dylanne, mais elle n’imaginait même pas à quel point celui de ces sentiments l’étaient dix fois plus. Pour une raison qui le prit sans doute autant au dépourvu que son geste prenant son arme, elle revint finalement vers lui et posa à nouveau sa tête contre son torse… Là, il le comprenait plus rien. Elle venait de le fuir comme la peste et le diable incarné…

Il perçu de nouveau le timbre de sa voix affaiblie lui glisser que Devon lui manquait et cru entendre qu’il lui avait manqué aussi, sans en être pour autant sûr... Et au vu de son brusque dégagement de l’étreinte réconfortante qu’il avait tenté quelques instants plus tôt, Shane préféra croire qu’il avait mal entendu et que ce n’était qu’un sanglot que son esprit avait interprété et imaginé comme si il avait espéré bien l’entendre alors que ce n’était pas du tout le cas. Car au fond, il n’imaginait pas lui avoir manqué, non. Et encore moins après ce soir… « Je sais… » murmura-t-il simplement. Se pinçant les lèvres, tiraillé d’incompréhension et de regrets, de colère envers lui-même cette fois, Shane finit par prendre sur lui après quelques longues secondes de silence et reprit « Je… Je suis désolé, je t’ai fait mal… Je… Enfin… C’est pas ce que je voulais… ». Un moindre mal… Qu’est-ce qu’il pouvait dire ou faire de plus ? Il n’y avait rien à faire pour rattraper ça, alors s’excuser le déchargerait au moins d’un peu de culpabilité avant de tirer un trait définitif sur cette soirée tellement éprouvante émotionnellement.


Ce même éprouvement qui devait pousser Dylanne à rester en contact avec lui, comme un support de sa fatigue nerveuse, jusqu’à ce que sa raison ne reprenne sans doute le dessus et ne la fasse de nouveau le fuir et se détacher de son torse. Shane voulu s’épargner à nouveau ça et la devancer, commençant à lever ces mains pour les poser sur ces épaules, mais s’arrêta finalement net pour les laisser retomber le long de son corps… Non, il avait dit qu’il ne la toucherait plus. Il avait envie de la prendre dans ces bras pour tenter un nouveau geste de réconfort autant qu’il n’avait envie de la détacher de son torse pour disparaitre à jamais mais restait là, paralysé… Et lorsque Dylanne lui demanda si il restait un peu, son trouble et son incompréhension ne firent que décupler. Est-ce qu’elle était en train de lui demander si il voulait rester et lui sous-entendait qu’elle, elle le voulait ?

« Je… Je ne sais pas… » répondit-il dans un premier temps, les idées toujours aussi floues. Il en avait envie… Shane voulait rester avec elle. Mais est-ce que ce début de soirée catastrophe était vraiment rattrapable ? Est-ce qu’elle pourrait passer là-dessus ? Le jeune tatoueur était bien trop confus et gêné de ce qui s’était passé et de ce que cela avait entraîné, mais finit par se dire que même si il devait sentir une réfraction, une distance voir une rancœur ambiante, c’était somme toute logique et sans doute supportable. Il n’y avait peut-être aucun horizon ni aucune logique à tout ça, mais c’était ainsi depuis qu’il avait franchi - ou plutôt défoncé - sa porte. « Ok… » finit-il par reprendre dans un murmure à peine perceptible. Les erreurs, il les avait déjà faite et ne pourrait pas faire pire de tout de façon, alors Shane n’avait plus grand-chose à perdre à part un peu plus d’estime de lui pour ce soir.

Il ne pouvait plus se montrer hostile et rancunier mais s’interdisait également de se montrer amical ou proche, non pas parce qu’il ne le devait pas et qu’il la considérait toujours comme une immonde traitre, non, pas du tout… Simplement parce qu’il avait sentit que Dylanne ne voulait pas plus de ce Shane que de celui des Ferguson si dur. Il pouvait rester derrière les barrières qu’elle avait mises. Il aurait au moins essayé. Et dieu sait que c’était rare chez lui de se montrer proche et chaleureux, même avec les siens qu’il côtoyait tous les jours. Une nouvelle preuve que c’était inutile et stupide. On échappe pas à sa nature lorsqu’on est quelqu’un de mauvais et il vaux mieux s’y cantonner, pour le bien de tout le monde. Personne ne change, et plus que tout... aucune personne ne peut vous changez.

Rester… Pourquoi ? Et surtout… Comment ? Shane ne s’attendait absolument pas à ce qu’elle lui demande cela, pas plus qu’il ne s’attendait à la retrouver ce soir. Après l’avoir poussé à bout nerveusement et remarquer qu’il lui avait fait mal au poignet dans les foudres de son choc émotionnel de la revoir, avec tout ce que cela impliquait autour de sa trahison et leur passé en commun, le jeune homme avait surtout envie de disparaitre pour ne pas faire plus de mal qu’il n’en avait déjà fait. Confus, gêné et toujours un peu secoué par ce conflit intérieur, il ne savait pas non… Il ne savait pas si c’était une bonne idée. Il ne savait pas si c’était vraiment ce qu’elle voulait. Mais il savait qu’il en avait envie au fond de lui… Shane finit par lui glisser un « ok… », incertain et discret, n’osant même plus la toucher et à peine parler avant que Dylanne ne le prenne à nouveau un peu plus au dépourvu en enveloppant sa taille autour de ces bras pour se coller à nouveau contre son torse.

