Voilà deux semaines qu’elle était passée à la boutique et son image me trottait encore dans la tête. Je ne sais pas ce qu’elle avait pu me faire pour que j’y pense ainsi. Le simple son de sa voix quand elle m’avait parlé du tableau m’avait totalement retourné et me résonnait encore dans les horaires. Je n’étais pourtant pas ce genre de mecs qui tombe amoureux au premier regard ou qui court à droite et à gauche à la recherche du grand amour. Je ne croyais pas en l’amour d’ailleurs. Mais là… Je commençais presque à croire que j’étais devenu fou d’ailleurs. J’avais passé mes deux dernières semaines à me renseigner au maximum sur ce fameux tableau et à essayer d’en acquérir d’autres du même style pictural mais la tache s’était révélée plus coriace que prévue. Néanmoins, j’étais parvenu à mes fins et je n’attendais plus qu’une chose, que la mystérieuse blonde repasse un jour à la galerie.

Et sans que je le sache, ce jour allait arriver aujourd’hui. J’avais passé ma matinée avachi sur mon fauteuil de bureau à songer. La nuit précédente ayant été assez rude pour mon sommeil, mes voisins du dessus ayant décidé de forniquer toute la nuit et pas qu’une fois, j’avais failli m’endormir plusieurs fois contre mon gré une fois arrivé au travail. Ce n’était pas comme cela que j’allais gagner ma vie, loin de là ! Je luttais donc minute après minute contre ce sommeil qui me tiraillait, buvant du café toutes les demi-heures. J’allais faire une overdose à ce rythme, c’est pourquoi je finis par rentrer chez moi pour quelques heures, histoire de faire une petite sieste. Celle-ci fut très bénéfique et c’est en pleine forme et avec une humeur rayonnante que je reviens à la galerie, ayant un bon pressentiment.

C’est en fin d’après-midi, alors que le soleil commençait à se cacher et vers la même heure que la fois précédente que je la vis pour la deuxième fois. Elle me semblait tellement ravissante et inaccessible. Ne vous méprenez pas, je ne suis pas en train de tomber amoureux d’une parfaite inconnue, j’aimerais juste en apprendre d’avantage sur elle ! Une fois qu’elle fut entrée, je ne tardai donc pas à me poster devant elle pour lui proposer mon aide, faisant mine qu’elle n’était pour moi qu’une cliente comme les autres.

TYLER : Bonjour, que puis-je faire pour vous aider ?

Rien qu’à entendre les paroles de mon interlocutrice, un sourire se dessina rapidement sur mes lèvres. Sa voix était toujours aussi belle, comme dans mes souvenirs et comme elle avait résonné dans ma tête durant deux longues semaines. Je l’avais observait regarder les nouveaux tableaux dont j’avais fait l’acquisition durant la courte période qui avait séparé nos deux entrevues et quand je vis qu’elle avait remarqué ces nouveaux tableaux, je ne pus m’empêcher d’être assez fier de moi. Je m’étais donné du mal pour lui faire plaisir, au hasard où elle reviendrait et j’avais réussi. Je me permis donc de faire une remarque sur cela.

TYLER : Je suis heureux qu’ils vous plaisent. C’est que ce n’est pas forcément facile à trouver des peintures de Paris, et surtout des belles comme celles-ci. J’avoue que j’ai eu un coup de cœur pour celui-ci dès que je l’ai vu.

Et je pointais ainsi le doigt vers le « celui-ci » que je venais de mentionner. J’avais d’ailleurs hésité à le garder pour l’installer chez moi mais le besoin d’argent m’avait poussé à le laisser à la galerie. Au pire des cas, il suffirait que je dise à un éventuel intéressé que le tableau était réservé pour pouvoir le garder sous mes yeux. Puis, je rebondis bientôt sur le tableau dont nous avions parlé la dernière fois. Il n’était plus accroché depuis déjà 10 jours et j’eus alors peur que la demoiselle se pose des questions si elle ne le voyait pas.

TYLER : Quand au tableau de la dernière fois, je l’ai gardé bien au chaud dans mon bureau. Je me suis dit que vous reviendriez peut-être le voir vu comment vous aviez l’air fasciné alors j’ai préféré ne pas prendre le risque de le vendre.

Je n’avais pas pour habitude de faire ce genre de geste puisque c’était plutôt le premier arrivé le premier servi mais quand cela m’arrangeait, j’en faisait un peu qu’à ma tête.

Je ne pu m’empêcher d’émettre un sourire lorsque la jeune femme dit des compliments sur le tableau que je venais de lui montrer. J’avais vraiment bien fait de prendre autant de soin à rechercher de tels tableaux et j’en étais soudainement très heureux. Puis, la demoiselle finit par me demander si j’étais français. Je répondis alors :

TYLER : Je suis heureux qu’il vous plaise ! Et non, je suis né dans cette ville ainsi que toute ma famille depuis des générations.

J’hésitais à en donner la raison qui était seulement mon nom de famille. Oui, je suis un Ferguson et ne sachant pas si mon interlocutrice a entendu parler de la guerre et de l’état de paix qui vient d’être signer… Il ne valait mieux pas que je mentionne tout cela, c’était encore trop frais, trop récent pour savoir qui était dans quel clan, etc. Je m’étais donc contenter de rester vague, la laissant libre de me poser des questions plus précises si elle en ressentait le besoin ou tout simplement si elle en avait envie.

TYLER : Et à vrai dire, cela ne me dérange pas que vous soyez indiscrète.

Elle allait sans doute se demander pourquoi mais de toute façon, comme j’étais parti, j’allais la draguer jusqu’à temps qu’elle sorte de la galerie. Son charme m’avait atteint au plus profond de mon être et je n’allais pas m’avouer aussi vite vaincu. Il était hors de question que je repasse 15 jours à être obnubiler de la sorte !

TYLER : Si, totalement. Il faut bien avouer que le but est tout de même de faire vendre afin de pouvoir faire des bénéfices. Il faut bien vivre après tout. Mais disons que j’ai eu une intuition en vous voyant ! Et surtout, j’espérais vraiment que vous reviendrez !