Restant d’abord immobile, stoïque et impassible en apparence, mais seulement physiquement, un nouveau sentiment aussi tiraillant que soulageant l’envahit et lui fit fermer les paupières, les crispant même en serrant ces mâchoires entre elles pour tenter de l’étouffer… Pourquoi est-ce qu’il était tant attaché à elle ? Pourquoi n’arrivait-il pas à la détester pour avoir trahie le camp Ferguson ? Et pourquoi diable était-il si faible ? Ce sentiment le dévorait intérieurement… Shane aimerait tant qu’elle soit toujours parmi eux… Qu’il puisse la voir et la fréquenter chaque jour comme auparavant. Elle lui manquait oui… Terriblement. Son frère lui manquait également, mais c’était sans conteste encore plus difficile de savoir qu’elle, elle était toujours de ce monde, vivante et à quelques kilomètres seulement de lui, sans qu’il ne puisse vivre l’attache qu’il lui portait… Et encore une fois, Dylanne ne fit rien pour soulager ce martyr avec les mots qu’elle lui murmura ensuite…

La jeune femme lui rappela qu’ils étaient bien – ou devaient être plutôt – ennemis mais que malgré cela, elle l’aimait et qu’il serait toujours « son prince »… Les lèvres de Shane s’entrouvrirent machinalement à ces paroles, un peu plus foudroyé par ce sentiment déchirant. Pour ne rien arranger, Dylanne avait sans s’en douter prononcer des mots qu’il n’avait pas entendu depuis sept ans, si ces comptes et souvenirs étaient bons. Sept longues années… La dernière personne qui devait lui avoir dit qu’elle l’aimait devait être sa mère avant son envoi en Irak. Depuis, aucune femme, aucun ami et encore moins aucun parent ne lui avait dit cela. Evidemment, Shane se doutait bien qu’elle ne ressentait pas cela sur une base amoureuse, mais cela eu tout de même le don de le submerger d’une vague définitivement destructrice de toutes les barrières qu’il lui restait encore.

Elle le considérait comme « un prince »… Un mirage… Une illusion… Un rêve de petite fille… Shane lui-même ne se considérait pas comme une bonne une personne. Non, il n’a jamais été une bonne personne… Il a tellement fait de saloperies dans sa vie que les portes de l’enfer l’attendaient déjà grandes ouvertes. Allez savoir comment et par quel biais Dylanne avait cette image subliminale de lui, mais au fond c’était peut-être également la seule à l’avoir, et ça non plus, ça ne laissait pas le jeune tatoueur insensible… Après de longues secondes de lutte acharnée avec son esprit et contre ces émotions, Shane réagit enfin physiquement et laissa ces mains se porter dans son dos pour y glisser lentement le long de ces épaules et finir par s’y croiser pour l’enlacer doucement et répondre à son étreinte… Esquissant un profond soupire au dessus de sa tête, posant l’une de ces joues sur le haut de sa tête, il laissa à nouveau ces paupières se fermer…

Mais cette guerre intérieure avec ces émotions et ces sentiments était déjà perdue… Ces mots l’avaient insoupçonnablement touchés et renversés tous les piliers si durs et si brutes de son esprit. Les mains de l’homme finirent par se décroiser lentement pour remonter le long de ces épaules, puis son cou jusqu’à se poser sur son visage… Le détachant à peine de son torse pour le guider de ces mains posées sur ces joues à se lever légèrement vers le sien, Shane pencha doucement la tête pour venir déposer délicatement son front contre le sien. Ces paupières fermées ne voulaient plus s’ouvrir et laissaient ces gestes aveugles guider ce qu’il ne pouvait même pas contrôler… Un nouveau soupire s’échappa de ces lèvres entrouvertes, en entraînant d’autres plus profonds dans le rythme de sa respiration se marquant soudainement d’avantage au moment où son visage se rapprocha un peu plus du sien… Son nez glissa lentement à côté du sien, glissant le long de sa pommette et frottant leurs deux visages entre eux dont leurs seules lèvres résistaient à un contact par les quelques centimètres, les quelques millimètres qui les séparaient encore…

Résistant à ce magnétisme irrésistible quelques secondes, ces lèvres vinrent finalement capturer l’une des siennes, l’attrapant à peine, timidement, avant de les laisser s’effleurer… Shane revint à nouveau les déposer de manière à peine plus franche mais tout aussi brève avant qu’un nouveau sentiment ne vienne le déchirer de l’intérieur… Non… Qu’est-ce qu’il était en train de faire là ? Il était en train de l’embrasser… Il l’embrassait, pris par ces sentiments et ces émotions alors même qu’il se jurait intérieurement de ne pas les laisser s’exprimer quelques secondes plus tôt… Epris de ce désir de l’embrasser, lui faire l’amour partout comme un fou comme si ils allaient mourir demain pour leur attache criminelle dans cette guerre des clans... Non, non… Là Shane déraillait complètement. Décidément ça n’allait définitivement pas dans sa tête, n’importe quoi… Ces paupières fermées se crispèrent à nouveau avant qu’il ne détourne la tête sur le côté, arrêtant cette attirance de ces lèvres, de son visage, presque aimanté au sien, sans pour autant détacher son front du sien…

Ces mains quittèrent doucement son visage pour se laisser glisser le long des épaules de Dylanne et s’arrêtèrent sur sa taille. « Non… Non… Non… » ne cessa-t-il de se murmurer de manière à peine audible dans sa respiration, éprouvée comme si il venait de courir un cent mètre.. Un cent mètre émotionnel en réalité qui l’avait dépassé et supplanté. Il fallait qu’il trouve la force de se détacher d’elle... Maintenant! Ou qu’elle lui donne en le repoussant. Mais dans tous les cas, Shane était en train de continuer à se battre au fond de lui pour se persuader qu’il valait mieux arrêter ce paroxysme de folie et de non-sens dans cette soirée définitivement sur cette voie du début… A la fin ?

Shane avait complètement déraillé… Il ne savait pas pourquoi ni même vraiment comment il avait ressenti cet irrésistible sentiment d’attirance à venir chercher ces lèvres des siennes et à y trouver à peine un demi-baiser… Les émotions de la soirée cumulées au poids des sentiments des années avaient sans aucun doute nourries la base de tout cela, et les mots de Dylanne avaient été la manivelle déclenchant ces gestes… Ce désir profond de répondre à l’attache qu’elle lui avait exprimé s’était traduit de cette façon, réactive et naturelle, dans ce début de baiser bien vite interrompu par des bribes de conscience le rattrapant pour mettre en veille cet envoutement incontrôlable. Dylanne était une jeune femme séduisante oui, c’était indéniable. Mais jamais ce simple charme physique n’aurait pu le pousser à faire cela. Au fond, Shane avait sans doute également une image subliminale d’elle, car il la voyait jusque là toujours comme la jeune fille qu’il avait connu. Comme si il avait été le seul à grandir… Cette jeune fille à laquelle il ne fallait pas toucher, ni même regarder par respect et amitié pour son frère, Devon.

Non, même avec le trouble de ces retrouvailles, il avait vraiment fallu qu’elle le touche émotionnellement et aille le chercher au plus profond du coffre de sa poitrine pour que Shane fasse ce qu’il venait de faire. Ces mots y avaient foré directement pour l’atteindre et effacer toutes ces notions de bon sens et de raison. Pour un temps du moins... Mais qu’est-ce qu’il faisait là au juste ? Il était en train de l’embrasser, de sentir un désir de plus en plus fort et pressant de répondre physiquement à ces mots aimant et au fond, essayer de s’accrocher à la bonne image qu’elle se faisait de lui pour l’entretenir. Non, non… Shane ne pouvait pas faire cela. Il avait au moins un million de raisons de se taper la tête contre un mur pour se forcer à redescendre sur terre. Devon et sa position de traitre du clan en parties visibles de l’iceberg qui recommençait à reprendre la place de son cœur; et la peur de la décevoir, de faire mal avec celle qu’il considérait toujours comme quelque chose fragile, de précieux et de presque… pure, en parties immergées et cachée.

Mais au fond de lui, il en avait bien trop l’envie... Le besoin même… Il voulait essayer. Il voulait l’aimer comme elle l’aimait sans s’arrêter à ces obstacles de clans ou d’images fantomatiques du passé et de son frère. Il voulait être ce prince ou du moins de le rester dans son esprit… Là, tout de suite, il avait besoin d’essayer d’être tout ça et plus que tout… Il avait besoin de l’exprimer et le traduire. Elle l’avait hissée sur les ailes d’une colombe qui le faisait s’élever vers des cieux bien loin et bien au dessus de cette ville et de ce qu’ils y avaient vécu jusqu’à ce soir, mais son équilibre était instable et le jeune tatoueur risquait de tomber pour s’écraser à nouveau brutalement sur la terre ferme de Volusia et de sa réalité… Cette réalité qui avait en apparence tout pour les séparer et l’empêcher de faire ce qu’il avait commencé à faire. Mais Dylanne l’accrochait et le retenait de cette chute…

Ces lèvres venant se nicher dans le creux de son cou et glissant le long de sa carotide l’enivrèrent un peu plus qu’il ne l’était déjà et vinrent reposséder son esprit de ce même sentiment, ce même besoin physique d’elle contre lequel il avait toute la peine du monde à lutter… Contre lequel il ne pouvait au final rien. Fermant à nouveau doucement ces paupières en relevant légèrement son visage l’espace d’un moment, il finit par le baiser à nouveau lentement pour venir le coller au sien, respirant la douce odeur de ces cheveux alimentant le nouveau transport de sens et d’émotions qui le traversait. Lorsqu’il sentit Dylanne attraper le col de son t-shirt et le tirer pour l’entraîner avec elle vers le salon, il ne pu même pas résister et suivit ces pas marchant à reculons jusqu’au canapé, répondant avec la même brièveté au baiser qu’elle vint déposer sur ces lèvres avant de replonger son regard dans le sien…

Ces yeux bleu azur abritaient une sorte d’intensité et de désir très vite bien plus clairs et saisissant lorsque la jeune femme se laissa doucement tomber sur le canapé pour s’allonger le long de celui-ci, emportant Shane machinalement avec elle lorsqu’il vint se pencher doucement au dessus d’elle et posa ces mains en appuis sur les coussins de chaque côté de son corps… Si ce début d’ensorcellement, presque aveugle et guidé par ces émotions, avait été interrompu par des doutes refaisant surface dans son esprit, ceux-ci ne cessaient de s’effacer progressivement les uns après les autres pour n’en laisser aucun dans la dévotion trop forte pour la jeune femme qui s’emparait de lui. Ces gestes trahissaient cruellement tout cela. Shane était comme un gamin incertain et pas sûr de lui… Ce même gamin qu’il était à l’époque où il fréquentait Dylanne, comme si il avait peur d’être maladroit ou de mal faire. Etrangement comme si c’était sa première fois avec une fille à qui il ne devait pourtant pas touchée, toujours dans l’image chimérique de son frère… Bien loin de l’assurance et l’expérience qu’il avait avec des maitresses qu’il avait connu pour leurs simples attraits charnels.

Sa massive stature culminante au dessus de la fine silhouette de la jeune femme, les mouvements de ces épaules bases des appuis de ces bras l’encerclant traduisaient la nouvelle ampleur prise par sa respiration, réactive aux émotions qui le traversaient à cet instant précis… Lentement, l’homme pencha un peu plus son visage au dessus du sien pour revenir retrouver un baiser, d’abord tout aussi timide, mais qui se prolongea au fil de ces longues secondes avec plus de passion et d’engagement, plus assuré par l’effet sensitif du bal de leurs lèvres s’apprivoisant avec d’avantage de franchise qu’il lui provoquait… Ce contact, comme chaque seconde défilant, finit de le faire complètement basculer dans cet unique désir physique dicté par ces émotions et cette acquisition totale de sens et d’esprit à la jeune femme… Il ne pensait plus aux clans… Il ne pensait plus à son frère… Il ne pensait à rien d’autre qu’à elle et à l’expression de son attache.

Dans l’échange de leurs lèvres de plus en plus suave et semblant interminable, comme si il cherchait à s’accrocher à celles-ci et à ne pas le rompre de crainte de quitter cette atmosphère de désir pur commençant à submerger la bulle dans laquelle ils s’enfermaient, Shane détacha doucement l’une de ces mains en appui à côté d’elle et vint la poser sur sa hanche... Glissant lentement le long de son flanc quelques instants, elle dériva doucement jusqu’à se faufiler sous le marcel bleu qu’elle portait pour continuer sa balade lascive au contact de sa peau et la parcourir inlassablement sous ce tissu… Ces caresses remontèrent avec cette même lenteur jusqu’aux reliefs de sa poitrine pour s’y attarder au moment où ces lèvres quittèrent enfin les siennes pour venir envahir son cou de doux baisers, l'imprégnant de ces souffles et se rendant un peu plus ivre de son parfum et de la chaleur ambiante qu’elle dégageait et irradiait sur lui…

Cet équilibre au dessus de tout ce qui les entourait semblait maintenant être assuré par ce contact physique et stable tant qu’il perdurerait. Shane ne savait pas encore si de nouveaux doutes viendraient l’envahir après cela, demain, dans une semaine… Peut-être qu’il retomberait dans cette réalité compliquée, peut-être qu’il resterait au dessus de tout ça… Mais pour l’instant tout était juste simple… Ces gestes, ces sentiments, son désir… C’est tout ce qui le guidait et rythmait son esprit, définitivement éloigné de ces conflits intérieurs…

Peu à peu, les doutes s’effaçaient et les barrières tombaient… Dieu sait qu’elles étaient pourtant en nombre. Mais elles fondaient toutes à une vitesse folle à chaque seconde de ce contact rapprochée avec la jeune femme. Elle n’était plus la jeune gamine qu’il avait connu, gamin lui aussi, à l’époque où son frère et lui étaient liés par une forte amitié. Elle n’était plus la traître du clan qui avait rejoint les ennemis non plus. Non elle était juste… Dylanne. Une jeune femme qui venait de le secouer suffisamment dans son fort intérieur pour qu’il ait ce désir, ce besoin, cette nécessité presque primaire de lui exprimer son attache en retour. Les questions et les migraines viendraient bien assez vite après en secondaire, mais pour l’instant, il n’y pensait même pas. Entraîné jusqu’au salon où Dylanne s’allongea lentement sur le canapé pour l’emporter au dessus d’elle, le jeune tatoueur sombrait un peu plus dans une douce ivresse alimentée par le suave baiser que leurs lèvres s’échangèrent et que rien ne semblait désormais pouvoir dégriser.

Il la désirait oui… Et ce sentiment se faisait de plus en plus pressant, déclenchant bientôt des caresses qui vinrent se joindre à leur échange lascif pour glisser le long de sa silhouette et terminèrent par se faufiler sous son haut… Remontant lentement sous ce tissu pour se faire plus invasives et parcourir sensuellement sa peau jusqu’à atteindre une zone plus charnelle où elles s’attardèrent sur l’un de ces seins, ce désir le possédant prit un nouveau degré que Shane sentit vite transmis et irradié dans tout le corps de la jeune femme. Les soupires réactifs de Dylanne qu’il perçu tout près de l’oreille de sa tête, penchée et plongée dans le creux de son cou à le recouvrir baisers plus chauds les uns que les autres le stimulèrent un peu plus dans la précision de ces gestes sur la volupté de ces formes, bientôt d’avantage lorsqu’il sentit l’une de ces frêle mains se glisser sous son t-shirt pour remonter le long de son dos.

Shane ne pensait même plus à sa main qu’il avait blessée dans un geste pulsionnel plus tôt dans la soirée, à des lieux de son esprit à cet instant tout comme leur dispute, et n’imaginait même pas un quelconque handicap à leur échange physique. Non, tout son être était focalisé sur son seul désir et concentré, acquis au corps que sa stature recouvrait d’attentions à en ce moment, nourrissant toujours plus d’envie, toujours plus d’impatience en lui… Le genou qu’il sentit se balader le long de son entrejambe attisa un peu plus ces braises, précédé par un nouveau baiser que ces lèvres revinrent capturer aux siennes, étouffant les flammes d’un incendie devenu définitivement incontrôlable et qui n’attendait maintenant plus pour bruler de mille feux… Le jeune prolongea ce baiser avec un peu plus de passion au fil de secondes et finit par retirer sa main du galbe de son sein sous son haut pour la laisser redescendre avec la même lenteur le long de son abdomen…

Dérivant irrémédiablement jusqu’à son pantalon de coton blanc, ces douces caresses se glissèrent alors sous le tissu fluide du bas pour continuer leur sensuelle descente le long de son bas ventre et s’arrêtèrent entre ces cuisses sur cette nouvelle zone charnelle, bien plus sensible pour s’activer doucement sur son sexe. Ces lèvres reparties à l’assaut de sa poitrine et de sa peau le long du décolleté de son marcel laissèrent s’échapper des souffles plus brulants entre les baisers qui vinrent l’imprégner, y déposant plus de langueur et se faisant plus appuyées sur la chaire de ces monts érogènes au moment où l’agitation de ces caresses et de ces doigts tempétueux aux portes de son intimité s’intensifia sensiblement… Son désir, ces pulsions débordaient dans cette ébullition de sens ne cherchant plus qu’à s’abreuver au travers d’une fusion. Ces vêtements leur faisant obstacle devenaient de plus en plus gênants à l’appel plus fort réclamé par tout son corps.

Shane finit par libérer sa main des aines sièges de ces visées concupiscentes dont elle était la prisonnière émeutière et la reposa à nouveau avec sa paire de chaque côté de son corps pour pousser doucement dessus et se redresser de tout son buste à la verticale, croisant alors ces bras sur le bas de son t-shirt pour le faire passer par sa tête et le retirer complètement. Torse nu mais loin d’avoir évacuer cette chaleur épidermique émanant du centre de ces attraits, il le jeta au sol sans prêter garde à sa destination et incita ensuite Dylanne à se redresser à son tour vers lui pour pouvoir retirer son haut. L’homme l’aida avec un certain empressement restant habile et délicat, attrapant du bout des doigts son marcel sur chacun de ces flancs pour l’aider à le tirer vers le haut et lui faire passer sa tête. Le jetant aveuglement avec son t-shirt, ces yeux azur restèrent accrochés au sien de longs instants avant qu’il ne revienne saisir ces lèvres des siennes dans un baiser languide et peu à peu plus appuyé pour la guider à lentement rebasculer en arrière pour s’allonger sur le dos…

Prolongeant le bal lascif de ce baiser jusqu’à se retrouver à nouveau complètement penché au dessus de la jeune femme, ces mains vinrent se poser sur chacune de ces hanches pour s’y crisper doucement et attraper le coton de son pantalon entre ces mains refermées, entreprenant de le faire lentement descendre et se détachant finalement de ces lèvres pour le tirer vers lui et le faire passer sous ces fesses… Shane finit de faire glisser cet ultime tissu le long de ces longues et fines jambes pour lui enlever complètement et lui fit prendre le même chemin que le reste de leurs vêtements au sol, reprenant ensuite appui sur chacune de ces mains autour de son corps allongé pour la de son épaisse carrure et chercher un nouveau baiser emprunt d’érotisme. Ces lèvres se déportèrent finalement dans son cou pour s’enivrer un peu plus du doux parfum qu’il dégageait, déposant plusieurs petits baisers plus courts et plus électrifiants avant que ces appuis ne le fasse lentement se mouvoir au dessus de sa silhouette pour niveler félinement le long de son buste dénudé…

Le passage de ces lèvres laissa une chaude et humide traînée jusqu’à ce qu’elles ne retrouvent le galbe désormais complètement découvert de ces seins, stoppant sa lente dérive pour venir les recouvrir de baisers plus longs et plus langoureux, plus pressant sur leur chaire… Le bouche du jeune homme finit par en cibler un et s’y attarda avec plus précision pour venir en enfermer la pointe du sommet gonflée entre ces lèvres et venir la parcourir de sa langue, ripant inlassablement sur sa peau rosée et multipliant toujours plus de sensations effervescentes en lui commençant à s’exprimer dans la saillance de plus en plus prononcée de son entrejambe entre ces cuisses et l’épicentre de ces ambitions luxurieuses… Laissant seule vue à Dylanne sur le tatouage de rosace qui lui recouvraient le haut du dos et parcourait ces épaules, mis en relief par les bosses de ces muscles dorsaux contractés dans sa position penchée sur sa poitrine, cette fièvre naissante devenait de plus en plus insupportable et les effets stimulants, réactifs à l’apprivoisement qu’il entamait sur son corps commençaient à le traduire de plus en plus cruellement…

Ces gestes… ces baisers… les souffles de sa respiration plus brulants et plus profonds, entrecoupant la délectation de ces formes généreuses… Tout en lui commençait à prendre une intensité et un degré d’appétence charnelle irrésistible qui faisait crier son être de toutes ces pulsions et de sa virilité étouffée pour le moment par ces prémices sensuels et attentionnés. De plus en plus ivre de son corps, de plus en plus en recherche de ce vers quoi toutes ces sensations et ces émotions le guidaient, Shane réaliserait sans aucun doute qu’il n’avait pas connue pareil tempête de ressentis depuis bien longtemps... Mais il n’en était pas encore là, pas plus qu’aux mêmes questions qui l’avaient torturés avant que ces premiers contacts corporels et leurs effets ne les effacent… Pour l’instant, cette seule quête physique et émotionnelle occupait toutes ces pensées et tous ces gestes sur la belle brune…

Le désir de Shane ne cessait de grimper et son ivresse de sens, sa dévotion pour la jeune femme et son corps qu’il ne cessait inlassablement de parcourir et de doucement apprivoiser de ces gestes et ces caresses conjuguées se rapprochaient d’un degré toujours plus pressant, plus irrésistible… Tout son être réclamait et criait toujours plus fort au sien, alimenté par les effets réactifs de Dylanne sous ces attentions se voulant de plus en plus précises, de plus en plus en recherche de produits charnels jusqu’à ce que le jeune homme n’entreprenne de retirer les vêtements qui leur faisaient encore obstacle pour s’en rapprocher... Reprenant sa douce colonisation dont il ne s’abreuverait jamais assez et qui nourrissait toujours plus de fièvre sur son épiderme massivement encré, toujours plus de flammes d’envies et de délices au contact de ces attraits corporels, mettant toutes ces pulsions dans une effervescence palpable dans chaque baiser, chaque caresse déposée sur sa peau brulante, Shane ressentit pourtant étrangement un début de contraction monter en elle et qui s’exprima bien vite, bien trop vite pour le laisser sur place…

Incrédule, Shane ne pu subir que la poussée de ces mains précédant ces coups le repoussant et le heurtant jusqu’à ce que tout contact ne soit rompu entre eux et qu’elle ne se recule au fond du canapé… Cet équilibre précaire au dessus de tout ce qui l’entourait et sur lequel il flottait depuis quelques minutes venait de céder pour le faire chuter, ou plutôt s’écraser de la plus violente des façons au sol. Redressé sur ces genoux pliés, les mains sur les cuisses, sa respiration marquée dans les profonds et haletants mouvements de ces épaules, s’étouffa lorsqu’il baissa la tête, comme pour se renfermer, fermant les paupières et les crispant à nouveau de conflit et de douleur intérieure… Ce n’était plus des doutes mais de terribles foudres de culpabilité et de rage contre lui-même qui le traversaient et le transperçaient à cet instant pour le meurtrir et l'assassiner sur place. Beaucoup trop de choses se bousculaient dans sa tête, en plus de la complète stupidité de ce qu’ils avaient entamés, l’idée qu’il ait été maladroit ou mauvais dans ces gestes n’arrangea rien et le fit un peu plus se maudire.

Si Shane avait été croyant, à cet instant précis, il aurait imploré dieu de le foudroyer sur place et cru d’ailleurs être entendu sans même prononcer cette prière lorsqu’il ressentit le besoin de relâcher toute la tension qui commençait à naitre dans sa nuque et prenant sa source dans tous les impacts de balles de culpabilité, de colère et de dépit qu’il avait l’impression de sentir heurter son dos pour l’abattre sèchement comme un vulgaire chien qu’il se considérait être au moment où Dylanne glissa du canapé pour ramper au sol. Se laissant tomber en avant et se retenant sur chacune de ces mains en appui sur le canapé, la tête toujours baissée et incapable de la remonter, reprenant tant bien que mal les souffles de sa respiration encore plus éprouvés par l’intensité de ces déchirures intérieures que par l’effet complètement inverse qui les avaient déclenchées dans la ferveur d’un désir chimérique, il était incapable de prononcer le moindre mot ni même de bouger.

Il aurait voulu s’excuser, lui dire à quel point savait être le dernier des c*ns, presque se blâmer de n’être qu’un homme mais garda tous ces conflits dans l’ouragan qui le dévastait intérieurement. Ces paupières ne voulaient plus se rouvrir pas plus que sa respiration ne voulait se calmer pendant ces longues secondes qui lui semblèrent être des minutes, des heures mais dès que cette tempête de culpabilité et de répulsion envers lui serait passée, nul doute que Shane s’empresserait de disparaitre à jamais de l’espace de Dylanne après ça. Du moins, c’est ce qui aurait dû se passer avant qu’une nouvelle chose ne vienne perturber la nature et qu’il n’entende un bruit sourd venant de la jeune femme non loin de lui au pied du canapé. Alerté, il rouvrit progressivement les paupières et redressa à peine la tête pour détourner son regard vers elle et la voir complètement étendue au sol, visiblement inconsciente.

Là, si il n’était pas assez coupable et ne se détestait pas assez, c’était le dernier coup fatal qui venait le descendre sur place... Sa respiration s’arrêta brusquement, entrant presque dans une apnée de crainte et de peur cumulées qui prirent le pas sur le reste de ces sentiments si durs et hostiles envers ce qu’il venait de se passer. Il ne s’agissait plus de se faire la guerre intérieurement, il s’agissait de se rassurer sur la dernière chose qui était encore plus importante que l’image détestable qu’il avait de lui et son petit égo, Dylanne… « Dylanne ? … Dylanne ? … » l’interpella-t-il doucement, dans un murmure soufflé avant que son sang ne se glace un peu plus en ne percevant aucun mouvement, aucun son, aucune réaction en réponse. Le jeune tatoueur se précipita la rejoindre et glissa à son tour en une fraction du lit pour venir au dessus d’elle, quelque peu rassuré en voyant que ces yeux s’étaient rouverts et que sa respiration se refaisait entendre.

« M*rde… Attends… Bouge pas… » glissa-t-il dans un même murmure en passant doucement sa main sous sa nuque pour l’aider à se redresser et à tenir en position assise en l’enveloppant autour de ces bras.

Elle pouvait encore lui donner des coups, le taper, le repousser ou l’insulter comme il se sentait tant le mériter, peu importe… Elle venait de lui mettre une peur bien trop grande. Shane n’allait pas chercher et ne prendrait aucun risque. Il était complètement incompétent d’un quelconque soin ou contrôle et n’allait certainement pas s’improviser médecin ou secouriste. Le jeune homme la conserva autour d’un de ces bras pour se pencher sur le côté et attraper ces vêtements un peu plus loin par terre, lui mettant sur les cuisses avant d’entreprendre de l’aider à les enfiler, son marcel d’abord… Déjà, cela l’empêcherait d’attraper froid sur ce sol et surtout parce qu’il ne comptait pas la sortir nue de l’appartement car oui, il n’allait nul part ailleurs que dans un service d’urgence pour qu’il soit rassuré sur son état et qu’il n’y ait plus aucun doute de risque dans son esprit complètement démuni.

« Je t’emmène à l’hôpital… Ca va aller… » reprit-il en l’aidant à passer son marcel contre lui, prenant toute la délicatesse possible malgré un sentiment d’urgence de plus en plus présent en lui, nourrit par l’inquiétude de la voir retomber dans les vapes une seconde fois. D’ailleurs, dans sa crainte, il commença déjà à chercher du regard un téléphone autour d'eux pour appeler au plus vite une ambulance si elle venait à lui refaire le coup.

Une soirée cauchemardesque de bout en bout en fin de compte. Shane aurait besoin d’une douche froide, glacée même et d’un bon tour d’horloge de sommeil pour évacuer tout ce bouquet d’émotions et de sentiments plus éprouvants les uns que les autres qui l’avaient traversé ce soir. Ce malaise ou ce il ne savait quoi qui avait prise Dylanne étant sans aucune doute le plus fort. Peu importe ce qu’il s’était passé, il n’avait certainement pas envie de la voir mourir ici, sous ces yeux. Alerté et alarmé en la voyant s’écrouler comme un poids mort, le jeune tatoueur se précipita sur elle et eu au moins le soulagement de voir qu’elle reprenait progressivement conscience et rouvrait les yeux. Shane l’aida délicatement à se redresser, l’enveloppant doucement contre lui pour la soutenir avant de prendre la décision qui s’imposait pour lui à savoir la mener à l’hôpital. Il ne voulait prendre aucun risque et le faible refus qu’elle émit de sa voix lui disant que ce serait trop dangereux ne résonna pas dans son esprit.

« Quoi ? Non… Non… Rien à foutre, je peux pas te… » commença-t-il glisser en fronçant les sourcils avec ce même timbre urgent et inquiet avant que de nouveaux faibles sons s’échappant des lèvres de la jeune femme ne le coupe et lui disent de faire du bruit en sortant et qu’on la retrouverait. Shane se figea net, arrêtant de lui passer le marcel bleu autour de son buste pour l’habiller et laissant son regard ancré au sien et commençant à secouer négativement la tête. Non… Il ne pouvait pas la laisser. Peu importe les risques pour lui, et même pour elle avec les clans, sa vie était plus importante. Il ne la laisserait pas ainsi, pas dans cet état, jamais. Ce n’était pas lui. Shane refusait de l’entendre force était de lire dans le regard de Dylanne qu’elle voulait vraiment qu’il parte. Elle ne voulait plus de lui ici, sans doute pour se protéger des Attwood. Un comble par rapport au début de cette soirée où c’était bien lui qui se bloquait à ces appartenances plutôt qu’à leur amitié.

Qu’est-ce qu’il pouvait bien faire ? Si elle voulait qu’il disparaisse, il n’allait pas aller contre sa volonté profonde…. Cela lui déchirait le cœur de devoir la laisser comme ça, mais il avait vu, il avait entendu et sentit qu’elle ne pensait qu’aux conséquences pour son clan… Qu’elle le pressait de partir pour ne pas risquer d’être en défaut auprès des Attwood. Il n’y avait plus d’amitié, plus d’attache et même plus d’urgence de vie chez elle… Il n’y avait qu’elle… Et le quartier Est. Ce sentiment dévora Shane un peu plus de l’intérieur. Alors tout ça… Pour ça ? Tout ça pour ne penser qu’à sa petite place chez les Attwood ? L’homme autant déçu et dépité que fou de colère et de rancœur intérieurement. Elle ne venait plus simplement de trahir les Ferguson, elle venait de le trahir lui ce soir. Il ne mettrait pas sa sur le compte de sa lucidité altérée par ce malaise, non, il avait bien comprit que le problème était de l’ordre des clans…

Il aurait voulu s’assurer qu’elle aille mieux, veiller sur elle avant de partir. Shane aurait pu lui faire quelque chose à manger pour lui faire reprendre forces mais non… Il devrait la laisser crever ici… Il devrait même l’achever et la tuer de ces propres mains, maintenant, sur ce sol après ce qu’il venait de lire à travers ces mots et ces yeux. Mais il n’était pas comme elle… Non. L’homme ce soir n’avait pas triché et était restait fidèle à lui-même. Il était attaché à Dylanne, il tenait à elle et ne retournerait pas sa veste comme elle venait de le faire. Shane irait au bout de ce qu’il ressentait et ce qu’il était et ne lui nuirait donc pas, que ce soit directement ou indirectement en voulant l’aider et l’amener à l’hôpital où elle risquait d’être vue avec lui. Il se fichait pas mal d’être confondu avec une traître de son côté, Dylanne et sa santé comptait bien plus que cela à ces yeux. Mais puisqu’il en était ainsi… Il n’aurait pas le remord de la laisser… a jamais… du côté des ennemie. Tout ce qu’il s’était passé avant ça n’était que chimère et mirage.

Après ces longues secondes durant lesquelles son regard s’était perdu dans le sien pour y découvrir toute cette mascarade, cette trahison et lui transmettre toutes les foudres qu’elle déclenchait en lui, l’homme passa l’une de ces mains autour de ces épaules et glissa l’autre sous le pli de ces genoux pour se redresser et la porter dans ces bras. Non, il ne l’emmenait pas à l’hôpital, aucun risque désormais après ça… Il la ramenait simplement dans sa chambre. Shane marcha jusqu’à celle-ci avec la jeune femme contre lui et s’avança à l’intérieur jusqu’au lit pour se pencher délicatement et la déposer doucement allongée sur celui-ci. Sans un regard ni une expression de plus sur son visage fermé, il prit une ultime attention contrastante avec toute la haine qui bouillait en lui et tira la couverture pour la recouvrir jusqu’aux épaules. Se redressant ensuite doucement, il laissa ces doigts se poser sur le bord du lit quelques secondes et soupira profondément avant de se retourner lentement et quitter la chambre.

C’est la dernière fois qu’il la voyait… La prochaine fois, il l’avait bien comprit, il n’y aurait que les clans qui compteraient et Shane la traiterait comme elle devait l’être vis-à-vis du sien… Il n’y aurait plus cette attache qui persistait et continuerait encore ce soir, jusqu’à ce qu’il quitte cet appartement et qu’il ne rentre chez lui… Jusqu’à ce que le temps fasse son effet et qu’il réalise et accepte ce qu’elle venait de lui passer comme message. Le jeune tatoueur repartit dans le salon où il marcha jusqu’à son t-shirt au sol et se pencha pour le ramasser. L’enfilant, une fois sa tête passée dans le col, son regard fut attiré par quelque chose un peu plus loin par terre et lui fit légèrement plisser les paupières. Le cadre photo… Dylanne et Devon. Shane termina de faire descendre son t-shirt et s’en approcha lentement jusqu’à ce qu’il ne soit à ces pieds, l’observant tête baissée de longs instants en se rappelant sans doute également pour la dernière fois cette époque…

Terminé… Plus de mémoire. Plus de lien. Plus d’attache. Son talon vint s’écraser lourdement sur la vitre du cadre d’un piétinement sec et brutal, dégageant ensuite son pied de celui-ci pour voir les bris de verre cachant la photo. Maintenant… La boucle était bouclée. Shane fit un dernier détour par la cuisine pour aller chercher son arme et la rechargea, non sans que l’idée d’aller lui loger une balle dans la nuque dans son lit lui traversant l’esprit à chaque balle qui retrouvait la chambre de son chargeur. Rangeant celui-ci dans son dos en le coinçant sous son t-shirt à la ceinture, il reprit la bouteille de scotch et en dévissa le bouchon du bout des doigts pour la reporter à ces lèvres et en boire une grande gorgée. Il ne serait jamais assez éméché ou soul pour oublier ce qu’il venait de se passer de toute façon… Mais cela lui donnerait un dernier coup de fouet pour quitter cet appartement. Shane resta encore quelques instants penché au dessus de l’évier, tête baissée, les bras tendus et les mains en appuis sur le rebord de celui-ci avant de se forcer à bouger…

Repassant par le salon, et l’entrée sans s’arrêter, il se pencha à nouveau pour ramasser son sledgehammer jeté par terre après son entrée fracassante… Sa sortie allait être de la même veine. « Faire du bruit en sortant » hein ? Pas d’inquiétude, ces amis du quartier Est allaient venir à sa rescousse. Shane ouvrit la porte lâche et défoncée et sortit de l’appartement avec sa longue massue en main, la laissant ouverte pour se diriger vers une porte voisine… Debout les amis… L’homme frappa de la même manière et avec la même violence sur la poignée pour enfoncer la porte et termina par mettre un coup de pompe dedans pour terminer de l’ouvrir et d’exploser le reste des verrous. Détachant l’une de ces mains du manche du sledgehammer pour le porter sur son épaule, il repartit comme il était venu, deux portes enfoncées, une traitre retrouvée et confirmée, mais surtout... une amie perdue…